EVENT : GROUPE 2

Belle journée en perspective.

J'étais au comptoir en train de discuter avec Mélinda, ma fille, de la mère d'Aiden. Même si elle n'avait vu mon fils qu'une seule fois, elle prenait la peine de m'écouter. Je crois qu'elle aimait bien penser à une meilleure vie que celle qu'Éve lui avait donnée. Le coude posé, je m'amusais à faire tourner le verre entre mes doigts, sous le regard de Mélinda, qui commentait mes tentatives de dragues de mauvais goût... mais un coup de téléphone me fit m'arrêter. Je fronçai les sourcils en reconnaissant la voix d'Ashe.

« Alors ma belle ? T'as besoin de grand-tonton Franky ? Quoi ? Raven... qu'est-ce qu'il... bon, d'accord, je vais arriver ma poulette. »

Mélinda leva les yeux au ciel, presque agacée que je fasse preuve d'autant de... vulgarité envers les femmes. Mais je venais d'une époque où appeler un homosexuel « tapette », « pédale », et j'en pense, c'était parfaitement normal. Je n'avais rien contre eux, d'ailleurs, et je ne pouvais pas critiquer. Après tout, ma sexualité n'étant pas déterminée, j'aurais pu très bien tester l'autre trou. Cependant, ce n'était pas ça qui m'empêchait de nommer un pédé... un pédé. CQFD.

Bon... j'avais dû quitter le cabaret en trombe, parce que connaissant Raven, il devait s'être mis dans la merde. Il avait besoin de moi pour se faire recadrer, en somme. Je jetai ma veste sur la place arrière de la bagnole, et tout en râlant, j'appuyai sur l'accélérateur. Eh... ça faisait un moment que je n'étais pas venu voir Raven pour le recadrer, comme le ferait un grand frère ; ça m'aurait presque manqué, d'ailleurs. Je sifflotai un habituel air d'Alice Cooper, il en fallait plus pour éteindre ma bonne humeur.

Quand j'arrivai à la prison, je tonnai fort que j'étais l'ancien avocat de Raven, et que la Directrice m'avait demandé. On me connait un peu, à cause de ma gueule pas trop discrète, et parce qu'un mec qui arrive à calmer Raven, il y en a pas des tonnes. Je pouvais me vanter d'avoir un minimum d'autorité sur lui. On me fouilla pour la forme, puis on me conduisit là où Raven pouvait se trouver. En isolement... chez les aliénés ? Carrément ?

« Hé ! Raven, c'est moi ! »

Lançai-je sans accorder de regards aux deux morpions qui se trouvaient aux côtés de mon ancien client. Je fis un pas, et je sifflai entre mes dents en voyant les dégâts. Toutefois, à peine eu-je le temps d'ajouter quelque chose, que j'entendis un grand « BLAM » retentir derrière moi. Je me retournai, et je vis la porte tomber brusquement ; elle coupa l'accès à la sortie. Plongé dans le noir, je poussai un soupir ; j'étais pas ce genre de tapette à crier pour rien. J'avais cru sentir un genre de grondement sous mes pieds, bah...

Putain.

« On est pas dans la merde. »

J'avais fini en isolement pour une connerie, une petite connerie, mais il semblerait qu'ici, il était plus simple d'envoyer les aliénés problématiques en isolement à la moindre connerie.
Il m'était venu à l'idée de revendiquer mes envies du moment en écrivant sur les murs avec de la soupe aux tomates.
Enfin, c'est ce que ça me  semblait être au vu de la couleur, par contre pas certain au niveau du goût, enfin ce n'est  pas le plus important à savoir.
J'avais donc écrit en lettre majuscule sur trois mètres de longueur et 60 centimètres de hauteur, ces quelques phrases.
-J'aimerais avoir une literie de bonne qualité, ainsi que des draps propres qui ne sentent pas la pisse de chat .
-Vous pourriez faire un effort quand au recrutement de votre personnel, j'ai l'impression d'attraper de l'herpes à chaque fois que l'un d'eux me touche.
-Ne parlons pas de la bouffe qui est ignoble.  on ne nourirait même pas les animaux avec de telles choses.
Et d'autres délicatesses du genre, vous voyez le topo?
Ça n'avait pas trop plu aux gardes qui  m'avaient envoyé sans un mot de plus, au trou. A vrai dire je considérais un peu cet endroit comme ma deuxième cellule.
Je m'étais donc instinctivement dirigé vers la literie et qu'elle ne fut pas ma surprise en voyant ce gros boulet de Raven débarquer dans ma piaule. Je fronçai les sourcils, je n'eu  même pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il me mit en garde, mettre en garde, que dis-je ? Non il me menaçait clairement.

- Nan mais c'est la meilleure, celle-là. Haha.  C'est toi qui t'incruste et c'est moi qui dois rester tranquille?

Et voilà que l'infirmier entrait, enfin, vu l'état de Raven.
Il comprenait la raison de sa présence, il resta sur la literie, les fixant du coin de l'œil.
Il n'attendait plus grand monde à vrai dire, l'espace commençait déjà à manquer mais la porte s'ouvrit à nouveau et un gros colosse apparût. Il ne le connaissait pas encore celui-là. Au vu de son accoutrement, ce n'était ni un détenu, ni un garde, il ne voyait vraiment pas qui ça pouvait être. Raven et lui semblaient se connaître, toutefois.

-Oh mais c'est pas possible ça !!  C'est   la bar mitzvah  de qui  ici ? J'ai pas été mis au courant!? Dégagez! J'étais là le premier .

Oui, sasha et sa grande gueule légendaire, toujours là quand on ne veut pas l'entendre.
Je ne pus montrer davantage mon mécontentement que le sol trembla et  que les grilles métalliques tombèrent dans un gros fracas. Non je n'aimais pas ça, pas ça du tout. Il faisait noir, on y voyait pas à 20 centimètres.  Pire que dans le trou de cul d'un black, il aurait bien demandé à Raven s'il avait déjà tenté la chose avec ses amants, mais la situation ne s'y prêtait pas vraiment.

-Il se passe quoi là?!

On  entendait clairement dans  le ton de sa voix, qu'il n'était pas à son aise
     
-Je vous préviens, vous vous recroquevillez dans votre coin, là bas et  vous ne vous vous approchez pas de moi. Vous ne me touchez pas, sinon ça va très mal se passer .