EVENT : GROUPE 5

J’étais dans la salle commune en train de faire mon tour de garde, mais il n’y avait pas grand monde, j’observais autour de moi pensivement, regardant l’unique détenu présent. Dimitri N. Kitaëv, un petit nouveau. Apparemment vu son dossier il était pas mal terrible, j’ai pas tout lu mais assez pour vous donner froid dans le dos, alors forcément, quand il était dans une pièce, on le laissait rarement sans surveillance, du moins au début, le temps de son adaptation, mais là on se faisait clairement chier. J’avais Irakia qui était assise à mes pieds, on attendait simplement, je trainais un peu sur mon téléphone à essayer de regarder si y’avait de bons plans sur Tinder mais le réseau passait super mal et je ne captais pas la 4G alors forcément… Je me fais chier !

Y’a James qui est passé, et puis Syhann aussi, je les salue et écoute ce qu’ils ont à dire quand soudainement, nous nous retrouvons tous dans le noir complet, j’écarquille les yeux, la chienne se met à aboyer comme une folle, en tirant sur la laisse en grondant, je sens le sol vibrer, puis un bruit assourdissant me fait grimacer, au son métallique que j’entend je devine parfaitement que toutes  les grilles de sécurité se sont fermées, la chienne continue d’aboyer, certainement effrayée par ce remue ménage.

« Couché Irakia ! » Dis-je d’une voix ferme, elle s’exécuta et je sortis de ma ceinture une grosse lampe torche.

On l’utilise généralement pour les rondes de nuit, mais il semblerait que nous allons en avoir besoin, putain le cannibale ! Directement, et en éblouissant mes deux collègues je plaque le faisceau sur Dimitri, ouais pas question de me faire bouffer pendant un incident technique.

« » Bon pas de panique les gars on a dû avoir une coupure de courant. KITAËV. Tu restes tranquille ok ? Sinon je te passe les menottes. » Autant le prévenir le dégénéré.

Je prends mon talkie walkie, tente de communiquer mais je n’ai en réponse qu’un vieux grésillement. Putain, super journée.

« Je crois qu’on va devoir attendre ici tous ensembles. »

Je tourne la page, appréciant la lecture de l’œuvre d'Oscar Wilde « Le portrait de Dorian Gray ». La quête de plaisir constant et de cette jeunesse que nous perdrons tous me fait, je l'avoue, frissonner... Non pas de crainte, mais bien de bonheur. Enfin, pas autant que si je le lisais dans ma bibliothèque personnelle. Quel étrange phénomène... J'apprécie l'odeur du papier, sa texture, ou tout simplement les effluves des livres anciens qui composaient ma vaste bibliothèque. Et maintenant, lorsque je lis, certains frissons ne sont plus présents... tout simplement parce que l'odeur, le papier, sont pleinement différents. Peut-être aurais-je dû faire donc de ma collecti... Non, toi la pensée merdique, tu dégage rapidement de ma tête. J'ai pris plusieurs années à trouver ces œuvres, essais, encyclopédies et ouvrages en tout genre. Certaines de mes victimes sont maintenant dans une urne ou un cercueil seulement pour cette raison... Ils possédaient des œuvres précises et précieuses... je ne pouvais pas passer à côté de ces exemplaires. Oui, le savoir et l'imagination sont deux des facettes du pouvoir... Et lire ces trésors de littératures, imaginaires ou réelles, me permettait de dévorer – pas dans le même sens que l'autre – ces connaissances.

Enfin, qu'importe... je tourne la nouvelle page, avant de lever les yeux pour regarder rapidement le Maître-chien et son fidèle compagnon. Quel magnifique chien d'ailleurs... totalement obéissant et docile, mais au regard presque inquisiteur. Haussant légèrement les épaules, je reprends ma lecture. Au final, je comprends la présence de cet homme... Nouveau venu, pas vraiment un dossier calme, etc... Oui, ils s'adaptent à ma présence autant que je m'adapte à cette prison. Bon, j'aurais toujours un peu de mal avec cette tenue grise... mais j'ai la chance de ne pas avoir celle des détenus simples. Orange... Mon dieu. Enfin, il semble que ce soit le rendez-vous des non détenus, puisque deux autres viennent rejoindre le gardien. D'ailleurs, ce dernier savait-il que moi aussi j'ai un compagnon très loyal et que celui-ci tourne autour de lui comme un diable ? Ah non il le sait pas... vrai qu'il est que dans ma tête.

« Hum ? » Il n'y a pas besoin de plus pour décrire ma pensée actuelle, mon questionnement. La lumière s'est brusquement éteinte. Me redressant, je grimace légèrement en entendant la chienne aboyer comme une dingue à ce qui se produit. La lumière vient alors frapper mon visage, essayant de cacher un peu mes yeux avec celle-ci. « Sincèrement, c'est votre technique pour gardez les détenus en place ? Baissez moi cette lumière ! Ou passez la moi que je continue ma lecture. » Bah... oui, c'était une bonne idée aussi. Puis, j'entends l'homme essayer de communiquer avec les autres gardiens. Massant un peu mon crâne, j'écoute l'homme avant de soupirer longuement. « Splendide. Et que proposez-vous de faire ? Une partie de carte ? Un cache-cache ? »

C'est alors que je commence à masser mon ventre, sentant une petite vibration venant de l'estomac. « Mince... j'ai faim. »

Bon. Il faut relativiser Aaron. Le gardien regardait autour de lui en bougeant la lumière après que le détenu se soit plaint qu’il fasse de la lumière dans son visage. Il gronda un peu et le toisa froidement même si dans cette pénombre il ne risquait pas de le voir. M’enfin.

« Evitez de faire le malin Kitaëv. Cela ne sert à rien dans le cas présent. »

Et non, il ne lui laisserait pas la lumière. Le gardien se tourna vers ses deux collègues, tour à tour, tenant cependant la lampe torche un peu plus basse pour le coup, vérifiant que tout le monde va bien.

« Bon au moins, on peut dire qu’il y a de quoi s’asseoir. Je ne sais pas combien de temps cela va prendre avant que les générateurs soient de nouveau mis en marche. »

Il tenta de prendre son talkie-walkie pour appeler les unités de vidéo-surveillance mais il ne reçut aucune réponse. Il soupira et sortit son téléphone, aucun réseau. BOOOON. Pas de panique.

« J’espère juste que mes collègues s’en sortent en isolement avec la bagarre, Monsieur Riddle. C’était quels détenus ? » S’informa-t-il tout de même en se demandant si ses collègues allaient bien galérer.

La chienne tira sur sa laisse et se traina jusqu’à Syhan en le reniflant, se léchant les babines. Aaron haussa un sourcil et tira un peu sur la laisse pour qu’elle se tienne mieux.

« Je crois que vos macarons attirent ma belle. » Dit-il avec un petit sourire amusé.

Mais son regard se reposa bien vite sur Riddle, lui demandant.

« Savez vous comment nous pourrions tuer le temps ? ♥ »