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Du sucre avec votre thé ?

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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Sam 2 Jan 2016 - 23:11
Gabriel nota qu'Eliott avait pris le plus lourd, il le remercia mentalement. Ce n'était pas tant par souci de saleté qu'il préférait éviter le contact avec la peinture — par précaution, il avait toujours une chemise de rechange —, mais une chose bien plus concrétée et primaire. En réalité, il n'aimait pas porter des choses lourdes. Gabriel s'épuisait assez vite, par conséquent, il préférait se ménager autant que possible. Bien sûr, si Eliott avait eu vent de cet aspect-là de sa personnalité, il se serait empressé de prendre les cartons. Toutefois, comme l'homme n'avait pas l'air de s'en soucier, il les lui laissa volontiers. Une mauvaise histoire de fierté placée au mauvais endroit... il n'aimait pas passer pour un jeune homme frêle, qui faisait un petit malaise dès qu'il passait une nuit blanche. Après tout, il n'était pas un enfant.

« Je vous remercie. »

Souffla-t-il en prenant lui-même le reste des cartons. Il coinça le plus petit entre son menton, et sa poitrine, afin qu'il ne le perde pas en chemin. Lorsqu'ils sortirent dans le couloir, le psychologue indiqua qu'il quémandait l'aide d'Eliott, et qu'il aurait encore besoin de ses services. On lui demanda simplement de ne pas faire de zèle, et d'appeler en cas de problèmes ; il estimait pourtant que c'était évident qu'il n'avait rien à craindre de son futur patient. Tant qu'il ne poussait pas Eliott à bout, tant qu'il ne provoquait pas ses démons, Gabriel savait qu'il ne risquait rien. Une fois à la réserve, il fit signe au détenu d'attendre, le temps qu'il range un à un les cartons dans un ordre précis. Il prit le dernier carton des bras d'Eliott, et à sa remarque, il ne put s'empêcher de répondre en contenant un rire :

« Dit ainsi... je dois vous paraître bien tendancieux. »

Gabriel réajusta sa cravate. Il remit correctement les manches de sa chemise autour de celle de son pull, puis il reprit la tête de la marche. La prison lui paraissait bien calme, brusquement. C'était comme si les conversations, les coups de pinceau n'avaient pas existé. Le silence était apaisant, songea-t-il alors. Enfin, il leva la tête vers le plafond, rêveur. Il réfléchissait à ce qu'il pouvait répondre à Eliott.

« J'ai déjà discuté de vous avec Monsieur Stintson. »

Avoua-t-il. Il s'arrêta, et se tourna vers Eliott. Il l'observa quelques secondes, avant de reprendre la marche. Les mains derrière le dos, Gabriel avançait calmement. Dire qu'il appréciait Harvey était peut-être rapide, mais il ne niait pas qu'il lui paraissait être bon et généreux. De plus, il avait une bonne conscience professionnelle qu'il ne pouvait pas négliger.

« Alors... reprit Gabriel, j'ai été étonné de voir votre nom apparaître dans le registre de mes élèves. Et... je suis donc venu à votre rencontre. »

Et c'était vrai. Gabriel n'aurait jamais pensé ou pu prédire qu'Eliott se retrouverait dans son atelier de dessin, ce n'était pas le genre d'endroit où il pouvait être l'aise. Par contre, si c'était le calme qu'il recherchait, il devait trouver ce qu'il lui fallait. Ce calme se ferait plus fort, une fois qu'il aurait éliminé son collègue, estima le psychologue. Il était agacé d'être traité comme un moins que rien, parce qu'il était jeune, et nouveau. Enfin, après la traversée de quelques couloirs, Gabriel désigna la porte du bureau à Eliott.

« Ah... mon prochain rendez-vous est dans deux heures. J'ai préféré me laisser un peu de marge, à cause de l'atelier. Je l'aurais volontiers continué, mais mon collègue n'avait pas l'air de cet avis. »

Gabriel fouilla ensuite dans sa poche, et en sortant les clefs, il ouvrit la porte. Il laissa passer Eliott devant lui, puis il referma la porte derrière eux. Lorsqu'on entrait dans son bureau, on avait une vue devant les fenêtres. Entre elles se trouvait son bureau, avec de quoi faire du café et du thé disposés tout autour. En face du bureau, c'était un sofa, une table basse, et deux fauteuils que l'on trouvait. Sur la chaise se son bureau, il avait abandonné son manteau, et son écharpe.

« Je vous en prie, mettez-vous à l'aise. »

Annonça-t-il à Eliott en se dirigeant déjà vers la bouilloire, et la cafetière. Gabriel trouva vite le thé, et en présenta la boîte à son futur patient, afin que celui-ci se décide. Une fois fait, il enclencha les deux machines. Le temps que l'eau chauffe, il s'adossa au bureau. Son regard suivait Eliott sans se montrer pesant, et parfois, il le quittait pour surveiller la bouilloire.

« Combien de sucres mettez-vous ? Dans votre thé ? »

Fit-il, lorsque l'eau termina de chauffer.

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Sam 2 Jan 2016 - 23:32
Eliott haussa un sourcil.
On lui avait parlé de lui? En bien ? En mal? Un professionnel inquiet? Un détenu jaloux... Ou pire... LUI. Eliott esquiva cette pensée en secouant la tête et profita de la pose du dernier carton pour remettre ses cheveux noirs en place d'une main. Il demanderait surement à Goodman pendant la séance mais pour l'heure, la question qui le préoccupait le plus ne trouverait une réponse qu'après plusieurs minutes à palabrer dans le fauteuil.

Le détenu suivit donc en silence le psychologue. Son bureau était assez petit mais fringant. L'homme avait parfaitement mis les meubles en place. les fenêtres percées étaient face au fauteuil du patient ce qui donnait une impression de bouffée d'air louable. Eliott admettait que c'était assez sympathique. Propre en tout cas c'était certain. Les dernier psychologue (que devait surement remplacer monsieur Parfait) tenait cet endroit comme un lieu de recyclage des journaux. Higgins se souvenait encore de l'odeur d'encre frelatée que dégageait les piles dispersées ça et là dans tous les recoins du bureau.

"- Vous avez fait un excellent travail avec ce bureau" le complimenta Eliott en passant son doigt instinctivement sur le fauteuil où il s'assit sans demander son reste. Le détenu était devenu un peu plus exigent avec la propreté depuis qu'il vivait ici. En revanche, il était suffisamment à l'aise pour se mette en position sans attendre l'approbation de Goodman. C'était même un petit plaisir orgueilleux que de se faire servir ainsi, le regardant préparer le thé, choisir un sachet de verveine et le laisser tout prendre en main.

Il jugea la tasse que lui tendit le blondinet et mima le chiffre de la main.

"- Quatre sucres s'il vous plait."

C'était ainsi, Eliott n'avait jamais bu son thé autrement et à vrai dire un thé sans sucre c'était tout bonnement de l'eau bouillie pour lui. Eliott était certain que Harvey devait désapprouver, il faudrait qu'il augmente la dose pour voir combien de tasse il tiendrait avant de craquer et de lui sortir le manuel du parfait petit biochimiste.

"- Vous prenez un café ou un thé avec moi monsieur Goodman?"
demanda Eliott en croisant les jambes, s'affalant un peu sur le fauteuil. C'était un véritable luxe ici et le moelleux, il devait en profiter à fond! Finalement, la séance n'était pas une si mauvaise idée... Aller savoir cependant comment Goodman prendrait le taureau par les cornes...




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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Dim 3 Jan 2016 - 0:59
« Ah oui ? »

Fit-il à propos de son bureau. Gabriel n'avait pas connu l'ancien psychologue, et il ne s'était même pas intéressé à lui. D'abord parce qu'il devait être parti pour la retraire, une autre prison, ou simplement parce qu'il avait pris la fuite. Ensuite, parce qu'il avait été occupé par l'annonce, et prouver à son père qu'il tiendrait le coup ici. Que craignait-il au fond ? Une agression ? Non... pas s'il la provoquait lui-même. Il avait déjà dû voir des types faisant deux fois sa taille, qui avaient essayé de l'impressionner, comme s'il n'était qu'une souris face à un chat obèse. La violence ne l'impressionnait pas. Au contraire, ceux qui en usaient le fatiguaient ; il y avait d'autres méthodes pour prendre l'ascendant sur les autres. Il fallait trouver autre chose pour le provoquer.

Lorsque le jeune homme se retourna sur Eliott, il fut étonné de le trouver si vite en train de prendre ses aises. Il ne releva pas, si Eliott était détendu dans cet endroit, la confession viendrait rapidement. Le plus difficile n'était pas d'analyser les esprits, mais de les mettre en confiance. Ici, Gabriel était sur son territoire ; il était certain d'apporter ce climat à Eliott plus facilement qu'à l'atelier. Il rangea quelques mèches blondes derrière ses oreilles, puis il fit tomber exactement quatre sucres dans la tasse. Quatre sucres... tout ce qui était sucré était son ennemi juré. L'odeur du sucre, le goût du sucre ne lui plaisaient pas. Lorsqu'il était petit, Gabriel avait eu une mère très aimante qui l'avait vite gâté de pâtisseries, jusqu'au jour fatidique de ses dix ans, où il se rendit compte qu'il n'aimait pas cela. Par politesse, il s'était forcé à un manger jusqu'à prendre son indépendance.


« Je vais prendre un café, bien noir d'ailleurs. »

Précisa-t-il. Oui, un café bien noir ; tout le contraire d'Eliott et de ses quatre sucres. Si ses souvenirs étaient bons, Icare Higgins en avait pris trois. C'était Andrea qui paraissait préférer la caféine au thé. Gabriel apporta la tasse d'Eliott, il frôla ses doigts au passage, puis il alla ouvrir un peu la fenêtre. Il n'avait pas spécialement chaud, mais il avait envie de sentir de l'air frais rentrer dans la pièce ; cela leur ferait du bien, et les changerait de la chaleur oppressante de la salle de cours. Il revint alors vers le détenu, en prenant place face à lui. Gabriel croisa les jambes, puis il porta la tasse à ses lèvres.

« Comment vous sentez-vous ? »

Eliott n'était pas obligé de répondre, ce n'était qu'une formalité. Même si cette simple formalité pouvait déjà lui en dévoiler beaucoup. Gabriel ne demandait jamais un « ça va ? » Il préférait quelque chose comme « comment vous portez-vous ? » et toutes les autres formules. Il s'informait de l'état, à la fois psychologique et physique ; les deux étaient souvent liés. Eliott ne paraissait pas faible, toutefois, cela ne signifiait pas qu'il n’était guère fatigué. Gabriel jeta un coup d'oeil à la fenêtre, puis il reporta son attention sur le prisonnier. Sa tasse trembla sur la coupole, lorsqu'il la reposa après avoir bu une gorgée de café.

« Vous souhaitez remettre en cause le diagnostic du psychologue précédent ? »

Après tout, Eliott ne s'était pas caché à ce niveau-là. En réalité, plus Gabriel pensait à son cas, et à son frère, plus il se demandait si Eliott n'avait pas agi intentionnellement pour se retrouver en prison. Lorsqu'Andrea Higgins lui avait certifié avoir fait cela aussi, Gabriel s'était interrogé : qu'est-ce que le détenu était venu chercher dans cet endroit ? Puis... Icare avait révélé sa faiblesse. Pourquoi Eliott cherchait-il un autre diagnostic ? Qu'attendait-il de lui ?

« Si c'est le cas, continua Gabriel en se léchant la lèvre supérieure, je vous inviterai à aller voir mon collègue, Monsieur O'Callaghan ; c'est le Conseiller, et avec son aide, nous pourrons monter un dossier, afin de prouver que votre ancien psychologue — si l'on pouvait le nommer ainsi, songea-t-il non sans sarcasme — a fait une erreur. »

À moins qu'il ne se soit pas trompé, et qu'Eliott cherchait autre chose. Gabriel ferma les yeux, songeant qu'il ne devait arrêter de trop penser. D'abord, il ne devait pas se concentrer sur l'avenir de son patient, mais bel et bien sur son présent. Il lui serait d'une meilleure aide de cette façon. Lui aussi, il ne devait pas se faire influencer par Icare Higgins. Ne pas le laisser avoir de l'emprise sur son jugement. Gabriel ferma les yeux quelques secondes. Et lorsqu'il les rouvrit, il fixa Eliott de la même manière que ses autres patients. Un regard neutre, n'indiquant en rien ce qu'il pensait, et un léger sourire pour l'aider à lui. Tout doucement. Après tout, il avait du temps.
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Dim 3 Jan 2016 - 12:36
Gabriel avait légèrement changé de masque une fois bien installé dans son bureau. Monsieur Parfait était devenu un véritable psychologue en chair en en os, jusqu'à la fameuse phrase redondante de toutes les séances du monde: "comment vous sentez-vous?"

L'ambiance surement, avait eu raison de lui. Une fois chez lui, un homme se métamorphosait clairement. Ceci déplu légèrement à Eliott. En effet, il préférait l'impétueux professeur plutôt que le froid psychologue qui se tenait face à lui, comptant les sucre et les disposant avec une exacte délicatesse. C'était comme si il se retrouvait un peu plus face à LUI. Tout à l'heure, il avait réussit à effacer cette idée néfaste de sa tête mais maintenant elle lui revenait en pleine figure.

Eliott se redressa dans sa chaise comme un enfant gourmandé par sa maîtresse. Il récupéra sa tasse et retira vite sa main au contact de Goodman, soupirant, se sentant clairement ridicule mais n'y pouvant rien. Il fut soulagé de le voir ouvrir la fenêtre. Cet air frais allait l’apaiser.

"- Je vais... Comme un homme en cage"
dit-il simplement en trempant ses lèvres dans son thé trop bouillant.

Il se décida finalement à croiser le regard et constata avec mauvaise surprise que Gabriel avait pris une pose parfaitement tendue, comme un homme d'affaire. Pas de calepin ni de stylo cependant. Malgré tout, il redevenait un reflet trouble de son frère et il échappa malgré lui...

"- Vous avez l'air un peu coincé dans cette position" avec un rire légèrement forcé, espérant qu'il se décontracterait.

Concentre toi sur ton thé mon grand...

"- Pour être honnête, lors de mon accusation, l'avocat verreux qu'on m'a accolé (parce qu'il avait refusé celui de son frère) avait décidé de montrer que ma mésaventure
(Eliott détestait dire le mot homicide), serait une conséquence d'une dépression uniquement si je signais un contrat me forçant à me faire soigner par une de ses collègue tout aussi... Incapable. J'ai préféré dire que tout allait bien et que j'étais en pleine forme plutôt que de finir en camisole... C'est trop extrême et injuste non?"

Cette question ne nécessitait pas réellement de réponse, Eliott savait pertinemment que Gabriel ne le connaissait pas assez pour répondre mais pour le détenu c'était une évidence...

"- Je note ce nom dans ma tête alors, merci".


Il avala une grosse gorgée et se pourlécha les lèvres afin de ramasser toutes les miettes de sucres possibles.

Est-ce que la discussion s'arrêtait là? Avaient-il terminé leur arrangement. Vu le regard insistant de Goodman, Eliott savait qu'il attendait quelque chose. C'était justement cette chose qu'il voulait savoir. Etait-il intéressé par son cas à LUI ou le sien? Espérait-il qu'il s'explique sur son erreur ou bien sur autre chose? Les questions habituelles qui devenaient formalités comme... "Comment vous intégrez vous ici? Croyez vous que vous avez des soucis?" etc... Où bien Eliott avait-il ouvert la mauvaise porte en parlant doucement de dépression et ce psychologue se doutait-il qu'il y avait quelque chose de plus profond, de plus dangereux en lui?

Eliott frissonna. C'était comme si IL avait envoyé son ambassadeur. Sérieusement, il fallait que monsieur Parfait se détende comme dans le cours sinon il ne tiendrait pas.

"- Vous voulez parler d'autre chose?"


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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Dim 3 Jan 2016 - 14:00
La réponse d'Eliott à propos de son état ressemblait à bien d'autres réponses. Ainsi, Gabriel déduisit que son patient devait avant tout se sentir fatigué. Moralement d'abord, ne serait-ce parce que son frère venait de le rejoindre en prison. Il se contenta d'un faible sourire pour sa part. Plus les secondes défilaient, plus il se concentrait sur lui ; il ne devait pas l'associer à Icare, il devait se détacher de cette image. De la même manière qu'Eliott devait lui enlever les ressemblances qu'il pouvait avoir avec son frère. À sa deuxième réflexion, Gabriel haussa les sourcils. Il observa ensuite ses jambes croisées, comme si elles étaient le vecteur d'un problème qu'il ne parvenait pas à voir. Non, là, il ne comprenait pas. En quoi avoir une posture droite faisait de lui quelqu'un de coincé ? Il n'allait pas écarter les jambes pour se donner un air « décontracté » tout de même ! Eliott venait de le déboussoler, l'espace d'une seconde.

« Non...du tout. »

Répondit le jeune homme, comme s'il avait besoin de contredire Eliott, et d'affirmer qu'il n'était pas « coincé ». Il se retint de se trémousser sur le fauteuil pour ne pas lui donner raison, et parce qu'il ne voyait pas en quoi cette position pouvait l'inquiéter. Enfin, il rangea cela dans un coin de sa tête, et il écouta son patient. Il fronça les sourcils, il nota les quelques informations qu'il lui révéla, et même si Eliott n'attendait pas de remarques, il en fit une :

« On ne met pas quelqu'un en camisole pour une dépression. »

Si ce n'était que l'interprétation d'Eliott, Gabriel ne dirait rien. Toutefois, si c'était ce que son autre psychologue — et sa collègue — avait suggéré, il devait avoir une conversation avec lui. C'était quoi ces confrères de pacotille qui résolvaient les problèmes d'autrui en les bourrant de médicaments ? Il se sentit blasé.

« Enfin... murmura-t-il en baissant les yeux sur sa tasse. Je n'arrive pas à comprendre leur point de vue, en réalité. »

C'était une invitation — subtil — envoyée au détenu pour qu'il lui en parle davantage. Mis à part un complot ou une erreur grossière d'appréciation, Gabriel n'arrivait pas à s'imaginer qu'un de ses confrères puisse avoir eu cette idée saugrenue en tête. Toutefois, évidemment qu'il se doutait qu'il y avait quelque chose de plus profond. Si ses collègues avaient décelé les symptômes d'une dépression, c'était qu'elle était survenue à un moment ou un autre. Ou simplement qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Mais cela... même aveugle, Gabriel l'aurait senti. Eliott se méfiait de tout ; il n'était plus vraiment le même depuis qu'ils étaient entrés dans le bureau, comme s'il le craignait. Pourtant, rien dans son attitude n’indiquait une menace ; ce n'était que ses manières de bon garçon bien éduqué.


« Cela dépend de vous, fit-il lorsqu'Eliott lui demanda s'il voulait parler d'autre chose. »

Attention cependant, Gabriel le saurait si le détenu comptait lui mentir. Il se replaça finalement sur le fauteuil, en appuyant un peu plus son dos contre ce dernier. Il buvait lentement son café, comme s'il avait besoin d'apprécier chaque gorgée. Ses doigts contre la faïence se réchauffaient doucement, alors que l'air froid dans la pièce se promenait, léchant sa nuque. Il frémit, et malgré tout, il préféra garder la fenêtre ouverte. Gabriel ferma les yeux en retenant un soupir, son index caressait le bord de la tasse, légèrement et lentement. Lorsqu'il posa de nouveau ses yeux sur Eliott, il lui offrit un sourire réconfortant.

« J'aimerais d'abord que vous me rendiez un autre service. »

Le premier étant de l'avoir aidé à ramener les cartons dans la réserve. Son sourire s'agrandit doucement.

« Dîtes-moi ce que je peux faire pour vous aider à vous détendre ? J'ai l'impression de vous mettre à l'aise, à moins que ce soit le cadre dans lequel nous nous trouvons ? »

Gabriel plissa le front, comme un enfant se sentant gêné d'une bêtise involontaire. Il ne détailla pas plus Eliott, et il se contenta de détourner le regard. Il fixa le rebord de sa tasse que son index avait cessé de caresser ; il se demandait ce qu'il pouvait faire pour le rendre aussi anxieux. Si c'était vraiment lui, si Eliott était stressé par nature ou fatigué, ou bien s'il se rendait compte qu'il n'avait pas envie d'être là. Gabriel examina alors son bureau, songeant que cet environnement était peut-être un peu trop froid. Que pouvait-il apporter pour le rendre plus chaleureux ? Le désordonner pour briser cette harmonie ? Non, cela faisait mauvais genre ? Il s'enfonça dans ses pensées en attendant qu'Eliott lui réponde.
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Dim 3 Jan 2016 - 16:34
Eliott bougeait de plus en plus sur son fauteuil. Se recoiffer semblait être devenu une sorte de mécanisme d'auto défense pour oublier ses pensées ridicules et néfaste.

"- Merci..."


Sa pique lancée, l'espoir de voir Gabriel redevenir un pur et simple Gabriel, semblèrent déstabiliser le sujet. Le blondinet lança un regard interrogateur à Eliott et se jugea lui-même, se retenant clairement de bouger d'un pouce, bien que son corps se soit raidit.
Ses longs doigts pâles tenaient sa tasse avec fermeté. L'odeur amère du café semblait lui faire du bien et le conforter dans son rôle de papa des confessions. C'était tant mieux d'ailleurs pour le détenu. Car si Gabriel avait eu une préférence pour le thé, la comparaison avec son frère aurait été de trop...

Eliott finit d'une traite sa propre tasse et la posa sur un mouchoir tiré d'une boite disposée sur le meuble à coté de lui pour sauvegarder le bois ciré. C'était une habitude chez lui de faire attention à tout car il avait appris très jeune la valeur de chaque chose.

Croisant alors les doigts, il inspecta à nouveau le psychologue avec tension. Il se disait qu'à force de violence, peut-être qu'il oublierait à qui il lui faisait penser. Peut-être que Goodman finirait par s'assoir de manière moins parfaite. En cet instant il ressemblait à LUI lorsqu'il faisait des affaires entre deux entrepreneurs, autour d'une tasse, avant de lancer le contrat sur son bureau. C'était aussi la position qu'il arborait lorsqu'il le gourmandait plus jeune. AH! Voilà! Eliott avait trouvé le problème...

"- Me rendre nerveux?" rit naturellement et de manière tenue le jeune homme. "- Vous me direz... C'est assez normal vu l'endroit non? Je parle de la prison bien sur... Pas de votre bureau..."

Il soupira. Ce n'était certainement pas la réponse que devait attendre monsieur Parfait mais que dire d'autre? Qu'il lui rappelait dans sa manière de "Lord" l'homme qu'il haïssait le plus au monde? Supère comme entrée de jeux... Goodman attendait donc patiemment, pensant clairement lui aussi à d'autres choses... Eliott ne voulait pas rompre le contact. Il avait l'air d'être tombé sur quelqu'un de clairement professionnel, il ne fallait pas le laisser s'échapper. Il devrait donc donner... Mais bon... Au compte goutte car il ne fallait pas exagérer non plus.

"- Vous me rappelez quelqu'un ici c'est tout. Votre tenue droite impeccable, vos jambes d'homme d'affaire croisées et votre jeux de tasse. Ne le prenez pas mal surtout. C'est juste que votre ressemblance et assez dérangeante pour moi..." avoua-t-il à contrecœur, comprenant l'impasse dans laquelle ils les mettaient tout deux.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Dim 3 Jan 2016 - 20:59
En quoi pouvait-il ressembler à Icare ? Songea-t-il, lorsqu'Eliott lui expliqua ce qui le rendait mal à l'aise. Gabriel se contenta de l'écouter, cherchant à comprendre ce qu'il trouvait en lien avec son frère. La posture ? Si Eliott avait effleuré son monde, il aurait vu qu'elle n'était pas si... dérangeante. Un petit garçon bien éduqué, voilà tout. A la mention de cette attitude « d'homme d'affaires », le jeune homme observa son index posé sur le bord de sa tasse. Eliott était loin de la vérité à ce sujet ; inconsciemment, dès qu'il se concentrait sur une conversation, Gabriel venait toucher les objets à porter de main, les caressant. Gêné par cette comparaison, il toucha son bras gauche, et il soupira d'une voix triste :

« Ah... pourtant... »

Puis, se rendant compte qu'il pourrait montrer l'une des rares émotions qu'il ressentait, Gabriel s'arrêta. Il raccrocha ses yeux à ceux d'Eliott, et il lui offrit son habituel sourire poli.  


« Je n'ai rien d'un homme d'affaire, vous savez. »

Parce qu'il manquait de charisme, et de virilité ; selon son père. Gabriel ravala son trouble, comme il savait si bien le faire. Malgré tout, cette petite pensée désagréable revenait dans sa tête. Sa main finit par lâcher son bras, et revenir vers la coupole de sa tasse. Comme pour rassurer Eliott — ou lui-même ? —, le jeune homme l'informa :

« Même si j'ai déjà travaillé en tant que psychologue d'entreprise, je n'ai rien d'un homme d'affaires. »

Si son père avait consenti à croire en ses capacités, Gabriel aurait choisi une autre voie. Lorsque son frère était parti, il avait espéré prendre sa place ; il avait fourni tout un tas d'efforts pour rattraper le temps qu'il avait perdu en étant le cadet. Et lorsqu'il y était arrivé, Monsieur Goodman s'était contenté de lui dire avec une violente indifférence qu'il n'était pas assez charismatique. Pas assez viril. Il n'avait que dix-huit ans à l'époque, et il avait orienté alors sa vie dans la psychologie. Un milieu intéressant ; une source infinie de savoir sur les coeurs des hommes, lui qui avait la sensation de ne pas en avoir. Puis enfin, lorsqu'il avait rencontré Monsieur Armand, l'ami de son père, il avait pu voir, comprendre ce qu'était « un homme d'affaires ». Cet homme avait été son patron jusqu'à ce qu'il ose le toucher.

« Honnêtement, Monsieur...Gabriel marqua une pause, il fronça les sourcils. À moins que vous préfériez que je vous appelle par votre prénom ? »

Un autre sourire. Voilà, le malaise était parti. Il n'était pas Icare ; s'il avait été à sa place, il ne se serait pas laissé attraper pour une chose aussi stupide que l'attachement. Amical, Gabriel ajouta avec sa douceur coutumière :

« Je disais donc que... je vais avoir besoin que vous surpassiez cet à priori. Même si je ressemble à cette personne. »

Nouveau froncement de sourcil. Gabriel venait peut-être avoir une idée sur comment il pourrait aider Eliott à le défaire de cette image. Gabriel posa la tasse sur la table, puis après quelques secondes de réflexions, les coudes posés sur les genoux, il lança :


« Vous voulez bien fermer les yeux ? »

Même lui trouvait son idée ridicule. Dans le pire des cas, elle ne marcherait pas, et il se serait volontairement humilié.

Gabriel mordit sa lèvre inférieure, puis avec des gestes précieux et délicats, il défit lentement sa cravate. Même chez lui, ce n'était pas l'une des premières choses qu'il faisait, lorsqu'il rentrait. Il la fit glisser sur son cou pour ensuite la plisser, et la plier sur le bras du fauteuil. Il déboutonna un peu sa chemise, il alla même jusqu'à le décoiffer. Eliott ne s'en apercevrait sans doute pas, mais Gabriel faisait l'effort de ne plus être parfaitement impeccable. Savoir que ses cheveux étaient désordonnés, que quelques épis osaient se dresser hors du conformisme l'agaçait. Il n'en montrait rien, et il se laissa aller contre le fauteuil. Il posa son bras gauche sur le dossier, et décroisa un peu les jambes (il ne fallait pas pousser trop loin, tout de même !) ; la cheville était sur son genou. Enfin, il pencha la tête sur le côté, et avec détachement, il fit avec un sourire insolent :


« Voilà, j'espère que je vous mettrais plus à l'aise ainsi. »

Le col de sa chemise défait, on pouvait voir sa gorge, encore plus blanche que le reste. Gabriel se concentrait sur son patient pour ne pas se rhabiller, redevenir celui qu'il était habituellement. La seule pensée amusante qui traversa son esprit, c'était que si jamais son père le voyait ainsi, il en serait contrarié. Il ressemblait à un adolescent prêt à ne pas écouter le sermon qu'un professeur lui ferait, et même lui... se trouvait risible. Si Eliott ne riait pas, tout irait bien, pas vrai ?
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Dim 3 Jan 2016 - 21:36
Eliott était presque tenté de s'excuser sans savoir que Goodman savait parfaitement à qui il le comparait. Il voyait bien dans quel état il avait mis le psychologue. Ce dernier cherchait à comprendre l'origine du malaise, étant parfaitement compréhensif envers cette révélation que le détenu avait fait. C'était donc quelque chose d'honorable mais le jeune Higgins n'arrivait pas à présenter ses regrets. Mettre son orgueil de coté était trop dure.

Homme d'affaire?

Gabriel Goodman semblait bloqué sur ce point. Il n'avait pas compris que c'était la seule référence qu'Eliott avait trouvé sur l'instant mais ce n'était pas le problème en lui-même. Le détenu n'avait rien contre les hommes d'affaire en général... Enfin... Pas tous...

"- Vous avez travaillé en entreprise?" répéta Eliott peu surpris par cette révélation.

Cela collait bien à l'image de monsieur Parfait. Il l'imaginait bien derrière un bureau. Étrangement, plutôt à la tête d'un groupe malgré son jeune âge et non caché derrière une pile de papiers de comptabilité, rentrant tard avec des cernes sous les yeux. Ce qu'il n'arrivait pas à comprendre en revanche, c'était pourquoi Goodman avait fait ce revirement de carrière.

Le psychologue qui avait pesé et soupesé le problème sembla tout à coup trouver une solution. Il se redressa comme un homme sorti de sa torpeur et lui présenta une requette étrange.

"- Fermer les yeux?" fit Eliott dubitatif en clignant des yeux.

Il ne voulait pas tenter un truc étrange au moins? Eliott ne supportait pas les contacts surprises, surtout venant d'autres hommes, cela le rendait malade et furieux depuis... Cette histoire. Il espérait que Goodman n'était pas du genre à tenter une détente par contact.
Il fronça les sourcils, examina silencieusement le psychologue et lorsqu'il compris qu'il ne bougerait pas, s'exécuta. Il se raidit un peu dans son fauteuil et mis ses paupières closes. Ses oreilles restaient néanmoins aux aguets.

"- Dépêchez vous alors..." demanda-t-il peu rassuré tout de même en attendant que Goodman fasse son office.

Cette minute sembla durer une heure et lorsqu'il eut la permission de rouvrir les yeux, Eliott ne cacha pas son soulagement.
Quelle ne fut pas sa stupeur en voyant tout à coup monsieur Parfait... Complètement débraillé!
Goodman avait perdu sa cravate et son col serré de doberman bien dressé. Il avait même fait l'effort de décroiser les jambes et de prendre une pose plus décontractée dans son fauteuil. En suivant la ligne droite que formait son corps, Eliott remarqua même qu'il avait été jusqu'à se décoiffer un peu.

Il aurait été tenté de rire. Franchement d'exploser même. Le psychologue avait sans doute mal jugé la tension et avait été jusqu'à se déshabiller. Le prisonnier n'en demandait pas tant. Le changement de position suffisait.
Cachant sa bouche derrière sa paume par politesse, Eliott aquiesca et sourit un peu, sifflant entre ses dents pour ne pas rire bien que la surprise joyeuse enfantine se lisait clairement sur son visage. Ce n'était pas de la moquerie, plutôt une gratitude amusée.

"- Monsieur Goodman... Enfin... Si vous voulez que nous nous appelions par nos prénoms... Gabriel... Vous êtes décidément un homme très surprenant. Je me demande comment cela se fait que vous ne soyez pas dans un grand centre psychiatrique plutôt qu'ici... Je ne suis pas sur qu'on vous mérite... Sérieusement."

Toute cette éloge surprise et amusée était sincère. Jamais Eliott n'avait vu un professionnel se soumettre ainsi au caprice d'un patient ou pis d'un prisonnier. Goodman devait donc être un homme de grande valeur malgré un physique qui semblait-il lui faisait défaut auprès de ses idiots de confrère.
Mais cela fonctionnait, Eliott ne voyait clairement pu son frère dans ce jeune homme maintenant peu étriqué. Pour montré sa réussite, comme on récompenserait un enfant, Eliott se pencha au bord de son fauteuil et tendit sa tasse proche de son vis à vis.

"- Je reprendrais bien un peu de thé si cela ne vous dérange pas Gabriel."
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Dim 3 Jan 2016 - 22:35
Ce n'était décidément pas lui. Enfin, pas exactement. C'était une partie de sa personnalité qu'il permettait rarement aux autres de voir. Toutefois, lorsqu'il vit les yeux d'Eliott briller, et les efforts qu'il fit pour ne pas rire, Gabriel songea qu'il avait bien fait. Oui, il était ridicule. Et il ne mettait toujours pas le doigt sur ce que sa posture pouvait le mettre mal à l'aise ; Eliott le lui avait dit, pourtant, dans son esprit ce n'était simplement pas possible. Toutefois, ses doigts ne pouvaient pas s'empêcher de reprendre leurs courses, et c'était cette fois-ci sur sa cuisse ; sans sa tasse de café, sa main paraissait perdue. Gabriel se redressa alors lentement à la demande du détenu, et en prenant la tasse, il frissonna. L'air froid courait dans la pièce, et ainsi, Gabriel pouvait ressentir sa morsure un peu plus profondément. Sa peau était glacée.

« Je vous fais le même, Eliott ? »

Devait-il s'empêcher de se tenir droit, aussi ? Songea-t-il en enclenchant la bouilloire. Le plus amusant, c'était qu'Eliott était parvenu à remettre toute son éducation en cause avec son malaise. Et c'était cette même éducation qui l'avait forcé à se tenir droit, à bouger le moins possible pour ne pas gêner Papa lors de ses réunions, ou même de cacher le moindre sentiment susceptible d'apparaître dans sa pupille. Gabriel luttait intérieurement pour remettre ses cheveux en place, il essayait d'ailleurs d'éviter de croiser le pâle reflet que la vitre pouvait lui renvoyer. Hors de question. Il était plutôt évident de deviner que dès que son patient serait parti, Gabriel Goodman reprendrait le dessus, et il serait de nouveau « lui ».

« Et pour répondre à vos questions, enchaîna le psychologue en se retournant. Le temps que l'eau chauffe, il cala ses reins contre le bureau, puis il continua : cela fait peu de temps que j'exerce, et même si j'avais été l'élève le plus brillant de ma promotion — ce qui avait été le cas, se rappela-t-il —, j'aurais dû faire mes preuves quoiqu'il arrive. Et... Gabriel hésita, il ne pouvait pas avouer qu'il avait choisi cet endroit par défaut. Et... le milieu en entreprise ne me plaisait pas. C'était totalement faux, il aimait le pouvoir, et détruire de petits arrivistes aurait pu le distraire longtemps. Mon rôle en tant que psychologue n'était pas d'aider mes patients, mais plutôt de déterminer lesquels ne correspondaient pas à l'entreprise. »

Cela était vrai, toutefois, il se garda d'ajouter qu'il devait déceler les faibles, afin que Monsieur Armand puisse les éliminer.


« Merci pour votre compliment, cela me fait plaisir. »

Évidemment qu'il savait qu'il était bon ! Il était même meilleur que ses professeurs d'université, que ce vieux grincheux de collègue de l'atelier de dessin. Simplement, avant Eliott, personne ne l'avait reconnu. Gabriel esquissa un sourire franc, et satisfait, comme l'aurait fait un élève à qui on récompensait tous les efforts. La bouilloire termina de siffler, le jeune homme se retourna pour servir à son patient son thé. Il compta les quatre sucres, et à nouveau, il les fit retomber un à un dans la mare brunâtre de théine.

« Ici... j'ai l'impression d'être utile. »

Gabriel posa délicatement la tasse sur la table, puis il reprit place face au détenu. Il alla recroiser les jambes, mais il s'arrêta en se rappelant qu'il n'était plus « lui ». Il reprit alors une position décontractée — qui ne l'était pas pour son corps, habitué à se courber, se plier aux exigences de l'éducation —, et caressa sa nuque. La présence écrasante de sa cravate effacée, il avait la sensation d'être nu, de la même manière que l'étaient les personnes qui enlevaient leurs bagues après les avoir longtemps portés.

« Comment était l'ancien praticien ? »

Fit-il alors, en tournant en boucle dans sa tête le compliment d'Eliott (pourquoi s'en priver ?). Il avait le coude posé sur le bras du fauteuil, alors que sa main soutenait sa tête. Il jouait maintenant avec le premier bouton de sa chemise, oui, la cravate lui manquait. Par la même occasion, il invitait son patient — sans le dire — à lui poser des questions, s'il le désirait. Comme lui, Gabriel peinerait à raconter toute la vérité, il y avait des choses qu'il refusait d'admettre. Son renvoi de l'entreprise, par exemple ; un échec dans sa vie qu'il avait enclenché. Il s'était douté qu'en se refusant à son patron, sa promotion sociale aurait été fortement ralentie, et il savait bien plus que révéler sa véritable personnalité à ce sale sodomite motiverait son renvoi. Le pire, c'était que personne n'était au courant ; son père était persuadé qu'il avait agi par caprice. Lui, il ne pouvait pas admettre qu'il avait ressenti ce qu'une femme pouvait ressentir. Cependant, ce n'était qu'une question de temps avant qu'il prenne sa revanche.
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Lun 4 Jan 2016 - 12:52
Gabriel se tortilla comme piqué par des centaines d'araignées. Finalement, il se tourna vers le dispositif à thé et servit un nouveau coup à son jeune patient. Enfin jeune... Il devait être à peine de quelques années son aîné donc cela ne comptait pas réellement si?

Eliott le remercia d'un sourire qu'il n'avait toujours pas perdu depuis le coup du striptease surprise et se plongea à nouveau dans son fauteuil. Il trempa avec délectation ses lèvres dans l'eau bouillante où le thé n'avait même pas encore pris la peine d'infuser, mais le sucre roux de Gabriel était si bon...

Il écouta alors attentivement ce que disait le psychologue sur ses motivations à quitter l'entreprise. Le scénario était simple, cousu de fil blanc. Il mettait en scène un jeune et brillant homme en début de carrière, allant juger les futurs employés mais finalement, appelé par son serment d’hypocras, il avait décidé comme un bon samaritain d'aller en prison où les plus nécessiteux l'attendaient. C'était beau... Trop beau même. Eliott n'était pas dupe. Il savait que l'argent et le pouvoir étaient des bien meilleures motivations que les ingratitudes de garçons meurtriers.

Posant sa main sous son menton dans une attitude d'écoute profonde, il échappa un "hum" dubitatif et peu convaincu mais suffisamment poli pour accepter cette version.

Il rit à nouveau en le voyant s'attacher à son bouton, oubliant l'affront de le prendre pour un idiot que venait de faire le psychologue. C'était une position décidément bien mauvaise qu'il lui avait demandé alors il se sentit enfin dans l'envie de le soutenir.

"- Vous savez, se tenir droit, se calquer sur une gravure de mode lorsqu'on exerce... Ce n'est pas très naturel, excepté chez les gens qui ont tellement imprégnés cet enseignement qu'ils en sont malade de ne pas le faire...
(exactement comme son frère...). Mais parfois cela fait du bien de faire ressortir un peu la personne sans soucis qui est en nous non? Quoi que vous donnez l'impression de danser sur des charbons ardents..." dit-il dans un clin d’œil.

Il but une lampée supplémentaire et écouta attentivement la dernière question du psychologue, finalement curieux de savoir ce qu'avait fait son ancien collègue. Ce qu'il avait fait? Il avait déjà osé le touché, et donc avait faillit prendre une claque, ensuite, il avait parlé de LUI, LUI, LUI et toujours LUI pendant deux séances avant de finalement faire exploser Eliott...

"- Oh il était passablement rond, ennuyeux, idiot et cloisonné sur son horloge." avoua-t-il en reposant sa tasse encore remplie sur l'ancien mouchoir tâché sur le meuble. " Il s'est obstiné à parler de tout sauf de moi... De mes soucis... Plutôt de ce qui l'amusait en fait. Nos rapports ont été très courts à vrai dire." regretta-t-il sans toutefois sentir un sentiment de culpabilité en raison de la peur qu'avait causée le coupe papier. "- Il ne voulait voir personne sans menotte aussi..."

C'était totalement faux. En réalité après la séance du chien et du coupe papier... Il avait demandé à ce que ELIOTT revienne menotté pour la prochaine séance. Qu'il n'y eu jamais plus.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Lun 4 Jan 2016 - 20:09
Qu'Eliott ne le croit pas, ce n'était pas important. Ce qui l'était plus, c'était qu'il garde cachée la raison de son renvoi. C'était en réalité plutôt facile, sa fierté lui interdisait d'avouer qu'il avait été traité comme un objet. Qu'il aurait été traité comme un objet, s'il avait accepté cela. Gabriel haussa les épaules au « hum » de son patient ; de toute façon, il n'avait pas besoin de se justifier. Au moins, sans insister, Eliott lui permit de s'éloigner de la colère, la rancune qu'il ressentait dès que le souvenir de Monsieur Armand se ravivait dans son esprit. Ses doigts restaient accrochés au bouton de sa chemise, tandis qu'il écoutait Eliott lui faire une « petite leçon de morale » sur la manière qu'il avait de se tenir. Gabriel fronça les sourcils, puis avec un petit sourire, il avoua :

« En réalité... je me rends compte que cela me fait mal aux reins. »

Parce qu'il était déhanché, et qu'il se crispait. Eliott devait bien le voir, et Gabriel songea que s'il voulait faire passer cette position pour « naturel », il devait s'entraîner. Il releva le menton, puis il se contenta d'ajouter :


« Et si j'étais ainsi ? Eliott ? Gabriel marqua une pause, puis en secouant lentement la tête, il expliqua : je dirais que ce n'est qu'une question d'habitude. Petit, on m'a enseigné à me tenir tranquille sans bouger, et comme... j'ai toujours été calme, cela m'est venu plutôt vite. Toutefois, je ne crois pas me tenir comme une “gravure de mode”, j'en suis très loin, et... je ne cherche à rien prouver. »

Parfois, Gabriel pouvait se montrer sincère. En réalité, lorsqu'il avait eu cette idée — toujours aussi saugrenue pour lui —, il s'était rappelé de son frère. Un souvenir très exact dans sa tête. Lorsque son père devait reprocher quelque chose à Michael — et il avait TOUJOURS quelque chose à lui reprocher —, l'aîné se tenait ainsi. Le corps totalement désaxé, avec un regard patibulaire de molosse patientant pendant la punition. Il n'y avait que dans ce cadre précis que Gabriel avait pu voir « une assise décontractée », même à son école, la plupart des élèves se tenaient comme lui. À l'université, on faisait le concours de celui qui apparaissait le plus adulte, et il avait vite emporté cette « victoire-là ». Toutefois, il remarquait que son éducation posait problème en prison ; il ne déterminait pas ce qui pouvait parfois creuser un fossé entre lui, et ses patients. Sans doute parce que la plupart lui étaient opposées, et venaient de milieux défavorisés.

« Comment cela se fait-il ? Demanda le psychologue concernant les “méthodes” de l'ancien praticien. C'était grossier de sa part, ce n'était pas un bon psychologue. »

Remarque qu'il venait de faire à voix haute sur un ton cinglant, un jugement. Le jeune homme ne déterminait pas encore que ce qui avait intéressé son confrère était Icare, et uniquement Icare. Si cela avait été le cas, non seulement il aurait trouvé la méthode particulièrement vulgaire, mais en plus... franchement, un psychologue manquant autant de subtilité, c'était impensable ! C'était quoi ce guignol ? Au sujet des menottes, Gabriel ne dit rien. Il n'aimait pas spécialement s'adresser aux gens lorsqu'ils avaient les mains prises, c'était toutefois nécessaire pour certains cas. Face à un « aliéné », il ne pouvait pas les libérer des chaînes, car dans ces moments-là, il était réellement en danger. Il y avait des choses qu'il ne pouvait pas anticiper. Sa main arrêta enfin de jouer avec le bouton pour reprendre la tasse, le café était tiède. Il en but une gorgée, et décida de le garder à proximité. Ainsi, Gabriel affichait le paradoxe entre ce qu'il était, et ce qu'il voulait montrer à Eliott. D'un côté, il conservait son attitude « je-m'en-foutiste », et de l'autre, sa posture était redevenue plus ou moins droite, tandis que ses doigts encadraient délicatement la tasse.

« Enfin, lâcha Gabriel après un petit moment de silence. Nous concernant, que souhaitez-vous aborder en séance ? »

Une autre porte de sortie pour Eliott. Bien sûr, il finirait par aborder tous les sujets, mais cela n'arriverait pas si vite. D'abord, il devait arriver à établir une conversation de confiance, et ce n'était pas en une seule séance qu'il parviendrait à faire une telle chose. Il devait toujours y aller avec précaution, s'adapter en permanence à ses patients, sans les forcer à se confier. C'était le meilleur moyen de les braquer, et de détruire le lien fragile qu'il construisait et renforçait petit à petit. Ce qu'il espérait, c'était de ne plus être associé à Icare Higgins.
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Mar 5 Jan 2016 - 18:27
Eliott restait persuadé que les gens montés comme une montre suisse devait manquer quelque part de bonheur. Il se résolut à prouver à Gabriel que cette posture décontractée qui le gênait en cet instant, puisse un jour être trouvée agréable. Le fait de ne pas être raide comme un piquet mais plutôt souple comme une pâquerette était toujours bon. Il laissa cette idéologie de coté et revint aux moutons noirs de la discussion.

"- Mettez un oreiller derrière vos reins..." il se releva et chipa celui disposé sur son fauteuil pour le tendre à Goodman en mimant l'endroit le plus approprié pour le disposer.
Ils avaient ainsi l'air de deux camarades plutôt que de patient et docteur mais cela ne dura que le temps de la cure rapide du coussin.

Pour le mettre à l'aise et sans doute par honnêteté, monsieur Parfait accepta l'horreur de son prédécesseur et se rangea du coté d'Eliott qui n'en attendait pas moins. N'importe quel collègue aurait directement mis la parole du détenu en doute mais Gabriel semblait plutôt disposé à chercher la vérité que la sécurité. Encore une qualité rare et appréciable sur laquelle le jeune homme bâtissait sa confiance qui restait fragile en raison de la ressemblance entre Gabriel et LUI.

Le très professionnel homme ne tarda pas d'ailleurs à retourner au sujet principal de leur visite: l'humeur d'Eliott.

Se brossant une nouvelle fois les cheveux, le détenu ne su par où commencer. Il regarda ses paumes de mains croisées comme si il pouvait y trouver une réponse. Que Gabriel voudrait entendre? Que pourrait-il supporter? Le but était de partir d'ici et non pas de rejoindre les fous au plus prés de LUI... Il en mourrait c'était certain s'il devait descendre là bas. Les yeux perçants du professeur devaient donc rester voilés... Mais il fallait tout de même entrer dans le vif du sujet de sa réédition de peine car les simples épanchements sur le canapé, il y avait renoncé depuis ses précédents échecs et il doutait que Goodman lui trouve une quelconque solution à ses problèmes.

Eliott se mis au fond du fauteuil et croisa les jambes et planquant ses mains sur les dossiers.

"- Je ne sais par où commencer. Vous connaissez mes raisons, je veux constituer un dossier psychologique pour montrer que j'étais atteins d'une dépression au moment du drame. Mais encore faudrait-il en parler n'est-ce pas?" sourit-il un peu tendu. "Que voudriez-vous savoir? C'est à vous de me dire. Que je raconte l’erreur que j'ai commise? Que je remonte plus loin? Jusqu'à ma petite enfance?" demanda-t-il en rigolant un peu narquoisement.

En réalité, le problème remontait bien à son enfance. N'était-ce pas pitoyable?
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Mar 5 Jan 2016 - 20:54
Gabriel avait posé le coussin près de lui, mais il ne s'en était pas servit pour soutenir son dos. Le coude sur le bras du fauteuil, il soutenait sa tête avec la paume de sa main gauche. Il attendait la réponse d'Eliott, il observait et notait la moindre de ses réactions. Il connaissait déjà quelques réponses ; toutefois, il ne devait pas laisser sous-entendre qu'il avait vu Icare Higgins. S'il s'était rapproché du détenu, c'était parce qu'il savait que celui-ci était en danger. Son cerveau malade constituait tout un tas de scénarios. Il n'avait pas assez de conscience professionnelle pour repousser ces idées ; des deux, il voulait voir lequel allait survivre à l'autre. S'il armait Eliott, il était certain qu'il pourrait lui donner la victoire. De plus, il le préférait à Icare. Gabriel ne le niait pas, et l'assumait. Au fond de lui.

« Si je me souviens bien, vous avez justement refusé qu'on vous diagnostic comme dépressif. »

Un constat. Gabriel se doutait des raisons d'Eliott, il ne les critiquait, il voulait l'encourager à admettre ce qui le faisait mal. Ce qu'il avait refusé de voir à ce moment-ci, et ce qu'il préférait se cacher présentement. Il plissa le front, puis il changea enfin de position. Il se déhancha moins, surtout ; son talon restait collé à son genou, il s'était redressé. Ses doigts effleuraient ses lèvres, tandis qu'il réfléchissait à la situation de son patient. Pensif, c'était le mot. La « récréation » était terminée, ils devaient tous les deux entamer de longues discussions. Eliott le détesterait, il pouvait le deviner. Il aurait ses raisons. Mais cette douleur, cette confrontation lui seraient nécessaires. Il ne verrait que plus tard tout le bénéfice qu'il aurait créé.

« Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ? »

Icare ? Parce qu'il voulait fuir Icare ? Parce qu'il se rendait compte que son confrère n'avait pas eu complètement tort ? Gabriel avait conscience que sa question était dangereuse, qu'elle pourrait créer des tensions entre Eliott et lui. Toutefois, elle était nécessaire. Eliott devait admettre les choses, tout doucement, petit à petit. Il lui donnerait le temps nécessaire, il ne le forcerait jamais ; lui, il avait du temps devant lui. Ce qui n'était pas le cas d'Eliott. Lentement, Gabriel devait se plonger dans les ténèbres des frères Higgins, s'imprégner de ce qui les avait étranglés dès leur plus jeune âge. Une enfance dramatique, d'ailleurs, quoiqu'il s'en émouvait pas. Des histoires aussi sordides, ce n'était pas si rare.

Conscient qu'Eliott pouvait mal réagir, Gabriel ajouta :


« Je me doute qu'aborder cela est désagréable. Je suis là pour vous aider à progresser, mon but est de vous soulager, Eliott, je ne vais pas vous forcer à me parler ce dont vous ne voulez pas parler. »

Pour le moment, Gabriel savait que cela viendrait plus tard, lorsque son patient serait prêt.

« Alors je dois vous demander de vous montrer sincère avec moi. De ne pas me mentir, cela ralentira votre progression, et risque de me faire faire des erreurs. »

C'était difficile d'admettre qu'il pouvait se tromper. Cependant, Gabriel savait ajuster son point de vue en permanence pour correspondre à celui de son entourage. C'était pour cela sans doute qu'Eliott le trouvait « parfait », parce qu'il s'adaptait autant que possible. Il avait plusieurs visages, tout comme Eliott, tout comme Andrea, la différence, c'était qu'il n'en montrait qu'un ou deux. Les gens pouvant se targuer de réellement le connaître... Gabriel n'en trouvait pas. Celeste sans doute en savait un peu plus sur lui, mais pas assez pour comprendre ce qu'il était. Ce qu'il cachait.

Gabriel avala une gorgée de café. La pièce s'était considérablement refroidie, si bien qu'il en tressaillait par moment. Il regardait Eliott pour savoir s'il en était indisposé, afin de la fermer ou non. Il reposa délicatement la tasse sur la table, appréciant d'ailleurs que le détenu ait mis un mouchoir pour éviter de la salir avec une auréole de mauvais augure.

« Pour le moment, parlez-moi de ce qui vous passe par la tête. »

Ce qui pouvait contenir tout et n'importe quoi. Le cerveau humain était amusant pour cela ; un flot continu de pensées sans lien avec les unes et les autres. Un courant de souvenir et de sensation s'échouant contre les parois, une influence permanente du monde dans une boîte difficilement ouvrable. Eliott n'était pas obligé d'aborder son passé maintenant, de même que s'il le souhaitait, Gabriel éviterait de parler d'Icare, ou d'en faire allusion. C'était à Eliott d'enclencher pour de bon le mouvement qu'il avait initié.
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Mar 5 Jan 2016 - 23:10
Le froid ne dérangeait pas Eliott malgré le va et vient des yeux de Gabriel vers la fenêtre. Il avait vécu dans la misère très jeune et avait appris à ne plus sentir les morsures du froid ou bien l'humidité ambiante qui glissait sur les fenêtres brisées. Aussi ne dit-il rien à propos de ce souffle glacé qui se positionnait entre lui et le psychologue.

Son thé était froid et le sucre devenait plus mordant en gout ce qu'adorait le détenu qui le finit d'une traite avant de croiser à nouveaux les doigts, pensif.

Ils étaient entré finalement dans le vif du sujet n'est-ce pas? Il n'y avait plus moyen de reculer. Ou plutôt si... Mais la conduite de fuite était loin derrière lui et minuscule maintenant et cela lui couterait trop d'effort que d'aller dans sa direction. Il choisit donc d'aller de l'avant,  de rencontrer d'avantage Gabriel qui, maintenant, cherchait à faire dire à Eliott les clefs de quelques mystères. C'était une sorte de jeu. Par réellement des échecs, cela n'était pas à un si haut niveau. Disons plutôt une partie de petits chevaux ou la chacun pouvait amener l'un à dépasser l'autre. Mais ce que Gabriel ne savait pas sans doute, c'était qu'Eliott avait vécu avec des faux semblants toute sa vie et que les variations légères du comportement du psychologue, le détenu les percevait comme si elle hurlaient... Il avait donc le même avantage que lui dans la partie.

"- Changer d'avis? Je pense que je suis loin maintenant des complots tarabiscotés de mon avocat. Il a perdu la charge de mon dossier. En faisant maintenant appel avec l'aide d'un vrai professionnel, j'aurais un jugement peut-être sévère mais j'aurais surtout ce qu'il faut...Non, ce qu'il convient"

C'était honnête. Il fallait le préciser puisque Goodman parlait d'être honnête. Mais ce n'était pas aussi simple. La deuxième raison manquante à l'appel était que depuis quelques semaines ils souhaitait partir à cause de LUI. C'était une question de survie...

Après avoir essuyer les règles de Gabriel, Eliott sourit et fouetta l'air de la main comme pour chasser ce gourmandage. Il leva les yeux au ciel et répéta:

"- Ce qui me passe par la tête"

Il se pris au jeux... Naturellement, et regarda Gabriel droit dans les yeux pour jouer avec son détecteur de mensonges intégré.

"- Je pense que vous allez mal dormir ce soir Gabriel, à cause de votre dos..."
il le pointa d'un hochement de tête. " Je pense aussi que vous ne supportez pas le contact. Vous vous rapprochez sans jamais toucher et tout à l'heure quand nos doigts se sont effleurés je vous ai vu légèrement tressaillir..."

Il leva les mains en apostrophe.

"- Rassurez vous je ne supporte pas ça non plus..."

Eliott se repositionna. Quoi d'autre?

"- Je pense que vous êtes un drôle de type sympathique malgré votre air froid et que malgré la peur que m'inspirent ces séances j'ai plus d'espoir que jamais."


Il regarda le sol, regrettant un peu ce qu'il venait de dire puis releva les yeux.

"- Je pense que les cravates bleues vous iraient mieux."


il sourit en pointant la rouge qu'il avait roulé avec application.

"- Je pense que ce bureau serait super avec du sable au sol, niveau détente ce serait du luxe. Je pense aussi que votre thé mériterait un nuage de lait mais c'est déja très bien comme ça. Je pense que la séance prend aussi une nouvelle tournure..."


Le silence.

"- Je pense que vous brûlez d'envie de comprendre le "cas Higgins"..."

Voilà... Il l'avait dit. Ce magnifique double sens. Eliott avait avancé son pion, jeté son dé un peu fort, un peu loin, mais la partie le grisait et il oubliait quel chiffre il faisait. Il avait toute sa vie été comme ça. Telle une flamme qui vacillerait au moindre souffle émotionnel. Maintenant, il brûlait d'envie de connaître la suite.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Mar 5 Jan 2016 - 23:48
Gabriel ne s'était pas imaginé une telle réaction de la part d'Eliott. Il avait l'impression que son patient ne racontait pas vraiment ce qui lui « passait par la tête », mais plutôt qu'il voulait « jouer au psychologue », afin de le berner. Il se contenta de froncer les sourcils, souriant parfois, lorsqu'il l'amusait par ses réflexions. Il le prenait plus avec humour, au lieu de se sentir agacé. Ce n'était pas la première fois qu'on essayait de lui renvoyer son jugement, et de s'y déroger au sien. Un moyen de se réaffirmer selon lui. À moins que pour Eliott, il s'agissait réellement d'un jeu ? Avec l'ombre du sourire au coin des lèvres, Gabriel se contenta de se défendre au fur et à mesure.

« Je vous tiendrais au courant pour mon dos. »

S'il arrivait à dormir. Enfin, c'était le rôle des somnifères pour l'assommer suffisamment, et le plonger dans un profond sommeil. Le souci, c'était qu'ils se montraient moins efficaces depuis qu'il travaillait ici. Parce que son corps commençait à s'adapter, tout simplement. Son travail ne lui procurait pas d'anxiété particulière, ce n'était pas si différent de l'entreprise. La différence, c'était que même s'il devait faire ses preuves, il n'était pas sous la surveillance de Monsieur Armand, et que par conséquent, il ne cherchait pas à plaire. Concerlent l'effleurement, il ne fut pas étonné qu'Eliott n'aimât pas le contact, son attitude de lui avait clairement montré. Pour sa part, il ne le détestait pas particulièrement, il n'était pas tactile, voilà tout. Sa mère l'avait pourtant fort bichonner avant qu'il n'atteigne l'adolescence, profitant qu'il soit suffisamment jeune pour que ses gestes affectueux ne l'importunent pas. Il ne se rappelait pas avoir tressailli d'ailleurs. Il n'aimait pas le contact masculin, c'était cela la vérité. Il n'aimait pas être une proie, et c'était ce que son patron lui avait fait sentir en le touchant. En était-il de même d'Eliott ? Se demanda-t-il. Même si Gabriel méprisait les homosexuels, il n'était pas dupe ; dans un tel milieu, la sodomie — sans consentement — était une norme. Qu'Eliott se rassure, ils allaient devoir parler de sa sexualité à un moment ou un autre.

« Je n'aime pas les motifs. Je retiens le conseil pour la prochaine fois. »

Consentit-il à révéler à propos d'un sujet aussi trivial que les cravates. C'était peut-être la seule chose qu'il avouerait. Gabriel ne se laisserait pas avoir par ses sentiments, ou vouloir entretenir une amitié avec son patient. C'était une chose dangereuse. Il pouvait ressentir de la sympathie, une forme d'affection, mais jamais plus. S'il s'impliquait émotionnellement, il devrait changer de carrière. La notion de transfert devait aller dans un seul sens, mais elle ne devait certainement pas venir de lui. Il devait rester sur ses gardes vis-à-vis de ce qu'il ressentait. Puis, lorsqu'Eliott acheva sa tirade, Gabriel secoue la tête. Il répéta :

« Je brûle d'envie de comprendre le cas Higgins ? Le jeune homme laissa échapper un léger rire. Ne me pensez pas si passionné pour en “brûler”, Eliott. »

Ce qui était vrai. Gabriel n'était pas quelqu'un soumis à ses passions. Il ressentait trop peu d'émotions pour être surpris par ces dernières. Si le « cas Higgins » l'intéressait, c'était au même titre que les études qu'il avait pu lire. Une approche modérée et scientifique. Malgré tout, il restait un chercheur de l'esprit humain.

Cependant, Gabriel ne nia pas qu'il était intrigué par eux. Moins par Icare, il cernait le problème, il devait en trouver la source.

Avant de répondre totalement à Eliott, le jeune homme se releva, et prenant la tasse de son patient, il alla lui refaire un autre thé. La bouilloire siffla pour la troisième fois dans son bureau, Gabriel nettoya la tasse avec un mouchoir qu'il jeta dans la poubelle, puis une fois que l'eau fut prête, il demanda :


« Si je vous rajoute du lait, reprendrez-vous du sucre ? »

Et selon la réponse d'Eliott, Gabriel en mettrait ou non. Une fois fait, il lui apporta son thé à la verveine avec un fin nuage de lait surplombant la mare brunante. Il se reposa ensuite dans le fauteuil. Au passage, il s'était refait du café.

« Cependant, c'est de vous qu'on parle, Eliott, fit-il en fermant les yeux pour boire une gorgée de son café en se brûlant la langue ; il grimaça, les rares fois où il pouvait être impatient, c'était pour une telle chose. Votre frère ne m'intéresse pas. »

Andrea lui avait été plus facile à cerner qu'Eliott. Les deux faisaient partie d'un ensemble, pourtant Gabriel les dissociait. Là était leur paradoxe.
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Mer 6 Jan 2016 - 11:19
"- Fort bien" s'exclama Eliott en frottant ses mains l'une contre l'autre avant de saisir son thé avec son petit lait flottant.

Gabriel Goodman avait clairement passé le test que redoutait Eliott. Jamais aucun psychologue ne s'était encombré de lui pour comprendre son frère. Cette fois-ci, il sentait qu'il avait trouvé la perle rare et en plus de ça, il en était maintenant certain.
Oh bien sur, lui faire parler de LUI serait clairement une autre paire de manche. Cela voudrait dire qu'il faudrait passer par de nombreuses choses douloureuses et enfouies qu'il ne souhaitait pas déterrer comme on déterre un cadavre vieux de plusieurs années. Cela sentirait surement la putréfaction et le regret... De quoi vous rendre malade.

Eliott congratula le psychologue grâce à un sourire et bu son thé maintenant adoucit par le lait. Un vrai délice auquel il n'avait pas eut droit depuis bien longtemps ce qui le rendit d'autant plus savoureux.
Il sentait le regard de Goodman sur lui. S'était-il sentit vexé d'être ainsi questionné. Oh il ne fallait pas le voir comme ça. C'était une agréable partie. Eliott avait lancé le dé en tentant une rixe et avait finalement fait un beau 6 qui le faisait passer devant.

"- C'est bien meilleur avec du lait merci."

Il but la moitié et reposa la tasse là où avait finit toutes les précédentes. Il croisa à nouveaux les doigts et les fit craquer comme à son habitude. Le vent agitait ses mèches brunes devant ses yeux avec violence car l'orage à venir secouait un peu plus fortement les nuages que tout à l'heure. L'esprit de tempête, Eliott l'adorait et se sentit donc d'avantage en paix.

"- Si vous voulez parler de moi je ne saurais pas par où commencer. J'ai plutôt l'habitude de répondre aux questions..."

Il plaqua son index sur ses lèvres en signe de réflexion.

"- Si je devais raconter ça comme un livre... Voyons peut-être... Mmmh.  Je suis le second d'une famille éclatée. Mon père était toujours en prison et ma mère ivre morte... L'argent des allocations et des assurances servaient à payer son wisky. Au moins grâce à cela je n'ai jamais eut envie de me saouler." glapit-il joyeusement avec un un clin d'oeil.

Eliott préférait être drôle, c'était plus intéressant que de larmoyer. Il n'en voyait pas l'intéret et avait de toute façon, toujours du vivre positivement pour survivre... La seule fois où il avait succombé au désespoir l'avait amené droit ici.

"-J'ai décidé de faire du droit car ça payait bien et j'étais persuadé d'en avoir les capacités. Ce fut le cas. Malheureusement tous mes sacrifice ne servirent à pas grand chose puisque je manquait d'argent pour financer la fac. Sous une influence mauvaise j'ai donc fait un coup pour avoir des quantités d'espèces et partir... Je voulais aller en Europe pour devenir juge infantile... Et puis ça a mal tourné et me voici ici..."

C'était clairement évident. Eliott avait gommé de sa courte vie résumé la présence de son frère. Mais le plus intrigant, c'était qu'en racontant son histoire, alors qu'IL était parfois la motivation de tel ou tel acte, il avait complètement oublié sa présence. Eliott ne s'était rendu compte de rien par habitude d'obstruction.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Mer 6 Jan 2016 - 12:51
Gabriel aurait bien rajouté un sarcasme au tableau familial qu'Eliott lui avait dépeint, mais la délicatesse et la politesse l'encouragèrent à se taire. La voix du jeune homme lui parvenait en murmure, le vent grondait contre les fenêtres, et soufflait fort même dans le bureau. En effet, le temps se dégradait ; la lumière baissait considérablement, tandis que les nuages avalaient le soleil. Bizarrement, ce climat tempétueux semblait détendre Eliott, et l'encourager à lui parler. Peut-être parce que cela correspondait à sa personnalité ? Gabriel restait plutôt indifférent à l'orage ; il n'aimait pas la pluie — il la détestait —, et songea que son parapluie l'attendait dans la voiture. Traverser l'averse n'était pas une option, et voir ses cheveux boucler à cause d'elle l'irriterait.

Oui, Eliott ne le mentionne pas. Il spécifia qu'il était le « cadet ». Sans doute le seul point qu'ils entretenaient tous les deux ; Gabriel savait ce que cela faisait d'être « le plus jeune ». Au fil du récit de son patient, Gabriel essayait de placer son âge. Eliott était son aîné de trois ans, s'il ne faisait pas d'erreur. Lorsqu'il mentionna qu'il avait flanché pour ses études, le psychologue compris que cela avait été par choix. Son frère devait déjà être riche à cette époque, Eliott avait dû chercher à s'émanciper. Il n'avait par conséquent pas besoin de lui poser la question. La pluie commença à tomber.

Gabriel porta le café à ses lèvres. Il sembla réfléchir aux questions à poser. En réalité, il éliminait une par une celles qu'il considérait trop dangereuses. Il caressa ses lèvres avec le bord de la tasse, songeur, puis s'arrêta dès que la caféine pénétra sa gorge.


« Je suppose que si vous vouliez devenir juge pour enfant, c'est en regard avec ce que vous avez vécu ? »

La forme était une question, le fond non ; cela permettait seulement à Eliott d'approfondir ce point de son histoire. Eliott étant plus jeune avait dû croire en la justice et l'ordre ; en cherchant à la pratiquer lui-même, il avait peut-être rêvé pouvoir sauver les « pauvres gosses comme lui ». Gabriel ne commentait pas ce point, mais cela ne l'empêchait pas de réfléchir. Il était bien placé pour savoir que pour réussir dans tous les milieux, il fallait des relations, un nom, et de l'argent. Au final, le charisme, et le professionnalisme n'étaient pas si importants. Eliott aurait peiné à s'en sortir, mais il aurait pu faire de grandes choses. L'exemple type d'un passé gâché par un tiers, ou par des émotions.


« Que s'est-il passé, exactement ? »

Gabriel parlait du soir où Eliott s'était laissé happer par le crime.

« Si vous le voulez bien, racontez-moi en détail. »

Le psychologue s'intéressait moins aux évènements, il s'attarderait sur les souvenirs de son patient. Sur son ressenti. La mémoire jouerait un grand rôle, certes, mais pas sur les détails ; les hommes avaient tendance à réinterpréter leurs souvenirs au fil du temps. Peut-être que la version d'Eliott ne concorderait pas avec le dossier. Gabriel l'avait eu entre ses mains, toutefois, c'était maigre pour raconter l'histoire d'un homme. Son confrère avait justifié le comportement de son patient en jugeant d'abord le milieu dans lequel il avait grandi, chose importante — Gabriel l'admettait —, mais cela restreignait les possibilités. La volonté surpassait l'éducation ; il l'avait constaté avec son propre frère aîné, qui malgré des années à être dressés pour devenir l'homme parfait, avait fini par s'enfuir sans jamais donner de nouvelles. Son père le considérait mort, sa mère n'en parlait pas. C'était comme si Michael Goodman n'avait jamais existé.


« Lorsque vous dîtes que votre père était tout le temps en prison, qu'entendez-vous par là ? Avait-il une lourde peine ? Ou bien commettait-il en permanence de petits délits ? »

L'orage grognait dehors. La pièce s'était considérablement obcursie. La pluie s'éclatait contre les fenêtres du bureau, l'air froid devenait glacé, au fur et à mesure que les nuages englobaient la prison. Ils se teignaient de gris, de noir de bleu, une peinture à peine achevée sur laquelle un peintre se serait contenté d'écraser son pinceau. Ses mains étaient gelées. Malgré la tasse de café, Gabriel n'arrivait pas à les réchauffer, et le souffle du vent contre sa peau le faisait frissonner de plus en plus. Il frotta sa nuque pour en effacer la caresse brutale, d'ailleurs, puis il demanda à Eliott :

« Puis-je fermer la fenêtre ? »

Il se renseignait sur son état, même si l'averse se faisait de plus en plus virulente. Il n'attendait pas de réponse négative, pourtant il ne se leva pas. Il cherchait d'abord le consentement d'Eliott.
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Mer 6 Jan 2016 - 14:37
En regard de ce que vous avez vécu...

Cette phrase résonna dans l'esprit d'Eliott. Il n'était pas dupe. Bien sur qu'il avait voulu faire cet emploi en raison de ce qu'il avait vécu. Il s'était même tant imaginé dans ce rôle, que la case prison n'était qu'une barrière à franchir pour lui. Oh bien sur il n'était pas idiot. Il savait que pour être juge il fallait avoir un casier vierge. Alors il avait reconsidéré les détours mais pas le chemin. Au final, il avait conclut qu'il pourrait devenir avocat pour mineur. Il en avait même parlé à Harvey ce qui avait achevé de concrétiser son ambition. L'infirmier avait approuvé gentillement.

"- Bien sur, comme beaucoup font des choix de carrière influencé par le domaine familial... Personne n'y échappe n'est-ce pas?" trancha-t-il avec un sourire un peu trop sarcastique en regardant monsieur Parfait boire son café.

Eliott repris sa tasse et termina le sucre qui baignait dans le thé tout au fond. Il soupira d'aise et tendit le thé à Goodman cette fois-ci sans en redemander un autre. Trois tasses étaient tout de même suffisant.

"- Mon père était un receleur notoire... Du moins pour ce que je sais. Il partait, allait revenait. Et quand il revenait c'était toujours pour faire du mal autour de lui..."

Eliott savait pertinemment qu'on lui avait caché la vérité et que ce que devait commettre son paternel avait du être encore pire que cela. IL le protégeait étant petit ce qui expliqua que pendant des années il fut aussi aveugle q'un infirme concernant les relations familiales dans lesquelles il vivait. Mais cela expliqua aussi pourquoi il voulu se dégager de son protecteur. Car peu à peu la protection devint un prison étouffante. Eliott se rappelait le soir où il avait été accepté à une université déconseillée par son frère et qu'en plus il avait trouvé un appartement... Crasseux, miteux... Mais un studio rien que pour lui. SA colère avait été telle que même sa mère en avait eut peur un instant. Mais le détenu à l'époque n'avait pas flanché et c'était là qu'il s'était rendu compte qu'il était devenu assez grand pour couper ses ailes.

"- Après, je n'ai sans doute pas été très malin non plus en faisant ce braquage de banque. En réalité je ne voulais de mal à personne, je voulais juste vider un compte bien précis et m'en aller... Mais le policier de gars s'est interposé et la situation m'a échappé."

Et quelle échappatoire! Le pauvre homme, père de deux filles et mari d'une dame aimante était morte de la balle du pistolet d'Eliott...
Cette glissade avait eut une raison précise. Mais Eliott cherchait à l'enfouir comme le reste... Il avait du mal à y penser alors la raconter... Surement qu'il aurait la gorge serrée, les pupilles légèrement dilatées... Ou alors il se mettrait en situation de stress intense...

"- Vous n'avez qu'à lire mon dossier pour plus de détail" s'échappa Eliott.

Il regarda alors instinctivement vers l'endroit vide ou trônait auparavant sa tasse. Nerveux. Il aquiesca lorsque Goodman demanda à fermer la fenêtre mais son regard resta scotché à la vitre, disant adieu au souffle glacial qui le calmait tant.

"- Heureusement que je ne sors pas par temps de pluie, mes je me retrouverais bardé de coloration noire" ironisa le détenu pour se détendre lui même en faisant référence à sa coloration bon marché.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Mer 6 Jan 2016 - 15:40
« Ce n'est pas vrai tout le temps. »

Répondit Gabriel à propos de la carrière d'Eliott. Dans le cas de son patient, cela était certes vrai. Enfin, ils pourraient en parler longtemps, songea-t-il, mais cela ne lui serait pas inintéressant. Eliott n'était pas stupide, il était peut-être même plus fin que son frère. Au moins, il ne s'attardait pas longtemps sur ses préjugés. Andrea manquait de clairvoyance, sa vanité jetait comme un voile sur lui, si bien qu'il sous-estimait les autres. Surtout lui. Même si cela l'agaçait, car les séances qu'il avait avec lui étaient fortement ralenties, il ne s'en impliquait pas. Que ce fût lui ou un autre, le même traitement aurait été servi par l'aîné des Higgins. N'est-ce pas ? Ou bien comme pour le plus jeune, quelque chose chez lui les retenait ? Concernant Eliott, cela avait eu l'air de se calmer. Le pouvoir d'un excellent thé pris dans une jolie tasse, sans doute, estima-t-il non sans humour.

Tous les deux dressaient plus ou moins le même portrait de leur père. Selon Andrea, leur père était mauvais par nature. Eliott avait ajouté qu'il « faisait le mal partout autour de lui » ; un père violent, donc, bourru, et une pauvre mère désespérée. Oui, leur enfance ressemblait à un scénario dramatique. Gabriel plissa le front en essayant de se mettre à la place de son patient, ressentir ce qu'il avait ressenti face à un tel homme. C'était peut-être en partie à cause de lui qu'il voulait « sauver » les enfants malheureux, issus de familles défavorisées. Amusant, on ne faisait pas de choix totalement indépendants. Il y avait toujours quelque chose qui poussait l'orientation de quelqu'un. Un « choix », ce n'était qu'un mot, et ce mot n'exprimaient pas la réalité. On n'était jamais libre.


« Les évènements vous ont échappé, fit-il en se levant doucement. Je peux imaginer l'état de stress dans lequel vous étiez, et puis je ne sais pas comment j'aurais réagi à votre place. Si un policier aurait braqué une arme sur moi. Vous ne pouviez pas savoir. »

Avec beaucoup de calme, sans doute ? Gabriel alla fermer la fenêtre, coupant court au souffle du vent. Ensuite, il alluma la lumière ; il faisait tellement sombre que les fauteuils et le bureau étaient devenus des ombres. Le climat était devenu étrange ; cela lui rappelait ces après-midi orageux qu'il avait passé enfant, dans la maison de son père. Lorsque la télévision se coupait, ou qu'il devait réviser, mais que le manque de luminosité arrêtait tout. Une ambiance à la fois chaude et froide, avec le vent grondant contre les fenêtres. En se rasseyant, Gabriel reprit sa cravate, il la lissa, et la reposa.

« Un dossier ne donne pas d'information. Souvent influencé par l'humeur de son auteur, il n'apporte rien. »

Si Eliott comptait fuir de cette façon, Gabriel apprécierait qu'il le fasse plus subtilement. S'il devait s'en tenir au dossier que son confrère avait écrit, il devait considérer Eliott comme un névrosé, un dépressif qui refusait de l'admettre, et un pauvre gosse malheureux. Ce n'était pas un peu réducteur ? Gabriel reprit la tasse, et les coudes posés sur le bras du fauteuil, il réfléchit à la suite. Eliott avait précisé qu'il voulait braquer un compte précis, duquel s'agissait-il ? Celui de son frère ? Dans ce cas, il ne se serait pas rendu compte que c'était comme réaffirmer le pouvoir qu'avait eu Icare sur lui. Il avait eu besoin de son argent ? Gabriel ne savait pas comment aborder ce point ; il viendrait plus tard.

« C'est pour cela que je préfère connaître votre point de vue. »

On ne le fuyait pas aussi facilement. Gabriel lui sourit, afin de se montrer réconfortant, et ne pas alerter Eliott. Il n'avait pas d'arrière-pensée à son égard, il se laissait juste intrigué par son patient. Il se demandait d'ailleurs si comme lui, Eliott n'avait pas vécu dans l'ombre d'Andrea. Après tout, l'aîné avait de quoi le mettre mal à l'aise. Andrea était un homme d'affaires, malgré sa petite taille, doué et intelligent. Avait-il eu des complexes à être le plus jeune ? À moins que lui, Gabriel, eût été le seul à ressentir cela ? Il laissa cette pensée s'envoler avec les autres.

« Qu'avez-vous ressenti, lorsque vous avez tiré sur le policier ? »

Pourquoi ce geste ? La peur, le stress, ces deux éléments suffisaient à expliquer le geste d'Eliott. Toutefois, était-ce vraiment cela qui l'avait poussé à bout ? Tout un tas d'éléments lui disait que non, c'était plus compliqué.
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Jeu 7 Jan 2016 - 10:23
Le psychologue évinça la solution du dossier et retomba sur Eliott comme un chat sur le planché, avec une facilité déconcertante.
Le jeune détenu compris qu'il n'allait pas y échapper et lâcha un soupir de renoncement plutôt bruyant et énervé. Encore plus car Gabriel toucha directement le point sensible de l'histoire.

Ce qu'il avait ressentit ? Eliott ne le dirait pas. Tout simplement parce qu'il ne pouvait pas. Le détenu n'avait pas le souvenir d'avoir tiré, ni celui de viser, ou encore celui du frisson que provoquait une détonation aussi tonitruante que la poudre explosant au contact de l'air et le revers du coup du pistolet.

"- C'est justement le problème. Je ne sais pas..." avoua-t-il. " C'est le blanc total et donc, pour constituer le dossier, on a du se baser sur les témoins oculaires. Or vous savez que les témoins visuels sont peu fiables..." sourit-il un peu déçu.

Oui déçu car lui-même aurait voulu connaître le fin mot de l'histoire et hélas, il ne le pourrait jamais.

"- Certains ont dit que j'avais tiré froidement, d'autres que j'avais paniqué, certains que je n'étais pas dans un état normal... Je vous laisse choisir la version que vous préférez..."

Eliott lui, n'avait encore dans sa mémoire que l'éclat du couteau qu'il avait vu en face de lui, tenu par le vigile qui n'avait conservé que cela après avoir été désarmé et début du hold-up. C'était tranchant. Le reflet de la lame l'avait coupé comme pour de vrai...

Eliott fut pris d'un frisson qui glissa sur toute son échine sans qu'il n'y puisse rien. C'était ainsi, certains épisodes de son enfance l'avaient à jamais marqué au fer blanc et parfois, il perdait le contrôle de lui-même. Il avait peur de cet état qu'IL lui avait causé. Eliott pensait parfois qu'IL avait réussit à le rendre comme LUI. De quoi effrayer n'importe qui.

"-Gabriel je pense que vous vous posez de nombreuses questions sur cette histoire mais croyez moi, si il y a bien une chose sur laquelle je ne plaisanterai pas, c'est cette absence de mémoire. C'est pour cela que je pensais plaider pour un état de stress dépressif. Je pense que ceci aurait pu expliquer cela..."

Moyennent quelques vérités.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Jeu 7 Jan 2016 - 12:20
Eliott ne savait pas ?

Gabriel plissa le front face à cette vérité, et une fois la surprise passée, il reprit son visage neutre. Il décroisa les jambes, et posa les coudes sur les bras du fauteuil. Il noua les doigts de ses mains entre eux, jouant parfois à effleurer sa gorge avec les index. Il était intrigué. Profondément intrigué. Contrairement à ce qu'Eliott paraissait craindre, il pouvait lui trouver un tas d'explications, sans ignorer que la chose était particulièrement complexe. Cela lui rappelait un autre dossier, celui de Jared Bloom : il avait tué quelqu'un et pourtant, il ne conservait pasg le souvenir du meurtre. Le plus étonnant, c'était que dans le cas précis, Gabriel était persuadé que Jared Bloom était incapable de tuer qui que ce soit, même s'il avait eu toutes les raisons du monde à commettre son meurtre. Pour en revenir à Eliott, si l'on se demandait si oui ou non Gabriel le pensait capable d'une telle chose, c'était oui. Eliott était émotif.

Désormais, le jeune homme caressait sa mâchoire avec ses pouces. Voilà bien un élément du dossier de son patient qui lui avait manqué, à sa lecture. D'ailleurs, quand un détenu l'invitait à lire son dossier, il ne voyait là qu'une fuite ; une tentative pour se déroger de son jugement. Parce que Gabriel visait juste, et pas qu'à la chasse. Il déclara après une dizaine de secondes de silence, une fois qu'Eliott eut achevé son discours :


« Hum... il semblerait que vous ayez subi une forme de “black-out”. »

Gabriel se lécha les lèvres, le front plissé, il observait Eliott. Il allait avancer son point de vue sur l'histoire qui venait de lui être racontée ; le détenu avait le droit de ne pas partager son avis. C'était pour cela qu'il restait attentif à ses réaction
s.

« Un “black-out” se caractérise par une perte de mémoire ou de conscience, un peu lorsque vous faites un malaise par exemple, ce qui lui était déjà arrivé, même si cela n'avait pas été suffisamment violent pour qu'il oublie les derniers événements avant sa perte de conscience. Un “black-out” peut être stimulé par la prise de drogue, de certains psychotropes, ou d'alcool ; avant un coma éthylique notamment. »

Gabriel pouvait donner quelques indices à Eliott ; si ce dernier avait pris des substances qui auraient provoqué sa perte de mémoire. Le jeune homme ajouta :


« Dans votre cas, il s'agit d'une amnésie. Votre cerveau a simplement effacé votre souvenir, comme pour vous protéger. C'est un mécanisme de défense. »

Eliott avait sans doute tiré sur l'homme, mais le choc suite à cet acte avait affecté sa mémoire. Il l'avait effacé de son histoire pour se blinder, cela pouvait être aussi une forme de déni. Le traumatisme avait été trop violent, et sans pouvoir assumer d'être un « meurtrier », Eliott avait oublié cet évènement. Ce n'était pas — toutefois — ce qui était le plus étrange. Gabriel reprit la tasse de café, il constata qu'il en restait un tiers, et se promit de le boire lentement pour éviter de gâcher son précieux liquide.

« Concernant les témoins... »

Commeça le jeune homme en se redressant. Il rehaussa le col de sa chemise dans le besoin impulsif de « se retrouver ». Gabriel contrastait avec l'image qu'il avait donnée plus tôt à Eliott, lors de l'atelier de dessin, ou même au début de la séance. Il analysait avant tout ce que le jeune homme lui révélait, lui offrant des angles que ni lui ni son confrère n’avaient pu observer.

« Dans ce genre de situation, certains auraient dû se ranger vers l'avis dominant. Nous sommes constamment soumis à l'appartenance du groupe, et pour cela, nous nous rangerons — la plupart du temps — de son côté pour réaffirmer cette appartenance, au risque de se tromper. L'expérience de Asch est le meilleur exemple ; par conformisme, les témoins auraient dû se ranger d'un côté plutôt que de l'autre. »

Alors pourquoi y avait-il deux groupes distincts ? C'était comme si Eliott s'était dédoublé, montrant une facette de sa personnalité plutôt que l'autre aux deux groupes de témoins. À moins qu'il eût présenté en l'espace de quelques secondes deux personnalités distinctes ? Une angoissée ? L'autre froide ? Ou bien, les témoins avaient été influencés par autre chose, qui avait de rapport avec ceux accompagnant Eliott, mais pas avec lui directement. S'il voulait connaître la vérité, Gabriel devait enquêter auprès de ce groupe de témoins. Et si... Eliott n'avait pas tiré sur ce policier ? Cette hypothèse n'était pas à exclure. Gabriel ne remettait pas en cause les possibilités, même les plus « saugrenues ».

« Et concernant votre dépression... »

Le jeune homme termina sa tasse de café, il n'avait plus de quoi occuper ses mains, désormais.

« Avant cet événement, aviez-vous de l'appétit ? Faisiez-vous de l'insomnie ? »
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Jeu 7 Jan 2016 - 14:11
Gabriel se remit en état de réflexion intense, redressant alors sa position et son col, ce qui fit reculer Eliott dans son fauteuil.
Bon sang pouvait-il arrêter plus de 5 minutes de se tenir comme si il avait un balais dans le c**? Rumina-t-il intérieurement avant de se dandiner dans son siège afin de trouver lui-même une position plus confortable et oublier cet état de fait.
Il avait réussit à s'habituer à Gabriel Goodman mais il semblait que le psychologue avait un instinct aussi droit qu'un cintre qui revenait à plein galop lorsqu'il était intéressé par quelque chose.

Alors qu'Eliott balayait une poussière sur son dossier, il rit en grimaçant en entendant le mot "drogue".

"- Sachez Gabriel que vous pouvez éliminer cette hypothèse" ordonna-t-il presque en faisant voler la poussière d'un claquement de doigt, loin de lui "Je suis depuis mon plus jeune âge tant battu par les drogués que j'ai toute substance hallucinogène en horreur!"

Eliott n'aurait pas souhaité lui parler aussi sèchement mais la position de Goodman le faisait à nouveau devenir froid envers lui. De plus le fait d'être assimilé à un junki l'avait clairement froissé voir énervé. Il savait qu'il était en prison mais les généralités n'étaient pas des vérités et il croyait Goodman suffisamment intelligent pour ne pas tomber dans ce piège.
Et maintenant qu'il avait commencé à le redresser ce monsieur de nouveau Parfait, il continua sur sa lancée.

"- Je crois que vous assimilez le Black out à un refus de réalité qui vient plus tard... Mais ce que vous ne comprenez pas... C'est que ça m'est arrivé sur l'instant. A un moment j'ai vu la lame et une seconde plus tard j'entendais des cris autour de moi tandis que cet homme..."

Il déglutit...

"- Cet homme gargouillait dans son propre sang et que l'arme responsable de ça était dans ma main... Les témoins ont insisté sur mes troubles, sur le fait que je ne savais pas ce qui se passaient et d'autres étaient convaincus du contraire mais moi..."

Il fronça les sourcils et regarda sincèrement Goodman, un peu tendu face au psychologue javellisé.

"- Je n'ai pas oublié... Je n'étais même pas là..."

Il se redressa, soulagé, étrangement. C'était comme une inquiétude, un poids sur la conscience qui s'enlevait. Il avait du mal à regarder Goodman dans les yeux mais il continua, finalement heureux d'en avoir un peu trop dit. C'était bien étrange. Il s'était attendu à le regretter amèrement mais peut-être que toutes ces questions sur ce soir là avaient besoin, pour disparaître, qu'il explique à quelqu'un ce qui s'était réellement passé, même si il ne disait pas clairement qu'il savait pourquoi ça s'était passé.  

"- De l’appétit? J'ai toujours mangé comme un oiseau mais ça allait. Je ne dormais pas beaucoup mais vous vous doutez bien que le stress d'un premier délie, en plus aussi gros, m'avait coupé l'envie de dormir... Et puis... Je m'inquiétais aussi de la suite que prendrais les évènements..."

Les nuits d'avant, il avait fait des cauchemars sordides lui rappelant le passé. Il avait eut aussi peur que tout échoue et qu'IL le rattrape quelque part avant de le ramener pour toujours...
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Jeu 7 Jan 2016 - 15:25
« C'est pour cela que j'ai parlé de psychotropes, répliqua le jeune homme avec son calme habituel face à la réaction d'Eliott, il s'agit de médicaments, spécifia-t-il. »

Eliott se sentait-il insulté parce que le parallèle à la drogue le comparait à son père ? Cela n'avait pas été son attention, Gabriel n'avait fait que lui expliquer les possibles origines de son amnésie. Il ne donna pas plus d'information toutefois sur la prise de psychotropes, estimant qu'il n'avait qu'à le lui demander s'il désirait en savoir plus. Il ne se dépareilla pas de son calme, mais cette réaction pouvait l'amener à croire qu'Eliott avait peut-être pris quelque chose, et que ce « quelque chose » avait influencé sa mémoire. Lorsqu'on se défendait ainsi, c'était qu'on avait quelque chose à se reprocher, non ? Ou bien, il se trompait, et il s'agissait d'une réelle amnésie. Il ne savait pas s'ils venaient tous les deux de faire un pas en avant, ou un arrière ; en réalité — et le psychologue le verrait plus tard —, c'était un léger pas en arrière précédent une grande enjambée.

« Je n'ai pas dit que c'était un refus de la réalité. Vous avez subi une amnésie, Eliott, elle peut avoir plusieurs sources ; je n'avance que des pistes, fit-il toujours aussi calme, comme si cela pouvait influencer Eliott, et l'éloigner de sa crainte, de ses angoisses. Habituellement, une amnésie est provoquée par un traumatisme, il peut s'agir d'une chute violente, d'un symptôme... le souvenir en question est peut-être en vous, mais votre mémoire vous en a protégé. Ce ne sont que des théories, et je ne remets pas en cause ce que vous avez vécu. »

Non. Gabriel devait en chercher la source, aider Eliott à retrouver sa mémoire. Il se garda de dire que ce qui provoquer ce genre d'amnésie était une autre personnalité prenant le dessus sur l'autre ; Eliott avait dû l'expérimenter avec son frère. Le plus déroutant avec le Trouble de Dissociation de l'Identité, c'était qu'une personnalité pouvait être droitière, l'autre gauchère ; elles ne conservaient pas les souvenirs vécus par l'autre personnalité. C'était plusieurs êtres distincts dans le même corps. Eliott sembla se calmer, ou du moins, mettre des mots sur ce qu'il s'était passé semblait pouvoir le libérer. Pas totalement encore, Gabriel ne s'attendait pas à un miracle. Il savait qu'ils devaient parcourir un long chemin encore.

« Qu'est-ce qui vous fait penser que vous n'avez rien oublié ? Que vous n'étiez pas là ? »

Répéta-t-il. Gabriel ne savait pas si Eliott ne comprenait pas ce qu'une amnésie provoquait, ou s'il y avait réellement autre chose, et que lui ne le percevait pas. Cette réponse de la part de son patient serait la plus importante, car elle pourrait lui donner une indication sur le coeur du problème. Gabriel se releva pour prendre la tasse de café, et il fit sur le ton de la confidence, afin qu'il comprenne mieux ce qu'il voulait dire :

« Dans mon cas, par exemple, lorsque je fais un malaise... il reconnaissait une partie de ses faiblesses, les crises d'hypotension qu'il refusait de prévenir, songeant que son corps devait se plier à sa volonté, et que je me réveille quelques minutes plus tard, je n'ai pas de souvenir. J'ai la sensation qu'il manque quelque chose, entre le moment où je me sens tiré vers le sol, et celui où je me réveille. Ressentez-vous ce manque, Eliott ? Dans votre mémoire ? »

Gabriel rapporta leurs tasses sur son bureau, et fit signe à Eliott en lui désignant la sienne, afin de savoir s'il désirait encore du thé. Selon ce qu'il lui indiquerait, il ferait bouillir l'eau ou non. Il passa ensuite la main dans ses cheveux en les ébouriffant un peu, il se colla au meuble, puis il revint au sujet de sa dépression :


« Avant même le braquage, avant même que vous décidiez de vous engager sur cette voie... dormiez-vous correctement ? Même si vous ne mangez pas naturellement beaucoup, vous auriez pu sentir un changement à ce niveau-là. Vous vous sentiez vous continuellement fatigué, dévalorisé ? »

Gabriel émettait les symptômes courants de la dépression. Pour déterminer si c'était le cas, il avait besoin qu'Eliott fasse un effort de mémoire. Il savait que ce qu'il lui demandait était difficile, qu'il le mettait face à des choses désagréables qu'il préférait oublier... cependant, c'était un mal nécessaire. Au moins, son patient semblait vraiment vouloir aller de l'avant. Ce sentiment était sans doute motivé par Icare Higgins qu'il voulait fuir. Toutefois, Gabriel préférait voir là où il y avait des positifs. Il y avait un début à tout.
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Jeu 7 Jan 2016 - 16:16
Qu'il le croit ou non, Eliott sentait qu'il planait un doute réel dans l'esprit du psychologue. Celui-ci rebondit d'ailleurs sur les médicaments mais le problème restait le même: il n'avait jamais rien pris de tel.

Il regarda toujours ses pieds, refusant de voir comment Goodman s'était à nouveau raidit et ne levait le regard que lorsque cela était nécessaire pour la conversation. Même lorsque Gabriel défournagea ses cheveux, Eliott ne put se sentir à l'aise comme auparavant. Monsieur Parfait semblait persuadé que la détente de son patient tenait à ses habits défaits et ne pouvait pas plus se tromper. C'était sa tenue physique qui dérangeait Eliott. Il pensait qu'il l'avait compris tout à l'heure mais apparemment ce n'était pas le cas.

"-Oui oui oublions et passons au reste" dit-il déconcerté en secouant la main tandis que l'autre finit dans sa poche droite.

Il s'était en fait réellement trompé sur Goodman. Ça ou alors il devait lui laisser encore une chance. Il regarda la tasse et aquiesca avant de la saisir... Sa quatrième de l'heure... Non aller, encore une chance, après tout il avait bien commencer et l'erreur est humaine non?

"- Pourquoi je vous dis que je ne pense pas que ce soit l'effet d'un stress soudain ?" répéta-t-il en hométant royalement la théorie des cachets. " Parce que... Ce n'est pas ... La première fois que ça m'arrive. Et ça s'est produit, en dehors de cercle tendu comme celui-ci..." avoua-t-il un peu perdu lui-même dans le mensonge et la vérité qu'il souhaitait coordonné.

Pitié qu'il ne pense pas que je sois comme LUI! Parce que je ne le suis pas!

"- Du sucre s'il vous plait..."

Il remua le contenue de sa tasse en silence, laissant passer un ange. Ce qu'il devait dire allait prendre beaucoup d'énergie et il se voulait prêt. Là allait commencer la deuxième et dernière chance de Goodman. Allait-il sauter sur les théories faciles auquel cas il perdrait Eliott ou allait-il chercher plus loin?

"- J'ai toujours eut du mal. J'ai toujours regardé derrière moi comme quelqu'un le ferait seul dans la rue. je l'ai toujours fait depuis les 10 ans..."

Il but une gorgée et inspira la vapeur sucrée qui montait à ses narines.

"-Dévalorisé n'est pas le bon terme. J'étais plutôt à la fois oublié, par ma mère, par tous, et trop surveillé...aussi. Au point d'étouffer... J'ai toujours eu tendance à chercher le plus pure pour me décontaminer de mon passé mais le passé rattrape toujours n'est-ce pas? Et puis, je reste humain alors même si je déteste ce qui me fait du tort, humainement j'ai pitié de ça aussi. J'ai tendance donc à être partagé, à être en équilibre avec mes principes et mes sentiments, ce qui me donne la sensation de jouer les funambules. Et lorsque je tombe de la corde, lorsque j'ai un soucis qui me rattrape... J'ai des "black out"" rit-il pour lui-même.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Jeu 7 Jan 2016 - 17:06
Même s'il dérangeait Eliott, et qu'il ne pouvait pas savoir que cela avait un rapport direct avec son maintien, Gabriel ne pouvait pas faire plus. Il avait croisé « lâchement » les jambes, ce qui semblait avoir marché, mais dès qu'il avait ressenti le besoin de changer de position en décroisant les jambes, Eliott s'était de nouveau méfié de lui. Que devait-il faire ? Mettre une perruque pour qu'il le détache de son frère ? Enfin, alors que la bouilloire termina de siffler, il apporta du lait et du sucre à Eliott, lui laissant le choix de se servir selon les quantités qu'il désirait. Sa troisième tasse de café à la main, il restait debout pour détendre un peu ses jambes et son corps. Au moins, les confidences venaient. Doucement. Petit à petit. Aux nouvelles révélations que lui faisait Eliott, Gabriel répondait :

« Je vois... »

Sans émettre de diagnostic ou d'avis. Le problème était plus profond qu'il ne le pensait. Toutefois, il ne collerait pas l'étiquette de folie à Eliott ; c'était trop facile. En prison, en asile, les médecins les utilisaient pour dire qu'il était impossible de soigner le patient sans solution médicamenteuse. Lui, il acceptait encore de se tromper. Finalement, il se rassit face au jeune homme, sentant sa nervosité, mais il ne savait pas quoi faire de plus pour l'aider à se détendre. Gabriel devait avancer sans éveiller sa méfiance, son angoisse. Et si ce n'était pas tant lui qui le gênait au fond ? Mais plutôt ce qu'il découvrait au fur et à mesure de la séance ? Cette fois-ci, Gabriel cala le coussin contre ses reins, reprenant une attitude « décontractée ».

« Vous l'avez depuis vos dix ans ? »

Si Eliott était aussi « clairvoyant » à ce sujet, c'était qu'il devait avoir un traumatisme enfoui dans son cerveau. Ce même traumatisme qui avait été initié à ses dix ans, et qui allait se répercuter plus tard. Face au policier par exemple. Pour le moment, il ne le comparait pas à Icare. Le cas d'Eliott n'était pas identique à celui de son frère ; les distinguer, c'était ce qu'aurait dû faire son confrère avec lui. Sans doute n'avait-il vu chez le jeune homme qu'un moyen de s'approcher d'Icare, et de comprendre ce dernier. L'obscurité grandissante de la pièce, les nuages recouvrant le ciel, et l'orage grondant contre les fenêtres, tout cela lui donnait mal aux yeux. Gabriel les frotta pour les aider à s'adapter au manque de luminosité.

Eliott interprétait ses questions. Lorsque Gabriel lui avait demandé s'il ne s'était pas senti dévalorisé, le détenu le rapporta aussitôt à son patient, et à sa relation avec ses parents. Cela n'avait pas été l'objectif du psychologue d'aborder ce sujet, mais il s'adapta en lui prêtant une oreille attentive. Eliott reconnaissait son instabilité émotionnelle, avec la métaphore du funambule perdant l'équilibre. Gabriel pouvait aisément faire le lien avec Icare, lorsqu'Eliot disait avoir été étouffé par son entourage, tandis que sa mère l'oubliait. Gabriel avala une gorgée de café, puis il réfléchit à la réponse qu'il pouvait donner au détenu.


« Qu'est-ce que vous que vous entendez par là... lorsque vous dîtes chercher le plus pur ? Le faîte-vous chez les autres, ou chez vous-même ? »

Ou bien pour se rassurer ? Se dire que les gens n'étaient pas complètement mauvais ; qu'il existait une petite lueur dans la part d'ombre les étreignant. Un moyen pour survivre, et de continuer à croire en l'humanité. Eliott était peut-être plus optimiste que lui à ce sujet, et que son frère. Andrea condamnait l'humanité, Icare pensait que le mal absolu existait ; chez leur père, notamment. En réalité, lorsqu'Eliott disait qu'il ne se souvenait plus de ce qu'il s'était passé dès qu'il avait vu la lame du policier, cela ressemblait plus à une perte de conscience, comme avant un malaise. Si Gabriel émettait cette hypothèse, il savait qu'il perdrait son patient. Parce qu'il le mettrait en face de quelque chose qu'il préférait fuir. Ce qu'il cachait en lui.

« Personne n'aime sentir qu'il perd le contrôle de ses émotions. De plus, il est difficile de trouver une parfaite relation entre la raison, et ce que l'on ressent. »

Hormis dans son cas. Mais le peu d'émotion qu'il ressentait suffisait à le bouleverser, sans doute parce que c'était rare lorsqu'elles étaient suffisamment fortes pour prendre le dessus sur lui. La prison lui offrait un meilleur équilibre que l'entreprise. Parce qu'il n'était pas en compétition avec d'autres, et qu'il pouvait se concentrer pleinement sur ses patients. Aucun élément extérieur ne pourrait percer sa carapace, comme un père exigeant, et un patron libidineux.
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Du sucre avec votre thé ?
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