Derrière la vitre, il fixait les détenus qui faisaient leurs dernières activités sportives avant d’être de nouveau rappelé, bouffer, se laver et cellules. Certains se disputaient et étaient en train d’être séparé par des collègues, d’autres fumaient et il était tenté de les rejoindre pour leur taxer une clope. Il n’était pas là depuis très longtemps et avait déjà l’impression d’y être depuis une éternité. N’était-ce pas ce qu’on appelait ‘être blasé’ ? Ou peut-être était-ce tout simplement un sentiment de vide… ? Il sourit à son reflet, sarcastique. Allons, plus de sentiments… ? Ouais, il pouvait se comparer à une enveloppe humaine par moment. Comme si rien ne le touchait. Il secoua la tête et se redressait. Si seulement c’était vrai… Il serait certainement plus heureux…
Ty ressorti le papier de son jean pour le relire, grimaçant. Bordel, ils étaient qui pour lui donner ce genre d’ordre ?! Bon, ok, ses patrons, mais tout de même ! Le mettre devant cet ultimatum, c’était du grand n’importe quoi ! Comme si il pouvait avoir besoin d’un réducteur de tête ? C’était des types qui trifouillaient votre cerveau et même lorsqu’il allait bien, ils arrivaient à trouver une quelconque névrose… Il les avait assez fréquentés en avocat. Se trouver obligé de les côtoyer pour lui était quelque chose de complètement inconcevable pour lui. Et encore, il était poli… ses pensées s’égaraient parfois dans une colère rentrée. Après avoir de nouveau vérifier le cachet du directeur qui imposait la visite, il replia l’ordre manuscrit froissé et le glissa dans sa poche arrière, inspirant profondément.
Ok… il était déjà en retard de 10 min. sur une visite de 45 minutes, il restait 35 minutes. Le temps de se présenter, de se confondre en excuses bidons, il pouvait bien s’arranger pour gagner 10 minutes. Puis, au lieu de rentrer dans un vif du sujet inutile, il poserait différente question au psy pour noyer le poisson comme on disait… Allez, il pouvait faire preuve d’éloquence, après tout, c’était son ancien métier, parler pour dire la même chose. S’il se débrouillait bien, il ne lui resterait que 15 minutes. Pas assez pour parler et se lancer dans une thérapie. Il expliquerait qu’il voulait bien être suivi mais qu’il lui fallait plus qu’un quart d’heure malheureux…et hop, le tour était joué ! Il opina du chef, satisfait de son calcul alors qu’il se plaquait un sourire de circonstance.
Voilà qu’il toquait à la porte et attendait l’autorisation d’entrer avant de tourner la poignée et d’entrer dans l’antre de son ‘ennemi’. S’assurant qu’il ait bien fermé la porte, Ty se retournait enfin pour faire face à l’homme qui devait dire si il n’était pas complètement fou. Il arqua un sourcil et au lieu de la jouer mea culpa comme il avait prévu, il balançait directement.
« Bonjour, je suis Ty Adamon, votre rendez-vous… en retard volontairement… »
Ah ben ça servait bien qu’il prévoit tout un plan s’il ne le suivait pas. Enfin, ce n’était pas grave, il était capable d’improviser. Et puis, allez savoir pourquoi, il sentait qu’il n’avait pas envie de faciliter la tâche du médecin.
« j’avais prévu de vous sortir une excuse valide mais finalement, je vais m’épargner cet effort et à vous, celui de me croire… Il sorti son portable et fit une moue extrêmement exagéré. Vive l’improvisation ! Merde… je ne vais pas pouvoir rester longtemps…J’ai une obligation… »
D’un air des plus tranquilles, il s’approche et sort sa convocation froissée qu’il pose devant le psy.
« Mais un petit coup de tampon et je ne vous prends pas plus de temps… »
Gand sourire innocent. ça pourrait bien marcher, non?
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