Ce matin j’avais en rendez-vous, pour le suivit de ma maladie… Rien de très réjouissant… Le cancer progresse et le médecin me conseille vivement de réfléchir à la chimio… Est-ce que j’ai vraiment envie de suivre un traitement si lourd et éprouvant ? … Et ce que j’ai envie de profiter pleinement du peu de temps qu’il me reste ? Ou je me bats en passant par des étapes douloureuses qui n’amèneront peut-être pas à une victoire ?
Profiter de la vie me semble plus agréable mais la fin me fait peur… J’ai 41 ans et j’ai l’impression de ne pas avoir réussi ma vie… J’ai fait énormément de choses dans ma vie mais je suis seul… Je n’ai jamais trouvé la personne faite pour moi… Je n’ai pas envie de mourir seul… Qui va s’occuper de mon chat ? … Il y a des choses que je vais devoir organiser… Mon testament… Je n’ai personne à qui léguer ce que je possède…
C’est quand je réfléchis à mon testament que je me rends compte à quel point je suis seul… Et cette solitude elle m’effraie encore plus que la mort… Quand je serai mort, qui s’occupera de mon incinération ? … Il y aura sans doute des amis pour venir à mon enterrement… Enfin… Peut-être… L’armée s’occupera peut-être de certaines choses… je pense que j’y ai droit entant que retraité de l’armée… Je pourrais porter mon uniforme militaire pour… Ce moment-là…
C’est la fin de ma journée, je me déshabille en pensant à toutes ces choses… J’ai hâte de retrouver mon lit pour m’effondrer dessus, mais en même temps je ne veux pas retrouver ma solitude pesante…
Nu, je m’avance sous les douches, essayant de ne pas penser à ces caméras qui me fixent… Ça ne doit pas être très légal ça… Mais bon… Je n’ai vraiment pas le temps, l’énergie, le fric pour me battre contre ça… Je n’aime pas montrer mon corps à n’importe qui… Mais là sur le coup, je ne pense pas à ma pudeur. J’allume l’eau et commence à me savonner, mais je me stop… Je reste quelques minutes sans bouger puis je m’appuie contre le mur, essayant de me contenir. Un homme de 40 ans qui pleur comme un enfant, quelle honte. Alors je serre les dents, je ferme les yeux avec force. Je m’appuie contre le mur froid en face de moi. Je colle mon front dessus, les poings fermement serrés que je cogne mollement contre le carrelage du mur. Mais le bruit de la porte qui s’ouvre me force à me redresser. Je tourne le dos à l’entrée pour que le nouveau venu ne puisse pas voir mon expression et je me remets à me laver. Je frotte mon corps fermement, un peu trop peut-être…