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Welcome to the Wayne's World

Wayne Vincentini
Messages : 58
Date d'inscription : 30/01/2016
Localisation : Pas en prison, en tout cas.

Dossiers privés
Âge du personnage: 52 ans.
Taille: 1m89
A savoir:





Wayne Vincentini
Gérant de Cabaret
Sam 30 Jan 2016 - 13:39

Wayne Vincentini


Avatar : Draven - League of Legend

Identité
Nom:Vincentini
Prénom: Wayne.
Surnom: Francky.
Âge: 51 ans.
Nationalité: Américain, mais fils d'un immigré italien.
État-civil: Divorcé.
Rumeur(s) à votre sujet: Wayne Vincentini serait accro à la chirurgie esthétique, on dit qu’il dépense tout l’argent du cabaret pour se faire retendre la peau ou pour se refaire les abdos de son jeune temps, n’acceptant pas l’idée de vieillir… Malheureusement, l’âge le rattrape et depuis longtemps déjà il n’arrive plus à se « dresser » pour faire l’amour… Papy Vincentini c’est son petit surnom.

Dans votre vie

Métier : Ancien avocat reconvertit pour le milieu de la nuit. Si tu veux en savoir plus, tu n'as qu'à venir me rendre visite dans mon bar.
Lien(s) avec la prison ? Ancien avocat de Raven Oewe.



Caractéristiques physiques

Taille: 1,89m.
Poids: 95kg.
Corpulence: Musclé.
Cheveux: Bruns ou blonds, ça dépend.
Yeux: bruns.
Famille ethnique: Caucasien.
Modifications corporelle: La vieillesse, ça compte ?

Je suis le genre de mec que l'on remarque. Le plus important dans la vie, avoir la classe ! Et de la classe, j'en ai à revendre. Tu ne trouves pas ? Bwarf, tu n'as pas de goût ; voilà tout.

En tout cas, on peut dire que je ne passe pas inaperçu, et sans me vanter... j'ai une carrure plutôt impressionnante. Et le premier qui prétend que derrière ma couche de muscle se trouve un peu de gras, je lui répondrais que la perfection n'existe pas. J'ai cinquante et un ans, il faut bien que toutes les bières que j'ai prises jusqu'ici se logent quelque part, non ? Donc, reprenons. J'ai du muscle, des épaules larges, et les bras développés ; j'aime à penser que je fais moins que mon âge. J'ai su m'entretenir jusqu'ici, et au moins, j'ai pu garder une certaine forme. Bon... je t'avoue que je ne me sens plus trop capable de soulever un arbre, parce que mon dos n'est plus tout jeune, mais j'ai conservé ce qu'il faut de force pour pouvoir casser la gueule à des petits cons.

Tu pourrais me qualifier de « banal », si on m'enlevait tout cet attirail qui fait de moi quelqu'un d'extraordinaire, et tu aurais sans doute raison. Si on oublie mes tatouages, mes cheveux décolorés, et mes lentilles, je suis l'exemple type du père de famille de quarante ans passés. En réalité, mes yeux sont d'un brun sombre, et tu ne trouveras rien d'original là-dedans ; ils n'ont aucune pointe de dorée, ou un éclat ver-do-yant (je trouve que ça sonne bien), ils sont bruns, voilà tout. Enfoncés dans mes orbites, sous d'épais sourcils noirs qui partent vers mes tempes. J'ai une barbe brune qui encadre ma mâchoire ; elle en suit la ligne, et renforce son aspect carré. Je me fais chier tous les jours à l'entretenir, et elle est donc douce au toucher... tu veux voir ? ; D

Ma pomme d'Adam est marquée, faisant ce mouvement dégueulasse quand je parle ; elle semble remonter légèrement. Bon... passons à l'aspect le plus inconstant de ma physionomie : mes cheveux. Ils sont naturellement bruns, mais la plupart du temps, ils deviennent blonds. Un blond un peu trop foncé à mon goût d'ailleurs ; ils remontent en épis — merci la magie du gel : D —, et bouge à peine lorsque le vent prend la peine d'abattre son souffle violent dans ma crinière. Lorsqu'elle n'est pas blonde, ma chevelure est noire rayée de blanc. De même que de temps en temps, ma barbe est agrémentée d'une moustache pendouillant de chaque côté de mon visage. Je rase ponctuellement mes cheveux à la base de mes tempes, mais jamais totalement. Enfin... tu l'auras sans doute compris, mon style mouve constamment. J'aime changer régulièrement de couleurs d'yeux ou de cheveux, mais je reste reconnaissable.

Selon mon fils, j'ai l'air d'un vieux qui refuse de vieillir. Je l'emmerde, ce petit con ! J'ai cinquante et un an, et alors ? Ca ne veut pas dire que je n'ai pas le droit de me fringuer comme un ado', ou quoi que ce soit ! Après tout, le plus important, c'est que j'apprécie l'image que me renvoie le miroir, non ? J'aime me faire remarquer, j'aime cultiver mon côté « sauvage » ou « fougueux ». La vieillesse, je l'accepte, mais ça ne signifie pas que je vais arrêter de vivre pour elle, et me ranger. Hors de question.

Dossier psychologique

Défauts et qualités: Ambitieux – menteur – grande-gueule – compréhensif – prend beaucoup trop de place, et ne laisse pas respirer les autres – inconstant – excellent sens des affaires.
Objectifs et ambitions: M'enrichir.
Tocs et manies: Quand je suis pensif, j'ai tendance à caresser ma moustache avec l'index et le pouce. Lorsque je suis assis, j'étend mes bras sur le dos su canapé, en écartant les jambes.
Peurs/phobies: Bof.

Comme tu peux donc t'en douter, j'aime focaliser les regards des autres sur moi. Je parle donc fort, très fort, d'une voix grave et un peu rauque ; ma poitrine est épaisse, elle renferme un bon gros paquet de décibels, et dans ma générosité, je la fais partager à tout le monde. Donc, on peut dire que j'ai une grande gueule, et une grosse personnalité (et encore, il n’y a pas que ça qui est gros, héhé 8D). Je n'aime pas passer inaperçu, et me fondre dans la masse. Ceux qui m'ont connu il y a plus de quinze ans te diront que j'ai totalement changé de personnalité. Ils n’en savent rien, mais je reconnais que de passer du mec sérieux, avocat, jouant au golf avec son patron tout les dimanche, au type qui te drague des minett(e)s à chaque coin de rue — hey ! Je ne suis pas libidineux, je rends juste aussi souvent que possible honneur aux femmes — ça fait un choc. En réalité, j'ai toujours été comme ça, j'ai juste décidé du jour au lendemain de me libérer.  

Bon, je sais que je suis presque parfait, mais je reconnais avoir quelques défauts. La vanité, entre autres, le narcissisme... mais j'ai de quoi l'être, n'est-ce pas ? Je ne me considère pas comme un homme magnifique, mais plutôt charismatique. Une aura pareille, ça se travaille tous les jours, tu vois ? Enfin... parfois, il m'arrive de fermer ma gueule. Si tu pensais que c'était une chose impossible, et que j'étais incapable d'être réellement être sérieux plus de deux ou trois fois par jour (genre aux chiottes, en pleine concentration et évaluation métaphysique), eh bah... tu te trompes. Quand il s'agit du « business », tu vois, je ne suis pas le même homme. Je ressemble soudain plus à l'avocat que j'étais il y a quinze ans. Tu vois, l'avantage d'avoir porté des années un costard, c'est que je connais bien les lois, et je sais comment les contourner.

Si tu me prenais pour une espèce de folle, détrompe-toi : je suis loin d'être con. Au contraire, je pense avoir un « don » pour cerner les gens. Ma grande gueule, ce n'est qu'un prétexte au final. Oh... si je parais franc, c'est parce que j'ai justement cette grande-gueule, mais en réalité... je sais en jouer pour cacher la vérité. Je suis un bon menteur, et tu veux un exemple ? J'arrive à berner mon petit génie du profiling de fils. Certes... Aiden se doute que je traîne dans des affaires douteuses, mais jusqu'ici, il n'a jamais vu la vraie facette de Papa. De toute façon, je ne crois pas qu'il fera l'effort un jour de me connaître. Je suis quelqu'un de plutôt inconstant, et... il m'en veut pour ça. Parce que j'ai quitté sa mère quand il commençait l'adolescence.



Je suis entouré de personnes aussi bizarres et originales que moi... mais parmi elles...
Il y a mon vrai fils, Aiden. Putain ! Qu'est-ce que je peux l'aimer ce gosse ! Je l'aime plus que la clope et la bière, mais je ne peux plus le lui dire. La dernière fois que j'ai osé lui montrer mon affection, j'ai eu en réponse un regard méprisant.
Il est adulte maintenant, et je n'ai jamais été très présent. Pourtant, j'essaye d'assumer autant que possible toutes les conneries que j'ai pu faire. Mais... Aiden ne m'aime pas. Il est trop grand maintenant pour que j'essaye de le protéger des dangers de la vie, mais... parfois je me surprends à songer que j'aurais aimé être là quelques fois. Lorsqu'il a eu sa première copine, lorsqu'il a fumé son premier joint... Mais là n'est pas le sujet. Si t'as l'idée de faire du mal à mon fils, je vais te péter la mâchoire à coup de pelle, okay ?
Il est la prunelle de mes yeux.
Ta gueule ; je ne suis pas sentimental.


Santé

Etat de santé générale: Bon, malgré les soucis de dos.
Allergies ou addictions: Cigarette, alcool... mais je sais me mesurer. Enfin, je l'espère.
Soins réguliers (traitements): Des antis-douleurs pour le dos.

Histoire


« She's so creative with a bar of soap
And so inventive with a stethoscope
To check my pulse she gotta hold my hand
I blow the fuse on the encephalogram

Satan sent her from the bowels of hell
I should have recognized old Jezbel
I surrendered to the urges felt
She popped the buckle on my bible belt »

Un voile de fumée cachait le visage de la fille que j'étais en train de baiser, tandis que la voix cassée d'Alice Cooper résonnait en même temps que nos ébats. Allongée sur moi, elle ondulait son bassin, et elle essayait d'attraper le joint que je commençais à fumer. Ses doigts frôlaient les miens, sa bouche se pinçait dans une mine boudeuse, tandis que son rire vrillait mon crâne enfumé de drogue. Qu'est-ce que j'étais bien... le soleil tentait de passer à travers les rideaux fermés de sa chambre. Ses parents n'étaient pas là, comme tous les vendredis. Et comme tous les vendredis, je venais la retrouver pour fumer, baiser, rire, vivre. Éve était une putain de déesse de quinze ans ; j'étais persuadé d'être amoureux d'elle. Ses cheveux blonds formaient une cascade emmêlée de boucle, alors qu'elle se battait avec moi, jusqu'au moment où elle attrapa le joint tant convoité. Elle passa ses deux jambes au-dessus de moi, et laissa ses pieds tomber sur le sol. Je me redressai sur les coudes, puis je contemplai sa bouche rouge en train d'avaler le joint avec envie. Un sourire collé au visage, je songeais que cet instant aurait dû durer une éternité.
Toi aussi, t'as dû le vivre au moins une fois ça. L'amour, l'adolescence, ce sentiment d'être immortel. Tu vois, j'étais un fils bâtard d'immigré. À moitié italien, et à moitié américain ; mon vieux avait épousé ma vieille pour obtenir sa carte se séjour. J'aime à penser qu'il l'aimait, et qu'il prenait soin d'elle, car il lui a fait trois gosses, et qu'il devenait fou lorsqu'un autre mec posait ses yeux sur son cul. Le sang italien coule dans mes veines, pourtant je suis incapable de le parler ; sers-toi de cette excuse pour mon infidélité. Il parait que les bouffeurs de pâtes ne savent pas rester pour toujours avec la même femme. Mon père trompait ma mère, pourtant... il ne voulait pas qu'un autre l'approche, vienne l'arracher à cette vie minable. Je ne suis pas comme lui.
J'ai aimé Éve dès le jour où je l'ai vu. C'est une rencontre débile, digne de Grease, tu vois ? Elle était là, en chemiser avec une jupe longue, et je faisais le con avec des potes. On m'a mis au défi de serrer la fille coincée assise au bord des marches du lycée, et j'y suis allé. La première fois, je n'ai eu qu'un regard méprisant, une bouche rouge mordue par des dents blanches. On s'est foutu de moi, mais j'ai eu envie de recommencer. La deuxième fois, j'ai cru voir l'ombre d'un sourire, mais Éve se montrait toujours aussi inaccessible. La troisième fois... c'est elle qui est venue me chercher, elle m'avait attrapé le bras ; c'est là que j'ai senti l'odeur du joint qu'elle masquait avec une tonne de parfum. Cette fille, c'était un démon dans un corps d'ange.
Mais ce n'est pas ta mère.
Éve... c'est un symbole, tu vois ? Toute une époque renfermée dans un corps d'une femme en devenir. Des seins bien développés pour son âge, un cul à faire pâlir une succube de jalousie. Mais Éve n'était pas si jolie que ça, en fait ; quand je vois les photos de ces années, je me dis que j'avais manqué de clairvoyance. Toutefois... Éve était mon univers. J'aurais été capable de tuer pour elle, j'ai même volé des conneries dans des boutiques pour lui faire plaisir, et lui montrer que j'avais des couilles. J'adorais l'entendre rire, j'adorais l'entendre vivre à mes côtés. Mais vois-tu, comme tous les films d'amour du dimanche après-midi, il a fallu qu'on merde quelque part. Et à cette époque, les bébés, ça sortait des vagins aussi rapidement qu'un étron.
Ouais, je l'ai foutu en cloque.

« Adieu, Wayne. »
Éve tenait son ventre, avec des mains de rapaces, et les larmes dans ses yeux verts. J'étais stupéfait, mais incapable de parler. Elle m'annonça qu'elle allait partir, que ses parents avaient appris la nouvelle, et qu'ils allaient l'arracher de ma mauvaise emprise. Selon eux, j'étais un petit con d'immigré qui l'avait mal influencé ; ils avaient même soupçonné au début que je l'avais violée. J'ai voulu la prendre dans mes bras, j'ai voulu essuyer ses larmes au coin de ses paupières, mais mon geste est resté suspendu dans les airs. J'ai cru mourir ce jour-là. J'avais la bouche ouverte, j'essayais de lui parler, mais rien ne venait. Je sus que plus jamais je ne reverrais Éve, plus jamais je ne l’entendrais rire, pendant qu'on fumait. La tête baissée vers moi, elle n'arrivait pas à calmer son sanglot. Puis, alors que la sonnerie retentissait dans les murs du lycée, annonçant le début des vacances, elle se retourna pour toujours. Sa mère l'attendait au bout de la rue, un regard d'aigle posé sur nous ; elle s'assurait que je n'allais pas la retenir.
Ce dont je me souviendrais toujours, c'était le rideau blond de ses cheveux balayés sur la gauche par le vent. Une bourrasque jaune tournée vers un soleil qui n'allait plus me sourire.
Je ne suis pas sentimentale. Mais... si on t'avait arraché le coeur, si on t'avait volé l'amour de ta vie, tu comprendrais ce que j'ai ressenti à ce moment-là. Je suis mort pendant cette journée chaude de l'été 1979. L'année d'après, Alice sortait Flush the Fashion.

J'ai rencontré le second amour de ma vie à dix-neuf ans. C'est elle, ta mère.
Là aussi, notre rencontre est le résultat ridicule d'un cliché. Ma mère déplorait que sa famille serait toujours celle de roturiers, alors elle m'a encouragé dans les études. Ado', je faisais peut-être le con, mais je me débrouillais pour avoir de bonnes notes en classe. Quand j'ai terminé le lycée, elle m'a poussé à m'inscrire à l'université, tu vois ; mon père n'en pensait pas grand-chose, ce qu'il voulait, c'était que je puisse me forger un avenir qui me convienne. Que je finisse pizzaiolo ou journaliste, c'était plus ou moins la même chose pour lui. Je me suis inscrit en droit, sans trop savoir où aller en fait. Une décision hâtive, prise après avoir rencontré une inconnue qui entamait sa deuxième année en fac. Je l'avais rencontré parce qu'elle s'insurgeait sur des racistes. Un élève noir s'était fait tabasser pas loin du campus, et des manifestants criaient que l'Amérique était un pays libre des couleurs et des religions — belle blague —, et ta mère était là. Pas avec eux, mais pas loin ; elle serrait contre sa poitrine ses livres, et elle murmurait que les racistes devaient se faire ouvrir le bide. Mais ! Mais... qu'il ne fallait pas oublier les femmes ; les grandes sacrifiées de l'Histoire. Il est vrai qu'on ne plaint pas les femmes dans le récit de l'humanité. En fait... si elle m'a accordé son regard, c'est parce que j'ai cru bon de balancer :
« De toute façon, le droit de vote aux femmes, c'est comme donner un du parfum à un clochard : inutile. »
Je me suis mangé une belle tarte dans la gueule. Et même si je l'avais cherché, je dois dire que je ne l'avais pas vu venir. Ta mère était devant moi, je ne pensais pas qu'elle pourrait m'entendre avec les cris des manifestants. Mais... dès que j'ai terminé ma phrase, elle s'est retournée sur moi, et sa main s'est aplatie directement sur ma joue. Ma tête a tourné directement, et je me suis retrouvé avec une magnifique trace rouge sur le visage. Le silence s'est fait. Furieuse, elle avait le regard brillant, et elle m'a craché :
« C'est les merdes comme toi qu'on devrait interdire de vote ! »
Il y a eu un silence gêné, puis avant que des rires éclatent — se faire gifler par une petite bourge, ce n'était pas très classe —, j'ai enchaîné :
« C'est bon, tu as tes règles ? T'as peut-être besoin que je te les bouche ? »
Et elle est devenue rouge. Je crois que je l'ai fait pleurer de rage ce jour-là. Voici la première rencontre avec ta mère. Comme dans un film pour minettes à deux balles, je me suis foutu une harpie sur le dos. Et maintenant, tu te demandes comment j'ai fini par la conquérir ? Une longue historie, tu sais. Ta mère, je l'ai souvent croisée, tellement croisée qu'elle était persuadée que la suivais. Mais... comme pour Éve, je ressentais pour elle cette affection, cette tendresse qui me soufflait au creux de l'oreille que derrière ce caractère de lionne se trouvait un petit animal dont je devais prendre soin. Ta mère, elle jouait aux fortes, et parfois un peu trop. Une fois, je l'ai vu en train d'engueuler trois gros bras parce qu'ils mataient son cul, et ça a failli dégénérer. Tu le devines bien, ce que j'ai fait ? Je l'ai secouru en véritable Chevalierr Blanc chevauchant son fier destrier en espérant en faire de même avec la Princesse. Je fais de la boxe française depuis que j'ai sept ans, parce que mon père en était lui-même très friand, alors ça n'a pas été difficile de leur casser la gueule... enfin surtout au premier. J'ai préféré prendre la fuite en tirant ta mère par le bras. On a couru bien dix minutes pour se cacher, et je l'ai trouvé dans un état... où elle était irrésistible.
Lynn... j'ai cru tomber amoureux d'elle, lorsqu'elle est devenue brusquement vulnérable.
Sa chevelure brune et ondulée cachait une partie de son visage. Son dos était collé contre le mur, et elle avait rentré la tête dans les épaules. Elle fermait le poing contre sa poitrine ronde, mais son souffle erratique témoignait non pas de la course qu'on venait de faire, mais bel et bien de la peur. Ta mère tremblait. Une goutte de sueur glissait le long de sa tempe, elle lécha sa ligne de mâchoire, et s'éclata sur le pavé. Son petit chemiser se collait à sa peau suante, sa jupe avait légèrement glissé. J'ai voulu poser ma main sur son épaule pour la rassurer, mais elle me repoussa vivement. Elle m'offrit son regard terrorisé, sa lèvre rosée tordue dans l'effroi. Je me suis arrêté, fasciné par sa beauté, et aussi touché par sa peur.
« Un jour... »
Commença-t-il d'une voix étranglée. Lynn se redressa ; fière, elle essuya ses larmes. Elle fixa sur moi sa pupille bleue et vaillante, puis d'une voix forte, elle s'exclama :
« Un jour... un jour viendra où les femmes ne seront plus les esclaves des hommes !
— Lynn...
— Tais-toi ! Tu te crois supérieur à moi, parce que tu es un homme ? Eh bien ! Je te souhaite de te faire foutre avec une pelle tellement profondément qu'elle disparaîtra dans le néant que sera ton trou ! »
Eh beh... elle aurait pu au moins me remercier, non ? En réalité, je n'ai pas osé répondre. Si j'avais ouvert la bouche, je crois qu'elle m'aurait éclaté les yeux avec ses pouces, et qu'elle m'aurait réduit en bouille. Elle m'a toisé, droite, puis elle est partie comme si de rien n'était. Lynn, c'était un bout de femme avec les couilles d'un homme. Non... mieux ; un homme n'avait pas autant de couilles qu'elle. Moi-même je n'avais pas sa testostérone. C'est pour ça que quand je vous ai quitté, je me suis dit que je n'avais pas de soucis à me faire ; ta mère, c'est la femme la plus forte que je connaisse. Mais elle a aussi ses faiblesses. Elle est humaine ; j'avais zappé ce détail.

« Ouais ? »
Une semaine était passée depuis l'incident, et Lynn était brusquement apparue dans ma vie. La chevelure attachée, une frange tombant sur son front large, elle me fixa et lâcha dans un murmure :
« Je suis désolée, Wayne. »
Bah enfin ! Songeai-je, espérant obtenir d'elle plus qu'un « pardon ».
« Bah... c'est rien. »
Lynn me donna un sourire, et ce fut tout.
Putain, ce caractère de merde me rendait complètement fou ! Complètement fou d'elle.

« Fresh blood, a sanguinary feast is all I'm living for
And I crave it more and more
Bad girls, cops on the beat in the midnight rain
If they're out alone, are never seen again
Fresh blood it goes through me, flows through me
Fresh blood inside of me, cry to me
Fresh blood it goes through me, flows through me
Fresh blood inside of me, cry to me »

J'ai embrassé ta mère sur cette chanson, durant une petite soirée étudiante. Elle était un peu ivre, elle débitait son baratin féministe à tout le monde, et pour la faire taire, je l'ai embrassé.
Nous avons continué nos études ensemble, et lorsque j'ai obtenu mon diplôme, Lynn m'a annoncé qu'elle était enceinte. Toutefois, ce n'était pas grave, parce que son père connaissait une boîte d'avocat qui avait besoin de sang neuf. Elle qui se disait féministe, voulant à tout prix la libération des femmes du monde patriarcale, mais la grossesse l'a brusquement changé. Dès que son ventre a grossi, dès qu'elle a senti de la vie naître de ses entrailles, Lynn s'est adoucie. La grossesse lui allait bien, ça lui donnait des couleurs, et ça amplifiait ses formes. Je ne l'ai jamais trouvé aussi belle que pendant cette époque où tu prenais forme dans son ventre. Elle était d'une excellente humeur, tandis que moi, je tâchais de gravir les échelons en tant qu'avocat. Tu sais, ce métier, ça a été une belle désillusion ; heureusement pour moi, je n'ai jamais été quelqu'un de sentimental, ou de très respectueux de la morale. J'avais choisi le droit plus par défaut que par vocation.
Mais... j'étais un mari absent. Ah oui... je n'ai pas évoqué le mariage, parce que franchement, ce n'était pas si terrible que ça. Un mariage... c'est juste blanc, ça demande de jeter du fric dans l'air pour une journée... mais Lynn et moi nous nous sommes mariées trois mois après la fin de ses études.
Donc... eh bien... lorsque tu es né, ça a été un peu la merde, tu vois ? J'étais dans mon bureau, en train de me prendre les cheveux avec les mains sur un cas difficile à défendre. On m'a appelé pour me prévenir que Lynn était à l'hôpital, mais je ne suis pas venu tout de suite. Mes supérieurs m'ont demandé de réétudier le dossier avec eux ; si j'arrivais à comprendre cette affaire, et à opter sur une bonne défense, je gagnerais en grade. Résultat ? Je n'ai pas tenu la main de ma femme lorsqu'elle t'a éjecté de son ventre, et notre client s'est fait condamner à mort. Je suis arrivé deux heures plus tard.
Lynn avait le visage tiré de fatigue, le regard voilé par le bonheur de te donner le sein. Je suis resté interdit devant le tableau que vous formiez tous les deux. On aurait pu croire qu'un peintre avait inscrit dans notre monde moderne une Vierge à l'enfant, tant vous étiez beaux, baignés par la lumière de la lampe. Finalement, vous étiez même plus beaux qu'une Vierge à l'Enfant ; Lynn n'avait pas la figure si ovale, et toi le corps pas aussi gras que les chérubins que Marie tient dans ses bras. Vous étiez mon trésor.
« Wayne ? »
Je sus dans son regard qu'elle m'en voulait, mais lorsqu'elle m'a vu avancer vers vous, hésitant, elle s'est illuminée de bonheur. J'ai posé mon attaché-caisse, puis je suis venu te toucher. Je n'ai pas osé te prendre dans mes bras, c'est ta mère qui m'a forcé à ça. Elle t'a collé contre ma poitrine. Et c'est là que j'ai fait connaissance avec toi.
« Aiden. »
Tu ne m'as pas souri, tu n'as pas tenté de me toucher avec tes petites mains potelées, rien de tout ça. En fait, tu as grimacé... et je me suis dit « Bon Dieu qu'est-ce que c'est moche un môme », puis j'ai senti l'odeur reconnaissable de la merde. Le ciel m'avait fait cadeau d'un fils qui me chia dessus dès notre rencontre. Je t'ai rendu à ta mère, écoeuré, me disant que je ne pouvais être responsable de ce truc. Impossible. La honte. Mon fils venait de me faire caca dessus. La première fois que je t'ai vu, ça ne ressemblait pas à une scène de film : pour ça, il aurait fallu que je supporte ta mère en train de perdre les eaux, souffrir le martyr pour mettre au monde une future usine à caca, et que je voie les médecins t'extirper de son vagin. Mais... même si ton cadeau de bienvenue me laissa perplexe — et symbolise en quelque sorte notre relation d'aujourd'hui —, je sentis une pointe de bonheur jaillir de mon coeur. Mon fils était né.
Toutefois, élevé un enfant, ce n'est pas si facile. Franchement, je t'ai détesté. J'ai même pensé à te jeter par la fenêtre pour toutes ces nuits où tu es venu me réveiller. Ta mère dormait mieux que moi, car elle se cachait sous l'oreiller ; j'étais toujours le premier à me lever, et à t'amener vers son sein, si c'était la faim qui te faisait pleurer. Elle-même te maudissait ces nuits, où elle découvrait ses épaules pour que ta bouche puisse se poser sur son mamelon. Moi, franchement, ça m'excitait ; je t'enviais presque.

« Daddy won't discuss me
Oh what a pain I must be
Mommy couldn't stand
Having such a wound-up boy

Doctors want to check me
Poke me and dissect me
What do they expect?
Feelings from a wind-up toy?
I don't think so
I'm just a wind-up toy
A wind-up toy »

« Aiden ! Pose ça tout de suite ! WAYNE ! »
Je grinçai des dents. Bon sang... qu'est-ce que me voulait Lynn ? J'étais tranquille en train de lire un livre sur les « ordinateurs », et voilà qu'elle venait... En grommelant, je me levai, et je la rejoignis dans la cuisine. Les bras chargés d'une casserole remplie de pâte bolognaise, elle me désigna le petit garçon de huit ans cherchant à attraper un couteau. Un regard échangé entre elle et moi, voilà que je posai ma main sur le poignet de mon fils, et que je fis :
« Tu vas te blesser, Aiden. »
Le gamin haussa les épaules, je sentis que ses doigts cherchaient à saisir le couteau. Je fus plus rapide. Je pris le couteau en céramique, et je le regardai, presque serein.
« Regarde ! Lançai-je. »
Et je fis mine de me trancher le poignet, Aiden m'envoya un coup d'oeil perplexe ; il n'était pas con, ce gosse. Puis, il se mit à rire lorsque je poussai un cri aigu, et que j'agitai ma main dans tous les sens, imitant ces films d'horreur des années 90, gore à outrance. Il frappa dans ses mains, puis il m’ordonna de le porter sur mon dos. Je m'exécutai aussitôt, il me donna des coups de poing dans le dos, et je continuais de faire l'idiot jusqu'à ce que Lynn ramène le calme d'une voix forte. Le repas allait refroidir.
Ce petit bout d'homme, cet sorte de « mini-moi », c'était toi, Aiden. De ta mère, tu avais hérité son côté sérieux ; il n'était pas simple de te faire rire. Tu as ses yeux bleus, vifs, intelligents. De moi... tu as les cheveux bruns, ta grande taille, et cette manière... si à nous de prendre les évènements avec un air détaché. Finalement, je me disais que c'était plus agréable de vivre ce que je vivais à tes huit ans plutôt qu'à tes deux ans. Avant trois ans, un môme, c'est sacrément fragile. Tellement fragile qu'on pourrait le casser en le faisant tomber par terre ! En plus, ça fait des conneries, et les conneries empirent avec l'âge... mais je n'étais pas toujours là pour les voir. Ta mère t'éleva plus que moi, même avant tes quinze ans, tu sais. Honnêtement, moi, j'étais là pour les trucs cools : les sorties au zoo le week-end, pour t'aider à apprendre à monter sur un vélo... en contrepartie, ta mère s'est tapé ta varicelle — que lui a refilé d'ailleurs —, tes gastros, tes devoirs, tes caprices... Lynn a tout supporté en silence, elle ne s'est jamais plainte. Et lorsqu’on lui faisait une réflexion sur ton éducation parfois à désirer, elle répondait « c'est l'âge, vous savez ; on a tous été pénibles à un moment de notre vie ». Et encore ! L'adolescence n'était pas encore arrivée !

« M'man, il est où p'pa ? Il devrait être rentré, là, il est 22 h.
— Je ne sais pas, mon coeur, je n'arrive pas à le joindre à son travail. »
Aiden retint un soupir, il frotta ses mains, puis il termina de mettre la table. C'était un bel adolescent de quinze ans, la peau pâle et le regard railleur. Pourtant, il affichait un air consterné devant le retard de son père ; pour cause, il avait sacrément faim. Ce n'était pas dans les habitudes du Paternel d'être aussi en retard sans prévenir sa femme, mais... parfois, Wayne était un peu bizarre. Il consola l'inquiétude de sa mère avec un sourire, puis il lui servit des pâtes à la carbonara qu'elle avait fini par réchauffer au micro-ondes par dépit. Son père ne rentra pas. Son père ne rentrerait plus.

Aiden avait mis du temps à le retrouver. Au bout d'un mois, il était parvenu à trouver sa trace en le croisant par hasard.
Ouais, « par hasard ».
Le garçon avait cherché autour de son travail, il avait attendu toute une journée que son père sorte de l'énorme bâtiment, mais... il n'en sortit jamais. Sur le moment, il se demanda s'il ne lui était pas arrivé quelque chose ; son cerveau établissait les pires théories possible. Toutefois, il aperçut une silhouette massive s'arrêter devant le passage piéton. À l'arrêt de bus à quelques mètres, Aiden se redressa ; il posa sa pupille bleue sur le dos de l'homme. Même en costard, son père ne ressemblait pas à un avocat ; il tenait plus du videur de boîte de nuit. Aiden laissa cette idée amusante de côté, et il prit son père en filature. Ses yeux peinaient à s'arrêter sur la silhouette de Wayne, il se fondait dans la marée humaine de New York. Il l'aurait sans doute perdu de vue, s'il n'avait pas dépassé les autres d'une tête. Aiden comprit que son père avait quelque chose à se reprocher. Il s'était arrêté devant ses bureaux, hésitant à venir se présenter à son travail, même s'il était 17h passé, puis il était parti. Aiden se demandait ce que son père faisait, s'il... ne trempait pas dans une affaire douteuse ; ça arrivait plus souvent qu'on le croyait avec les avocats. Mordant sa lèvre inférieure, le garçon courut, et bouscula des gens, lorsqu'il aperçut Wayne prendre une ruelle sombre. Très cliché, songea-t-il d'ailleurs.
Le garçon rentra peu après son père, il se fit discret, et il le vit s'arrêter au deuxième étage. Il entra dans l'appartement comme n'importe quel homme normal revenant chez lui, après une journée de travail. Aiden passa une heure dans les escaliers, il ne savait pas quoi faire. Devait-il sonner ? Finalement, il prit son courage à deux mains, et il s'exécuta. Il transpirait, quel secret allait-il découvrir ? Un cadavre ? Ridicule... Le Paternel ne tuerait personne ; il n'était pas capable de ça, hein ?
Lorsque Wayne ouvrit la porte, Aiden sentit son estomac se contracter.
Pendant dix secondes, un ange passa.
Puis, les yeux de son père s'écarquillèrent de surprise. Il rangea une mèche errante de sa crinière gominée, et il lâcha d'une voix tremblante :
« Aiden... c'est toi.
— Ouais, lâcha son gosse, j'ai fini par te retrouver. »
Wayne hésita, et il commença à ouvrir la porte.
« Wayne... c'est quoi ? »
Mais au moment où il entendit la voix, Wayne ne réalisa pas ce que son fils voyait. Il s'était retourné, tandis qu'une jeune femme à la chevelure blonde se promenait en chemise dans le salon. Cette chemise d'un bleu ciel, Aiden la reconnut ; c'était celle que son père portait pour ses conseils de classe. Le garçon resta figé, tandis que la jeune femme terminait d'essuyer sa chevelure mouillée avec une serviette. Wayne raccrocha son regard à lui, et il baragouina :
« Je peux t'expliquer, ce n'est pas ce que tu crois !
— Tu me dégoûtes, gronda Aiden. »


Ouais... j'ai merdé ce jour-là, sacrément merdé.
Le pire, c'est que je n'ai pas cherché à te courir après... je suis resté comme un con à te regarder partir. La fille d'Éve dans mon dos ne comprenait pas plus que moi ce qu'il se passait. Pourtant, j'aurais voulu t'expliquer, j'aurais voulu te dire que ce n'était pas ma maîtresse... mais... ma fille.
Ma fille.
Putain.
Le pire... c'est que moi-même, je ne parvenais pas à y croire. Je ne pouvais pas croire une seule seconde que cette jolie blonde de dix ans de plus que toi était ma fille. J'avais beau l'observer, l'examiner sous toutes les coutures, je ne parvenais pas à me dire que c'était ma fille. Peut-être parce que je ne l'ai pas tenu dans mes bras quand elle est née, peut-être parce qu'elle me reliait à un passé que je préférais oublier. J'avais grandi sans songer un seul instant qu'Éve finirait par accoucher, et qu'avant toi, un petit bout d'être humain aurait dû avoir de l'importance dans ma vie.
Mais dans ma tête, Aiden, tu reste mon unique enfant. Sans doute parce que mon coeur est incapable de donner de l'amour à plus d'un gosse. Sans doute que j'ai un problème dans ma tête qui fait que... je ne peux aimer qu'un seul de mes gamins. Ou que je n'avais pas la force d'assumer que j'avais une fille de vingt-cinq ans... que j'aurais pu draguer si je l'avais croisé avant, sans me douter que c'était ma fille. Ouais, j'étais marié, mais ça ne m'empêchait pas de faire l'amour à ma femme en pensant à ma secrétaire. Lynn a vieilli, mais elle n'est plus cette lionne que j'ai connue à mes dix-neuf ans. Quelque chose de sa passion s'est éteint au fil des années.

« Bonjour ! Vous êtes... Wayne... Wayne Vincentini ?
— Moi-même. »
C'était à la sortie de mon travail. Une petite blonde avec des allures de punkette m'avait attendu toute la journée que je termine mon travail. Elle n'avait pas mis longtemps avant de me trouver, et elle avait couru vers moi. Je l'avais remarqué parce que ses fringues sortaient de l'ordinaire, et qu'elle s'était mise en travers de mon chemin. Lorsqu'elle se présenta, je songeai qu'elle me disait vaguement quelque chose ; je l'avais peut-être croisé quelque part. Les écouteurs de son baladeur à disque autour de son cou, je pouvais entendre ce qu'elle écoutait :

« There are forces in the air
Ghosts in the wind
Some bullets in the back
And some scars on the skin

There were demons with guns
Who marched through this place
Killing everything that breathed
They're an inhuman race

There are holes in the walls
Bloody hair on the bricks
And the smell of this hell
Is making me sick »

Je ne connaissais pas l'album, mais la voix... c'était toute ma jeunesse.
« Vous avez bon goût, dis-je pour la détendre. »
En effet, elle paraissait nerveuse. Elle mordillait ses lèvres, ses doigts jouaient avec le fil de ses écouteurs.
Mélinda. Ma fille.
Ma fille.
Quelle blague, hein ?
Cette scène de reconnaissance, elle n'a pas ressemblé à tous ces films niais qui passaient à la télé. Je ne l'ai pas compris tout de suite qu'il s'agissait de ma fille, je me suis simplement senti... déboussolé. Ouais, c'est le mot. Elle était dans le ventre de sa mère, la dernière fois que je l'ai connu ! Et c'est elle qui a dû m'annoncer que j'étais son père. La suite ? On est allé dans un café, elle a éteint sa musique, et sans me regarder dans les yeux, elle m'a raconté son histoire. Elle était née au Texas, et elle avait été élevée par la mère d'Éve. Cette dernière a connu une période noire, elle semblait détester sa fille ; elle refusait de l'accepter en tant que telle. Malgré tout, Mélinda a su grandir, et faire des études ; ses grands-parents portaient sur elle plus d'attention que sa propre génitrice. Et puis... vers dix-neuf ans, Éve rencontra un homme qui s'était un jour présenté à sa porte pour parler de Dieu. Depuis la naissance de sa fille, Éve était perdue, et les douces paroles du type l'ont berné. Elle est entrée dans une secte. Mélinda avait failli la suivre, parce qu'elle cherchait l'amour de sa mère, mais... elle a compris très vite ce qu'il se passerait si elle mettait un pied là-bas. Elle n'en sortirait plus.
C'est sa grand-mère qui lui a révélé qu'elle avait un père. Apparemment, jusqu'à ses vingt-trois ans, Mélinda pensait que j'étais mort. Elle a fait le voyage jusqu'à moi pour me rencontrer. Jamais Mélinda ne m'a appelé « papa » ; elle aussi devait-elle sentir que nous n'étions pas liés. Je n'ai jamais partagé avec elle le même lien que toi, Aiden. Elle le sentait, et elle n'était pas venue s'immiscer dans ma vie pour profiter de mon statut d'avocat, mais parce qu'elle avait besoin d'aide.
« S'il te plait... Wayne... sors maman de là. »
Alors non... quand tu es arrivé, je ne couchais pas avec une jeune femme de vingt-cinq ans, j'étais en train de préparer un plan. Les sectes... c'est un peu spécial au niveau des lois, tu sais. Je ne pouvais pas les attaquer avec mes armes : le costard-cravate, et le Code pénal. Mélinda avait réveillé en moi un amour que j'avais oublié. Un amour que j'avais enfoui profondément dans ma poitrine, et qui avait besoin que je lui retourne toute l'attention qu'il méritait. Oui, je me suis lassé de ta mère dès que le souvenir d'Éve s'était réveillé. Oui, j'ai aimé une femme plus fort que j'ai aimé ta mère.
Voilà pourquoi j'ai disparu pendant deux mois. Parce que je devais me préparer à affronter un adversaire de taille : mon passé d'ado.
Pour sauver Éve, je devais franchir le seuil de sa secte, sans me laisser porter par les mensonges qu'elle proférait. Mon père et mère étaient croyant, moi, moins ; j'étais trop pragmatique pour remettre mon destin à Dieu, et j'étais persuadé que ma volonté seule conduisait mes actes. C'est peut-être ça qui m'a sauvé. Je me suis présenté à la Secte avec leur fascicule sous le bras, et j'ai prétendu que j'avais besoin de réconfort, que ma vie ne me donnait pas la moindre satisfaction. Ils m'ont écouté avec grand soin, et ils m'ont promis que moyennement finance, ils pourraient sauver mon âme. Ouais, ces mecs ont de l'humour. J'étais seul face à ces rapaces ; j'avais refusé que Mélinda m'accompagne. J'ai inventé n'importe quoi pour qu'ils me mettent sur le chemin d'Éve, et cela a porté ses fruits ; ils ont l'air de donner trop facilement leur confiance à un avocat comme moi.
Et je l'ai trouvé. Éve. Ma déesse pour qui j'aurais sacrifié des chatons à quinze ans.
Elle était allongée dans un canapé, les mains sur son ventre, et son regard clair porté vers un horizon invisible. Elle murmurait des choses que je n'entendais pas. Habillée en blanc, elle avait perdu toute sa beauté. La face ridée, la peau si fine que ça me faisait mal de voir sa gorge se contracter lorsqu'elle expirait. Ses cheveux blonds et bouclés ressemblaient à une serpillère qu'on lui avait mise sur le crâne. Je me suis approché lentement vers elle, son visage était baigné par la lumière du soleil.
« Éve ? Murmurai-je.
— Ce n'est pas Éve ! Me grondèrent-ils. Il s'agit d'Étoile. »
Je passai ma main devant ses yeux, mais elle ne sembla pas me voir. C'est là que je remarquai sa pupille grosse comme un poing, et qu'elle sentait le joint.
Je n'ai pas eu le temps de lui parler, on m'attrapa par les épaules, et on me tira hors d'elle, prétextant qu'il ne fallait pas la gêner dans sa méditation avec Dieu. On me força à m'allonger sur un matelas, et on prétendit qu'on pouvait me sauver, qu'il suffisait juste que Dieu me parle. Des mains me touchaient le visage, les épaules, la poitrine, tandis qu'un beau jeune homme me donna un joint. J'étais emporté par les doux chants des gens autour de moi, leur voix m'emmenait dans un autre monde. Et lorsque mes lèvres se posèrent sur le joint, je sentis que j'y allais être enfermé pour toujours.
La fumée entra dans mes poumons, aussi facilement qu'une lame dans de la viande. Ma respiration se coupa brusquement. Je ne voyais pas distinctement leurs visages, cachés en partie par les cheveux, et on commença à danser autour de moi. L'élan mystique me cloua sur place.
Il avait raison. Cette vie ne me rendait pas heureux.
Je me mis à rire, comme je n'avais pas ri depuis des lustres. Je laissai tomber le joint, et me tournant sur le côté, je ris jusqu'à me faire mal aux côtes. Oui, cette vie d'avocat ne me rendait pas heureux.
J'avais eu une illumination.
Je riais encore longtemps, devant la vanité de mon existence. Mais contrairement à ce qu'ils pensaient, ce n'était pas Dieu qui était venu se pencher sur moi pour me bénir. C'était moi qui ressentis une profonde déception sur ce que j'étais devenu. Je n'avais pas touché de joint depuis que j'avais rencontré Lynn... et celui-ci fut le meilleur tripe de ma vie.
Deux semaines plus tard... je quittai ta mère.

Je vous ai abandonné... et je l'assume. Certes, ma décision avait été prise à la hâte, mais je ne pouvais pas vivre avec une femme que je n'aimais plus. Je te l'ai dit, ta mère est la nana la plus forte que je connaisse ; je savais qu'elle s'en remettrait. Toutefois, sache que je ne l'ai pas quitté pour sauver Éve ; celle-ci est morte trois mois après ma visite dans la secte. Une overdose, une mort stupide. Une mort de junkie persuadée que Dieu sauvera son âme. J'ai entamé ma nouvelle vie avec le souvenir d'Éve, et j'ai proposé à Mélinda de me suivre. Non pas pour un pseudo-sentiment paternel que j'avais brusquement ressenti, mais parce qu'elle me faisait de la peine. Après tout, je ne pouvais pas être un salaud jusqu'au bout.
Quand j'étais gosse... je traînais souvent près des bars ; mon père venait souvent y boire, en fin de journée, et ma mère m'envoyait le chercher avant qu'on passe à table. Toutefois, ces bars étaient évidemment louches. Je me souviens qu'une fois il s'est fait virer d'un de ses bars préférés, parce qu'il avait osé toucher une des nanas. Voilà, maintenant, tu as une idée précise de quel genre d'endroit qu'il fréquentait. Peux-tu comprendre que ce souvenir de ces corps nus baignés par la lumière artificielle... me donna brusquement envie de faire partie, moi aussi, de ce monde-là ? Alors j'ai plaqué femme et enfant, j'ai jeté dans les ordures mon statut social, et je suis devenu l'homme que tu détestes tant. Ce coureur de jupons, ce fumeur de joint, et ce buveur de bière... ce mec qui porte des costards rouges et violets, histoire de se faire repérer dans la marée humaine. J'avais mis de l'argent de côté au cas où, et comme je n'avais pas le courage d'affronter ta mère, j'ai changé de ville. Je me suis installé à Lancaster, où j'ai posé pierre par pierre, le fondement de mon Empire. Dans ce milieu, je ne suis plus « Wayne », mais « Francky », ce mec un peu cinglé qui à trente-huit ans s'est dit que retourner sa veste, ça serait marrant.
Je vais t'épargner toutes les démarches que j'ai dû faire, c'est un peu chiant ; oh... certes, j'ai quelques aventures amusantes à te raconter à ce sujet, mais ce sera pour une prochaine fois. J'ai donc créé un cabaret à Lancaster, où malgré moi, mon monde de paillettes et de petits culs rebondis s'est mêlé à celui de la drogue. Un artiste, tu vois, c'est un peu délicat, ça a des rêves pleins à la tête, et pour fuir la déception qu'est la réalité, ça fume. Moi-même je n'échappais à la règle ; ça me rappelait mes bons souvenirs d'adolescent, et j'ai commencé à fumer plus des joints que des cigarettes. Ne t'en fais pas, ton père n'est jamais tombé dans la dépendance... c'est un peu comme une bière, ça fait plaisir de temps en temps, tu vois ? Alors au lieu de foutre un coup de pied dans les fesses de mes drogués d'artiste, j'en ai profité pour m'enrichir. Ce monde m'a fait découvrir une nouvelle facette de ma personnalité : l'avarice. Dans ce cabaret, tu vois, j'ai la sensation d'être à la tête d'un petit monde, et... je ne peux pas m'arrêter là. J'ai commencé à travailler avec des gens douteux, des gangs de colorés, comme on dit. L'avantage quand t'es le fils d'un immigré, et que toute ton enfance, tu l'as passé à entendre les autres te dire que tu finiras pizzaiolo, c'est que tout de suite... ça te rend un peu plus sympathique face aux noirs. Grosso modo, je blanchis de l'argent, et j'ai un rôle de « passeur » ; je fais le lien entre le consommateur, et le créateur. Entre autres.
Enfn bref, tu pourras me condamner plus tard avec tout ça.
Il y a eu ce moment où tu es rentré à l'université. Tu te souviens ? J'étais là quand tu as reçu ton diplôme. Ta mère avait fini par accepter de me voir, et de m'accorder la chance de te voir habillé avec la toque, et la robe. Quand je t'ai vu obtenir le rouleau, quand je t'ai vu sourire à ta copine de m'époque, je me suis dit que j'avais raté quelque chose d'important. J'ai compris que tu n'étais plus un enfant, Aiden, et que je n'avais pas eu le temps de grandir. C'est comme si le bébé que j'avais tenu dans mes mains, ce même bébé qui m'a chié dessus, s'était soudain transformé en adulte. Putain... j'ai ravalé mes larmes, j'en ai mordu mon poing de rage. Je n'étais pas ton père.
À la fin de la cérémonie, ta mère était en train de remettre correctement ta toque. Ta copine était avec vos potes, et moi... j'étais à quelques mètres. Les mains dans les poches, j'étais habillé avec une veste de costume rose, un jean's, et j'avais même mis ma chemise bleu claire ; la seule que j'ai gardée de mon ancienne vie. Mes cheveux n'étaient pas encore devenus ces épis que j'ai dorénavant... et je te regardais. Et je te regardais en me disant que t'étais beau, comme ça, avec ton regard bleu et intelligent, avec... cette manière si à moi d'être totalement détaché de la situation. Heureusement, tu as eu de ta mère son côté responsable. J'ai fait un pas en ta direction, puis j'ai compris que je ne faisais pas partie de ton monde, que j'avais arrêté d'en faire partie dès que tu avais vu Mélinda dans ma chemise bleue. J'ai mordu mes lèvres, et... nos regards se sont croisés.
...
Tu as plissé le front, tu as relevé la tête, et tu m'as donné exactement le même air méprisant que ta mère lorsque je l'ai rencontré. Alors, je me suis enfui, Aiden. Je suis parti sans avoir eu le courage de te dire combien je t'aimais.

Lynn a réussi à me pardonner mon départ, et elle a accepté le deuil de ces vingt ans passés à ses côtés. Elle est suffisamment intelligente pour arrêter de penser à moi, et de recommencer sa vie ailleurs. Toi, Aiden, tu n'as pas eu cette force de me pardonner. Je ne peux pas rattraper le temps que j'ai perdu, je peux simplement être là dans ta vie. Au cas où tu aurais besoin de moi, besoin d'un conseil... même si les miens sont un peu douteux au regard de la loi. Tu es entré à l'Université, pas loin de Lancaster, et tu ne l'as jamais su, mais... tous les jours, je prenais la route dans l'espoir de croiser ta silhouette sur le campus. Parfois, j'arrivais à te reconnaître dans la foule d'étudiants, et parfois, je ne te voyais simplement pas. Je pensais pouvoir veiller sur toi, ainsi, de loin. Mais bon... c'était peut-être trop tard.
Tu as fini profiler, tandis que mon affaire prenait de l'ampleur. Tu es un véritable génie, dans ton domaine, tu le sais, hein ? Bien sûr que tu le sais. Tu as hérité de moi ton caractère vaniteux. Je te souhaite de réussir dans ta carrière. Mais... si tu avais pris la peine d'apprendre à me connaître, tu aurais peut-être trouvé le malfrat que j'étais. Ton mépris pour moi t'a rendu aveugle. D'ailleurs... il m'aura fallu dix ans de plus pour t'avouer que je tenais à toi plus que tout au monde. Certes... j'apprécie Mélinda, mais elle n'est pas « ma vraie fille » ; une paumée que j'ai aidée, tout au plus. Elle s'occupe du bar dans mon cabaret, au cas où tu te demandes ce qu'elle est devenue.

Tu t'en souviens peut-être, mais ta mère aurait aimé voir de meilleurs rapports entre nous. Et elle m'avait invité au Thanksgiving, l'année où tu entamas ton travail de profiler. Il y avait son nouveau mec, d'ailleurs ; je crois qu'elle voulait me prouver qu’elle aussi, elle avait fini par changer de vie, et m'oublier. J'aurais pu ressentir de la culpabilité en la voyant avec cet homme, et me dire que j'étais encore amoureux d'elle. Il n'y a rien eu de tout cela, en vérité. Tu refusas de m'accorder un seul regard, et lorsque tu voulais quelque chose qui était à proximité de moi, tu demandais à son nouveau mec de te le donner. Je ne me sentais pas à ma place, mais je m'en foutais ; je pouvais être avec mon fils, ce n'était pas le plus important, si ? Finalement, ta mère et son mec ont quitté la table en prétextant apporter le dessert. Nous ne nous sommes pas regardés pendant les dix premières secondes.
« Aiden... commençai-je, finalement.
— Quoi, Wayne ? »
Oui... parce que depuis tes quinze ans, depuis ce jour où tu avais surpris Mélinda, tu refusais de m'appeler « papa ». Et à chaque fois que j'entendais mon prénom dans ta bouche, ça avait l'effet d'un coup de poignard dans la poitrine.
« Je...
— Ah ouais ? Tu vas me sortir que tu es désolé, et que tu regrettes ? Que tu voudrais revenir ici, et rejouer à la petite famille parfaite ? »
C'était la première fois que je te voyais en colère, Aiden. Tu fronçais les sourcils, le poing fermé sur ta fourchette ; je me suis même demandé si tu n'allais pas m'éborgner avec.
« Me regarde pas avec des yeux ronds, tu crois que je devrais avoir quelle réaction ? Te pardonner et venir me jeter dans tes bras ?
— Aiden, fis-je fermement.
— Quoi ? Aiden ? Qu'est-ce que tu veux de ton “fils”, Wayne ? Tu ne sais rien de moi ! Tu ne devrais même pas être ici. »
Lynn était dans le dos de son fils, elle assistait à la scène, impuissante. Je croisai son regard, et je sus qu'elle partageait l'avis de notre fils. Elle voulait simplement une réconciliation.
« Ne me parle pas sur son ton, grondai-je.
— Ah oui ! Et pourquoi ? Parce que tu es mon “père” ? Tu n'es rien pour moi ! Tu n'es plus rien depuis que je t'ai surpris avec cette salo...
— C'est ta soeur, Aiden. »
Et bam. Silence.
Ta mère est venue nous apporter les desserts, agissant comme si elle n'avait rien entendu ; comme si tu ne t'étais jamais énervé. J'ai refusé de rester pour la nuit, et tandis qu'ils faisaient la vaisselle, je suis venu te voir. Tu étais à table, le regard posé sur ton verre de vin blanc, l'oeil brillant. Je crois que tu étais un peu bourré, en fait. Les mains dans les poches, je t'ai longtemps observé, puis je t'ai dit :
« Aiden, je t'aime. Tu seras toujours mon fils. »
Tu m'as fixé, froidement ; je crois que si tu avais pu me tuer avec ton regard, tu l'aurais fait. Ta bouche s'est tordue dans une grimace méprisante, puis sans un mot, tu t'es levé. Je n'ai pas pu te dire au revoir à ce moment-là, et je me suis contenté de prendre la fuite à nouveau.
Le plus bizarre, c'est que deux jours après, j'ai rencontré Michael. Tu as dû le voir quelques fois, c'est un mec émacié, avec un air de chien abandonné et battu. Les cheveux noirs, mal rasés, et avec une constante expression patibulaire collée sur sa face abîmée. Il est loin d'être beau, il pue la sueur et la drogue. Je l'ai trouvé évanoui devant la porte de mon établissement, en t-shirt ; j'ai pu voir des marques de piqures sur son bras, ses veines étaient gonflées. Un junkie en train de crever. Sous la neige, vision romantique, n'est-ce pas ? J'ai soupiré un « putain », puis j'ai demandé de l'aide à un « médecin » qui me l'a sauvé. Michael était bizarre, enfin... il l'est toujours. J'étais un peu désespéré par l'état de notre relation, alors je l'ai sauvé pour moi, et non pour lui. Comme si tendre la main à un toxicomane pourrait me pardonner tout le mal que j'ai pu te faire.
Michael a le même âge que toi. Le plus con, c'est que j'aurais pu faire le transfert sur ma fille, Mélinda, mais... non. Je l'ai opéré sur ce déchet.

« Caffeine! Caffeine!
Amphetamine
A little speed is all I need
Caffeine! Caffeine!
woo woo woo »

Michael travaille pour moi. C'est un moyen de garder un oeil sur lui, et de lui faire éponger ses dettes. Il balaie, monotone, tandis que je m'occupe de compter ce qu'il y a dans la caisse. Finalement, je lève le nez vers lui. Michael est habillé en serveur, mais il n'a pas été capable de boutonner correctement sa chemise. Sur ses bras se trouvent plusieurs cicatrices, des marques de tentatives de suicide entre autres. Il a un nez long, une bouche de corbeau ; on dirait qu'il fait constamment la gueule. Il passe une main dans ses cheveux noirs. Je lui demande :
« Tu n'as pas de famille, Miachael ?
— Si... vous... M'sieur Franky. »
Je haussai les épaules ; ça peut être touchant de dire que je suis la seule famille de ce déchet. Je connais son nom, j'ai pu le voir sur son passeport, lorsque j'ai trouvé sa carcasse devant ma porte. Ce nom... je le connais, j'ai travaillé avec, un temps, lorsque j'étais avocat.
« Mais encore ? Tu n'as pas de frère, ou de soeur ?
— Mes vieux m'ont foutus à la porte quand j'avais vingt-deux piges, il me répond. Enfin... j'me suis cassé quand j'ai pu, quoi. »
J'aurais peut-être dû en faire de même. Lorsqu'Éve était enceinte, c'est avec elle que j'aurais dû partir. Tu n'aimes pas Michael, Aiden, tu n'aimes pas les faibles ; c'est pour ça qu'on sera incapable de s'entendre. Je haussai les épaules ; Michael gratta sa tempe puis il ajouta :
« Non... en fait... je suis parti à cause de mon frère.
— Ton frère ? »
Je me replongeai dans mes comptes, mais je l'écoutais toujours. Michael approuva d'un signe de tête, avant de se remettre à balayer.
« Mon petit frère. »
Michael était grand-frère ? Je peinais à y croire. Je léchai ma lèvre inférieure, le regard toujours posé sur mes comptes.
« Ton petit frère, donc ? »
Un sentiment m'envahissait. Lorsque j'examinai la pâleur maladive de Michael, je pouvais deviner que depuis ses dix-huit ans, il vivait dans la rue. Dieu l'avait peut-être mis sur mon chemin pour que je lui vienne en aide ; c'est ce que ma mère aurait dit. Il hocha encore la tête, puis il haussa les épaules :
« C'est un monstre, Michael marqua une pause, et il conclut : du genre à arracher les poils de mon chat, ou d'écraser des fourmis pour s'amuser. »
Je n'ajoutai rien, je ne posai plus aucune question. Michael était un décalé, et lorsque je pensais à son nom, je l'imaginais mal vivre dans une famille pareille. Il n'avait rien d'un enfant de riche, au contraire. La drogue, la faim, et le froid l'avaient bouffé. Enfin bon... je l'ai vu plusieurs fois piocher dans ma marchandise pour se droguer, on dirait qu'il fuit quelque chose... sans doute son « monstre de frère ». Je ne lui en veux pas, je voudrais simplement le sauver.

Aiden...
Personne ne pourra te remplacer, tu le sais ? Ouais... enfin...
J'arrive au bout de mon récit. Je sais que tout ce que je te raconte ici n'aura pas d'importance. Je sais que le jour où tu auras une excuse pour me mettre en taule, tu le feras. Parce que pour toi, je suis un lâche et un criminel... tu ne me pardonneras pas. Je ne cherche pas ton pardon, Aiden... je voulais te donner des mots sur ce que je suis. Je voulais te raconter pourquoi j'ai fait tout ça. J'assume le reste, j'assume que tu me détestes. Mais... ne me regarde pas avec ce mépris.
Je t'aime, Aiden.
Tu es mon fils.

Wayne poussa un soupir. Ses yeux parcoururent une dernière fois les lignes de sa lettre ; il avait mal au poignet. Il avait peut-être un peu trop écrit, il sentait la tension dans sa main, et lorsqu'il la fermait, la douleur s'amplifiait. Il recoiffa ses cheveux colorés en blond, puis il se redressa. Il plia soigneusement sa lettre, le témoignage de sa rédemption, puis il la glissa dans la poche de sa veste rouge. Il était 21 h 45. La fête allait bientôt commencer. Wayne remua les épaules, puis il lança un regard au miroir. Michael était dans son dos, il l'attendait.
« Allez ! S'exclama Wayne. Encore une belle nuit devant nous ! »
Michael l'affirma dans un grognement, et il sortit à la suite de son patron.

« Feed my Frankenstein
Meet my libido
He's a psycho
Feed my Frankenstein
Hungry for love
And it's feeding time

You don't want to talk
So baby shut up
And let me drink the wine from your fur tea cup
Velcro candy, sticky sweet
Make my tattoos melt in the heat
Well, I ain't no veggie
Like my flesh on the bone
Alive and lickin' on your ice cream cone »

Un sourire fendit le visage de Wayne. La musique vrillait dans son crâne, un voile de fumée le séparait de la foule endiablée, tandis que les danseuses se tortillaient tout autour d'eux. Michael était dans son dos, il surveillait du coin de l'oeil les gens. Wayne coinça une cigarette entre ses dents, puis il vola une bière à un de ses hommes. Sa grande silhouette se faufila jusqu'au bar, où il lança un clin d'oeil à une petite punkette à la chevelure colorée en rose. Il s'accouda au bar, tournant dos à sa fille, puis il admira son monde.
Le monde de Wayne. Son empire.
Plus tard, il déchira et brûla la lettre destinée à son fils.

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Liam O'Callaghan
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Liam O'Callaghan
Conseiller
Sam 30 Jan 2016 - 15:22
Tu es validé !


Wayne, Wayne, Wayne.... Tu as un talent certain pour l'écriture et pour les fiches c'est à en faire jalouser plus d'un. J'adore Aiden, je l'adorais déjà dans la fiche de Malcolm mais le point de vue de Wayne m'a totalement touché. Pour dire j'ai pleuré tout le long de ta fiche mais je ne suis pas une référence je crois que je pleure en lisant toutes les fiches ici... Enfin toujours est-il que j'espère que tu t'amuseras autant avec ce personnage que j'ai eus du plaisir à le lire et à le valider !

Félicitations tu es à présent validé, tu peux librement poster tes rps. Pour ton information, n'oublie pas d'aller recenser ton avatar, tu peux aussi aller créer ta fiche de liens.

Une rumeur te sera bientôt délivrée !

Amuse toi bien parmi nous !
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