[Fin] I'm just a Lion and a Lion I will Stay !

19:00… Tout le monde mange ici. Cette même bouffe dégueulasse que j’avale depuis des années sans presque pas broncher. Je pense que je ne peux pas trop me plaindre non plus au final parce que la bouffe était pire dans la prison de haute sécurité. Alors là, c’est presque un repas de roi. Mais tout de même, je ne peux m’empêcher de soupirer en regardant cette vieille purée collante et gluante et cette viande trop cuite dans mon assiette. Une vraie semelle cette merde ! Mais bon, faut remplir mon corps de force, d’énergie… J’ai un rôle à assumer ici. A la table, autour de moi, y’a les membres de mon gang. Certains discutent entre eux, d’autres se chamaillent gentiment. C’est le train-train habituel. Tous semblent râler sur la qualité de la purée et la compare avec la semence de leur pire partenaire sexuel. Comme d’habitude, je ne prends pas part au débat, je me contente de manger en silence, fixant droit devant moi. Je surveille les autres membres et veille à ce que le gang ennemi ne soit pas trop près de nous.

J’aime pas les fouineurs qui écoutent aux portes.

Les gardiens font leurs rondes, ou mangent avec nous pour d’autres, ici tout est mélangé, les gardiens peuvent juste manger quand ils le désirent, eux. Je tripatouille ma purée sans lâcher le vide devant moi du regard. Je finis par soupirer en me redressant subitement : je n’ai plus faim. Cependant dans ce geste malheureux, je bouscule un mec qui passait derrière moi avec son plateau. Il tombe à terre, étale sa purée partout, un autre gars glisse dedans et fait tomber son propre plateau. J’ai un léger sourire moqueur en constatant les deux mecs galérer dans leur purée dégueulasse. Ils en foutent partout. Les deux mecs finissent par s’embrouiller mutuellement et se battre. Les gardiens interviennent et vont leur foutre une correction ailleurs sûrement.

Ah, suite à un grabuge pareil y’aura bien un homme d’entretient qui va se ramener pour nettoyer toute la purée à mes pieds ! Oh et quel soulagement que de voir un mec coiffé comme moi débarquer. Mais blanc, avec des tâches de rousseurs. Je fronce les sourcils, un fan ? Non ça n’existe pas. Je le laisse nettoyer ce bordel et je le fixe, mon assiette sur les genoux maintenant. Je m’ennuie terriblement et je n’ai qu’une envie : faire chier le monde. Alors je prend une fourchette de purée, mime de la portée à ma bouche mais elle vient s’écraser au sol, au milieu du dégât de purée déjà présent. Mon regard se pose sur le balayeur pro à la carrure d’une crevette et je lui souris de toutes mes dents.

« Mince, quel maladroit je fais, dis-je alors en prenant un air faussement innocent, C’est tellement dur à nettoyer en plus… »

Et bim, un autre morceau à terre.

« Quel gâchis, une si bonne nourriture en plus… »

Les membres e de mon gang se retournent et nous regardent, interloqués par mon nouveau jeu. Ils semblent amusés.  

I'm just a Lion and a Lion I will Stay

«  Je ne vis que pour mettre fin à tes jours...»

Mon petit Stanley… Bordel mais qu’est ce qui m’a pris d’intégrer la prison pour observer un gang ? Et si jamais un des prisonniers me reconnaissait ? On ne sait jamais ils peuvent avoir fait partis d’un ancien gang que j’ai infiltré… ça fait bien trois semaines que je suis à la California State prison à jouer l’agent d’entretien. Tu parles, quand tu vois la gueule de mon appart’ tu en fais un beau d’agent d’entretien. Entre les restes de pizzas de deux jours, les tubes de peinture qui traînent par terre et le matelas sans draps (Ouais parce que c’est long de mettre la couette dans le drap, alors la couette ça suffit).

Bref, il n’empêche que depuis que je suis là, je n’ai pas encore trouvé ma proie principale. Après le bizutage du service d’entretien à nettoyer les couloirs du sous-sol et oh mon dieu que je n’aimerais pas être là bas. Vous pouvez être sûr que je vais faire des cauchemars toute la semaine, puis les gardiens qui commencent à me titiller, je vais peut être enfin pouvoir me concentrer sur mon objectif.

En parlant d’objectif, j’ai commencé à nettoyer les lieux publics. Salle de repos, couloirs du hall et comme par hasard j’arrive à la hauteur de la cantine aujourd’hui. Alors que j’allais rentrer je me pose sur le coin du mur et observe la grande salle. Salle que j’allais devoir ranger demain matin selon mon planning. La pièce est grande munis de quelques lumières maintenant jaunes depuis le temps qu’elles sont au mur… Les tables sont grandes et accueillent de nombreux détenus. Il y en a d’ailleurs qui font encore la queue pour manger une nourriture qui semble... Mon regard se pose sur un détenu qui passe avec son plateau. Miam. Purée et viande qui semble asséchée. Je fais une moue de la bouche et observe les gardiens. Certains mangent et les autres sont droits comme des I à surveiller la salle. Je m’avance légèrement de quoi ne pas rentrer dans la pièce complètement.

Un bruit assourdissant se fait entendre et je redresse ma tête avant de tomber sur cette peau de couleur chocolat. C’est lui… C’est bien lui, Raven Oewe. Je sens mon cœur qui s’emballe sous ma chaire. C’est la première fois que je le vois depuis cet évènement… Mon sang pulse dans mes veines, je me suis préparé à me battre, préparé à tuer mais jamais à faire face à mon ennemi dans ces circonstances là…

Je vois des détenus tomber sur le lieu de l’accident et je recule pour éviter d’aller au milieu de tout ces gens. Une main imposante se pose sur mon épaule. Je sursaute et regarde à qui elle appartient. Un gardien qui me pousse vers l’avant en appuyant sur le fait que j’allais faire des heures supplémentaires ce soir.

Un pas dans la salle et je sens déjà les regards posés sur moi. Je reste immobile un instant, déglutissant en entendant le chien de garde se foutre de ma tronche derrière moi. Serrant mon balai je prends mon courage à deux mains et avance vers le groupe, vers le gang, vers ma proie… Comment devrais-je réagir ? Je le tue tout de suite ? Non, son gang est là je ne survivrai pas une seule minute… Je dois l’ignorer ? Me foutre de lui ? L’agacer ? Alors que des centaines de questions traversent mon esprit mes jambes arrivent à destination. Je m’arrête et aide ce gars qui remue dans sa purée et qui n’arrive pas en ressortir. Je me baisse tout de suite, un sceau munis de matériel de nettoyage et me met à la tâche rapidement. Je ne sais pas ce qui me prend mais j’ai peur… A l’aide de quelques lingettes j’arrive à ôter la purée et les morceaux de porcelaine de l’assiette. Je suis tellement concentré dans ce que je fais que je ne vois pas la cuillère de purée s’étaler sur ma main.
Je m’arrête et relève mes iris bleus vers ce mec. Je le regarde un instant sans bouger, je regarde son sourire et cette deuxième cuillère de purée s’étaler au sol. Ses membres se penchent vers moi pour me regarder et qu’est ce que je peux faire ? Je fronce les sourcils en me disant que j’ai bien envie de lui foutre un de mes pains en pleine gueule mais je me retiens et lui sourit faussement en me disant que j’aurais peut être plus d’atout en restant… « sympa »

« Oh… ça va tu t’amuses ? » Je me redresse, essuie mes mains et les pose sur mes hanches. « Tu es tellement maladroit qu’il faut qu’on te donne à manger comme un bébé ? Un grand gaillard comme toi qui s’approche de la quarantaine ? »

Je souris de façon hypocrite et reprend mon balai en mains pour ramasser ce qui reste tout en gardant mon regard sur ce black.

Ça n’a pas l’air d’amuser le petit dreadeux dites donc. Enfin c’est normal, je ne suis pas sûr d’être bien content moi non plus si un grand noir s’amusait à me faire chier pendant que je bosse. En tous cas, je m’amuse bien moi à l’enquiquiner, même si je sens qu’il ne va pas se laisser faire ce vilain petit chaton haineux. Je le regarde nettoyer la purée avec un air amusé sur le visage, mais qui bon sang, qui ferait un job pareil ? Qu’est-ce qu’il fiche dans cette prison ? En plus il la l’air tellement jeune ! Je suis certain que c’est un étudiant, il a la vie devant lui, pourquoi est-ce qu’il perd son temps ici ? … Faut dire, peut être que ça le fait bander que de voir des criminels tous les jours. Je ne sais pas. Si c’est le cas, c’est un rude détraqué et je lui ferais bien comprendre ce qu’est un vrai criminel en rut tiens. Je fronce les sourcils et secoue la tête, mais qu’est-ce que je suis en train de penser moi.

Ah, il finit par se redresser et parler. Ah bah quand même, je me demandais combien de temps il allait mettre avant de se décider à m’en foutre une. A ses paroles, je souris en coin et me redresse, le dos droit, mais toujours assis sur le banc. Mes hommes se sont arrêtés de manger pour certains, pour observer l’altercation. Je sais que certains sourient, en profitant pour se foutre de ma tronche. Rah les salauds, ils vont voir après. Je lâche un petit soupir, puis hausse les épaules, comme si ce n’était pas de ma faute tout ce qui arrivait. Bien évidemment, j’ai pris le temps de reposer ma fourchette avant.

« Oh pardon mon gars, commençais-je amusé, mais tu sais ici, faut savoir rester un grand enfant pour ne pas perdre la boule ! »

J’entends ricaner derrière moi. Je me retourne et fusille les deux gars qui riaient du regard. Ils se taisent et je peux enfin reporter mon attention sur le ramasse poussière. Enfin l’homme de ménage quoi. Qu’est-ce qu’il fiche ici sérieux.

« Et puis c’est bon enfant ! Tu pourrais rigoler quand même, c’est pas comme si j’avais commis un meurtre ! »

Là, j’eus un rire, et c’est toute la table de The Pride qui éclate de rire avec moi. Je ris encore un petit peu, essuyant le coin de mon œil droit avant de me ressaisir. Un peu de sérieux par ici. Et nos rires attirent les gardiens, vaut mieux pas trop les faire venir dans le coin, j’ai pas envie d’aller au lit plus tôt que prévu. De toute façon, si je continue comme ça, c’est à l’isolement que je la finirais ma nuit. Je soupire longuement, reposant mes coudes sur mes cuisses, le regard à nouveau sur le minet qui semble avoir bientôt fini de nettoyer.

« Dis, tu ne viendrais pas faire les poussières de ma chambre un de ces quatre… ? Ajoutais-je d’un ton enjôleur, mon colocataire vient d’être libéré, ça fait trois jours que je suis si seuuul. »

Je hausse les sourcils d’un air entendu. Bien évidemment c’est pour rire que je fais cette proposition, mais je ne suis pas certain de refuser si jamais il dit oui. Faut dire, j’ai toujours craqué devant une petite bouille avec des tâches de rousseurs. Ils sont tellement plus mignons les petits mecs comme ça. Petit à petit, mon gang quitte la table, sachant très bien qu’ils n’ont plus rien à voir avec la conversation, ils débarrassent, y’en a même un qui débarrasse le mien, en me laissant ma pomme bien évidemment sinon je commets un meurtre. Je mange toujours ma pomme dans mon lit avant de dormir. Ça me rafraichis.

« C’est quoi ton petit nom mon gars ? Qu’est ce que tu fous paumé dans un lieu pareil hein ? »

C’est vrai ça. Je ne comprends  toujours pas pourquoi un petit gars comme lui est dans une prison à passer le balai. Il est fou ?

I'm just a Lion and a Lion I will Stay

«  Je ne vis que pour mettre fin à tes jours...»

Je me sens déjà mal à l’aise mais si tout son gang me fixe comme ça je vais finir par me tromper dans mes mots ! Je respire un grand coup et garde mon sang froid, ramassant ce dernier morceau de purée qui s’écrase dans le fond du sac poubelle.
Je me redresse à l’aide de mon balai et regarde le gaillard poser sa fourchette dans son plateau et se tourner vers moi pour échanger.

« Ah oui ? Un grand enfant ? Je te pensais plus intelligent que ça, lire des livres pour t’instruire c’est bien aussi pour ne pas perdre la boule…»

Quelques membres du gang se mettent à rire en se faisant vite recaler par leur dirigeant. C’est à ce moment que je regarde les tatouages du grand black sur sa gorge. Trois traits, tout comme ses poignets. Je n’en comprends pas la signification et je n’ai pas le temps d’y réfléchir car le lion me fait face de nouveau. Je reporte mon attention sur lui et écoute sa phrase. Cette phrase totalement idiote. Oh oui qu’elle est idiote. Comment ose t’il rire de ce qu’il à fait ? De ses crimes ? Je serre les dents et les poings tentant de garder mon sang froid, la jointure de mes phalanges devenant blanche.
Je ne réagis pas à temps et il enchaîne sur sa proposition de « faire le ménage » dans sa cellule. Je pousse ma mèche blanche pour dégager mon visage et rit faussement de bon cœur avec le gang. Je les regarde un à un, visualisant un peu leur visage et en leur faisant croire que je ris avec eux avant de m’arrêter d’un coup en faisant la gueule.

« Va te brosser Yvette. Je savais bien que l’expression plus on est grands, plus on est con était réelle mais à ce point ?... »

J’hausse les sourcils pour appuyer mes paroles en lui souriant encore une fois hypocritement. J’espère qu’un blanc va s’installer puis je remarque les membres du gang se lever et partent chacun leur tour. Je fronce les sourcils est ce qu’il va me massacrer au milieu de la cantine ?
Je regarde ce mec qui pose une pomme sur la table à côté du gros black tout en débarrassant son plateau. Ça va, tranquille le mec, un petit roi. Enfin si on lui laisse sa pomme, c’est qu’il la désire… Je réfléchis. Et si j’acceptai son marché, est ce que j’aurais plus de chance de m’intégrer dans sa petite famille ? Je fais vite fait le pour et le contre dans ma tête. En tout cas pour l’instant je m’y prends vraiment comme une merde. A sa question, je sors de mes pensées et ramasse le sceau qui m’a aidé à ramasser la nourriture gluante.

« Je n’ai pas de nom à te donner…, Je me redresse et avance d’un  pas, et si j’accepte ton marché, qu’est ce que je vais y gagner de toute façon ? »

Je lui souris et pose ma main sur la table pour m’appuyer et me retrouver proche de son visage.

« C’est vrai ça, qu’est ce qu’un meurtrier comme toi peut me donner, Raven ? »

Mon regard est noir, ma voix sifflante. Je me redresse et croque à pleine dent dans la pomme bombée que j’ai prise à mon passage, oh quel belle petite pomme ~ J’hausse les épaules, prends mon matériel puis la route jusqu'à la salle commune ....