Orange is the new sky's color [PV Félix Fisher]

Un trait de plus sur mon mur chronophage.. Quelle matinée me réservera cette journée? Il faisait beau dehors, et les fleurs avaient sans doute commencé à s'ouvrir pour montrer leurs plus belles pétales. Le bruit de la tondeuse mêlé au piaillement des oiseaux signa leurs arrêts de mort.

Le printemps était arrivé.

Peut-être pas loin à l'extérieur des murs du prison, il  y avait des animaux sauvages qui se montaient déjà dessus. Des rongeurs sortirent progressivement de leurs hibernations et les coyotes s'amusèrent déjà à se promener sur les routes. Des petits ecureuils par là et des pigeons par ici squattèrent les environs.

Et moi, j'étais tout seul à ruminer comme un con dans mon coin. C'était toujours l'hiver dans ma tête,  les gens voyaient bien que j'étais un glaçon dont il était impossible de se lier au risque de se geler les mains. Si seulement quelqu'un d'assez courageux pouvait se blottir contre moi, j'aurais plus l'air d'un putain de glaçon. Je me roulai sous ma couette puis soupirai.

Impossible.

Personne f'ra ça pour moi, les gens savaient bien que me toucher reviendrait à toucher avec le bout de leurs langues un poteau congelé.

Je me souvins que j'avais un chekup médical à passer. Je me cognai brutalement la tête contre le mur  pour chasser toutes mes émotions, mon angoisse, mes stresses et caetera.

Fuck.

Je me préparai à contre coeur pour me rendre à l'infirmerie. Je savais pas à quoi m'attendre et sur qui j'allais tomber. Je cherchai dans ma tête un prétexte pour esquiver le rendez-vous, quelle réplique allais-je sortir? Comment convaincre l'infirmier de pas me toucher? Bingo! S'il me touche sans mon autorisation, je porte plainte pour attouchement! J'avais trouvé ma solution à mes problèmes, alors je fis un large sourire inquiétant en frottant mes mains savoureusement, un détenu me regarda bizarrement à mon insu.

Je me pointai juste devant l'infirmerie en mimant la plus terrifiante des expressions, regard de la mort qui tue, nez sévèrement froncé, bouche boudeuse montrant mes canines menaçantes. J'étais plus le même gars, de mec qui parait idiot, ch' devenu un molosse qu'fallait pas emmerdé. Je croisai mes bras en attendant l'infirmier.

Je restais figé à l'entrée de la porte en le regardant de haut la blonde, j'étais plus trop sur si c'était une fille ou un gars, je plissai les yeux en me grattant le menton lentement. J'avais des gros doutes jusqu'à que l'infirmier me parla enfin, c'était bien un homme, mais il avait une voix grave que je trouvais pourtant un peu maniéré ou efféminé. Ou alors c'était une femme qui avait une voix grave? Qui sait?! Je n'écoutais même pas l'infirmier et lâchai un rire bien gras. Je m'approchai après avoir doucement fermé la porte, je ne quittai pas du regard l'infirmier, je l'épiai, le scrutai, le zieutai, cherchant à l'examiner sous toutes les coutures pour savoir de quel bord il était.

"Vous êtes madame l'infirmière?"

J'esquissai un sourire pervers montrant toutes mes dents. Je savais pas pourquoi mais j'avais envie de m'amuser un peu, puis y avait que nous deux. Il y avait peut-être un caméra dans le coin? Parce que cet idiot me demandait de me déshabiller mais s'il y avait une caméra, raison de plus pour moi de pas le faire. Je détestais me mettre à poil devant tout le monde sauf si...

"Si je me mets à poil, vous le faites aussi!"

Bah oui. Je ne supportais pas l'injustice, si devait y en avoir un qui pêchait, l'autre aussi devait se faire pêcho! C'était logique, nan?

Je le regardai bizarrement, ce.. cette.. qu'importe, j'arrivais pas à le ou la cerner. C'était forcément un homme, qui serait assez fou pour envoyer une femme ici? Une femme avait plus de risque de se faire littéralement embrocher par des détenus en manque. C'était forcément un homme, je soupirai l'air déconfit. Si c'en était une, me connaissant ça aurait tout simplement tourné au viol, et je verrais ma peine s'allonger. Il m'avait pourtant l'air pas mal, il avait l'air même bonne pour un mec. Des traits si agréables et délicieux, il manquerait plus que le maquillage et les melons. Oh! Qu'importe pensai-je tout fort en haussant les yeux. L'homme est une femme comme une autre, nan? Ce qui m'excitait le plus c'était la délicatesse des gestes et un corps ou un visage gracieux chez une personne. Homme ou femme, ça n'avait peu d'importe finalement.

"Puis je suis même déjà sorti avec une trans, marmonnai-je incompréhensiblement en regardant le sol, humm."

Oups, je réalisai que j'avais pensé en parlant. Je regardai l'infirmier avec un grand sourire effrayant.

"Heu, je suis sorti avec une transfusion la dernière fois.. sorti.. d'une hôpital... pour un examen. Avant ma détention..."

J'essayai de rectifier le tire, je ne mentais pas, j'utilisais juste un passage de ma vie pour cacher un autre passage de ma vie. Je finis par m'énerver, ça me gonflait sec que j'explosai de rage.

"BON STOP! On irait plus vite si moi je vous dis que je vais PARFAITEMENT bien! Je me porte à merveille! Rien à signaler! Examen terminé. Je sors."

Je mis ma main sur le poignet de la porte. Ce gars me mettait mal à l'aise, j'arrivais pas à garder mon calme. Il me rendait fou que même les câbles de mon cerveau avait carrément disjoncter. D'habitude, ca m'était égal de me faire toucher par un homme infirmier, mais mon instinct me dicta de quitter immédiatement la pièce, car je risquais fort de prendre du plaisir à ce genre d'examen. Pourquoi? Parce que monsieur avait l'air mignonne? Merde, c'était malsain, je pouvais pas prendre du plaisir dans une situation pareille, je voulais pas devenir un aliéné à cause de ça!

Je m'arrêtai brusquement quand j'entendis un mot délicieux. Des friandises? J'ouvris grand ma gueule que l'on pourrait croire que ma mâchoire inférieure allait lamentablement se décrocher pour se fendre par terre. Merde, je suai à mort et levai mes mains tremblantes, mes doigts étaient moites. Je remis en place ma mâchoire, un petit craquement se fit entendre. Je tournai doucement ma tête en direction du infirmier. A ce moment-là, j'avais tout l'air d'un dangereux psychopathe bavant toute sa salive. Je m'en rendais même pas compte que j'étais dégueulasse. Mes pupilles étaient tellement petits, si petits, que je pouvais faire flipper les créatures les plus démoniaques. J'avançai doucement tel un zombie, levant mes bras pour ensuite attraper par la gorge l'infirmier.

"OU CA? OU CA?"

Je le secouai comme un rustre, mon visage était à 1 centimètre du sien. Je fis lentement un large sourire. Au fond de moi, tout ce que je voulais c'était les friandises. Mmmmmh, oui des friandises sucrées et irrésistibles. Je voyais dans ma tête une tagada, non, deux tagadas dansant sous les tropiques avec des poitrines généreuses. Je repoussai l'infirmier contre son bureau.

"Ok..."

J'enlevai délicatement le haut de ma combinaison orange d'une manière très sexuelle. Inutile de vous dire que j'essayai de le faire comme un strip teaser. La scène était totalement pitoyable car je savais pas danser. Je balançai la combinaison orange dans la tronche de l'infirmier. Je rigolai comme un gros porc. Il voulait m’humilier et porter atteinte à ma virilité ce connard! C'était raté car moi aussi je vais l’humilier en lui offrant un spectacle débandant qui mettra en doute sa virilité. Je me félicitais intérieurement car j'avais réussi à faire un retournement de situation, enfin... j'étais loin de me douter que ce cirque allait provoquer l'effet inverse..