Cellule N°5 :: Stephan Ackerman → Curtis Galton

C'était une journée ordinaire. Pour moi, en prison, ça l'était.
Pour tout avouer, alors que j'étais en pleine séance de sport, je ne m'attendais pas à ce qu'un mec vienne m'agresser, je n'ai même pas compris pourquoi, d'ailleurs. Soit disant, j'ai une tête qui lui plaisait pas. Qui agresse les gens pour une raison aussi minable ? Même pas moi. Ce serait plutôt pour boire leur sang, voilà une raison valable ! Ces humains sont tellement pathétique, ils me donnent envie de vomir... Finalement, profitant qu'il n'y ait pas de gardien dans le coin, je l'ai assommé et je me suis barré avant qu'il y ait trop de gens et que je ne puisse pas fuir.

Je ne suis pas lâche mais on m'avait prévenu d'un nouveau copiaule et il était hors de question que je rate ça. Donc, que je me retrouve à l'infirmerie ou bien en isolement, ha ça, non. Du coup, pour une fois, j'ai fuis la queue entre les jambes, comme quoi ça arrive même au meilleur d'entre nous. Enfin, entre nous… façon de parler puisque je suis un vampire. Je vais me compter dans la généralité, pour une fois. Ouais, parce que les vampires, c’est pas vraiment une majorité, plutôt une minorité même. Mais bon, comme je suis à moitié humain, je peux bien me compter de temps en temps comme faisant parti de ce monde, surtout que je dois m’adapter à leur règle à eux… Dans le monde des vampires, ça m’étonnerait que ce soit interdit de tuer une humaine, surtout une comme mon ex-copine.

Je rentre finalement dans ma cellule en catimini, il semble que personne ne m’ait cramé pour l’autre trou-du-cul assommé et c’est tant mieux. Enfin, un peu de calme. Ce n’est pas facile d’en avoir ici, vous pouvez me croire, parce que quand vous croyez que vous avez enfin la paix, il y a toujours un mec qui s’amène pour foutre votre paix en l’air. Je m’installe dans mon lit, un chapelet dans la main, le faisant passer dans ma main comme si j’étais en train de prier, je ne prie pas vraiment, en fait, j’appelle Dieu, encore et toujours en vain, voulant un signe de sa part, n’importe lequel. C’est là que quelqu’un pénètre dans la cellule. Quand je vous le dis qu’il y a toujours quelqu’un pour perturber votre calme ! Je regarde le mec, apparemment mon nouveau copiaule, j’esquisse un sourire et regarde le gardien.

« Vous m’amenez mon dîner ? Trop sympa ! »

Le gardien se contente de soupirer d’un air réprobateur avant de planter le nouveau là, coincé dans cette chambre avec moi, c’est vraiment pas de pot. Pauvre gosse. Enfin, qu’il soit mon dîner ou non, ça dépendra de lui, bien entendu, si c’est un sale gosse, il ne risque pas de faire long feu… Je lui tends la main, toujours mon sourire en coin.

« J’m’appelle Stephan, et toi ? »

HRP:

Son dîner ? Je souris en coin, comme souvent. Reste à voir qui bouffera l'autre jeune homme. Crois-moi, tu n'es pas sorti de l'auberge. Mais... Il m'a fait sourire. D'accord, ce sourire en coin, je l'ai souvent. Après l'avoir regardé lui et sa main tendus un court instant, je laisse mes yeux parcourir la petite cellule. Chaleureuse, cosy... Que pouvais-je rêver de mieux ? J'allais être bien ici, c'était sûr !! Je m'en réjouissais d'avance ! De plus, mon colocataire avait l'air absolument charmant et agréable. Ppf... Foutaises ! Tout l'opposer. Un enfer.

J'ai toujours mes affaires dans les bras. Et je suis relativement embêté, car il me tend la main. Il espère que je vais la lui serrer, ce que je comprends... Mais non, ce n'est pas possible. Il me dit s'appeler Stephan. Le gardien me retire mes fers, referme la porte et s'éloigne en nous lâchant un " Pas de bêtises " plutôt nonchalant... Je pose mes affaires sur le lit qui ne semble pas occuper et je me tourne vers lui, blasé au possible.

« Je suis Dieu »

Être désabusé me rend parfois sarcastique, mais je suis toujours sérieux. Un illuminé qui se prenait pour Jésus m'aurait cru, c'était certain. Je n'avais peut-être pas le physique que les Terriens attendent de dieu... Mais un allumé pouvait y croire.

« Mon enveloppe charnelle porte le nom de Curtis. »

J'hésitais à continuer sur ma lancée. Après-tout, j'étais Dieu dans la conception que je me faisais de l'Être supérieur qu'il pensait être. Mais s'il n'était pas un frappé de Jésus, il allait juste me coller une mandale. Ce n'était pas réellement un souci pour moi, car je pourrais l'arrêter sans trop de difficulté.

« Je suis venu te rendre visite Stephan. »

Putain... J'avais une sacrée envie de rire... Mais non. Car j'étais un homme tout à fait sérieux. Et mon esprit blasé par l'endroit laissé sur moi la confiance de mes paroles. Un mec qui n'était pas trop tourné religion trouverais ça drôle, ou se dirait que je porte bien ma combinaison grise. Oh, alors, je pourrais en jouer. Ça me plaît bien. Être sain d'esprit reste le meilleur moyen de faire croire qu'on ne l'est pas. Peut-être que ça allait me plaire finalement.

« Ça n'a pas été simple de rentrer ici. »

Je le regarde un peu plus et remarque dans ses mains le chapelet... Et j'hésitais. Soit j'avais fait une énorme ânerie, soit il allait mordre et me croire. Et je ne savais pas ce que je préférais... Ah, j'allais forcement m'en prendre une, c'était certain, il allait croire que je me payais de sa tronche. Obliger.

Quand il aura fini d'essayer de me frapper (ce que je l'empêcherais de faire de toute façon), je n'aurais qu'à lui dire que je plaisanterais, et ne pensais pas à mal. Je crois que les humains font ça, et que parfois, ça marche. Les humains... j'en suis arrivé arriver à me dissocier d'eux tellement ils ont le cerveau étriqué. C'est bien.

Mes yeux sont toujours posés sur lui, je me fiche un peu de ceux à quoi il ressemble. Mais j'observe. Est-ce qu'on m'a mis avec une créature fragile et paumée, ou est-ce qu'ils ont eut l'intelligence de me mettre avec une créature de mon espèce...? J'imagine que si ça avait été le cas, je l'aurais senti. Mon instinct m'aurait averti, il m'aurait envoyé le signal que j'attends tellement, n'est-ce pas ?

(Il n'y a pas de soucis, je suis moi-même assez occupé et n'est pas toujours le temps, nous avons tous nos soucis n.n Je voulais aussi te dire que je part en vacance samedi, et que je n'aurais pas le temps à partir de demain, jusqu'à mon retour; pour répondre >< Alors prend ton temps n.n)

Alors là… Chapeau bas. Ils avaient fais une sélection spéciale pour attirer ce petit con dans ma cage ?
Il ne me serra pas la main, moi qui voulait juste être sympa pour une fois, je la rangea bien vite alors qu’il débutait son monologue absolument hilarant. Je ne sais pas pour lui, mais personnellement j’étais presque obligé de me retenir pour ne pas mourir de rire. Mais bon, ce n’est simplement pas mon genre, alors j’ai gardé mon air sérieux et impassible. Ça changeait de mon air énervé, comme une bête enragé prête à attaqué.

Je le laissais donc continuer son délire, c’était assez amusant à entendre et à voir, je voulais voir aussi jusqu’où il partait, c’était assez impressionnant. Pour le coup, je me disais qu’ils n’avaient pas eu tort de le mettre chez les aliénés ni même dans ma cellule, ça allait être très divertissant, je le sentais. Est-ce qu’il croyait vraiment en ce qu’il disait ou il se foutait de ma gueule ? Dans les deux cas, ça me faisait juste rire. Il était tellement pas crédible. Et dans les deux cas, fou. Fou de se prendre pour dieu ou fou de se foutre de moi. Il mériterait presque une mandale dans la tronche mais je n’avais pas la moindre envie de me retrouver en isolement. Même pour ses beaux yeux de petit con. Curtis, c’est ça ?

Ça aurait été plus sympa si j’avais eu un truc à grignoter en l’écoutant et le regardant, un peu comme un mini-film. Comment avait-il pu se persuader d’être Dieu ? Alors là, ça me dépassait complètement. Le mieux était de ne pas le contredire, ça ne servirait à rien de toute façon. Il fallait qu’il se rendre compte par lui-même que c’était des conneries. Ou alors, c’était un petit con sachant parfaitement qu’il disait des conneries et il allait certainement finir hospitalisé avant la fin de la semaine. Si j’avais un conseil à lui donner ce serait de dormir que d’un œil.

« Tu m’en diras tant… »

J’essayais de ne pas montrer à quel point j’avais envie de me foutre de lui ni trop le rabaisser… Bon, je n’ai pas l’habitude faire ami-ami avec un fou qui se prend pour Dieu mais je devrais gérer. Je suis Stephan Ackermann, tout de même, pas un humain comme les autres, mais un vampire. Ce qu’il semble totalement ignorer. Je remets le chapelet autour de mon cou et le regarde à nouveau.

« Donc, tu sais ce que je pense de toi ? »

Honnêtement, si je rencontrait Dieu en chair et en os, je le buterais pour m’avoir fait poireauté aussi longtemps. Je détestais Dieu, parce que malgré toute l’aide que je lui avais demandé, je n’avais rien eu, même pas une petite parole. J’avais dû me débrouiller seul alors que je le prie chaque soir… Donc oui, je voudrais le tuer, de toute façon, Dieu est immortel, ce serait une petite vengeance comparé à ce qu’il m’a fait…

Se que Dieu pense de toi ? C'est élémentaire.

« Tu penses surement que j'aurais pu t'aider de façon plus significative. »

Tous les humains qui prient Dieu on l'impression de ne pas être écouter. L'impression que Dieu ne les aides pas. L'impression qu'il est injuste.

« J'imagine que tu me déprécie autant que tu passes de temps à prier pour mon aide, pour mon écoute... Mais te rends tu compte un peu...? Qu'est-ce qu'il y a d'amusant à aider les humains ? À Les écouter me raconter leurs misères. Tu voudrais que je fasse en sorte que vous viviez tous heureux, qu'il n'y ai plus de guerre, plus d'action. Mon éternel vie serait alors bien ennuyeuse, tu ne crois pas ? Certains ont compris que je ne suis que miséricorde. »

Alors comme ça, je peux entrer dans un rôle... Cependant, j'ai le sentiment qu'il n'y croit pas. Et à raison.

« Enfin... Ceci ne m'expliques pas pourquoi j'ai dû tuer des gens depuis ce corps pour te retrouver ici. »

Il n'a surement pas été malin, mais je ferais mieux de la fermer à ce sujet, puisque je suis aussi ici. Enfin, j'imagine que les circonstances sont différentes.

« Tu sais que j'ai eut le temps de tuer 24 personnes avant qu'ils ne m'attrapent ? Et encore, ils ne m'ont accuser que pour 15. Les humains ne sont pas si intelligent que ça finalement. Je ferais peut-être bien de programmer l'apocalypse pour bientôt, tu ne crois pas ? Mais je ne suis pas venue pour te parler de ce projet. »

Même si je n'étais pas le Dieu don je lui parlais, je savais bien se que les gens aimaient, et attendaient. Ils aiment qu'on s'intéresse à eux, qu'on les écoutes, qu'on leur dise que c'est "pour eux qu'on est là".

« Tu m'as longtemps appeler n'est-ce pas ? Je me suis tout spécialement déplacer pour toi. Tu le mérites bien plus qu'un autre à mes yeux. »

Oh, Curtis, arrête... Tu vas finir par devenir mégalomane !

« Maintenant que je suis là, profites-en. »

Tu es peut-être vraiment fou Curtis. Tu as peut-être réellement quelque chose qui cloche. Mais je t'assures... Tu finira comme tous les humains.

Mort.

Je pense qu'il ne te reste que quelques années à vivre. Tu sent déjà tes cellules s'affaiblir, tu les sens, au tréfond de ton être se battre pour ta survie, mais d'ici quelques temps, le moindre rhume te donnera l'impression d'une méningite. Et tu finira par crever.

La grippe arrive à tuer plus de 18 000 personnes en une année. Pourquoi pas toi ?

Mon dieu, je crois que je n'ai jamais entendu autant de conneries et de mensonges en si peu de temps. Je me retenais d'éclater de rire, parce que franchement, il ne pourrait pas être plus loin de la réalité et... C'était vraiment à mourir de rire, mais je le laissais s'enfoncer tout seul. Croyait-il vraiment en ce qu'il disait ? Ce type était vraiment fou. Il disait exactement ce qu'un humain normal pourrait dire à Dieu, il n'a aucune idée que je suis loin d'être un humain normal, encore moins un vampire. J'ai presque de la peine pour lui, quelle tête il va faire en l'apprenant ? Ça tombe, il ne croit même pas en Dieu. S'il ment ouvertement c'est fort probable, s'il croit vraiment qu'il est Dieu alors il croit en lui-même. Je ne sais pas encore ce que je vais faire de lui, pour le moment je le laisse dans son délire. Gros délire. Il espère toujours que je le crois ? Je suis à 10 000 lieues de ça.

Est-ce que je me fichais de sa tronche maintenant ou j'attendais encore un peu ? Non, je vais encore attendre, c'est trop drôle. Je pourrais peut-être même rire à gorge déployé. Bon, ce n'était pas mon genre mais intérieurement ça devait donner ça. Je pourrais le ridiculiser, l'humilier, mais il le fait trop bien tout seul. C'est la seule chose que je pourrais lui reprocher, de sa faute, je ne peux même pas me faire plaisir en m'amusant de lui comme si c'était un jouet que je manipulais. Non, pour une fois, je n'avais même pas besoin de manipuler quelqu'un, il était parfaitement inoffensif. Je me demandais comment allait se passer notre cohabitation s'il était toujours ainsi.

« Ho, alors comme ça, t'es venu pour moi ? Mais c'est trop gentil, fallait pas ! Surtout tuer des gens, juste pour ça, défaire ton travail... ça n'a aucun sens, tu le sais ? »

Plus j'y pensais et plus c'était juste hilarant, ce que disait ce mec n'avait juste aucun sens, en plus il ignorait sûrement que dans la bible, Dieu avait tué bien plus de gens que le diable, donc si on se basait là-dessus, il y avait un sens à ce qu'il disait, presque. Parce que Dieu n'est jamais descendu sur terre, en tout cas, pas en humain. Mais je doutais sérieusement que l'homme devant moi ait lu la bible. En plus, je crois qu'on a bien senti mon ironie dans la voix.

« écoute, gringalet, le dernier qui m'a menti est mort, c'était ma petite amie et je lui ai arraché la carotide avec les dents. Alors... Vu comme t'essaie de me baratiner, achète-toi de l'ail à mettre autour du cou. »

Je ricanais doucement, fier de moi, lui montrant un peu les dents. L'ail n'a aucun effet sur moi mais ça, il l'ignore, parce qu'il n'est pas Dieu. Le pauvre.

J'étais face à un gars, qui clairement se croyait plus malin que moi. Et j'allais lui laisser penser que j'étais vraiment stupide. Ça me ferait passer le temps.

« Mon travail ? T'as pas vraiment compris. Mon boulot c'est de m'amuser. Pas de créer des humains stupide pour les laisser faire leur petites vie tranquillement. Du coup, ça a du sens pour moi. »

Il était ironique, il se croyait sûrement très drôle. Me dire que je suis un gringalet... C'est assez amusant à entendre. Mais vas y gamin, crois se qui te fait plaisir. Je ne suis pas encore atteint au point de ne plus être capable de maitriser un gars. J'ai pas l'air très fort hein ?

« De l'ail ? T'es vraiment assez con pour penser que l'ail ça va t'empêcher d'approcher quelqu'un ? T'aime pas l'odeur ? »

J'avais envie d'en rajouter, de lui dire d'en manger plus souvent, ça sentirait toujours meilleurs que son haleine. Il se croyait supérieur. Qu'est-ce que c'est drôle de rencontrer des gars comme ça. Finalement, mon passage en prison aura sûrement le mérite de me faire rire. Comme mon passage sur terre.

« Tu te prends pour un vampire en fait ? Il parait que les vampires n'aiment pas l'ail. Vas y, tu peux me sucer le sang, on va bien rire. »

Le sida gamin, tu connais ? Ce truc qui te ronge de l'intérieur, qui s'insinue en toi sans prévenir, et qui te tue à petit feu. Ca passe par le sexe ouais. Mais pas que. M'arracher la carotide, il m'a prit pour qui ce guss ?

« Mais tu crois que je suis aussi faible que ta copine ? »

Tout le monde me voit comme un monstre. Tu ne dois pas non plus connaitre le remord. Mais ton désavantage par rapport à moi, c'est qu'il y a fort à parier que tu sois un vrai déséquilibré, le genre qui ne sait plus où se situe le réel, pas vrai ? Je suis assez fort pour cerner les gens. C'est un de mes points fort.

« Aller, si tu veux me faire peur, il va en falloir plus. Là tu me fais juste perdre mon temps. Je n'étais pas venu là pour ça. »

J'étais pas non plus venu dans l'espoir de rencontrer un type dans ton genre. Mais il va falloir faire avec. J'aurais préférer sur un type un peu perdu. J'aurais bien aimer fantasmer sur un type comme ça, me demander comment je pouvais le tuer et faire en sorte que pendant une semaine, ça ne se voit pas. Ouais, là j'aurais pus intellectuellement avoir de la matière et me faire plaisir. Je n'aime pas le stupide, mais c'est facile de se mettre à sa hauteur.

« Finalement, à part de la merde, tu n'as rien à me dire ? Ça valait bien la peine que je me déplace. Finalement tu n'es pas aussi intéressant que se que je croyais. »

Putain... Qu'est-ce qu'on s'amuse avec les fous.