El diablo [Pv Raven]

C'était la merde.

J'étais énervé même si je n’en avais pas l'air. En fait, j’essayais de paraître serein et de n’en avoir rien à foutre, sauf qu'au fond je bouillonnais d'agacement. En plus, c'était l'heure du repas, alors je ne pouvais pas vraiment bouger et régler mes comptes. Tout ce que j'avais le droit de faire, c'était de me servir à manger. J'ai vécu pire comme contrainte, j'avoue.

Il n'empêche que je ne savais pas comment j'allais expliquer ça à Raven, parce que j'avais ma petite idée sur ce qui avait pu se passer, mais je craignais qu'il ne me croie pas. Juan avait toujours fait le beau devant lui. C'était un mexicain qui nous collait au train depuis son arrivée, persuadé de faire partie de la bande même si moi je n'ai jamais pu l'encadrer. Il n'y a pas beaucoup de mecs que je ne peux pas saquer, mais celui-là, avec sa gueule de bouffeur de Tacos, je ne pouvais pas. Il n’arrêtait pas de me mater dès que j'avais le dos tourné. Ce connard passait son temps à me surveiller parce qu'il savait à quel point je lui rendais la pareille.

Je n'avais rien dit à personne. J'ai préféré analyser et réfléchir avant, même quand Big Boss m'a annoncé qu'il allait confier une partie du transfert de la marchandise à ce demeuré. J'ai été con de la fermer...

Je me dirigeais entre les tables avec mon plateau à la main et m’asseyais comme d'habitude à ma place, à droite de Raven. Les autres ne faisaient pas attention à mon arrivée tardive, pourtant il n'y avait pas grand-chose dans mon assiette : j'étais plus fatigué que mort de faim. Je n'avais donc pas à attendre que la bande engage un sujet de conversation pour me pencher vers le patron et détourner son attention. J'avais la tête baissée et j'étais légèrement penché sur le côté, pas assez pour que ce soit suspect, même si je n’en avais un peu rien à foutre qu'on sache que j'avais une information à faire passer.

« Mec, on a un souci. »

Ou peut-être que si. Je n’avais pas envie que Pépito, à l'autre bout de la table, me regarde. J'avais beau ne rien montrer, chaque regard de sa part m'irritait au plus haut point. L'air de rien, je levais ma fourchette près de ma bouche pour cacher ses mouvements.

« Le sachet à l'entrée a disparu. »

Cette weed dont je parlais, c'était celle qu'on planquait derrière une plinthe qui se détache dans le couloir qui mène au réfectoire. Les gardiens passaient tous les jours devant et ils n’avaient rien capté, malgré ce qu'on avait cru lors du premier vol. Là, on avait changé d'endroit, et on avait beau creuser, il n'était pas normal qu'on se fasse une nouvelle fois griller. Et devinez depuis quand ce genre connerie se produit ? Franchement, j'en connais un qu'a placé sa chaise à bascule trop près du mur, car il ne fallait pas être très malin pour être promu dealer et perdre sa marchandise après trois mois. Ouais, trois mois que j'le supportais en silence, dire que j'commençais à arrêter de douter.

Je piquais dans mon assiette, l'air de rien.

« Ça fait la deuxième fois et tu sais qui nous a trouvé ces planques-là hein... »

Pour rendre service, avait-il dit, en bon clébard.

Ce n'était pas tout, parce que trois excuses c'est mieux que deux tracas. J'avais déjà fait part à Raven hier des plaintes reçues à propos d'une partie de notre came. Même si j'avais fait genre que c'était faux, je n’étais pas certain que les bouts de verres retrouvés dans certaines doses, mélangés au shit, nous était venu de l’extérieur...

Vivre dans un gang, c’est comme une grande famille. Mais une famille devant laquelle il faut faire ses preuves tout le temps. Parce que si gagner la confiance des membres d’un gang est très difficile, perdre peut se faire en une demi-seconde.  J’ai tendance à donner leur chance à tout le monde, j’essaie de ne pas juger, après tout, on a même un blanc dans le gang. Même si je n’arrive pas à retenir son nom, il est quand même un élément utile. Il y a une personne dans une gang sur qui on peut se reposer n’importe quand, c’est le second. Et chez moi, ce n’est pas le mec le plus grand, le plus fort, le plus puissant… Non, moi c’est celui qui est intelligent autant qu’il sait se défendre. Et ce petit gars c’est Wesley. Enfin petit, c’est vite dit… Mais comparé à moi…

Enfin, tout cela pour dire que l’organisation d’un gang, c’est compliqué, et gérer autant d’hommes, ce n’est vraiment pas facile. Heureusement que Wesley est là pour avoir son nez un peu partout et ses oreilles qui se perdent facilement en plus de son flair qui ne le trompe que très rarement. Je sais que je peux me reposer sur lui. Mais quand les ennuis arrivent, c’est toujours sur moi qu’on fini par s’appuyer. Normal, c’est moi le chef. Le problème aujourd’hui ? La drogue. La drogue est toujours un problème. Nous avons de nombreux contacts qui nous aident mais ne sont pas tous de grande confiance. Comme certains gardiens corrompus. Mais le plus dur à imaginer c’est quand la corruption vient directement de l’intérieur du cercle fermé que nous sommes au sein des Pride.

Et pourtant, c’était le cas. Nous avions un problème interne et aujourd’hui à la cafet’, c’était Wesley qui le soulevait. J’étais tranquillement installé, les mecs parlaient, et moi j’étais dans mes pensées. Ils ont l’habitude, il est rare que je discute à table avec les mecs, je suis plutôt discret pendant les repas sauf lorsqu’il y a du poulet, je fais tout pour le voler aux autres. Mais non là c’était une sorte de… Purée de pois ? Et un morceau de viande un peu sec. Dommage, mais ça se mangeait, et puis j’avais une pomme en dessert, ça serait bon. Je laissais Wesley s’installer, le saluant d’un bref regard. Quand j’eus compris qu’il voulait me parler, je me penchais un tout petit peu vers lui, tout en continuant de manger, ne laissant paraitre aucune émotion sur mon visage. Hm…  

Juan le bouffeur de tacos al del paso était mis en cause. Oui, j’avais bien compris que quelque chose clochait et c’était une erreur de ma part de l’avoir placé dealeur. Cependant, au moins comme ça on a vite remarqué qu’il y avait un souci. Je fronce simplement les sourcils sans répondre autrement que par un grognement sourd. Il y a plusieurs méthodes dans ces cas là pour attaquer ce mec. Mais pour l’heure, finissons de manger. A vrai dire, je finis assez vite, je garde ma pomme pour plus tard, je la mangerais dans la cour s’il fait beau, mais là n’est pas la question. Je fais signe lentement aux mecs de quitter la table. La plupart comprennent et heureusement, Juan était occupé à parler avec quelqu’un d’une autre table. Quand il a remarqué qu’il ne restait plus que lui, Wesley et moi, il voulu se lever.

« Ne te donne pas ce mal, Juan. Reste avec nous, on va en profiter pour discuter un peu. N’est-ce pas ? »

Mon regard se pose alors sur Wesley, et j’esquisse un petit sourire en coin, avant de me redresser pour me tenir droit à table, les coudes posés sur la table, le regard dur et ancré dans l’homme en face de moi.

« Alors, raconte nous un peu, comment ça se passe dans ton nouveau poste hein ? »

Il commençait un peu à s’expliquer, à raconter qu’il aimait ce job et que tout se passait super bien. Je hochais la tête tranquillement, l’air paisible, mais sérieux. Il devait certainement comprendre que quelque chose clochait.

« Wes’, si t’expliquait au bouffeur de tacos ce qu’on pense de son nouveau poste ? »

Je souris en coin. Il ne fallait pas l’abîmer tout de suite, parce que si il avait des complices, on aurait les noms. Mais je faisais tout pour garder mon calme.

Je n'aurais pas voulu être à la place de Juan à cet instant. Même si je savais que nous ne serions pas bien méchants compte tenu de l'endroit où nous étions et des gardiens qui, justement, encerclait la salle, il allait morfler c'était certain. Sous la douche, dans les chiottes ou dans son lit, s'il s'avérait que ce crétin nous avait trahis, sa future sentence serait à la hauteur de la façon dont il nous a pris pour des cons. Parce qu'il ne devait pas nous croire très malins pour nous voler la marchandise sous le nez. Je ne sais pas à quoi il jouait et dans un sens ça ne me disait rien de bon.

Je restais à côté de Raven qui se chargeait de faire signe aux autres de dégager. Heureusement, notre cible n'y avait pas fait attention et lorsqu'il se retrouva seul face à nous, je crus le voir pâlir un peu. Je laissais alors le patron passer l'introduction, puis me retrouva un peu dépourvu quand il me demanda mon avis. Un avis, j'en avais un, sauf qu'il m'était difficile de ne pas rentrer dans le tas. J'attendais cette vengeance depuis si longtemps que tout ce que je voulais c'était d'en finir et de le voir chialer sa mère d'avoir tenté de se moquer des Pride. J'étais presque surpris de voir le king aussi calme, avant d'à nouveau me rappeler que nous étions surveillés.

« On en pense que t'es pas très attentif vieux. On a eu quelques pertes ces derniers temps, t'as r'marqué ? »

Ouais finalement je n’allais pas tourner autour du pot éternellement, j'étais maintenant certain qu'il y avait quelque chose de pas clair avec lui. Je l'avais fermé depuis son arrivée, désormais je ne voulais plus faire l'erreur d'attendre ou de laisser le bénéfice du doute. Faute de pouvoir le frapper, j'allais foncer avec mes accusations.

« Non, je ne vois pas de quoi tu parles. »

Visiblement, au regard noir qu'il me lançait et à son ton sec, il se sentait agressé. Je n'avais pas élevé la voix pourtant, je ne voulais pas qu'on nous écoute.

« Ah ouais ? La came du couloir, elle s'est faite sniffer par le mur ? Et tu m'expliques pour les plaintes que j'ai reçues ? 'Parait que tes ventes sont coupées avec du verre ou une merde du genre. J'sais pas où tu l'as trouvée, mais c'était bien joué si tu voulais récupérer une partie. Le souci c'est qu'il va falloir nous rendre la tune maintenant. »

« Je sais pas de quoi tu parles Wesley, je te l'ai dit. J'ai toujours vendu ce que tu m'as passé. J'ai rien à voir avec ça » Me répondit-il en se penchant vers moi.

Il jeta ensuite un regard vers Raven et à mon grand étonnement, il osa balancer sans honte ni tremblement :

« Je savais qu'à la première occasion il me sauterait dessus ton chaton. J'suppose que c'est lui qu'a inventé ça ? Il ne peut plus m'voir, et là il t'invente des histoires pour que tu te retournes contre moi ! Raven...sérieusement...»

Il se redressa pour se montrer avec ses mains, des gestes grands et imposants comme il le faisait tout le temps. On aurait presque dit un d'ces mafieux Italiens, avec sa vieille gueule cramée et ridée par le soleil. Il était plus vieux que moi c'est vrai, et peut-être qu'il se croyait plus crédible en étant de la même génération que Raven.

« Tu crois que j'ferais ça à la bande. Après ce que tu as fait pour moi mon ami ? »

Il s'inclina vers lui en tapotant le doigt sur la table.

« J'ai pas piqué ta came ok ? Tu sais que je ne me drogue pas. »

J'avais envie de faire les gros yeux, mais je restais plutôt neutre, me surprenant moi-même. Si j'étais le bras droit du boss, ce n'était certainement pas pour que le premier venu vienne remettre ma parole en cause et qu'on puisse le croire. Depuis, j'avais eu le temps de convaincre Raven de mon sérieux. Juan était surtout ridicule.

« Il dit ça parce que j'ai pas voulu qu'il m'suce l'autre jour derrière la cour. »

QUOI ?!

Alors là, j'en étais bouche bée. J'étais incapable d'en placer une ou même de crier scandale. J'étais littéralement sur le cul.  

Je laisse Wesley prendre le relais pour l’instant, je ne souris pas, mon visage est fermé. Putain ce fils de pute va payer pour avoir osé me trahir. Pourtant je lui ais tout offert à ce mec, une protection, de l’argent, une réputation, un job, et en plus de ça, mes hommes à l’extérieur assurent la protection de sa famille. Sa mère et ses sœurs ouais. Il y tient plus que tout au monde. Oh ça y est j’ai un sourire… Il va vite déchanter de nous avoir trahis.  J’écoute les paroles de Wesley, c’est bien, il reste calme, il est toujours calme quand il le faut, moi je ne sais pas faire ça honnêtement, je frappe dans le tas et après je discute. Mais là tout de suite, ce n’est pas vraiment possible. Je joue pensivement avec ma fourchette, sans répondre, écoutant juste Wesley et l’autre qui tente un peu trop de se défendre. Il cache quelque chose, c’est bien connu.

Il se plaignait, se défendait comme il pouvait et soudainement, il osa même me prendre à parti. Je relevais lentement mon regard vers lui, condescendant, autoritaire. J’étais ce genre de lion qui n’a plus faim et qui ne sait pas encore comment il va jouer avec sa proie. La proie, c’était Juan. Et je le regardais attentivement, tournant lentement ma fourchette entre mes doigts. Hmmm… Dieu que ses manières m’agaçaient quand il commençait à gigoter de la sorte pour se défendre, à se montrer avec ses mains.

« Juan, assieds-toi je te prie. »

Je ne laissais rien paraitre, ma phrase était froide et sèche. Elle ne laissait aucun choix au bouffeur de tacos. Il fut certainement surprit parce qu’après quelques secondes à me regarder, il se laissa retomber sur sa chaise. Bien, qu’il n’attire pas l’attention sur nous cet idiot. De toute façon c’est un homme mort dès à présent. Qu’il serve d’exemple, on ne trahis pas Raven Oewe. Une fois que j’eus gagné son silence après toutes ses conneries qu’il à pu nous vomir dessus, je me redressais un peu, me penchant un peu en avant vers lui, parlant de ce même ton autoritaire et froid, mon regard planté dans le sien.

« Cela fait cinq ans que Wesley et moi on traine ensemble… Cela ne fait même pas un an que tu es là, et déjà tu me rapporte de la merde et des ennuis ? Wesley n’a jamais fais de telles erreurs, lui. Même s’il voulait te sucer la queue. »

Comprenez-y ici que leurs histoires de cul, j’en ai rien à foutre, et surtout qu’il se serve de ça pour tenter de se défendre c’était encore plus pitoyable que jamais. Je vis qu’il voulu répliquer mais je levais mon index pour lui indiquer de se faire, mimant un « shhhht » avec mes lèvres. Quand j’eus de nouveau son silence et son attention je me raclais un peu la gorge, surveillant les gardiens aux alentours, très bien, ils ne nous regardent pas.

« Et justement, je n’arrive pas à croire que tu fasses ça au gang, à nous, ta famille, après tout ce que je fais pour toi… Ahh ta pauvre mère… Aura-t-elle assez d’argent pour rembourser tes dettes ? Et pour enterrer tes trois sœurs chéries… ? »

Je le vis s’énerver et tenter de m’insulter, cependant je me redressais rapidement, le saisissant par le haut de sa combinaison pour approcher son visage du mien et au même instant ma fourchette se plantait dans sa main, la bloquant sur la table. Je plaquais ma main sur son visage en relâchant sa combinaison.

« Shhht… Tu ne voudrais pas qu’en plus de cela, les gardiens te tombent dessus non… ? »

J’eus ensuite un sourire satisfait et revint m’asseoir à ma place, jetant un petit regard à Wesley, je lui laissais aussi l’occasion d’intervenir quand il voulait à chaque fois, ses paroles avaient autant d’importances que les miennes. Le sang coulait lentement sur la table, tendis que le latino se mordait les lèvres pour se retenir de gémir de douleur.

« On ne peut jamais faire confiance aux latinos dans ton genre. Mais qu’on soit claire mon grand, tu vas me rembourser jusqu’au dernier centime, toi, ta mère, tes sœurs, je m’en fiche tant que le pognon reviens. Je t’avais donné ma confiance, maintenant, tu es certain de mourir dans les jours à venir si tu n’obéis pas sagement… On est d’accord… ? »

J’attendis quelques secondes avant d’ajouter, posant mon regard sur mon fidèle second.

« Oh et je crois que tu es… Bien trop laid pour plaire à mon chaton comme tu dis… Wes’ des choses à ajouter… ? »

J'étais à la fois surpris et inquiet de la réaction de Raven. À force de faire le con, Juan n'allait pas tarder à s'en prendre une, et bien que son sort m'était complètement égal, je ne voulais pas qu'un gardien se dirige vers nous. Je me taisais donc docilement pendant que le boss partageait notre pensée, me rappelant par la même cette histoire de famille qui avait poussé notre mexicain à nous coller au train. C'était quelque chose que j'avais complètement oublié, pour les simples et bonnes raisons que je n’en avais rien à foutre, puis que c'était une affaire entre le chef, lui et les Prides qui traînaient à l’extérieur. N'étant pas resté en contact avec mon gang passé, je restais à l'écart des magouilles quand elles sortaient de cette prison. Il m'arrivait parfois d'être en contact avec un passeur d'un autre passeur, le reste Raven s'en chargeait mieux que moi.

Je vis notre traître s'enflammer et mon premier réflexe fut de jeter un regard de côté vers mon voisin. Après ce que Pépito venait de balancer de faux à mon sujet, cette fois-ci je ne pris pas la peine d'anticiper un geste quand je vis la fourchette quitter la table pour se planter dans sa main. C'était bien fait pour sa gueule! Jamais, oh grand jamais je n'aurai mis quoi que ce soit lui appartenant dans la bouche, et je supplierais encore moins pour ça ! Déjà, je n’étais pas trop branché basanés, encore moins vieux puants. Sans me la jouer, je me considérais aussi comme assez baisable pour me taper mieux que ça, et mes délires n'étaient pas vraiment tournés vers les « big dady » ou les manipulateurs. Raven était l'exception des presque quarantenaires qui me pourraient me plaire, mais il avait les muscles et la personnalité que Juan n'avait pas. Bref.

Je regardais distraitement le sang se rependre vers nos plateaux, un long soupir franchissant mes narines comme si j'étais lassé par cette affaire. De toute évidence, notre voleur était un homme mort, qu'il ait bossé pour quelqu'un ou non. Alors mon regard déjà ennuyé se tourna finalement vers l'entrée du réfectoire.

« Je crois qu'on devrait y aller... »

L'heure du repas touchant à sa fin, la salle se vidait et bientôt il ne serait plus difficile de remarquer notre victime se tortillant dans tous les sens, le couvert joliment maintenu par sa chair rougie. Si ça n'avait pas été ce connard, encore une fois j'en aurais voulu au chef de ne pas s'être retenu. Je lui aurais même probablement retenu le bras, car il faut dire que nous n'étions pas dans l'endroit le plus discret pour régler nos comptes. J'allais me lever, ma paume se posant sur l'épaule large de mon supérieur pour lui faire signe que c'était plus raisonnable d'abandonner là, mais Juan émit un gémissement.

« C'est pas moi merde... j'te jure... si-sinon il s'en prenait aux miens...  dehors »

J'échangeais un regard avec Raven, intrigué d'entendre Juan si tôt prêt à balancer un nom. J'avais cru qu'il aurait fallu le torturer un peu avant ça. Quand bien même tellement de mecs ici tentaient de nous niquer, qu'un de plus ou un de moins n'était pas plus importants pour moi. Ce qui l'était c'était de donner l'exemple. Sauf que le chef était peut-être plus pointilleux sur ceux à qui il était autorisé de péter les genoux, puisqu'il était moins patient que moi.

« Pour qui tu bosses ? » Demandais-je, me rasseyant lentement tandis que je m'appuyais toujours sur la carrure du patron.

« Que j'le dise ou pas... vous allez quand même ne pas comprendre et me régler mon compte hein ? »

Je soufflais un petit rire sans savoir me retenir, récupérant ma main. Je ne savais pas vraiment quoi y répondre. N'étant pas hyper bavard d'ordinaire, or mis lorsque j'étais entouré de mes potes, je parlais rarement pour répondre aux questions stupides.