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Pliez avec moi et taisez-vous

Anonymous





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Lun 21 Déc 2015 - 19:19
Eliott se demandait réellement POURQUOI il était venu ici.

Tout d'abord, il n'avait jamais eu la fibre artistique. D'aucun de ses professeurs, lorsqu'il était au lycée, ne savaient comment il pouvait représenter une sorte de chaise à cinq pattes en voulant faire un chat. Deuxièmement, toutes ces fournitures éparpillées et jetées étaient pour lui, qui avaient vécu dans une misère assez précoce, un gâchis monumental! Troisièmement, les débats autour d'une toile blanche comme étant le chef d’œuvre du siècle lui rappelaient à quel point leur gouvernement était haut perché dans l'art et la manière de détecter la valeur humaine...

Tandis qu'il effectuait des pliures en diagonales sur un carré parfait, il soupira, regardant un court instant le parquet tâché sur lequel il était assis, comme si ce dernier allait lui dire "tu es là, maintenant tu te débrouilles mon grand".

Le "là" en question ressemblait à un cercle de l'enfer. Celui des fous plus précisément... Autour d'Eliott, des gens peignaient sans peinture, fixant un cadre qui ne leur apporterait rien d'autre que le vide. D'autres se battaient pour avoir du "bleu". Certains léchaient discrètement leur pinceau... Répugnant... Mais tous les gouts sont dans la nature après tout, surtout lorsqu'on a une case en moins...
Celui qui remportait cependant la palme du lourd n'était  pas fou. C'était cet énorme gorille tout au fond de la pièce, idiot et brutal, qui tournait sur sa chaise en tentant de faire tenir en équilibre la pointe de son crayon de papier sur l'extrémité de son nez. Eliott le regarda avec agacement, sachant très bien où il aurait pu lui mettre... Son crayon.

Dans cet orchestre désaccordé, le professeur lisait un livre en marge de tous ses artistes, peu investit dans sa profession. De toute façon, soit il avait peur de se prendre des coups, soit il ne voulait pas se tacher. Et Eliott comprenait très bien qu'apprendre à un homme à faire des dégradés nuancés alors qu'il confondait le rouge et le bleu ne vaudrait pas à cet expert la légion d'honneur...Mais au moins aurait-il pu aider le Eliott à trouver une chaise au lieu de le laisser s'asseoir par terre par manque de mobilier.

"- Aller encore 59".

Une grue volante par minute, voilà l'objectif que le jeune homme s'était fixé. Ainsi, il pourrait calculer les minutes tout en faisant quelque chose qu'il connaissait par cœur, qui ne nécessitait aucun avis artistique et qui détendait un temps soit peu.

C'était aussi une question de logique, histoire de faire quelque chose et de ne pas finir en faisait de l'équilibrisme de crayon... D'ailleurs si il faisait ça, il ne tarderait pas à se faire expulser, ce qui n'aurait pas arranger les affaires d'Eliott dont l'ambition du moment était d'aller là où IL n'irait pas.
Eliott se souvint alors pourquoi il était là... Comme si son esprit avait voulu se sauvegarder en supprimant l'information.
Vu la désagréable impression que lui offrait cet endroit, il se glorifiait au moins d'avoir eu une excellente idée en se cachant ici. IL n'aurait jamais supporté tout ça. IL devait d'ailleurs n'avoir jamais mis un pied ici depuis son récent emprisonnement. IL connaissait la hantise d'Eliott pour l'art et ne pensait pas le trouver là... Donc la souffrance en valait la peine qui sait. Et tant pis pour Picasso, lui, ferait de l'origami.

Sur ce, il acheva sa première grue et leva l'objet au niveau de ses yeux. Pinçant deux endroits précis, il réussit par un mécanisme simple et habile à faire battre les ailes de l'animal en papier.
Cette magie du pliage fit vibrer les yeux de son voisin au tableau vide et après un silence gênant, Eliott le lui envoya entre les jambes.

"- Garde le... T'as qu'à le peindre va..."

Et le garçon se mis à le peindre d'une couleur là encore invisible.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Mar 22 Déc 2015 - 22:06
Pour une fois, Gabriel n'arriva pas en avance, et pas plus en retard ; pile à l'heure.

Tout un tas de matériel à dessin dans les bras, le jeune homme salua d'un bref sourire l'homme qui s'occupait de l'atelier d'art plastique avec lui. Enfin... « tenir », la salle ressemblait plus à une cour de récréation où l'on avait rangé les « bizarres » avec les « moins normaux ». Le plus terrible, c'était de se dire que la plupart des hommes coincés ici étaient des meurtriers, et que ces meurtriers étaient en train d'apprendre à peindre en se foutant de la peinture bleue partout. Des mines d'enfants levées en sa direction, tandis qu'il essayait tant bien que mal de fermer la porte avec ses coudes. Des mines un peu abîmées par la vie, et les années qui s'écoulaient lentement, derrière les barreaux des cellules. Gabriel aurait put s'émouvoir qu'une once de naïveté pouvait encore exister dans ces coeurs hostiles à la morale, mais lui-même n'étant pas très sensible et très morale, il s'en moquait. Non : il s'en foutait.

Heureusement pour ses bras graciles de fils à papa bourgeois, on va l'aider à déposer les toiles, les deux ramettes de papier, et les boîtes de crayons qui tenaient en équilibre entre son menton et les fournitures, sur une table et on le décharge vite de son fardeau. Il soupire, il continue de servir son sourire poli et neutre à la fois aux détenus et au collègue, dont il reprendra la fonction plus tard. Il observa la salle, et les différentes personnes essayant de faire leurs premiers pas dans le monde de l'art. Il contrastait fort avec l'ambiance générale, avec les uniformes orange et gris qui maculaient les environs. Ne serait-ce par son allure qui n'était pas celle d'un meurtrier dans son milieu naturel, ou d'un gardien de prison patibulaire. L'on aurait pu dire qu'il faisait tache avec sa courtoisie, sa gentillesse, et ses sourires, et il faisait certainement tache. Cependant, le plus troublant, c'était qu'il ressemblait à un étudiant s'étant perdu en milieu hostile. Habillé presque tout en noir, Gabriel portait un pull à manche longue avec un col en V, d'où sortait une cravate nouée autour de son cou fin, et d'une chemise blanche dont le prix pouvait nourrir une famille pendant un petit mois. Les manches de sa chemise étaient retournées sur celles de son pull, et il sentait bon l'Eau de Cologne légère et de luxe.

S'il y avait donc une erreur par ici, c'était lui. Néanmoins, Gabriel n'était pas occupé, à penser combien il était supérieur, un épi de blé parfaitement droit et lisse sortant d'un tas de foin puant le composte. Non. Ses pensées habituelles étaient écartées, car il était concentré sur autre chose que sur sa petite personne. Dans la foule de détenus orangée, Eliott Higgins était assis en train de faire l'Origami. Oh... le psychologue savait qu'il participait à son cours, puisqu'il avait vu son nom, mais... il ne s'était pas attendu à réellement le voir ici. Ce genre d'environnement convenait mieux à Andrea... mais... Gabriel était satisfait de le croiser. Ce jeune homme aux cheveux teints en noir, cachant sa nervosité derrière une attitude décontractée. Il le vit tendre sa petite oeuvre d'art insignifiante à un camarade. Gabriel écoutait d'une oreille ce que son collègue lui racontait, tandis que son attention restait accrochée à Eliott. Son regard ne se faisait pas insistant ; en réalité, si Eliott se rendait compte qu'il était minutieusement étudié par cette pupille bleue et atrocement froide, Gabriel agissait comme s'il examinait les autres de la même manière.

Le psychologue hocha la tête par politesse, lorsque son collègue lui confia que bientôt, ce serait lui qui s'occuperait de l'atelier, et que son don en dessin l'avait désigné en successeur. Qu'il le félicite ! Mais qu'il ne fasse pas l'erreur de lui dire qu'il avait du talent ; ce n'était pas le cas. Il dessinait à la perfection, mais il n'était pas un artiste ; il était un technicien. Gabriel s'approcha alors d'Eliott, il releva le menton, et il finit par se glisser dans son dos, telle une ombre. Les mains derrière le dos, il se pencha vers l'oreille d'Eliott, et il murmura au creux de sa nuque :

« Eh bien... vous ne me semblez pas vous sentir à votre place.  »


Gabriel accorda à Eliott un sourire bienveillant. Lorsqu'il s'adressait à quelqu'un, il fixait tout : les yeux, les mains, la bouche. Il ajouta en penchant la tête sur le côté :

« Excusez-moi, si je vous ai fait peur. Il marqua une pause, en se penchant légèrement vers lui. Je m'appelle Gabriel Goodman, je suis nouveau. »

Inutile de préciser sa profession, ni de tendre la main pour serre la sienne ; il le ferait uniquement si Eliott lui indiquait vouloir le faire. Il fronça les sourcils :


« Je vois que l'on ne vous a pas donné de chaise... »

C'était un reproche, mais rien ne le montrait dans le son de sa voix.
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Anonymous





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Invité
Mer 23 Déc 2015 - 19:01
Eliott n'avait même pas prêté attention au nouvel arrivant, persuadé qu'il s'agissait d'un énième prisonnier en déroute. Il n'était pas rare que, perdu dans le temps et l'espace, les hommes d'ici arrivent en retard. A vrai dire, il s'était inscrit en entrant au hasard et aurait pu donc lui-même être en retard à quelques temps prêt. Ou plutôt, on l'avait forcer à s'inscrire. Le vieux débris qui tenait le cours lui avait tendu avec insistance un papier et un crayon pour lui faire apposer son nom. Si il ne fuyait pas le pinceau, le pinceau lui, le fuyait, mais dans ce cas ci Eliott n'avait pas le choix.

C'est alors, sans doute sans connaissance de cause, que le nouveau commis un première erreur.
Sursautant en sentant ce souffle chaud derrière son oreille, Eliott retourna rapidement son visage, les yeux emprunts d'une surprise pleine de reproche. Celui qui venait de susurrer comme un serpent une phrase par ailleurs assez idiote était clairement tout ce qu'il pouvait détester. Blond, assez fin, impeccablement habillé, puant l'Eau de Cologne chère et arborant des vêtements de marque dans une activité où il serait bientôt peint en bleu. Ce qui lui déplaisait le plus, c'était sans doute que malgré sa petitesse, l'individu était étouffant, lourd, ainsi penché au dessus de lui, comme si un rapport de force où le détenu perdait s'était établit avant même qu'il n'ai pu ouvrir la bouche.

Eliott détestait qu'on arrive derrière lui. C'était compréhensible, voir même une question de survit ici que de savoir son dos en sécurité. Cependant, c'était aussi parce qu'en ce moment il redoutait SA visite et qu'un membre du personnel arrivant sournoisement par derrière pour lui demander ce qu'il faisait là était la dernière chose qu'il souhaitait.

Faisant contre bonne fortune bon cœur, et aussi par ce que Eliott tentait de ne jamais s’énerver dans ce lieu, le jeune homme se releva doucement avant de mettre les mains dans ses poches sans chercher à lui serrer la main. Une sorte de revanche pour le manque de politesse du dénommé Gabriel Goodman...
Goodman... Sérieusement... C'était ironique ou bien? Monsieur "parfait" portait un nom "parfait".
En l'examinant, Eliott se retint de sourire. Il lui faisait penser aux publicités télévisées où on voyait un homme de bonne éducation et de pédigrée exemplaire chercher à vendre une voiture pour une famille parfaite.

"- Si je suis ici... C'est que je l'ai voulu n'est-ce pas?"


Il haussa les épaules

"- Bienvenu mais un conseil, si vous voulez éviter de vous prendre un coup ici, ne prenez pas les gens par derrière" lui conseilla -t-il sans donner son identité, n'y voyant aucun intérêt.

Monsieur parfait était donc nouveau... Etait-il le malchanceux désigné pour les cours d'art plastique? Un stagiaire quelconque qui devait se former en assistant le professeur? Ca ou bien autre chose? Il n'était clairement pas un gardien ni un membre du corps médical mais Eliott ne chercha pas plus loin et sentit son t-shirt se faire pincer puis secouer comme une cloche. Baissant le regard, il remarqua l'autre idiot qui pointait fièrement sa grue, toujours blanche.
Eliott sourit mécaniquement et aquiesca.

"- C'est bien... C'est bien..."


Revenant à Gabriel Goodman, il réfléchit un instant et évinça la question de la chaise.

"- Je n'en ai pas forcément besoin et d'ailleurs... Vous n'en aurez pas non plus, il n'y en a plus aucune de libre".

Même si cela l'avait énervé de prime abord d'être privé de ce que les autres avaient, il s'en moquait un peu maintenant. Son orgueil avait d'avantage été blessé que son popotin. En revanche cela l'amusait fortement d'imaginer monsieur Parfait debout pendant deux heures.

"- J'imagine que vous venez pour le cours de peinture? Enfin, ils ont précisé "arts plastiques" pointa-t-il en accrochant sa phrase de deux guillemets faites d'un mouvement de doigt "mais ici seule la peinture compte n'est-ce pas?"

Sans savoir qu'il critiquait déjà le travail de Gabriel, Eliott désigna d'u coup de tête le matériel de peinture apporté par le psychologue.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Mer 23 Déc 2015 - 20:25
« Vouloir »... cela ne signifiait pas qu'on se sentait forcément à sa place. La majorité des gens se choisissaient des endroits auxquels ils désiraient ressembler, mais où ils ne se retrouvaient pas. Gabriel se demandait s'il finirait par voir Andrea un jour dans cet atelier, mais cela l'étonnerait ; Andrea risquait d'éviter ce cours ; ne serait-ce parce qu'il était là, et qu'il le jugeait agaçant, toujours à lui dire qu'il se trompait, sans jamais réellement le nier. Mais ! Mais ! Si Eliott se trouvait ici parfois, Andrea pourrait l'oublier et sauter sur l'occasion. Enfin... pour en venir à Eliott, il ne lui paraissait pas à l'aise, et ce depuis le départ. Certes... se glisser dans son dos pour se faire « sentir » n'était pas une bonne idée, cependant, Eliott venait de confirmer — sans le savoir — au jeune homme qu'il avait peur. Il l'avait associé à un danger, alors qu'il se retrouvait — dans une relative — sécurité. Il ne déterminait pas si cette anxiété était due à l'arrivée d'Andrea, ou bien un sentiment général, provoqué par la vie carcérale. Ou les deux.

Enfin... Gabriel fit ce cheminement de pensée en quelques secondes, le temps qu'Eliott « lui souhaite la bienvenue ». Il l'avait écouté d'une oreille, mais écouté quand même ; un don rare chez les hommes, qui chez lui lui permettait de faire deux choses à la fois. Il se contenta de sourire à sa remarque, il ne craignait rien ici, mis à part les bactéries et les vulgarités crachées depuis des bouches percées ; il n'aimait pas entendre des « putains », « tu fais chier », « va te faire enculer », en boucle. Ses délicates oreilles étaient plus habituées aux joutes verbales, et aux remarques cinglantes. Il haussa d'ailleurs les épaules, le regard fixé sur Eliott... dont le comportement lui indiquait qu'il n'obtiendrait pas sa confiance. Il lâcha Eliott de sa pupille froide, uniquement lorsque le même détenu en tenue grise de tout à l'heure revint lui montrer la sculpture en papier. Gabriel ne donna pas le moindre commentaire, et il se contenta d'échanger un sourire avec le « malade » ; un de ses patients.


« Je ne pensais pas que cet atelier aurait tant de succès. »

Des mômes, vraiment. Eliott avait raison, toutefois ; pas de place assise, même pour lui. Gabriel passa une main dans sa nuque pour y dégager quelques mèches blondes. À la question du jeune Higgins, Gabriel fronça les sourcils, et pencha la tête sur le côté.

« Pas vraiment... je ne suis pas là pour la peinture, mais pour le dessin. »

Qu'il le laisse souffler un peu, Gabriel venait d'arriver, et il prenait la direction de cet atelier tout doucement. D'ailleurs, il aurait aimé ramener le calme, les faire tous asseoir, afin de commencer un véritable cours de dessin anatomique, mais il avait conscience que sa voix ne portait pas assez haut pour qu'un « silence » de sa part puisse se faire entendre. Il jeta un coup d'oeil à son collègue qui comptait le nombre de minutes qui le séparait jusqu'à la fin de l'atelier. Ne pouvait-il pas faire semblant de s'impliquer, au moins ? Le jeune homme reporta son attention sur Eliott.


« Non... la peinture ne compte pas, tout dépend si vous avez des projets, et la manière dont l'atelier sera amené plus tard. Pour le moment, je me demandais ce que vous préférez faire, afin de préparer au mieux le prochain cours. »

Très bon prétexte pour faire la conversation, n'est-ce pas ? Du reste, Gabriel ne mentait pas totalement. Malgré sa misanthropie et son mépris, il restait quelqu'un de bien éduqué et d'appliqué. Si bien qu'il prenait le projet comme le ferait un nouveau professeur d'université, comptant recréer le Cercle des Poètes Disparus plus tard, lorsqu'il se serait lié d'amitié avec ses jeunes étudiants. Finalement, Goodman prit place à côté d'Eliott, en contenant toute expression agacée ou écoeurée de se retrouver à toucher ce sol poussiéreux. Il remonta ses manches, et il regarda autour d'eux.


« Qu'êtes-vous venu faire ici ? Enfin, que voulez-vous apprendre ? »

Une vraie question. Avec un peu de chance, l'atelier permettrait à Eliott de se découvrir une nouvelle passion, ou au moins un exutoire dans ce monde de brute. Gabriel restait neutre, cependant, cela ne l'empêchait pas de repenser à sa conversation avec Harvey Stintson au sujet de deux frères Higgins. Eliott lui paraissait anxieux, pas paranoïaque... mais il semblait attendre qu'une créature survienne brusquement des ténèbres pour l'attraper et l'étrangler. Il ne lui répondrait certainement pas qu'il n'était pas ici pour apprendre à faire une bonne perspective, ou pour savoir colorier un dessin sans dépasser des lignes, mais bel et bien pour fuir son frère. Eliott avait peut-être besoin — lui aussi — de trouver un prétexte.
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Mer 23 Déc 2015 - 22:27
Plus il regardait monsieur Parfait et moins Eliott l'appréciait.

C'était assez humain parfois de ne pas accepter une personne inconnue sur des impressions. Une question d'instinct de survie sans doute hérité des temps reculés où on cassait du mammouth. Mais plus le détenu cherchait à comprendre pourquoi, plus la raison lui paraissait obscure.

Gabriel Goodman... Non mais sérieusement, il allait dire Gabriel parce que Goodman... C'était un coup à lui rire au nez sans pouvoir se maîtriser... Donc Gabriel... était paré comme un riche homme d'affaire, avec une position du dos parfaitement droite malgré ses jambes en tailleur et son air légèrement dégouté à l'idée de communiquer avec le sol. Ses bras lisses étaient posés symétriquement sur chacune de ses cuisses et ses yeux glacés fixaient tantôt lui tantôt les patients avec soit dédain soit curiosité mais jamais entre les deux.  Eliott avait l'impression de voir un directeur de zoo vérifier le bon état de la cage des singes...

Il esquiva cette pensée en se remettant à plier.

"- Succès est un mot sans doute un peu fort... Je ne suis pas certains que vous trouviez de bons candidats ici. Ce sont surtout des gens perdus... Comme lui en somme" expliqua-t-il en donnant une autre grue au muet peintre.

Ce compagnon de fortune le rendait d'ailleurs lui aussi de plus en plus mal à l'aise. Non seulement Eliott avait l'impression d'en avoir la responsabilité... Ce qu'il détestait... Mais en plus cet adulte au regard d'enfant lui rappelait avec véhémence l'étrange fait qui s'était produit avec LUI... Cet Andréa... Ou Andy... Qui l'avait pris pour son grand frère et agit comme un chiot avec son maître...

Eliott baissa les yeux et se remit à plier, se concentrant à nouveau sur Gabriel... Entre lui et le fou, entre la peste et le choléra, il valait mieux choisir le moindre maux.

"- Ne vous concentrez pas sur mes réclamations... Je ne suis ici que pour un cours... Je pense. Allez plutôt vers vos futurs artistes ô combien indisciplinés mais fort en originalité. Celui là par exemple adore refaire le Carré blanc sur fond blanc de Malévitch..."
rit-il narquoisement.

La dernière question fit cependant tomber son sourire. Eliott y sentit une pointe de curiosité trop intense sans doute. Monsieur Parfait semblait même trop curieux pour un premier contact. Ce n'était clairement pas de la maladresse mais plutôt de la concentration sur un seul sujet. Le détenu se rendit compte qu'il n'appréciait pas trop ce favoritisme mais ne sachant pas si c'était normal ou non, préféra ne pas le soulever. Si cela se trouvait, Gabriel avait sympathisé (enfin.... Si pour ce vendeur de produit détergeant on pouvait parler de sympathisation) et s'accrochait à son premier succès à défaut d'essuyer des échecs chez ses voisins.

"- Je n'aime pas trop le dessin, je préfère les jeux de logique ou bien les mouvements géométriques comme cet oiseau... c'est plus facile sans doute...
" admit-il.

Eliott continuait de réfléchir en pliant. Bon sang, ce monsieur Parfait le mettait mal à l'aise pour une raison évidente mais pourquoi?

Aller réfléchit Eliott Réfléchit!

"-Mais quelque chose me dit que vous devez être plus sur le froid d'un crayonné que les chauds d'une peinture..."

A cette dernière remarque, Eliott termina son autre grue et la posa au sol sans la donner à son voisin qui peignait toujours dans le vide. Lui même avait reposé son esprit quelques secondes et préférait s'attarder sur cette gène environnante.
Alors il tourna la tête et détailla discrètement Gabriel. En l'examinant de plus prêt, il écarquilla ses yeux. C'était évident... Pourquoi n'avait-il pas réaliser ça plus tôt?! Cet air froid, ces expressions légèrement dissonantes... Ce coté impeccablement inhumain... On aurait dit son frère....
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Jeu 24 Déc 2015 - 15:10
Lorsqu'Eliott lui désigna son camarade, celui tant intéressé par la sculpture en papier, le jeune homme se contenta de répondre :

« Je ne cherche pas de candidat, ce genre d'atelier n’est pas là pour un quelconque concours. Il s'agit d'apprendre, et d'aider à la réinsertion, ou bien... lutter contre l'ennui. Pour certains, c'est un moyen d'exprimer ce qu'ils ne parviennent pas à exprimer avec des mots ou des gestes, tandis que pour d'autres... il s'agit de passer du temps. »

Et quand bien même, Gabriel trouverait la graine de talent chez un des détenus présents ici, cela serait inutile. Enfermé derrière les barreaux, on ne devenait personne. Et si on restait dans la mémoire d'autrui, ce n'était qu'en paria ou en fou. Alors non... il ne cherchait pas à faire un concours, ou encourager des rivalités ridicules basées sur la comparaison de phallus, mais... simplement transmettre ce qu'on lui avait appris lorsqu'il était au lycée. L'art restait un moyen d'expression, et pour lui, un sujet d'étude. Il avait autant de choses à apprendre ici chez ses patients que durant leurs séances, parce que leurs positions n'étaient plus les mêmes. Il n'était plus un psychologue devant une personne en difficulté, mais un professeur face à un élève qui voulait apprendre. Ou du moins, faire autre chose que regarder toute la journée le plafond de sa cellule. À la seconde remarque d'Eliott, Gabriel eut un petit sourire
.

« Dommage alors... si vous comptez partir dès la fin de l'heure, répondit-il d'un air rêveur, ses yeux portés sur le paysage coloré d'orange et de gris des détenus. Peut-être trouverez-vous ce que vous cherchez dans les autres ateliers. »

Si Eliott cherchait quelque chose. Si ce n'était la fuite. Gabriel garda cette pensée pour lui, il sentait une certaine hostilité chez le détenu. La même qu'il avait ressentie lorsqu'il avait rencontré Andrea — dit Icare — Higgins. Chose amusante, les deux devaient avoir le même avis sur lui, sans pour autant le connaître. Andrea le voyait comme un jeune psychologue incompétent, sans doute parce qu'il craignait qu'il le mette en face de ses craintes, tandis qu'Eliott interprétait ses regards froids comme du mépris. Pour qu'une telle chose puisse apparaître chez Gabriel, il fallait parvenir à l'agacer profondément. Il tolérait les autres, et sa patience était immense. Il servait des expressions neutres, cachant le fond de sa pensée, même si c'était de la réelle indifférence la plupart du temps. Pour espérer voir autre chose que des sourires, et de la neutralité, il fallait réussir à le pousser à bout. Et jusqu'ici, personne n'y était arrivé. Ni Icare, ni son père, ni son ancien employeur ; il était trop froid de nature pour ressentir.

« Plus facile... je ne pense pas, c'est relatif à chacun. Ce genre de sculpture nécessite en effet de la logique, tandis que la peinture et le dessin ont besoin d'une simple observation. »

Du moins, dans son cas. Lorsqu'il dessinait, Gabriel s'aidait uniquement de sa vue, plutôt excellente, et de sa mémoire. Il savait reproduire un environnement qu'il avait vu avec tant de similitudes avec la réalité que cela pouvait être troublant. Mais quand on passe son existence à observer les autres, à noter tous les détails possibles sur eux, ce n'était pas compliqué. À sa dernière remarque, sur le dessin et la peinture, le jeune homme eut un sourire, un faible sourire.

« Vous vous basez sur des aprioris. Je sais peindre, comme je sais dessiner. Seulement, la peinture prend bien plus de temps. »

Gabriel confirmait sans affirmer les paroles d'Eliott, tout en l'avertissant de ne pas le juger trop vite. Une mauvaise manie qu'avaient les gens d'ici, gardiens ou détenus ; ils le jugeaient sur ce qu'il paraissait être, sans chercher à se demander ce qu'il était véritablement. Et le pire ! Le pire ! C'était lorsqu'on remettait son expérience en cause parce qu'il était « jeune ». Gabriel fronça les sourcils — signe ultime d'expressivité chez lui —, il garda le silence, comme intrigué, puis il fit à Eliott :

« Excusez-moi. »

Parce que voilà qu'il se relevait, sans épousseter ses vêtements — comme on aurait pu s'y attendre avec son caractère si précieux —, afin de se diriger vers le camarade d'Eliott. L'homme avait fini par écraser l'oiseau de papier dans son énorme main, et il regardait autour de lui en devenant de plus en plus rouge. Une tenue grise. Gabriel leva l'index devant ses yeux, signalant la présence, mais cela n'amorça pas le début de crise de « l'aliéné » — il n'aimait pas ce mot. Il finit par poser ses mains de chaque côté des épaules du détenu, puis il commença par lui parler d'une voix calme et extrêmement douce. De même qu'il exagérait volontairement sa propre pour respiration pour influencer l'autre, et le calmer. Mais l'homme avait déjà les yeux rouges, et il se balançait légèrement d'avant en arrière. Avec un air sérieux, Gabriel demanda à Eliott :

« S'il vous plait, prévenez mon collègue... Non, rectifia-t-il, prévenez un gardien plutôt. »
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Invité
Sam 26 Déc 2015 - 12:00
(et la page m'a encore effacé tout ça XD et au fait: Joyeux noel \o/)

Gabriel semblait quelque peu énervé, ou plutôt légèrement piqué par les remarques du prisonnier sur l'art et les raisons de sa présence. Mais Eliott s'en moquait un peu. Cet homme lui rappelait tant de choses désagréables qu'il était parfaitement conscient que l'intrus allait devoir fournir le double d’effort comparé à ses collègues pour pouvoir entrer en bon contact avec lui. C'était comme ça... On y pouvait rien... Donc, malgré le fait que le prisonnier soit plutôt passif, il était presque désintéressé des vexations qu'il pouvait causer chez cet homme.

"-Ne prenez pas la mouche..."

Venant d'un milieu modeste, Eliott n'avait pas le reproche de juger sur le physique ou l'âge mais plutôt sur la tenue corporelle et les remarques. Celles du jeune homme étaient assez étranges par ailleurs lorsqu'ils en vinrent à développer les raisons de ce cours. En y repensant, monsieur Parfait n'avait jamais clairement dit qu'il était professeur d'art ou d'un autre genre. Et d'ailleurs on voyait mal la directrice embaucher deux titulaires pour un cours où il y avait si peu d'élèves et d'intérêt. Le discours de Gabriel par ailleurs ressemblait plus à une approche philosophique que artistique ce qui intéressait bien plus Eliott que de savoir comment faire une fleur sur un bout de papier blanc. Toute cette approche sur "trouver sa place, passer du bon temps, trouver soi-même etc", c'était très...

Psychologique

"- Vous me faites clairement penser à un psychiatre monsieur Goodman" sourit-il plutôt respectueusement.

Eliott ne méprisait pas les docteur de l'esprit. Il avait même fait l'expérience plusieurs fois de ces professionnels là mais jusqu'à présent il était clairement tombé sur des incompétents. Cependant c'était comme dans la justice: il y avait des bons, des moyens et des mauvais... Restait à savoir si en tirant sur pile ou face dans l'annuaire on pouvait tomber sur le meilleur ou le pire.

Mais la discussion tourna assez court. Gabriel avait en effet redirigé son attention sur le patient à la peinture invisible qui, à la couleur de sa peau, désignait clairement une naissance de crise où, comme les disaient vulgairement les détenus, "allait péter un cable"...

Ni une ni deux, le blond se jeta sur lui pour tenter de l'apaiser grâce à une respiration forcée et une gestuelle douce. Il ordonna à Eliott d'aller prévenir un gardien ce que le jeune homme fit aussitôt. Ce n'était d'ailleurs pas bien dure car il s'en trouvait un juste derrière la porte. Le colosse arriva et chercha du regard le problème avant de se diriger vers Gabriel Goodman comme pour attendre les instructions. Comme l'avait pressentit Eliott, l'art devait être un des nombreux atouts de Gabriel mais pas le principal. En effet, les vigiles le respectaient comme on se soumettait ici aux professionnels en haut de la hiérarchie: droit, médical, psychologie, avocat... Mais surement pas professeur d'art plastique ou de musique...

Curieux et un peu inquiet, surtout par l'aliéné et non pour l'aliéné, Eliott se mis en retrait dans un coin de mur et observa la scène. Cet homme-enfant agissait comme Andy et qui sait il pouvait faire comme Andréa... Peut-être que cette crise allait le faire passer de léthargique à violent. Il l'aurait bien aidé celui-là mais la comparaison à LUI ou... EUX étaient trop forte. Le détenu espérait que seul Goodman et le vigil suffiraient à le calmer... Lui, n'avancerait pas d'un pouce!

Dégage! Plus vite que ça!

Pria-t-il en son fort intérieur.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Sam 26 Déc 2015 - 17:45
Gabriel ne se laissa pas le temps de répondre à la question d'Eliott, ne serait-ce que pour la rectifier ; il s'était concentré sur l'homme en tenue grise. Calmement, il envisageait la situation sur plusieurs angles, notamment les pires. Au moins, en planifiant tout, du début à la fin, il saurait comprendre l'autre, et l'aider du mieux qu'il pouvait. Pendant qu'Eliott prévenait un gardien de la situation, le jeune homme continuait de parler d'une voix douce et rassurante à « l'aliéné ». Il s'adressait à lui non pas comme il l'aurait fait à un enfant, mais comme s'il était une personne normale. Il le vouvoyait, cherchait à capter son regard avec le sien, et il essayait de rattraper ce qu'il pouvait, alors que la crise se déclarait. Parfois, il levait la main devant lui pour attirer ses yeux sur autre chose ; ces derniers bougeaient en effet partout, le moindre mouvement attirait leur attention, tandis que les lèvres du « malade » remuaient sans émettre le moindre son. Lorsque le gardien arriva, il voulut attraper l'homme par le bras, et le forcer à se relever.

D'un geste, Gabriel l'arrêta, et au lieu de forcer l'autre à se lever, il l'encouragea à le faire. Le meilleur moyen pour qu'une personne se braque, c'était de la forcer ; les adultes n'étaient pas si différents des enfants à ce niveau-là. Enfin, le gardien l'aida à soutenir le malade, et à le faire marcher. Le calme était plus ou moins revenu dans la pièce, même si certains détenus se moquaient de l'état du malade. Ce qu'ils attendaient, c'était le moment où la crise se déclencherait pleinement ; le souffle bruyant, le regard apeuré, les mains tremblantes n'étaient que les signes d'une bombe sur le point d'exploser. Cependant, en influençant le malade sur sa respiration, dans une attitude calme et posée, Gabriel parvint à le tempérer au fur et à mesure. Une fois qu'il passa le seuil de la pièce, il entendit son collègue lancer d'une voix forte :


« Bourrez-le de calmant, et foutez-le en isolation. »

Gabriel ferma les yeux une seconde, le temps que l'agacement se fasse ravaler par son sang-froid.


« Vous savez, ce n'est pas une solution. Monsieur a simplement besoin de...
— Et alors ? Ce n'est pas votre patient, ce n'est pas à vous de décider. »

Même le gardien qui accompagnait le malade sembla sceptique. Gabriel rouvrit la bouche pour tenter d'argumenter.

« Certes, mais...
— Vous êtes nouveau, et jeune, le coupa son collègue, j'estime prendre de meilleure décision que vous. C'est compris ?
— Oui, Monsieur. »

Gabriel se contenta d'afficher le même air poli qu'il donnait à tout le monde, même son sourire ne paraissait pas crispé, malgré le raz-de-marée d'insulte qui submergea son esprit. Son collègue se contenta de hocher la tête, et de le laisser en plan avec les autres prisonniers. Il referma la porte, puis il reprit les activités de l'atelier. Il avait une capacité incroyable de nier tout ce qui pouvait le mettre de mauvaise humeur, si bien qu'il y avait un fort contraste entre son sourire neutre et poli, et la scène qui venait de se jouer devant ses élèves. Le temps qu'ils s'installent et se remettent à travailler, Gabriel poussa un soupir, puis revint vers Eliott. Il passa une main dans sa chevelure blonde, afin de s'assurer qu'aucun épi n’avait l'audace de se rebeller. Il lui accorda ce même sourire neutre, et rien que ce fut dans son regard, ou ses gestes n'indiquait ses envies de meurtre sur son collègue. En réalité, son esprit était rempli de pensées méchantes à l'égard de ce dernier, et il espérait le voir mourir d'un arrêt cardiaque, le voir tomber la tête la première dans ses excréments, et en crever d'étouffement. Maintenant que tout est un peu mieux organisé, des places s'étaient libérées, et l'atelier ressemblait davantage à un cours qu'à une salle de récréation. Il invita Eliott à prendre place, puis il lui fit d'un ton neutre :

« Pour répondre à votre “question”, je ne suis pas psychiatre, je suis un peu trop “jeune” pour cela. »

Ce n'était PAS DU TOUT un reproche visant son collègue INCOMPETANT, qui justifiait son « expérience » par son âge avancé. Gabriel ne s'était pas assis, il avait les deux mains posées sur une chaise vide. Il ajouta :

« Je suis psychologue, le nouveau psychologue. »

Un autre sourire poli. Eliott ne devait pas encore s'imaginer qu'il était le psychologue de son grand-frère, tout ce qu'il espérait, c'était que sa fonction ne le fasse pas fuir. Les gens considéraient les psychologues et autres thérapeutes comme des créatures bizarres, des charlatans incapables de comprendre ce qu'ils ressentaient. La réalité était que les gens n'aimaient pas se retrouver sous son oeil incisif, et voir toutes les faiblesses qu'ils se cachaient. Peut-être qu'Eliott Higgins était un peu comme ça, lui aussi.
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Sam 26 Déc 2015 - 20:39
Bien que Eliott faisait tout pour fuir cette sorte de pile prête à exploser, il sentit de la pitié au fond de lui.
La réaction de peur était normale. L'inconnu était effrayant d'autant plus dans l'esprit humain et dans un lieu comme celui-ci où l'imagination condamnait aussitôt les patients. Mais le professeur de peinture, réfracteur et clairement né du dernier siècle semblait plus enclin à gaver de médicaments les innocents qu'à régler leur problème. Ce type de professionnels énervaient Eliott qui avait du renoncer de "plaider la folie" dans son dossier pour éviter de finir en camisole. En effet l'avocat qu'on lui avait alloué était convaincu que le moindre acte de folie devait se régler à coup d’électrodes fournies par un de ses compatriotes...

Maintenant il le regrettait. Peut-être aurait-il mieux valu quatre mois serré dans un pull blanc que 9 ans ici... Qui sait...

En regardant la troupe s'affairer autour du misérable, il fronça les sourcils. Gabriel se découvrait finalement sous son vrai jour. Il s'agissait donc d'un professionnel de la santé qui, en raison de son jeune âge, se fit clouer le bec par son prédécesseur pompeux. Une raison idiote soit dit en passant.
Contre toute attente, alors que les prisonniers s'attendaient à voir une chamaillerie entre gens du milieu, il ne se passa rien. Monsieur Parfait se plia et offrit son patient de bonne grâce. L'idiot qui jouait avec son crayon quelques minutes plus tôt soupira de devoir alors se concentrer à nouveau comme les autres sur sa feuille, ayant vu une occasion de rire lui échapper sous le nez. D'un claquement de main, le premier professeur ramena tout le monde à la raison.

Eliott se détendit un peu et suivit Goodman, lui laissant la chaise sur laquelle il... Se faisait les griffes. Eliott sourit un peu. Le blondinet était resté impeccable mais ses mains aux phalanges blanches, tant elles étaient tendues, le trahissaient légèrement. Son frère faisait pareil. C'était souvent dans ses mains que ses expressions ressortaient le plus. A cette pensée, Eliott se rembrunit un peu et revint sur le psychologue.

Psychologue hein... Grillé mon ami... Grillé...

"- Psychologue? Veuillez m'excuser mais je ne saisit pas trop la différence avec psychiatre." avoua-t-il à la place d'échapper sa précédente pensée.

Plutôt d'humeur vengeresse il haussa les épaules et pris un ton supérieur pour qu'une personne ne particulier l'entende bien, sans donner mine de s'adresser à elle.


"- En tout cas votre maitrise prouve que vous savez parfaitement vous maintenir... D'autres que vous aurait simplement cherché à s'en débarrasser alors qu'ils sont payés pour soigner... Mais l'incompétence est partout..."


Malgré tout cela, le prisonnier ne s'approcha pas trop de Goodman. L'impression qu'il lui donnait demeurait comme un morceau de shewing-gum collé sous une semelle. Il avait beau savoir que c'était ridicule, il n'arrivait pas à évincer cela. La défense indirecte de Monsieur Parfait lui avait également servit à piquer au vif ce professeur qui lui avait refusé une chaise quelques minutes plus tôt avant de l'envoyer s’asseoir par terre avec un sourire méprisant.

Eliott sentait que Goodman attendait une réponse. Il ne savait pas réellement laquelle mais sa dernière phrase était restée pendue à ses lèvres comme avec regret. Le jeune prisonnier comprenait très bien. Surtout si on tenait compte de l'incident qui venait de se produire. Ainsi, incapable de lui serrer la main pour l'instant, il hocha la tête positivement et se baissa pour récupérer ses ramettes de papiers qui s'étaient légèrement dispersées avec le remue ménage de tout à l'heure.

"- Dans ce cas bienvenu en enfer... Mais j'imagine que vous avez déjà descendu quelques cercles... "


L'une des rares choses positives qu'il pouvait dire à propose de Goodman pour l'instant, c'était qu'il s'agissait d'un des seuls hommes qui lui parlaient correctement. La plupart du temps, être en prison signifiait être idiot. Or Eliott avait été reçut major de sa promotion et parfois, des conversations enrichissantes lui manquaient. De plus en plus de mots scandaleux commençaient à s'échapper de sa bouche... L'influence de la prison commençait à avoir ses effets...
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Sam 26 Déc 2015 - 23:53
« Pour faire court, un psychiatre a une formation de médecin, et peut prescrire des médicaments, l'informa Gabriel en gardant ses mains sur la chaise. »

La nuance n'était pas si épaisse que cela, et même s'il n'avait pas les connaissances nécessaires pour prescrire des médicaments. Cela l'aurait pourtant intéressé, ne serait-ce que pour empoisonner « par accident » quelques gêneurs, comme ce vieux collègue qui lui rappelait un de ses professeurs d'université. La psychologie préférait le dialogue, l'hypnose que de bourrer un malade dépressif de psychotropes, afin de dire qu'il était « guéris ». Malgré son cynisme, Gabriel ne voulait pas privilégier une telle méthode. Pour lui, les médicaments ne soignaient pas le coeur du problème ; le temps, la confiance étaient nécessaires. Il observait toujours Eliott, tout un tas de pensées courait dans son esprit. Si Eliott n'avait pas teint ses cheveux, Gabriel aurait pu trouver un point commun avec lui et Andrea, cependant... mis à part leur méfiance mutuelle à son égard, il n'y avait rien. Qu'est-ce qui chez Eliott justifiait l'affection d'Icare ? Le besoin obsessionnel de se raccrocher à quelqu'un, peut-être.

À la pique d'Eliott, Gabriel se contenta d'émettre un léger — et discret ricanement —, à la fois rassuré et flatté qu'il se range de son côté. Malgré sa couche de cynisme et de mépris, il faisait bien son travail. Mais qu'on lui rappelle sans cesse son âge, son manque d'expérience, en prétextant que le meilleur « enseignant était la vie », l'épuisait. À l'université, il n'y avait eu que ce vieux professeur pénible qui avait refusé de voir en lui un génie, lui collant l'image de fils à papa parfait qu'il porterait — sans doute — toute son existence, les autres s'étaient vite pliés à son sens de l'observation aiguë. Porter un masque, faire semblant d'être une créature sensible, c'était ce qui lui permet de comprendre les autres. Ironique ? Non. Il fallait seulement se montrer attentif.


« Oh... non, pas encore. Je suis en pleine traversée des Limbes pour le moment. »

Répondit-il au slogan de bienvenu d'Eliott. Même s'il ne craignait pas grand-chose de la prison et des détenus, ce qui le dérangeait le plus, c'était ses collègues. Gabriel faisait presque une fixation dessus ; il préférait passer du temps avec un névrosé plutôt qu'avec ses collègues. Il regrettait l'incompétence de certains, l'âge avancé des autres, des excuses derrière lesquelles la plupart se cachaient. Ou bien les gardiens, qui manquaient vraiment de savoir-vivre, ou même de clairvoyance. Plonger la tête d'un psychotique sous de l'eau froide, lorsqu'une crise était déclarée, ce n'était pas la meilleure des solutions. Et puis, on s'attendait à ce qu'il chute, et tombe sur un prédateur. Sans savoir qu'il était le pire de tous.

« Connaissez-vous un peu la prison ? »

Parce que Gabriel n'était pas vulgaire ; il n'allait pas dire honnêtement à Eliott qu'il connaissait son frère, c'était trop direct. Eliott ressemblait à la description que Harvey lui avait faîtes, et il ne voulait pas le brusquer. Il ne comptait pas le séduire ou le charmer, mais au moins lui offrir une présence rassurante, quand bien même il paraissait le rebuter. De plus, sa question était une vraie question ; Gabriel ne connaissait de la prison que son bureau, l'odeur de caféine dans la salle du personnel, ou même le parking. On le tenait soigneusement éloigné des éléments dangereux, ou s'il était face à eux, c'était avec une surveillance rapprochée. Il avait conscience que la vie dans son bureau était différente de celle dans le ventre de la prison ; Eliott semblait en avoir déjà fait les frais.

Gabriel passa une main dans sa nuque, il y chassa quelques mèches blondes léchant sa nuque. Avec un air embêté, il ajouta :


« Disons que si je veux descendre au coeur de l'Enfer, je dois savoir me préparer... et comprendre. »

Oui... comprendre, et voir ce qu'on lui cachait. Avant qu'Eliott ne lui donne de réponse, un détenu plutôt baraqué lui montra l'esquisse de dessin qu'il avait faîte. D'un signe de tête, le jeune homme fit signe à Eliott d'attendre un peu. Il invita son élève à poser la feuille sur la table, tandis qu'il énonçait d'une voix posée ses erreurs, lui donnait des indications parfois amusantes. Sa préférée — par exemple — était de comparer la jonction des clavicules à un guidon de vélo, ce qu'il lui montra sur une autre feuille. Le plus amusant était que son élève faisait deux têtes de plus que lui, et aurait put être son père. Pourtant, malgré son air patibulaire, ses manières bourrues, le jeune homme lui donna le même traitement qu'il aurait donné à un élève normal. Il lui offrit des explications précises, et une fois que l'autre sembla comprendre, il l'invita à refaire son dessin sur une autre feuille, ou l'améliorer. Enfin, lorsqu'il partit, Gabriel raccrocha son attention à Eliott. Il n'oubliait personne.


« Où en étions-nous... ? »

Fit-il en lui souriant. Puis, il fronça les sourcils ; il sembla hésiter. Il se lança finalement :

« Le dessin ne vous séduit pas toujours ? Voulez-vous que je vous en fasse la démonstration ? »
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Dim 27 Déc 2015 - 21:23
Tout en pliant une autre grue, Eliott oublia ce qui venait de se passer. C'était sans doute une de ses meilleures capacités: faire table rase de ce qui le gênait... Sauf pour LUI. Cela lui était impossible.

"- Je rêve d'une tasse de thé bien sucrée"
soupira-t-il en manquant par inadvertance son pliage, donnant à sa grue une tête un peu mâchée... "- Si ils en donnaient à ce cours, peut-être que je resterais plus longtemps..."

Reposant l'oiseau endoloris, le détenu croisa ses bras sur ses jambes mises en position de tailleur. A vrai dire il avait échappé cette idée comme on raconte un rêve. Depuis qu'il était en prison, certaines choses essentielles de la vie lui manquaient cruellement. Mais n'admettait-on pas la valeur des choses qu'une fois qu'on les avait perdu? Cette hypothèse était réelle. Si autrefois il avait bêtement fait des folies pour financer ses projets, ici il aurait tué pour un bain chaud et de la tranquillité...Parfois il se rappelait qu'IL lui avait proposé tout cela mais combien cela lui aurait coûté... Ç’aurait été trop chère. Personne n'aurait payé le prix de sa liberté pour un confort superficiel. Et même aujourd'hui derrière les barreaux, il se disait qu'il était plus libre que s'il avait du vivre avec LUI... Pourtant... N'était-ce pas le cas en ce moment même? Ne vivait-IL pas avec lui depuis quelques semaines?

Monsieur Parfait posa tout à coup une question à laquelle Eliott répondit sans réfléchir.

"- Bien sur..."

Il tourna son regard vers le nouveau professeur et chercha à savoir ce qu'il entendait par là. Voulait-il savoir si Eliott s'y sentait bien ou était-il réellement perdu dans cette prison?

"- Il y a certains quartiers à éviter, des pro à fuir, d'autres à rencontrer... J'en connais beaucoup...Du monde"

Ce n'était pas une proposition. Le détenu annonçait les faits tout simplement. Il ne s'imaginait pas guide et avait expliqué les choses par instinct comme un gardien de musée montrant l'entrée de la salle dans laquelle se trouvait l'exposition sans donner plus de détails.

"- Harvey Stinson est nouveau aussi et il s'entend bien avec les gens de la prison. Vous devriez aller le voir si vous voulez des conseils...C'est un docteur sympa..."

En terminant sa grue, Eliott se dit soudain qu'il pourrait l'offrir à Harvey. Son bureau qu'il avait vu de nombreuses fois était désespérément vide d'objet personnel. Mais c'était parce que l'infirmier était trop renfermé. Il rougissait pour un rien... C'était amusant.
En laissant vagabonder ses idées, il autorisa Goodman à aller s'occuper d'un autre occupant de la salle. Ce dernier était assez grand et Eliott s'étonnait de ne pas l'avoir vu avant. En tout cas, malgré son âge et sa musculature, il montrait du respect envers le jeune professeur. Un respect qu'il n'avait nullement montré à l'autre grincheux qui sifflait derrière son journal, jaloux. Ce prisonniers devait être un ancien du centre. Très souvent, les habitués savaient bien juger le personnel. Pour lui, il était clair que Gabriel Goodman inspirait de la sagesse.

Sagesse qui tomba avec l'entêtement dont il fit soudain preuve pour Eliott. Dessiner? Il plaisantait n'est-ce pas? Il venait à peine de lui dire à quel point il détestait ça! Voulant le laisser tomber dans sa propre méprise, Eliott sourit et aquiesca en lui tendant un papier à grain.

"- D'accord... Pourquoi vous ne me dessineriez pas quelques chose... Disons... Un soleil?"

C'était clairement impossible selon Eliott de rendre un soleil à la mine de plomb. Il s'agissait de lumière, de couleur et non de trait, alors à moins de simplifier la chose comme un enfant, Gabriel n'avait aucun espoir de le satisfaire.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Dim 27 Déc 2015 - 22:11
Une tasse de thé bien sucrée ?

Gabriel se contenta de sourire. Néanmoins, l'information fut aussitôt notée dans son cerveau ; voici un point commun entre Eliott, et... Icare. Icare aimait-il le thé bien sucré parce qu'Eliott l'appréciait ? Il nota l'interrogation dans un coin de sa tête, et songea s'en occuper plus tard. D'ailleurs, le cadet Higgins paraissait plonger dans ses pensées au fil des secondes, comme si l'entretien lui rappelait des souvenirs. Gabriel n'imaginait pas encore qu'il lui rappelait son frère, sans doute parce qu'il se considérait trop différent de ce dernier. Déjà, il ne souffrait pas de Trouble de la Dissociation de l'Identité, et il ne se serait jamais sacrifié pour quelqu'un. Enfin, à nouveau, ce genre de pensées arrivaient et sortaient de sa tête, mais toujours en laissant une trace de leur passage. Quand Eliott confirma qu'il connaissait du monde, le psychologue remarqua qu'il ne précisa pas s'il avait des « amis » ou non. S'il se basait sur ce que Harvey lui avait dit, et sur les quelques précisions qu'il établissait, il serait surpris qu'Eliott ait donné sa confiance à un détenu ; qu'il se soit fait un véritable ami. En dehors de l'infirmier, il ne semblait avoir personne.

Si on omettait Icare Higgins.


« Ah... Monsieur Stintson, oui... je l'ai rencontré... même si j'aurais préféré dans d'autres circonstances. »

Lui aussi ne détaillait pas réellement son « histoire ». Gabriel avait fait la connaissance de Harvey suite à une chute de tension, qui avait amené à la rencontre brutale avec le sol. Il se garda de demander à Eliott, s'il estimait qu'à cause de son jeune âge, il lui était nécessaire d'obtenir des conseils de la part d'un vétéran. Non, sa fixation ne partirait pas ; elle était une tache de soda collée à un t-shirt. Elle ne partirait pas. Il se contenta de hocher la tête, reconnaissant par là les qualités de son collègue.

« Mais oui, il me semble attentionné, même si je le connais que depuis peu. »

Par ailleurs, Gabriel se promit de revenir voir Harvey avec un café, ne serait-ce que pour le rassurer sur le cas « Higgins ». Harvey ressentait une profonde inquiétude pour la sécurité d'Eliott, puisqu'il lui avait soufflé qu'il pouvait être en danger. Tout dépendait si Icare allait reprendre pleinement le dessus sur Andrea. Selon Gabriel, Icare était plus nocif ; son amour étoufferait Eliott, si ce n'était pas déjà fait.

À la suggestion de son interlocuteur, le jeune homme fronça les sourcils, et pencha la tête sur le côté. Que cherchait-il ? Le tester ? Finalement, Gabriel approuva d'un signe de menton, puis il prit place face à Eliott. Il posa la feuille, il prit un crayon, puis il l'observa quelques secondes. Dans sa tête, il confectionnait un plan, il visualisait chacun de ses coups de crayon pour rendre la meilleure image possible du soleil. Eliott le mettait à l'épreuve. Gabriel lécha sa lèvre supérieure, puis doucement, tout doucement, la mine se frotta contre la feuille, laissant des traces grises et informes au début. Le plus délicat n'était pas de rendre la lumière dans du noir et du blanc, mais de ne pas transformer le soleil en lune. Alors... certes, Gabriel traça des traits partant dans toutes les directions, comme l'aurait fait un enfant. Toutefois, il posa le crayon, et frotta ces mêmes lignes avec son doigt pour appuyer les ombres. De temps en temps, il fermait les yeux, ou il jetait des regards vers la fenêtre pour s'imprégner de ce qu'il pouvait voir. Plusieurs fois, il se servit de ses doigts pour mettre en forme les ombres, ou estomper le gris du crayon.

Finalement, lorsque Gabriel termina, il poussa un soupir. C'était un peu trop élaboré, sans doute. Il avait placé le soleil en haut à droite, il était plus sombre en son centre, mais tandis qu'il s'étirait, il s'éclaircissait dans le ciel. Ce dernier était coloré de gris, cependant, ce qui suggérait le matin (ou l'après-midi) était le fait qu'il s'était servi de ses doigts tachés de crayon pour suggérer les nuages. Enfin, il avait esquissé la silhouette d'un coq situé sur le côté de la gauche de la feuille. Il n'était pas tout à fait parvenu à rendre la couleur de la lumière, et il s'était attardé sur la mise en forme des ombres matinales. Avec une moue insatisfaite, Gabriel tendit le résultat à Eliott. Le bout de ses doigts était sale, et il laissa des traces grisâtres tout en bas du papier à grain. Il sourit au détenu :


« Voilà... et si vous... vous me montriez, comme vous dessinez un soleil ? »

De la simple curiosité.
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Lun 28 Déc 2015 - 13:46
Satisfait de voir que Goodman semblait apprécier lui aussi Harvey, Eliott se rapprocha instinctivement du psychologue pour regarder son travail. Il se concentra sur la mine de plomb. Elle léchait la feuille avec douceur et glissait avec certitude parfois, ou bien avec hésitation. Gabriel Goodman jouait de la gomme, des doigts et de la mine avec concentration comme un enfant appliqué à faire un dessin à la "meilleure maman du monde".

Le psychologue semblait partit loin. Car Eliott avait demandé un simple soleil mais c'était tout une aube froide et grise qui prenait vie sous ses yeux. Comme un vieux cliché photographique maladroit, éblouit par les rayons qu'il cherchait à prendre et à suggérer. Mais malgré quelques coups gras et tremblotants, le résultat était plutôt satisfaisant. Eliott ne s'attendait même pas à une telle réussite vu le défis lancé. Cela lui faisait mal de l'admettre mais Monsieur Parfait avait gagné.

Eliott croisa les bras et jugea ostensiblement son "œuvre" et sourit en saisissant le soleil charbonneux.

"- Pas trop mal. Pas mal du tout même. "

Les détenus à cotés souriaient légèrement car le nouveau professeur semblait se faire juger à son tour ce qui ne manquait pas d'humour car tout le monde savait qu'Eliott était sans doute le pire dessinateur du monde.

Il reposa ensuite le soleil sans autre forme de procès et leva un sourcil, perdant quelque peu son sourire. En dessiner un ? Lui?

"- Vous insistez n'est-ce pas? Je suis certain que vous êtes le genre de personne à ne jamais lâcher le morceau. Je vous ais pourtant dit que le dessin n'était vraiment pas mon affaire..."

Eliott avait essayé de dessiner pour les autres étant petit mais sa mère alcoolique avait juste essuyé le revers de sa bière grâce à son travail. LUI avait souvent jugé ses dessins étrangement, comme s'il attendait quelque chose de son petit frère. IL voulait sans doute s'y voir à chaque fois et dés que quelqu'un d'autre y apparaissait, IL déchirait le tout. Avec tous ces états de fait, et en prenant en compte l'idée que dessiner n'était pas un plaisir, Eliott avait vite abandonné le crayon.

Mais bon, pour faire plaisir à ce nouveau (ou alors pour qu'il lui lâche la grappe, Eliott n'en était pas sure lui-même), il saisit l'outil à dessin qu'avait précédemment tenu le psychologue et pris une feuille sur le tas à sa droite en soufflant bruyamment.

Posant le tout sur la table, il fit un rond, deux nuages à l'allure très japonaise, un oiseau en plein vole aux ailes noires du au contre jour imaginaire et lui tendit le gribouillis d'un air de dire: voilà!

C'était ici un travail très simpliste et très inintéressant. Mais ce n'était pas la peine de s'appliquer car le détenu savait par avance qu'il ne pouvait faire mieux. A la limite... Si il l'avait fait en origami... Sur un diorama... Sans doute qu'il aurait pu en être fière.

Tout à coup, alors que la feuille était presque aux mains du psychologue, Eliott regarda l'oiseau qu'il avait dessiné avec mépris. Sans réfléchir, il avait posé ce sale animal au milieu d'une composition qui lui remémorait un souvenir malsain. Ni une ni deux, il effaça la bête et aussi les épaules naturellement en tendant à nouveau l'objet, pour cacher son malaise.

"- Vous aviez dit un soleil après tout, pas une ménagerie..."
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Lun 28 Déc 2015 - 14:33
« Hum... eh bien, si vous me dîtes que mon insistance vous ennuie, j'arrêterais, répondit-il avec douceur à la remarque d'Eliott. Je sais m'avouer vaincu. »

Malgré tout, Gabriel pouvait lâcher l'affaire. Il n'était ni mauvais perdant ni mauvais gagnant, même s'il peinait quelquefois à assumer son « infériorité » face aux autres dans des domaines qu'il ne maîtrisait pas. Le sport par exemple ; il détestait dépenser son énergie dans un but abstrait, et suer (surtout). Le seul sport où il excellait demandait peu d'efforts physiques de sa part, et c'était là où sa vision précise rentrait en jeu. Dans la chasse, il n'avait besoin que d'anticiper le mouvement de sa proie, se faire discret, et attendre patiemment l'instant où son doigt enclencherait la gâchette.

Son regard suivait les mouvements d'Eliott, l'hésitation dans sa pupille ; c'était une forme de pause dans la conversation, permettant au psychologue de rechercher des liens possibles entre les deux frères. Il fronça les sourcils lorsque le détenu esquissa les nuages, puis... lorsque l'oiseau fut gratté sur le papier. D'abord, Gabriel suggéra la présence de l'oiseau pour signaler le soleil, et mettre en forme un jeu de lumière. Toutefois, lorsqu'Eliott changea brusquement d'avis, et effaça l'oiseau, Gabriel ne montra rien. Il se contenta d'approuver d'un signe de menton, en faisant comme s'il n'avait pas remarqué son trouble, et il examina le résultat.


« Je pense qu'il y a matière à creuser, lâcha-t-il après quelques secondes de silence. On dirait une estampe. »

Eliott avait « simplifié » son trait, mais l'ensemble était cohérent. L'oiseau l'aurait été davantage, s'il n'avait pas soudain décidé de l'effacer. On en voyait d'ailleurs vaguement la silhouette, malgré le passage de la gomme. Il posa le dessin, puis il regarda Eliott. Gabriel préférait éviter de laisser un silence trop important, afin de ne pas augmenter l'anxiété du détenu. Finalement, il choisit même de l'encourager :


« Honnêtement, vous pourrez faire un bon illustrateur, si vous vous en donniez les moyens. »

Cependant, Gabriel n'insista pas ; c'était à Eliott de savoir ce qu'il voulait. S'approprier les domaines dans lesquels son frère excellait ? Ou bien se laisser écraser par son ombre ? L'oiseau ne représentait-il pas Icare ? Peut-être allait-il trop loin dans ses théories, mais il n'y aurait pas pensé en priorité, si Eliott n'avait pas effacé l'oiseau. Ce dernier s'était d'ailleurs trouvé en contre-jour, et lui, comme le détenu, avait connaissance de l'attachement de Monsieur Higgins pour la légende de Dédale et d'Icare.

« En tout cas, vous serez toujours le bienvenu ici. »

Ajouta Gabriel en lui donnant un sourire avenant. Sans le savoir, Eliott venait de confirmer ses inquiétudes, et surtout qu'il avait conscience du danger que son frère représentait pour lui. Toutefois, il ne montra aucune émotion en rapport avec cela, malgré la curiosité s'épanouissant dans son esprit. Il se redressa, puis il alla chercher un mouchoir près du bureau de son collègue — en ignorant le coup d'oeil sévère qu'il lui balança —, avant de revenir vers Eliott. Il s'occupa pendant quelques secondes à essuyer les traces de crayons sur ses doigts ; il ne voulait pas prendre le risque d'encrasser le dessin du détenu, et ceux qu'il allait devoir examiner chez les autres élèves.

« Toutefois, si vous n'aimez pas le dessin, pourquoi êtes-vous inscrit à ce cours ? Pour un test ? Ou pour les travaux manuels, comme l'origami ? »

Après tout, Gabriel avait observé Eliott faire la grue en papier, soigneusement. Il en avait fait une seconde d'ailleurs, un peu plus imparfaite que la précédente, mais qu'il avait mis de côté. Il n'allait pas la lui enlever, ou lui poser de question à ce sujet ; il avait deviné l'affection d'Harvey pour le prisonnier, sans établir si cela était partagé ou non. Ce qu'il espérait, c'était que son collègue ne s'impliquerait pas plus dans sa relation avec Eliott, l'attachement dans ce genre de métier — et d'endroit — était une chose dangereuse. Si quelque chose arrivait à Eliott, Harvey en serait blessé. Ou même... en ayant conscience que Icare Higgins était un danger pour Eliott, s'il devait un moment ou un autre le soigner serait-il capable de se détacher de son affection pour faire correctement son travail ? Harvey ne lui paraissait pas faible, mais... humain, comme tout le monde. Oui, comme tout le monde, sauf lui. Gabriel attendait la réponse du prisonnier, et il contint un soupir, songeant que sans doute, il tergiversait trop, et qu'il fallait qu'il fasse une pause de temps en temps. Analyser les autres en permanence allait finir par déformer sa réalité.
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Ven 1 Jan 2016 - 20:38
Eliott essuya les compliment du psychologue d'un hochement de la tête poli. Il repris son dessin et le fourra dans la corbeille à papier juste à coté, laissant à Gabriel le soin de décider de l'avenir de sa propre œuvre.

Une estampe? Sans doute. Lors qu’Eliott était petit, il adorait lire, c'était sans doute ce qui lui avait sauvé la mise lors de ses études. Sa faible éducation et le manque de soutient familial avaient été comblés par les livres qu'il lisait jadis. Au fur et à mesure, il s'était rendu compte qu'il appréciait beaucoup les auteurs japonais et que les lectures multiples qu'on pouvait faire de chacun des romans à succès de tel ou tel auteur lui plaisait. Rien n'était cliché, rien n'était linéaire et tout était nouveau dans cette culture inconnue. Alors inconsciemment sans doute Eliott avait-il pris le plis de ce qu'il avait tant observé. Son préféré avait été "Kafka sur le rivage" où il s'était à la fois reconnu et sentit très distant du personnage principal.
LUI avait essayé d'orienté ses lectures. Plus le cadet avait grandit et plus l'aîné avait cherché à le modeler, si bien que, juste après son entrée en faculté, lorsqu'Eliott avait tenté de commencer à couper les ponts, il avait perdu le goût à la lecture.

Peut-être que ici, au calme, l'envie lui reprendrait. En tout cas, ce dont il était certain, c'était que plus jamais il n'ouvrirait un livre de mythologie grecque...

"- Je vous remercie de votre accueil... Peut-être que si on sert du thé je resterais" dit-il dans un clin d'oeil en s'étirant une nouvelle fois, laissant les origamis pour la conversation tandis que les autres crayonnaient avec application.

IL inspira et observa tout ce qui se passait autour de lui. C'était à la fois calme et bruyant ce cours. Intime et public. Chacun se créait une cage de solitude en face de la toile mais on était soumis à une inspection publique par les professeurs. Enfin... Un seul puisque l'autre ne daignait pas bouger les fesses de sa chaises.

"- Harvey m'offre du thé de temps en temps" echappa-t-il sans réfléchir. "- Je ne crois pas connaître un autre endroit où on en trouve... Dommage pour nous."

Ce nous incluait à la fois Eliott et Goodman à qui il donnait une raison de ne pas revenir.

Eliott était avec Harvey dans ce qu'il pensait être une relation professionnelle porté légèrement sur l'amitié. Cela lui faisait du bien de rencontrer quelqu'un qui l'estimait réellement et d'autant plus lorsque ce dernier lui offrait la sécurité. Il espérait d'ailleurs qu'il le soutiendrait dans sa volonté de faire appel avec dossier psychologique à la clef lorsqu'il lui en parlerait pour couper sa peine.

Dans la dernière réponse de monsieur Parfait, Eliott y sentit une pointe d'éxamination non dissimulée et franche. Il tourna la tête droit dans sa direction, cligna des yeux, perdu dans son jugement et finit par hausser les épaules. Si Gabriel ne lâchait pas le morceau avec cette question comme avec le dessin, ce n'était pas la peine de s'obstiner à tourner autour du pot. Il pouvait cependant se permettre de minimiser la réalité. Surtout pour lui. En parler l'angoissait trop et certains mots, certains souvenirs le rendaient... Hystérique... Il ne voulait pas finir lui non plus du coté des aliénés...

"- Je suis là pour passer le temps. En un an on a fait quatre ou cinq fois le tour de ces murs et des choses un tant soit peu intéressante..."

Il fit craquer ses phalanges, produisant un bruit semblables à un os qui éclate ce qui fit sursauter un des apprentis peintre devant.

"- Et puis je suis aussi là pour être tranquille. On trouve peu de gens ici... Et on y vient peu. C'est idéal bien que je comprenne pourquoi, sans vous offenser..."

Il inspira un coup et plongea son regard bleu glacial, comme celui d'Icare, leur dernier point commun, dans ceux francs de Gabriel.

"- J'ai besoin de laisser ce qui se trouve ici, derrière moi monsieur Goodman."
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Ven 1 Jan 2016 - 22:40
« Je peux arranger cela. »

Bon... le plus délicat serait de convaincre son vieux (et grincheux) collègue sur les bienfaits du thé dans une salle de cours. Même si... ce que Gabriel regrettait le plus, c'était qu'il était loin de son bureau ou de la salle du personnel, et donc loin de la caféine. Les frères Higgins s'opposaient à lui dans ce cas-ci ; en effet, s'ils préféraient le thé sucré, le psychologue lui n'en supportait même pas l'odeur, et se délectait de l'amertume d'un café bien noir. Il n'essayait pas de « séduire » ou charmer Eliott, malgré le fait qu'il pouvait toujours jouer de ses sourires et de ses politesses pour obtenir des boissons pour les détenus. En réalité, celui qui serait le plus arrangé par cette idée, c'était lui. Si Eliott avait besoin de cigarette pour se détendre, Gabriel avait pour sa part besoin de café pour survivre en milieu hostile. Depuis qu'il travaillait dans la prison, ses heures de sommeil se réduisaient considérablement, et seule la caféine lui permettait de tenir des journées, qui se finissaient de plus en plus tard. Il avait une carrière à bâtir, après tout. À la mention de son collègue, Gabriel eut la confirmation de ce qu'il pensait, mais il ajouta avec le même ton doux :

« Il me semble pourtant que Monsieur Stintson préfère le café. »

Gabriel esquissa un sourire. En réalité, il avait pensé profiter de cette perche tendue pour inviter Eliott à venir le voir. Cependant, il n'était pas de ceux employant de méthodes aussi vulgaires. Il pouvait comprendre que pour le détenu, il était plus simple de discuter avec l'infirmier plutôt qu'avec lui. Il sentait que ce n'était pas non plus le bon moment ; il gardait en mémoire l'image de l'oiseau dessiné sur la feuille, puis effacé. Il comptait évidemment récupérer le dessin, l'analyser calmement, mais il ne ferait pas une chose aussi vulgaire devant Eliott. Ce qu'il voulait, c'était le mettre à l'aise. Et... lorsque celui-ci détourna le regard, il fronça les sourcils. Un autre point commun qu'il trouvait avec Icare, c'était cette crainte de se faire attraper par son jugement, ou ses analyses. Peut-être qu'Eliott fuyait réellement, tandis qu'Icare... eh bien, disons que la porte blindée qu'il mettait entre eux n'était pas aussi solide qu'il le songeait. Que craignait-il de lui ? Gabriel attendit, patiemment que le détenu reprenne la parole. Et en réponse, il acquiesça avec lenteur.


« Vous ne m'offensez pas. Je suppose que pour beaucoup de détenus, un atelier de dessin doit paraître ennuyeux. La plupart préfèrent se détendre en faisant des travaux plus physiques. »

L'avantage — selon lui —, c'était qu'il évitait les plus hyperactifs. La majorité de ses élèves avaient le même genre de tempérament que lui, ils étaient calmes. Même celui qui faisait deux têtes de plus que lui, et qui aurait pu être son père plusieurs fois. Gabriel n'aimait pas le bruit. Les gens bruyants, qui parlaient trop fort, ou qui s'énervaient pour un rien l'irritait. Oh... évidemment, il ne montrait rien de son agacement, mais il imaginait alors leur arracher les cordes vocales, afin de retrouver son cher et tendre silence.

Aux derniers mots d'Eliott, Gabriel conserva la même attitude. Son sourire se contenta de s'affaiblir, mais il ne s'éteignit pas, il revint lorsqu'il répondit :


« Dans ce cas, à défaut de trouver une passion par ici, venez-y pour la quiétude. Je ne vous en voudrais pas. »

C'était un peu d'humour, et de sincérité. Qu'Eliott ne vienne pas pour dessiner, mais pour se réfugier ne le dérangeait pas. Il espérait le détendre d'ailleurs un peu. En reprenant une feuille à dessin, Gabriel ajouta avec toujours autant de douceur :

« Et si vous avez un besoin d'un autre endroit où vous réfugier, vous pouvez toujours passer me voir, Gabriel laissa échapper un ricanement. Je ne peux pas prétendre faire un excellent thé, mais si vous le souhaitez, je peux vous garder une tasse. »

Sans attendre de réponse de la part d'Eliott, Gabriel se redressa, puis il observa la salle de classe autour de lui. En fait, il était vrai qu'il y avait peu d'élèves. Ce n'était pas grave, il voyait comme point positif qu'il aurait peu de monde à gérer, ainsi que moins de travail. De plus, il était certain que s'il réussissait à éjecter son collègue, il pourrait rendre cet atelier un peu plus populaire. Il croisa d'ailleurs le regard du vieux grincheux, et il se contenta de lui sourire poliment. L'autre se cacha derrière ses bougonnements méprisants. Lorsque son attention revint vers Eliott, Gabriel songea qu'il devait protéger cet atelier d'Icare Higgins. Il devait suffire à repousser son patient, mais si jamais celui-ci apprenait que son petit frère y venait... la situation serait certes intéressante, mais... Eliott risquait de ne jamais y remettre les pieds.
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Sam 2 Jan 2016 - 11:43
"- En tout cas, ce qui est sur, c'est que Harvey déteste la cigarette bien qu'il soit tolérant avec le thé" ricana Eliott en repensant à Harvey, tentant de faire comme si la fumée ne le dérangeait pas malgré ses rasements de mur.

"- Mais ne le dite à personne ou bien il va se retrouver avec la moitié de la prison dans son service si on apprend qu'on peu y trouver un fumoir en paix..."
conseilla-t-il sous couvert de mise en garde. En effet, Eliott avait mis un an à trouver un véritable havre de paix loin de tout ce qu'il détestait et ce qu'il craignait. Il n'avait aucunement envie de la voir souiller. Et puis, il sentait que Harvey restait fragile malgré sa carapace professionnelle et si les malfrats venaient pour une cigarette qui savait ce pour quoi ils viendraient d'autre...

Gabriel lui promis d'y penser... A son thé. Son sourire obligé faisait très politicien. Comme un président soumis aux réclamations du peuple dirait "je vous ai entendu...". C'était assez amusant. C'était son premier jour et Monsieur Parfait tentait déjà d'améliorer l'espace qui n'était pas encore totalement le sien.
Goodman finit même, assez désespéré semblait-il, par lui proposer de venir pour autre chose que la peinture, tant qu'il y trouverait la quiétude. Eliott ne répondit pas et aquiesca faiblement, distraitement. La quiétude cela dépendait si il la conserverait longtemps ici. Bien qu'IL n'entre pas dans ce genre de lieu, ses enquêtes obsessionnelles l’amèneraient bien ici à un moment ou un autre non? Le plus prudent pour le moment, c'était de faire des roulements entre différents lieux d'occupations. Ceux communs où la foule le protégeait comme la salle commune la dernière fois qu'il s'était retrouvé coincé avec LUI, ou encore des lieux qu'IL détestait comme ceux là. Et puis, il faudrait penser à changer d'endroit en choisissant au hasard. Si il le faisait logiquement, IL trouverait bien à un moment ou un autre son fonctionnement. A nouveau, il sentit son coeur se serrer de culpabilité. Eliott en avait assez d'être tiré des deux cotés.

"- On verra..."

Il regarda le tas de feuilles qu'il avait laissé un moment plus tôt penché au coin de la table. Il ramassa ses grues et les jeta toute sauf la plus belle qu'il garda pour lui tandis que Goodman jetait un oeil à ses élèves. Vu l'attitude de son collègues, on aurait presque pu parler de troupeau.
Lorsque le psychologue lui proposa son bureau, Eliott cilla et fit tomber tout le paquet à terre qui vola aux quatre coins de la pièce. Le collègue sortit son nez de son journal et grogna pour lui ordonner de ramasser ce que le détenu s’apprêtait à faire de toute façon!

"- Tant qu'il y a du sucre..." fut tout ce que le jeune homme trouva à dire la gorge un peu serrée.


La proposition ne lui avait pas fait peur mais plutôt fait l'effet d'une gifle. Déja, il ne s'attendait pas à ce que Gabriel mette le sujet du sofa à confession aussi vite sur le tapis. Tout cela avait clairement l'air prémédité! Est-ce qu'il avait entendu parlé de son cas et que les Higgins l'intéressaient depuis le début? Était-ce pour ça qu'il était venu à sa rencontre parmi tous ceux qui se trouvaient ici? Eliott se sentirait légèrement idiot d'être tombé dans le panneau si c'était cela. Bien souvent, les psy ne voyaient en lui qu'un moyen de comprendre le grand et magnifique sujet scientifique qu'était son frère. Il ne comptait plus le nombre de professionnels de la santé mentale qui étaient venu le voir pendant le jugement de son aîné. Ils avaient plus cherché à comprendre LUI qu'à savoir si il pouvait être innocent ou pas. C'était ridicule... Il avait gardé la bouche close de toute façon, souhaitant le voir finir en prison sans jamais penser qu'IL finirait là.

"- Raaah bordel!" maugra-t-il lorsqu'une feuille lui échappa des doigts.

D'un autre coté, Goodman lui faisait aussi l'effet de quelqu'un sachant bien lire le subconscient. Eliott y voyait l'occasion de trouver un allié dans sa demande de révision de peine. Un sujet plus intelligent que celui qu'il avait eu, du même acabit que le professeur et son journal... Ridicule. Ce n'était donc pas forcément le moment de flancher ou de l'envoyer ailleurs. Il pourrait peut-être s'en servir. Le tout était de ne pas trop s'ouvrir sinon cela pourrait avoir l'effet inverse.

Il finit par ramasser la derrière ramette de papier et regarder directement Goodman.

"- Et si je vous disais que j'ai besoin de quelques séances en plus d'un thé? Je voudrais avoir un jugement professionnel supérieur à celui qu'on m'a octroyé lors de mon jugement..."

Ce n'était pas la peine de lui dire qu'il avait été considéré comme très sain d'esprit. Or, Eliott voulait justement prouvé que son acte de violence était le fruit d'une dépression qui se soignait plutôt qu'elle ne s'emprisonnait...On verrait ça plus tard. Pour l'heure, la discussion était passée clairement des deux cotés, d'amicale à intéressée.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Sam 2 Jan 2016 - 14:38
Gabriel regarda les feuilles tomber, rien ne lui échappait. Le trouble d'Eliott était même évident, mais à nouveau, il ne commenta pas. Il se contenta de se baisser, et de ramasser une à une les feuilles avec le détenu, en sentant le regard de son collègue sur eux. Quelques têtes s'étaient tournées en leur direction, avant de reprendre leur activité. Il se demanda s'il avait dit quelque chose de particulier pour provoquer cela, ou bien si les pensées d'Eliott avaient suffi à le contrarier. Même l'inquiéter.

Gabriel songea qu'il devrait faire part de cet entretien avec Harvey, confirmer que ce qu'Eliott craignait n'était pas la prison, mais bel et bien son frère. Il devrait l'aider à se libérer de son emprise, ainsi que de sa terreur. Pour cela, il fallait le déshumaniser un peu. Eliott Higgins derrière son attitude détachée, son regard vif et ses envies de cigarettes, ressemblait à un enfant acculé par une grosse brute de l'école. Ou pire. Il termina de l'aider à ramasser les feuilles en silence, son attitude contrastait avec l'anxiété d'Eliott, il était serein. Un grand avantage, lorsqu'on vivait en harmonie avec sois-même.

Eliott n'était pas coincé par une brute, mais ce genre de môme qui en souriant, en étant toujours poli, allait accuser les autres de leurs crimes. À travers Eliott, Gabriel apercevait le visage d'Icare Higgins. Pourtant, s'il avait approché Eliott, ce n'était pas tant pour son frère, mais bien pour lui. Eliott était en danger. Ainsi, lorsqu'il mentionna qu'il avait besoin de lui pour une remise de peine, le psychologue se contenta de lâcher sur le même ton neutre et doux dont il usait :


« Ah oui ? »

Gabriel récupéra les feuilles, il les serra contre lui. En reculant d'un pas, il était sur le point de les ramener au bureau de son collègue, mais il s'arrêta.


« Dans ce cas, indiquez-moi quel est votre thé préféré, et je vous attendrais. »

Proposer une boisson lors des séances, c'était un moyen comme un autre pour installer un climat favorable à la confession. Certes, cela permettait au jeune homme de se rassasier de sa dose habituelle de caféine, mais c'était aussi de la politesse. Une tasse de café ou de thé dans les mains, aidait à ses patients de se détendre. C'était une tentative de les détacher de ce climat froid, rigide de la prison, leur donner l'illusion d'une fuite dans un monde où ils étaient quelqu'un. Et ils l'étaient. Pour lui. Gabriel sourit à Eliott.


« Si vous le souhaitez, nous pouvons en parler à la fin du cours, dans mon bureau ; nous y serons au calme. »

Et puis, même si Gabriel ne parlait pas fort — il fallait déjà parvenir à l'agacer pour lui faire élever la voix —, il était toujours possible que leur conversation soit entendue. Si Icare n'avait à priori aucun allier chez les détenus, le psychologue estimait que ce n'était pas le meilleur endroit pour offrir à Eliott un climat tranquille. Gabriel frappa le bloc de feuilles sur la table, afin de toutes les remettre droite. Il aimait l'ordre. Il avait besoin d'ordre. Constamment.

« Ou bien, prenez rendez-vous avec moi. »

Gabriel laissa au jeune homme le choix. Si Eliott voulait un tant sois peu se dérober à son jugement, et lui mentir, il lui laissait le temps de se préparer. Peut-être que s'il désirait une vraie aide, il pouvait toujours le suivre, et avoir son thé bien sucré. Harvey et lui-même offraient à Eliott différentes portes de sortie, diverses fuites.

Gabriel termina de ranger le tas de feuilles, puis il l'amena au bureau de son collègue. Ce dernier le lui arracha presque des mains, et lui fit un geste méprisant, comme s'il lui ordonner de retourner se mêler à la plèbe. Sans revenir vers Eliott, Gabriel alla s'occuper des autres élèves. Il essayait d'accorder un temps égal à chaque détenu pour ne pas léser les autres ; il avait conscience que l'heure tournait, et que bientôt, ils devraient retourner vers leurs cellules. Même les plus médiocres recevaient des encouragements, comme s'il s'efforçait à leur trouver des qualités, ou en créer. Il était bien placé pour savoir que pour améliorer les capacités d'un enfant, il fallait le complimenter sur le moindre petit détail, transformer ses faiblesses en forces. Certes, il n'était pas au milieu d'enfants ou d'adolescents, mais il n'était pas conte l'idée de donner à des adultes un peu de confiance en eux. Lorsque Gabriel alla revenir vers Eliott, son collègue tonna que l'heure était terminée. Il aboya aux gardiens de récupérer les prisonniers. Gabriel se dirigea vers Eliott, et lui lança :

« Je vais avoir besoin de vos bras pour ramener le matériel en réserve. »

Parce qu'évidemment, son collègue comptait partir, et le lui laisser le reste du boulot. Gabriel l'observa d'ailleurs se lever, et s'enfuir comme un vieux professeur d'université fuyant les questions des élèves à la fin du cours.
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Sam 2 Jan 2016 - 22:28
Eliott sentit que le psychologue lui était favorable. Lorsque ce dernier alla aider les autres élèves (à dix minutes de la fin remarqua le détenu), il se cala contre un mur, croisa les jambes et les bras et le laissa faire. Lui, réfléchit.

Maintenant que les intentions étaient clairement posées, il restait à découvrir quelques vérités. Si Eliott n'était nullement méfiant ou méprisant envers les gens de la profession de Monsieur Parfait, qui rangeait les feuille avec un soucis agaçant du détail, il l'était d'avantage envers leur curiosité professionnelle. Combien de fois s'était-il sentit trahit lorsque le précédent prsychologue de la prison avait bondit sur les troubles d'Eliott pour en venir à LUI? A la fin, ce dernier avait même tellement insisté qu'il avait mis mal à l'aise le détenu. Eliott se souviendrait toujours de lui avoir dit non. Une fois, deux fois, trois fois à cette question de l'épisode tragique de l'animal. Il se souvenait très clairement aussi s'être tout à coup retrouvé à quelques centimètre du gros bonhomme, sa main crispé sur un coupe papier planté dans le dossier du fauteuil en cuir, à quelques centimètre des yeux exorbités de l'homme... Sans savoir comment.

Il devait se contenir et poser clairement les choses pour que cela n'arrive plus. Il ne devait pas chercher à montrer trop ses faiblesses. Quelques unes dont il avait parfaitement conscience suffiraient pour le montrer comme soumis à des faiblesses psychologiques. Eliott devait montrer sa fragilité et pas sa folie. D'ailleurs, il refusait de croire qu'il était fou! Il n'était pas comme LUI!

Il se remis à faire craquer ses doigts en voyant un des détenu sourire) Goodman, fière de ses compliments mesurés.

Il était différent et il n'attendait pas de Goodman qu'il lui dise comment agir avec LUI. Non, le jeune homme voulait simplement qu'il l'aide à passer en appel avec un dossier solide.

Finalement l'heure sonna et les gardiens entrèrent, fidèles chiens de sécurité parfaitement chronométrés. Eliott se rendit alors compte qu'il allait devoir sortir et chercher un nouvel endroit où aller. Dans quelques heures le repas allait sonner et là ce serait encore pire. Il prévoyait de sauter un repas sur trois en général mais son ventre commençait à résister à ce régime forcé. Lorsque Goodman lui demanda de l'aider, il sauta sur l'occasion.

Le vieux professeur passa sans même dire au revoir et leur accorda une bénédiction d'un hochement de tête avant de s'enfuir de ses responsabilités.

"- Si vous le voulez..."


Il pris trois cartons, dont deux lourds, composés de tubes de peintures, de pots et de tout ce qui était sale et encombrant. Il se doutait après tout que Monsieur Parfait ne voudrait pas salir sa belle chemise. Eliott se demandait d'ailleurs comment ici on ne perdait pas du matériel vu les lavements déplorables qu'ils avaient subis.

Ne sachant où aller, il suivit le psychologue et salua de manière taquine les gardes comme pour leur dire "je vous emmerde, je vais ailleurs".

"- Le bureau à la fin des cours serait parfait, j'ai quelques heures devant moi... Mais vous n'avez rendez-vous avec personne aujourd'hui?" demanda Eliott en poussant la porte du pied.

Il voulait être sur de n'avoir aucune mauvaise surprise à la sortie... En revanche il voulait être sur d'une chose avant la séance...

"- Rencontrés depuis une heure et déja presque dans votre bureau... je dois l'avouer... Vous êtes plutôt doué... ET pas que en dessin...Vous aviez déja des projets pour moi n'est-ce pas monsieur Goodman?"

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