D'un œil morne, je noue ma combinaison autour de mes hanches, soupirant doucement. Mes premiers jours dans cette taule n'avaient pas été des plus commodes mais je n'avais pas pensé pouvoir avoir la poisse à ce point.
J'étais arrivé dans le réfectoire après le sport et la douche matinale, je m'étais même d'ailleurs félicité d'y être arrivé aussi tôt. Le repas était plutôt simple et basique, une sorte de purée ultra liquide mélangée a de la viande hachée qui n'en avait d'ailleurs que la texture. Alors que je buvais tranquillement mon verre d'eau, un détenu à ma gauche d'environ deux mètre et un autre, à ma droite, afro-américain avec le même genre de carrure, s'étaient levé, commençant à se hurler dessus l'un l'autre, s’étaient rapprochés pour, probablement, se foutre sur la gueule. Je n'avais pas bougé, tentant d'ignorer les deux armoires à glace qui commençaient à se pousser, faisant vaciller mon plateau. Si je m'étais écouté à ce moment là, je serais partit et me serais isolé pour cloper, mais, préférant jouer la carte de la prévention, je n'avais pas bougé d'un millimètre, essayant d’apparaître invisible aux deux incarcéré.
Seulement, quand ils en étaient au point de se tenir par le col l'un l'autre, le poing menaçant, je m'étais reculé pour les éviter. L'un d'eux avait a ce moment constaté ma présence, et moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je m'étais retrouvé soulevé de ma place, pressé contre l'afro-américain, son énorme poing agrippant le haut de mon uniforme. En bref, j'étais devenu une sorte de bouclier humain.
Ayant un minimum d'instinct de survie et assez de fierté pour ne pas vouloir être utilisé de la sorte, je m'étais débattu et avait fini par donner un coup de coude à celui qui me maintenait, mon pied allant s’abattre malgré moi contre le tibia de l'autre.
C'est alors que leur haine respectives sembla soudainement fondre vers moi, en même temps que leurs éclats de voix, et, lorsque qu'un coup de sifflet retentit dans le réfectoire, on me retrouva agrippé au col de l'un, les doigts de l'autre empoignant mes cheveux, le bras levé.
Comme la chance était de mon coté - ironie totale - un gardien arriva, et, avant que je n'ai pu dire le moindre mot, les deux caïds s'empressèrent de raconter l'histoire où, moi Lucas, 1m78 pour 62 kilos, avait été volontairement les frapper pendant qu'ils déjeunaient tranquillement, eux les pauvres petits détenus de 2m30 et 3 tonnes.
C'est ainsi que je me retrouvais dans cette galère. Les deux types s'en était sortit blancs comme neige et le gardien, un peu douteux de leur version mais pas assez pour m'oublier, avait finalement décidé de me sanctionner.
Je pousse un nouveau soupir, glissant mes doigts dans une paire de gant. J'avais tellement envie d'une clope. J'en avais bien sûr, dans ma poche ainsi qu'un briquet, mais vu la vaine que je me coltinais, je préférais éviter de risquer qu'on me les suspende. Ca aurait été le pire du pire.
Après un coup d’œil autour de moi, je constatais on évident solitude, remettant en question ma précédente interrogation. J'avais peut-être le temps. A l'aide de mes bras, je m'installe sur le plan de travail, sortant une lucky. Mes pupilles observent la vaisselle un instant. Putain, la quantité qu'il y a...
Je tire doucement et longuement sur ma clope. Corvée de vaisselle, j'y crois pas. J'ai l'impression d'être en pensionnat.
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