On fait « ah » au chirurgien

Le personnel de nos jours, entre les techniciens de surface - ce qu'il fallait pas dire pour être politiquement correct de nos jours - qui refusaient de récurer les chiottes ou se salir les mains et maintenant les médecins qui refusaient de s'occuper de détenus aliénés, on ne pouvait pas dire que Zadig manquait de travail. Certains de ses collègues avaient dû mal lire le descriptif de leur emploi à la base, enfin c'était plus tôt qu'il fallait dire qu'ils ne voulaient pas avoir à faire à des fous, pas une fois le job en poche. Une nouvelle fois, Zadig était resté de marbre, roulant des yeux avant de faire ce qu'il savait mieux faire en ce bas monde : se lever et se tirer.

Ce n'était pas à lui de s'occuper des examens médicaux mais son professionnalisme avait pris le dessus comme plusieurs fois auparavant, aussi, il n'avait pas plus attendu pour se rendre à l'infirmerie, à la recherche des nouvelles recrues à examiner. En chemin, il avait parcouru le dossier du détenu à traiter aujourd'hui, d'accord, tout semblait en règle, il s'agissait bien d'un aliéné, blabla sociopathie, très bien. En tant que chirurgien, il avait les compétences requises pour faire passer ces batteries d'examen donc pas de problème sur la conscience de ce côté-là non plus. Puis entre deux plaies à recoudre, il devait admettre que c'était rafraîchissant de faire quelque chose de plus... Varié avec les détenus.

L'air décontracté, sa blouse blanche à capuche relevée comme à son habitude, il s'avança jusqu'au jeune blond qui était en train d'attendre. En espérant que ses brûlures apparentes ne lui feraient pas avoir un haut le cœur, car depuis les années, Zadig les cachait de moins en moins. Tant mieux, tant pis, il lui sourit, doucement, lui lançant un petit signe de tête.

- Sasha William je présume, présent pour passer les tests basiques, tout ça, j'espère que tu es à jeun car autrement, ça m'ennuierait de te faire rendre ton dernier repas.

Enchanté aussi, comme souvent, Zadig sentait qu'il allait passer une bonne journée. Simplement parce que Sasha était blond... Et qu'il avait un attrait tout particulier envers cette espèce humaine.

Sasha venait tout juste d’être transféré  et il avait déjà eu une altercation avec le personnel .
Il n’avait  pas supporté   la façon dont les gardes l' avait  été traité et n’avait pas manqué de le faire savoir.
Après avoir fini  la fouille  corporelle et avoir enfilé l’horrible combinaison grise, preuve de son statut d'aliéné, les gardes  le déposèrent dans un couloir en lui expliquant qu’un médecin viendrait l’examiner  et qu’il avait intérêt à se tenir à carreaux.


Sasha  avait eu  beau  leur jurer qu’il ne bougerait pas, il se retrouva attaché  à la chaise  les mains et pieds liés avec un colson.
Cette situation ne l’enchantait pas du tout, il  avait une sainte horreur des médecins et ne supportait pas la douleur. Sasha  n’avait aucunement l’intention de collaborer.

Cela faisait une bonne demi-heure qu’il attendait  et ça commençait à lui taper sur le système.Le jeune homme  gigotait,  traînait sa chaise  dans un effroyable grincement  et hurlait pour qu’on vienne le détacher. Mais personne ne vint.


Lorsque Sasha  entendit des  bruits de pas dans le couloir il se tut et tourna la tête  en direction de la source du bruit.
Il fut horrifié par la vision de cet homme marchant dans sa direction.
Il fixa intensément le sol afin d’éviter de croiser son regard et de devoir entamer une conversation avec lui .
Sasha  n’eut d’autre choix que de lever les yeux lorsqu'il lui adressa la parole, affichant une expression dégoutée sur le visage.
Il était hors de question que cet homme pose ses mains sur sa personne,  qu’il soit médecin, détenu ou gardien.Il hocha la tête et lui répondit .

-En effet, je suis bien Sasha William ,  héritier des entreprises William   .
Je présume que vous devez être le médecin. Je n’ai pas l’intention ni l’envie  de passer  cet examen médical. Vous pouvez téléphoner à mon médecin traitant, il se fera une joie de répondre à vos questions.

Il fixa le sol, ne voulant plus regarder son visage  qu’il qualifierait d’abomination  de la nature.
Tout ce qu’il souhaitait c’était  découvrir ses quartiers et  ne plus en sortir jusqu’au lendemain .

Ah ça, perdre son temps en prison était quelque part un luxe vu que la plupart des détenus n'avaient plus que ça sur eux. Zadig ne pouvait pas savoir que le jeune blond attendait depuis déjà une demi-heure, quand bien même ça n'avait strictement aucune importance pour lui. Non, ce qui l'embêta surtout, ce fut le fait que ces idiots avaient attaché Sasha sur sa chaise. Est-ce que ce garçon était aussi agité que ça ? Eh bien, ça ne serait pas le premier à se retrouver le cul bloqué là dessus.

Enfin, lorsque le jeune blond releva les yeux vers lui, Zadig put constater très rapidement à quel point son apparence générale jouait en sa défaveur et horrifiait ce pauvre garçon. D'un côté ça l'amusait, de l'autre ça le blasait, et encore après ça le laissait suffisamment intérêt pour simplement profiter de ce genre de regard de chiot apeuré. Apeuré peut-être, mais pas démonté pour autant, c'est qu'il était audacieux ce détenu. Haha, il avait le mordant des jeunes petites bêtes désireuses de se faire les crocs mais qui se cachaient à la première brise venue. A ce stade, Zadig pouvait affirmer sans crainte que Sasha manquait d'expérience... Très bien, les sujets naïfs, ça restait sa préférence.

- Ravi de le savoir l'héritier, toutefois je crains fort que ça ne va pas être possible. On peut pas faire confiance au corps médical public, ici on a nos propres méthodes, et il faudra t'y faire si tu ne veux pas rester le cul collé là dessus pour le reste de ton séjour au trou.

Ni plus ni moins, Zadig garda un ton calme, observant le matériel vers lequel il se tourna. Il y avait de quoi faire ici, à commencer par le nécessaire pour faire une prise de sang. Garrot, aiguille, flacons, coton, tout ça tout ça... Enfin, il n'avait pas tellement l'intention de se servir du garrot, il avait ses propres méthodes avec les vilains chiots. Ainsi, le chirurgien s'avança jusqu'au jeune blond, venant lui relever l'une de ses manches à l'aide de ses fins gants en cuir noir.

- Pour ta gouverne je suis chirurgien, mais je suis apte à te faire passer ces tests. Si tu y mets du tien, ça passera vite.

Sinon, tant pis pour toi. Il prit un coton imbibé et commença à nettoyer le creux à l'intérieur de son coude.

Le temps de réponse du médecin l'énerva davantage. La simple mention de son nom aurait dû suffire pour le mettre dans sa poche.
Devait-il lui proposer un pot de vin ? Malheureusement, on l'avait dépouillé de tout dès son arrivée en prison mais ça ne changeait absolument rien pour lui.
Sasha était riche et le restait malgré ces murs. C'est ce que disait son compte en banque en tout cas. Il pouvait demander à son père de payer le personnel en échange de bons soins et de quelques avantages au sein de cette prison.
Il ne put s'empêcher de sourire, perdu dans ses pensées. Il perdit son sourire lorsque le médecin lui dit qu'il l'examinerait tout de même.
Il lui lança un regard noir et haussa le ton.

- Pardon ?! Je ne vous permets pas d'être aussi familier avec moi! Détachez-moi et amenez-moi à ma cellule ! Si vous m'obéissez, je peux vous assurer que je parlerai de vous à mon père et que vous serez gracieusement récompensé.

Il scruta le moindre de ses faits et gestes et blêmit lorsqu'il se dirigea vers le matériel et qu'il releva sa manche. Il avait compris ce qu'il comptait faire.
Sasha était quelque peu phobique des piqûres.
Depuis tout petit, c'était toujours un véritable enfer lorsqu'il devait se faire vacciner.
Il employait une crème anesthésiante avant chaque prise de sang ou vaccin afin d'éviter toute douleur mais même dans ces circonstances ce n'était pas une partie de plaisir ni pour le jeune homme et encore moins pour le médecin.
Il gesticula sur sa chaise,essayant de lui donner des coups de tête et lui hurlant dessus.

- N'approches pas cette aiguille de mon bras?
Sinon ...sinon ... tu peux dire adieu à ton boulot! Je m'en fiche que tu sois chirurgien, tu ne me touches pas connard !

Il avait laissé tombé le vouvoiement, soudain pris de panique.
Il aurait voulu éviter qu'il le voit sous cet angle mais il se trouvait dans une situation dangereuse et ne pouvant pas s'enfuir il laissait sa colère et sa peur ressortir de cette façon.Il en avait oublié son dégout pour son apparence physique et le dévisageait .

Le nom des William ? Trop banal pour qu'il s'en souvienne, et puis... Un nom ne fonctionnait que sur quelqu'un de crédule ou qui avait besoin de tirer profit de l'héritier en question. Pas de chance pour Sasha, la famille de Zadig avait toujours joui d'une richesse honorable, il n'avait jamais manqué de rien sur le plan matériel, il n'avait jamais expérimenté la misère lui-même. Mais il avait pu la côtoyer par d'autres biais, que ça soit par l'intermédiaire de certains patients ou bien même des connaissances et de leurs propres relations... Zadig ne jugeait pas sur la réussite financière, ce n'était pas cette qualité chez l'humain qui lui avait permis de retrouver de son ego après tout. Après son accident... Ça n'avait jamais été les plus fortunés parmi ses liens qui lui étaient restés fidèles.

Mais bref, il fut sorti de ces douces pensées alors que la petite tête blonde se mit à piailler avec virulence. Zadig ne put s'empêcher de ricaner tout bas, lui jetant un regard plus narquois.

- Eh quand tu veux quelque chose de quelqu'un, ne le réprime pas premièrement pour lui faire ta proposition en second. L'ennui si j'obéis à un détenu vois-tu, c'est que mes supérieurs n'auront plus beaucoup d'estime pour moi et ça serait compréhensible. Puis c'est qui ton père ? Le mec qui t'a toujours passé tous tes caprices ? A moins qu'il n'ait jamais été très présent pour toi...

De nouveau, Zadig nargua le jeune blond d'un fin sourire, amusé. Il imaginait bien comment avait pu se dérouler la vie du détenu face à lui. Ils avaient peut être plus en commun que la première impression ne le laissait penser, qui sait... Toujours était-il que Sasha se mit sérieusement à s'agiter alors que le chirurgien commençait tout juste sa préparation. Ah oui, c'est vrai que son dossier médicale laissait entendre qu'il avait peur des piqûres. Franchement des deux, c'était à se demander si la question du qui détenait le plus de pouvoir sur l'autre pouvait se poser.

N'empêche quel vilain chiot, l'insulter sous l'effet de la peur alors qu'il lui avait proposé une promotion juste auparavant, quel être biface. Enfin, Zadig lui sourit doucement, cherchant quelque chose dans la pièce qui pourrait lui faire l'affaire. Des bandages épais, ça serait parfait... Du calme enfin, sale bête, il vint lui bloquer la tête non pas sans une certaine fermeté, venant entraver sa vue de quelques tours de bandage.

- Du calme princesse, comme je te l'ai dit, ça passera vite.

Dit le connard qui trouvait dans ce surnom une certaine affection. C'était l'un de ses surnoms préférés d'ailleurs avec erreur de la Nature ahaha. Bref, une fois Sasha aveuglé, Zadig vint lui presser sèchement le haut du bras, voilà en quoi il n'avait pas besoin de garrot, par la suite, il bloqua l'avant du bras du jeune blond de son propre coude, histoire qu'il ne s'agite pas plus que ça, le temps de lui enfoncer l'aiguille, sans se presser, professionnel et calme comme à son habitude.

- J'y vais doucement.

Il se permettait en plus de lui faire la morale, décidément il ne pouvait pas sentir ce mec.
Répugnant à l'extérieur et tout ce qu'il détestait dans son attitude. Il écoutait Zadig à moitié, bien trop obsédé par lses faits et gestes. Son coeur s'accélérait, il tremblait légèrement tout en se débattant avec plus de rigueur, tirant sur ses poignets et chevilles.
Il lui répondit tout de même, respirant calmement et reprenant son calme . Il avait bien compris que son attitude précédente n'allait pas lui être favorable, mais c'était plus fort que lui.
Il agissait presque toujours sous l'impulsivité, ne supportant pas l'autorité ni la frustration.
Son visage était devenu légèrement rouge à cause de l'agitation.

Ils ... ils n'auront pas besoin de le savoir, celà restera entre nous. Mon père est le pdg d'une grande entreprise d'importation.Les entreprises William , ça ne te dit rien ? On va parler calmement et trouver un arrangement, n'est ce pas ?

Il ne répondit pas à la question concernant son père , il ne voyait pas ce que ça venait faire là-dedans. Il Joua à nouveau la carte de la gentillesse et de la négociation.
Il lui rendit son sourire, pensant qu'un début de négociation serait possible.
Il se retrouva tout à coup dépourvu de sa vue et cette nouvelle cécité le rendait encore plus vulnérable ce qui accentua son état de stress .

-Qu'est ce tu fous ?! Je ne vois rien. Quel genre de toubib ferait ça à ses patients ?!


Sasha avait surtout une grande gueule et ne savait absolument pas comment se comporter dans ce genre de situation. Il se crispa en sentant une pression autour de son bras et hurla lorsque l'aiguille pénétra sa peau

-Je vais te tuer ! Je vais te faire cramer entièrement, certaines parties de ton visage sont encores intacts je vais régler ça , tu as voir !

Il parlait surtout sous le coup de la colère, il n'en revenait pas d'être traité de la sorte.Il eut quelques secondes de réflexion et comprit que son attitude n'était pas la bonne.
Il commençait à avoir vraiment peur et ça se voyait assez facilement .

-Je suis désolé, détache moi ..s'il te plait .
Je me tiendrai tranquille pour le reste des examens .

Au moins ce qui était bien avec Sasha c'est qu'il ne simulait pas. Ses tremblements, ils prouvaient bien que sa phobie était réelle à son avis, ça et la perte de couleur, la pâleur, le rythme cardiaque qu'il avait l'impression de pouvoir palper d'ici... Héhé, un authentique sujet en proie à la panique, Zadig gardait ça à l'esprit. Un arrangement hein, mais oui, c'est bien ce qu'ils avaient trouvé là, non ?

- Quoi ? Tu ne supportes pas ce que tu vas voir alors je te retire ce talon d'Achille. Tu oublies que je suis toubib, mais en prison.

Héhéhé, et la différence demeurait relativement importante, on ne lui avait pas expliqué ça encore ? Eh bien, Zadig se chargerait de le mettre en garde. Mais pas tout de suite encore, parce qu'il fallait d'abord tenir l'animal... Le maintenir à sa place, lui prendre son sang... Tout en écoutant les inepties qu'il pouvait déblatérer juste à côté de lui. Son visage hein ?

- Tu trouves que mon visage n'est pas assez laid comme ça déjà ?

Zadig ricana tout bas, amusé, mais pas vexé pour autant. Ce n'était pas la première fois qu'on lui disait ce genre de choses, qu'on menaçait sa vie aberrante, et ça ne serait certainement pas la dernière fois non plus. Eh bien, le temps que Sasha s'énerve, c'est qu'il avait déjà récolté presque tous ses flacons de son côté, très bien. Le jeune blond finit par capituler alors qu'il terminait sa prise de sang, retirant enfin l'aiguille. Ça sera amplement suffisant pour leurs archives. Une nouvelle fois, Zadig l'écouta, relâchant son bras, venant ébouriffer sans force les mèches du blond qui avait quand même voulu le tuer deux minutes plus tôt. Quel être versatile, c'était amusant.

- Bon garçon, la prise de sang est finie, le plus dur est passé.

Il retira les bandages qui entravaient sa vue, lui souriant finement avant de mettre les flacons de sang à l'abri de tout grabuge. Il les ferait analyser plus tard, pour le moment, il avait d'autres tests à lui faire subir. Et pour se faire, il n'avait pas besoin de garder Sasha entravé. Ce genre de rudesse envers les aliénés ne le dérangeait pas vraiment dans son travail, mais il s'estimait suffisamment bon médecin pour ne pas avoir à recourir à ce genre de pratique. Toutefois, parfois... Oui, c'était tout simplement très jouissif de voir une tête de mule s'agiter sur sa chaise pendant des heures, une gueule de con qui croyait mieux savoir son travail que lui... Tout n'était qu'une question d'empathie, heureusement pour Sasha, Zadig le ressentait plutôt bien. Pour l'instant... Héhé. il le détacha, prudemment, mais sans se presser de nouveau. C'est que le chirurgien aimait prendre son temps. Aussi, il lui offrit un gobelet d'eau, sait-on jamais après une prise de sang...

- C'est dans ton intérêt. La suite devrait être plus simple, assis toi là.

Sur un vrai lit, il allait chercher de quoi prendre son pouls et tout le reste en attendant. Puis si Sasha voulait tenter de s'enfuir, ça ne serait que partie remise, n'est-ce pas ? Fufu ~

Il n'arrivait pas à comprendre comment cet homme pouvait garder son calme après ce qu'il venait de lui dire.
En y réfléchissant ce n'était pas plus mal pour lui mais s'en était tout de même déstabilisant.
Il lui avait dit que c'était un médecin et il avait rajouté " prison" à la suite.
Qu'est-ce que ça changeait? Est-ce qu'un médecin en prison était différent d'un médecin normal ? Sasha ne comprenait pas où il voulait en venir.
Il arrêta de gigoter et se crispa lorsqu'il sentit une main sur sa tête et qu'il mentionna son visage. ça y est,il allait subir les conséquences de ses menaces et le médecin allait lever la main sur lui.
Il fut surpris qu'il n'en était rien lorsqu'il lui retira les bandages et le complimenta.
Enfin, était-ce un compliment ou une manière de se moquer de lui? Il ne chercha pas à le savoir et ne répliqua pas.
Il le suivit du regard lorsqu'il rangea les flacons et frotta ses poignets dès qu'ils furent libérés.
Il refusa le verre d'eau, Sasha était quelque peu maniaque et avait toujours besoin de savoir la provenance des aliments et boissons qu'il consommait.
Il avait totalement changé de comportement. Son agitation l'avait un peu épuisé, il lui obéit et s'assit sur le lit bien sagement. Ses jambes pendaient dans le vide et il les balançait d'avant en arrière.

- J'ai compris, dépêches toi de finir ton travail que je puisse me reposer. Je suis diabétique, mais tu dois le savoir. J'aimerais avoir mon traitement avec moi, ce sera plus simple pour vous comme pour moi. On m'a confisqué mon lecteur de glycémie ainsi que mon stylo, j'aimerais les récupérer.

Ce qui était assez étrange avec Sasha c'est que ça ne le dérangeait pas de s'injecter trois à cinq fois par jour de l'insuline mais il avait une trouille bleue des piqûres.
Il ne faisait confiance qu'à lui-même. Lorsqu'il se piquait, il savait où le faire afin de ne rien ressentir ce qui n'était pas le cas des prises de sang.
Il cligna des yeux et attendit qu'il revienne vers lui afin qu'il finisse ses examens. Il n'avait pas l'intention de s'enfuir, il essayait de coopérer même si le chirurgien le mettait hors de lui et qu'il avait bien envie de lui crever les yeux. Il tendit automatiquement son bras vers l'avant lorsqu'il vit le tensiomètre et engagea la conversation.
Cet homme l'intriguait et il voulait en savoir plus à son sujet afin de savoir à qui il avait affaire et s'il pourrait jouer avec lui par la suite.

- D'où viennent ces brûlures, comment est ce arrivée ?
Pourquoi un chirurgien s'occupe-t-il de faire passer un vulgaire examen médical ?

Eh bien disons qu'être médecin à la California State Prison impliquait certaines choses qui allaient... Disons un peu à l'encontre du serment d’Hippocrate. Principalement par rapport aux détenus aliénés... Le terme déjà était barbare alors il ne fallait pas s'étonner ensuite de voir comment est-ce que ces mêmes détenus pouvaient être traités. Zadig le savait bien, on ne se contentait pas que de leur faire suivre leur traitement, on ne faisait pas que soigner les fous ici. Cela dit, après, ça restait de l'ordre du secret professionnel.

Pour l'heure, le chirurgien lui avait mis un coton qu'il avait fixé à l'endroit où il l'avait piqué au préalable avant de l'écouter une nouvelle fois. Ahlala, sale gosse, il lui donnait encore des ordres hein ? Ça avait de quoi l'amuser.

- Et tu imagines bien qu'on te les a confisqués pour une bonne raison. Qui sait ce que tu pourrais nous creuser avec ça.

Evidemment, il faisait référence au mode opératoire du jeune homme, son motif d'incarcération était toujours noté sur les fiches le concernant. Quand on voyait ce qu'un détenu imaginatif était capable de faire avec une paire de lacet, autant dire qu'il redeviendrait facilement un tueur en série ici avec son matériel, la tenacité... Quelle sale bestiole. Toutefois oui, Zadig se fit la même réflexion sur Sasha : donc il avait une peur bleue des piqûres mais ça ne le dérangeait pas de se piquer lui-même ? L'effet placebo du « je peux le faire moi-même ! » ? Apparemment. Ça pourrait convenir à sa personnalité narcissique.

Un peu de retenue Sasha, les yeux du chirurgien, ça devait probablement être la dernière chose potable et flagrante qui lui restait. Il lui prit sa tension qu'il nota à côté. Et... Ouais, une fois la peur passée, on pouvait dire que Sasha était bavard, et aussi curieux envers autrui finalement. En voilà une chose étonnante mais pas désagréable.

- Un accident stupide dans les locaux de l'hôpital où je bossais avant. Disons que j'étais au mauvais endroit au mauvais moment, ça m'a sauté à la gueule.

Et le jeune blond n'avait pas besoin d'en savoir plus à ce sujet, pas la peine de le faire réfléchir dessus. Il sourit plus doucement alors qu'il ouvrit le haut de la combinaison de Sasha, cherchant à examiner son rythme cardiaque via son stéthoscope.

- Le médecin qui aurait dû s'occuper de ton cas s'est finalement désisté, il n'aime pas trop les fous tu comprends, commença-t-il l'air calme, avant de sourire finement. On a aussi notre lot de cons dans le personnel. Inspire, fort... Expire... Recommence. Plus profondément.

On ne lui avait pas expliqué grand chose sur le fonctionnement de la prison et il ne savait donc pas les us et coutumes de ce lieu.
Sasha avait bien sûr entendu parler de la California,States Prison mais seulement dans les médias.
Il se souvenait d'un reportage où on expliquait que cette prison accueillait les détenus les plus dangereux du pays et qu'un nouveau directeur s'occuperait des lieux pour une raison qu'il avait oubliée.
ça ne l'avait pas plus intéressé que ça à l'époque et il n'aurait jamais pu imaginer se retrouver ici.
Il regarda le coton posé sur son bras et le tâta du bout des doigts.
Il leva les yeux vers lui lorsqu'il lui expliqua la raison pour laquelle on lui avait confisqué ses seringues et son insuline. Il haussa à nouveau le ton.

Quoi?! Et je vais faire comment? J'en ai besoin, bordel !

Il fronça les sourcils n'ayant pas compris son allusion. Il était inquiet. Comment il allait faire sans traitement. Il ne pouvait pas s'en passer.
Voulaient-ils le tuer? Il se souvenait ne pas avoir été condamné à la peine capitale.
Il était à nouveau perdu dans ses pensées et affichait une expression absente sur le visage, ce qui était assez drôle à voir.
Il allait sûrement devoir se déplacer plusieurs fois par jour à l'infirmerie ou alors on allait les lui apporter ? Il préférait la seconde option.
Il sortit de ses pensées lorsque la voix du chirurgien s'éleva. Il lui parlait de son accident.
Sasha  n'éprouva aucune pitié ou sentiment de tristesse à l'entente de son histoire. Il voulait juste mieux le connaître afin de savoir à qui il avait affaire.Mais le peu d'informations qu'il lui avait donné ne lui étaient pas très utile.
Sasha ne considérait pas Zadig comme une grande menace.
Il ressemblait à ces pacifiques à la con qui préféraient regarder les jolies fleurs et donner de l'amour à qui en veut en chantant des farandoles.
Le genre de personne qu'il avait particulièrement en horreur.  
En tout cas,c'est ce qu'il pensait. Il lui répondit tout naturellement.

Il aurait mieux valu que tu y restes. Il se rappela de l'une des raison pour laquelle on l'avait envoyé chez le aliénés était le manque d'empathie. Il essaya donc de remédier à ça , peut-être qu'ils changeraient d'avis et qu'ils lui enlèveraient cette étiquette de fou.   Enfin,  tu n'aurais pas eu à souffrir autant


Il ne le pensait pas vraiment et ça se sentait. Comment pouvait-il continuer à vivre avec un visage pareil, c'était inconcevable pour lui.
Il lui sourit tendrement. Ses joues prirent soudain une couleur rosée lorsqu'il ouvrit le haut de sa combinaison.
Il savait pertinemment qu'il aurait à passer cette étape et le laissa donc faire à contre-coeur. Il vérifia que la combinaison ne soit pas trop ouverte inspirant et expirant lentement. Après la deuxième expiration, il repoussa la main du chirurgien et zippa sa combinaison jusqu'au cou.
Sasha trouvait déplacé le fait de se dénuder devant un inconnu ou de montrer des signes d'affection en public, qu'il soit médecin ou pas, n'y changeait rien.
Il avait eu sa dose avec la fouille corporelle. Il ne pouvait en supporter plus sur cette journée.

-C'est bon, tu as pu écouter, je vais demander à quelqu'un de me montrer mes quartiers.

Il avait toujours les joues rosées et une expression gênée sur le visage. Il se leva du lit et se dirigea vers la porte.

- Ne t'en fais pas, je ne sais pas qui est en charge de ton traitement mais si tu as besoin d'une piqûre, tu peux toujours venir me demander.

Fufu, il savait très bien que Sasha ne ferait jamais cela et de toute façon Zadig n'avait aucune envie de le faire. Il ne pouvait se permettre de lui donner sa dose d'insuline comme ça, à l'aveuglette, mieux valait laisser ça à son médecin attitré ici. Après... Ce n'était clairement pas chez le jeune blond que le chirurgien rechercherait une oreille attentive. Ce n'était pas ce qu'il cherchait de toute façon, en revanche, il fut agréablement surpris de le voir aussi attentif. Alors ça y est ? Sasha était en train de noter les informations qu'il avait pêchées sur lui dans un coin de sa mémoire ? Brave petit, il préparait son carnet mental, au cas où... Héhéhé, qu'est-ce qu'il aurait ri n'empêche si Sasha lui avait dit haut et fort sa façon de le voir... Zadig le hippie, bon sang, ce que ça pouvait être vrai et si éloigné de lui à la fois...

Disons que le chirurgien aimait sa tranquillité, les belles choses, surtout celles qui sentent bon, et trouver une finalité aux choses. Il avait horreur du travail inachevé, laissé en suspens, ça sonnait comme un échec... Un peu comme son visage qui n'avait pas jamais pu finir de brûler. Aux mots pour le moins rudes du jeune blond, il se mit à sourire, vaguement pensif.

- J'ai souvent pensé ça aussi, commença-t-il, marquant un temps de silence alors que Sasha reprenait ses propos, les adoucissant par leur nouvelle extension. Le pire, ça n'a pas été de voir le résultat. La douleur au visage... On ne la ressent même pas premièrement, sous anesthésie, puis on s'y fait. Ce n'est qu'après qu'on se dit qu'il y a « pire ». Je te laisse méditer là dessus.

Kru kru, une nouvelle fois, le chirurgien ne lui donnerait pas de réponse complète. Tout simplement parce que cette réponse lui appartenait à lui seul, puis... Il doutait vraiment qu'elle puisse intéresser un tant soit peu Sasha. Le pire pour lui... Ça avait été le regard empli d'effroi de sa propre sœur tant aimée alors qu'elle lui souriait, mal assurée. Zadig l'avait bien compris... Malgré tout l'amour fraternel qu'ils pouvaient éprouver l'un pour l'autre, elle avait peur de lui. Ses bons sentiments s'étaient retrouvés ébranlés, il y avait définitivement quelque chose chez elle qui s'était effondré. Mais bref, c'était passé. Depuis longtemps déjà... Pourtant, le sujet restait sensible. Ah, oui. Son attention se reporta sur les battements de cœur du jeune blond qu'il relâcha par la suite. Eh bien... C'était lui ou Sasha avait pris des couleurs d'un coup ?

- Ne me dis pas que c'est la première fois que quelqu'un te touche, tu aurais dû me prévenir. J'aurais été plus doux.

Huhuhu, Zadig lui offrit un sourire narquois, plus large qu'à son habitude, avant de poser ses notes et de s'étirer la nuque doucement sous sa capuche.

- Il reste une dernière chose à vérifier.

A son tour, le chirurgien se leva et attrapa un petit bâtonnet simple, relevant le menton du détenu du bout de ses doigts gantés en lui lançant un regard neutre mais qui se voulait ferme.

- Fais « ah ».

Il lui proposait de venir chercher son traitement chez lui? La bonne blague. Pour rien au monde il n'aurait voulu le croiser à nouveau, puis il aimait bien la deuxième solution qu'il s'était proposée.
Il exigerait du personnel médical qu'on lui apporte son traitement.
On le lui confisque et il faudrait en plus qu'il se bouge le cul pour le chercher. Décidément, les gens d'ici n'avaient aucun savoir vivre.

Il était bien en train de noter toutes les informations sur le comportement et les réponses de Zadig dans un coin de sa tête, malheureusement il n'était pas du tout discret et le chirurgien s'en était douté.
Il ne comprenait rien à son charabia. "Ce n'est qu'après qu'on se dit qu'il y a « pire »".
Il ne voulait pas jouer aux devinettes avec lui et il n'allait certainement pas méditer sur ses propos. Ce type lui souriait tout le temps, il se foutait certainement de lui. Sasha se contrôlait du mieux qu'il pouvait afin de  ne pas craquer et de ne pas lui crever les yeux.
Et le voilà qu'il marmonnait encore. Il rougit plus violemment à sa remarque.

-Bien sûr que non, j'ai déjà eu des relations. Je trouve juste ces touchers déplacés.
On ne se connait pas et tu te permets de poser tes mains sur mon torse.
Il est très facile de faire cet examen en plaçant cet objet au-dessus du tissu.

Il lui montra du doigt le stéthoscope. Sasha n'était plus puceau depuis longtemps et ne voulait pas s'étendre là-dessus. Ces sujets  lui étaient difficiles à aborder.
Il s'apprêta à quitter l'infirmerie lorsque le chirurgien le stoppa, il leva les yeux vers lui et serra la mâchoire en le dévisageant. Comment osait-il encore poser ses doigts sur lui après qu'il lui ait dit qu'il n'appréciait pas ça.
Le gentil Sasha n'avait hélas pas duré longtemps. Il ne voulait plus capituler et il lui donna un violent coup de pied dans le tibia pour lui faire comprendre ses intentions.
Il finit par s'extirper de son emprise pour tourner la poignée de la porte.

-AAHHHH , ferme ta gueule!

Il ne mâchait pas ses mots et avait de nombreuses sautes d'humeur, ces petits inconvénients faisait partie intégrante de sa personnalité. Sa patience avait été mise à rude épreuve et il venait de craquer à l'instant. Si le médecin continuait sur cette voie, il aurait vraiment  affaire à une bête enragée.

-Bordel! Pourquoi ça ne s'ouvre pas !

Il n'arrivait pas à ouvrir cette fichue  porte et s'excitait davantage en donnant des coups de pied et en tirant de toutes ses forces sur celle-ci.
Sasha était plus du genre à agir sous l'impulsivité qu'à réfléchir aux conséquences de ses actes et paroles.

Eh bien Sasha verrait bien s'il se bougerait le cul ou non pour aller chercher sa dose, quand sa vie commencera à sérieusement être mise en jeu, peut-être reviendra-t-il sur ses propos... Ehehe, ça n'avait pas d'importance dans le fond pour Zadig puisque ça ne relevait plus de ses fonctions, jusqu'à preuve du contraire. Par la suite, le chirurgien ricana en écoutant la réponse on ne peut plus censée du jeune blond. Franchement, quelle pucelle...

- Déplacés ou pas, ce sont ce genre de toucher qui permettent de te sauver la peau. A même la peau, on entend toujours mieux...

Et il le fixa, se léchant la lèvre inférieure, souriant d'un air plus narquois... Si avec ça il ne le faisait pas frémir d'effroi, krukru. Bah, qu'il soit puceau ou non n'avait pas non plus d'importance aux yeux du chirurgien. Il était là pour le travail, accessoirement pour papoter avec les détenus les plus récalcitrants. Même ceux qui osaient frapper le personnel médical, umpf, p'tit con va... Zadig gronda sous l'effet de la douleur, s'énervant plus qu'autre chose.

- Décidément... T'es vraiment pas tactile hein...

Mais si Sasha avait un côté Jekyll et un autre Hyde, il ne devait pas penser être le seul dans ce cas... Jusque-là, Zadig était resté sous l'apparence du bon docteur, mais laisser place à Mr. Hyde ne serait pas un souci. Toutefois, il réfléchit, consolant son pauvre tibia en le massant, peut-être qu'il devrait lui faire une injection pour le calmer... Hum, Zadig détestait en arriver à ce genre de pratique mais si Sasha ne lui laissait pas d'autre option... Non. Il avait trouvé une solution qui lui plaisait beaucoup plus. Puisque le jeune blond était occupé à se faire plaisir avec la porte, le chirurgien en profita pour venir l'attraper sèchement par le colbac et le traîner à sa suite jusqu'à le balancer sur le lit où il était assis auparavant.

- Quand je te dis que tu ferais mieux de m'écouter pour que ça aille vite...

Sans plus attendre, il vint s'asseoir lourdement sur les jambes de Sasha, lui souriant alors qu'il venait maintenir ses poignets au dessus de sa tête. Il soupira, prenant une pause avant de bloquer ses poignets d'une seule main. C'est ce qu'il aimait des petits gabarits, ils étaient pratiques à maîtriser. Une fois rendu là, Zadig le força à ouvrir la bouche, attrapant sa petite langue entre ses doigts de cuir, là il lui jeta un regard neutre, calmé à nouveau.

- On termine ça à ma façon, okay ? Tu me mords, je t'arrache la langue et te la fous dans le cul, compris ?

Lui sauver la peau? Quelle idée. Etait-il en danger en ce moment même? Pas du tout!
Ce chirurgien était seulement un gros pervers qui voulait poser ses doigts gantés sur son merveilleux corps. Après tout, qui ne voudrait pas le toucher?
Sasha avait tout pour lui. Un corps délicat, une peau blanche presque transparente, blonds aux yeux bleus ainsi qu'une situation familiale idéale.
Il ressemblait en tous points à ses poupées en porcelaine qu'on affichait dans les vitrines pour les contempler.  A La seule différence   qu'il était pourri de l'intérieur.
Il eut une vision de dégout lorsqu'il se lécha les lèvres. Voilà, il en avait la preuve, ce toubib n'était pas net et il voulait son corps, ce gros vice lard.  
Il devait se protéger de lui et s'en éloigner coûte que coûte. Il continua de s'acharner sur cette porte qui refusait de lui rendre sa liberté  et rétorqua.

-Non et je ne laisserai certainement pas quelqu'un de votre espèce poser vos sales pattes sur moi !



Il avait réussi à laisser une trace de coup dans la porte, lorsque tout à coup il sentit une pression sur l'avant de son cou, le médecin le tirait vers l'arrière.
Il se débattait comme un diable, il  fut ensuite jeté non sans délicatesse sur le lit où il avait été précédemment examiné et lui hurla dessus pour ne pas changer.

-Je ne te permes pas de me toucher ni de me traiter de la sorte, je te ferai regretter tout ce que tu m'as fait subir!

Encore et toujours ces menaces. Le médecin n'avait pas l'intention de converser avec lui, il s'asseya sur ses jambes pour une raison qu'il ignorait. Le jeune garçon voulut lui donner un coup de poings mais ses mains furent rapidement maîtrisées.  
Il était à nouveau dans l'impossibilité de bouger et de se défendre.
Cette situation le mettait à nouveau dans une situation embarrassante et gênante.
Il le dévisagea de plus belle.

-Connard ! Crève ! Sa…

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que Zadig tenait sa langue entre ses doigts et prit peur à ses paroles … Sasha s'était trompé, il n'avait rien d'un hippie ou d'un romantique.
A présent, il ne doutait plus.Le chirurgien  était capable de mettre ses menaces à éxécution mais obéir lui demandait un effort considérable.
Après quelques secondes de réflexion, il finit par hocher la tête, signe qu'il ne résisterait pas et qu'il n'avait pas l'intention de le mordre.
Sa tête bourdonnait, tout ce stress plus le manquement du petit-déjeuner ne lui réussissait pas. Il pâlit à vue d'œil.
Sasha était assez mignon sous cet angle, on pouvait facilement le confondre avec un chien jappant et rentrant la queue entre les jambes tout en baissant les oreilles.
Oui, c'est tout de suite cette vision qui venait à l'esprit des personnes l'ayant vu dans cette situation.

-ok..che..mordrai pas

Il essayait de ne pas baver ou de postillonner, la situation était déjà assez embarrassante et humiliante pour lui. Il finit par ouvrir grand la bouche pour qu'il puisse finir son boulot .

-Ahhhh

Le corps de Sasha... Il ne dirait pas non, après tout, qui ne prendrait pas son pied en ravageant l'intérieur d'une poupée de porcelaine ? Enfin, ce que Zadig préférait encore plus, c'était punir les sales gosses. Encore une fois, bingo, Sasha en était un et pas des moindres... Mais ce qu'il aimait encore plus, c'était les petits blonds fragiles aux yeux clairs dont la vie ne tenait qu'à un fil, des êtres purs qu'il ne pouvait absolument pas toucher... Mathéo... Quand il repensait à son ex-patient - que le ex lui pesait... - il avait tout juste envie de punir ce petit effronté de Sasha pour lui apprendre la vie et le traiter en considération. Le bon méritait l'amour, le vilain garçon qui déblatérait un peu trop d'inepties verbales et refusait de finir sa soupe méritait la fessée, ça allait de soi.

- Mais oui.

Qu'il lui fasse regretter ce qu'il voulait, tant qu'il pouvait terminer son travail comme il se le devait. A la seule différence cette fois-ci que Zadig se passa très bien d'attaches et autre entrave à la liberté de mouvement de Sasha. Il n'avait pas besoin de ça pour maîtriser ce maudit cabotin. Qu'est-ce qu'il croyait ? Ils étaient dans un établissement où se côtoyaient et fricotaient molosses de plus de deux mètres et chihuahuas poids plumes, tout le personnel ici devait savoir comment gérer ce genre d'individus, sinon ça serait très pénible de travailler correctement pour eux. Si Zadig avait pu entendre Sasha, nul doute qu'il lui aurait ricané au nez. Quoi ? On ne pouvait pas être un hippie romantique sans être un minimum sadique ? Oh... Eh bien tant pis. Personnellement, il ne voyait pas en quoi les deux étaient incompatibles, héhé... Tout travail bien fait avait son lot de peine, ne pensait-il pas ?

- Bien, bon garçon.

Voilà, c'était embêtant quand même de devoir en arriver là pour un simple examen médical de routine. Il ne manquerait plus que quelqu'un arrive à ce moment-là... Enfin, ça serait amusant... « Doc, je viens vous apporter les... papiers de... Okay, un sadique sur un petit chiot mort de trouille, je vous dérange pas plus ! » Ahaha, ça vaudrait presque le coup d'être réalisé tiens. Bon, vu qu'à présent Sasha était de meilleure composition, il termina ce qu'il avait commencé et examina sa petite bouche, tirant plus doucement sur sa langue pour mieux observer sa cavité buccale. Hop là, la petite lampe et... Voilà, rien d'anormal, pas d'amygdales enflées, pas d'aphte, nada.

- Jolie dentition, continue d'en prendre soin.

Et voilà, Zadig recula, lui laissant de nouveau le plein contrôle de sa petite bouche, se redressant pour aller laver le bout de ses gants et achever son rapport sur le détenu. Bon et bien, ce serait tout. Il se tourna vers le jeune blond, souriant doucement avant de se diriger vers la porte qu'il déverrouilla. Vachement pratique ces cartes parfois...

- Tu peux disposer. Sauf si tu as besoin de quelque chose encore ? Je t'écoute.

Evidement qu'il avait une belle dentition, l'hygiène  et la propreté ont une place capitale dans sa vie, il n'avait nul besoin de le lui rappeler
Le poids de Zadig commençait à lui engourdir les jambes.
Il le dévisageait froidement tout en bougeant ses doigts de pieds, rétablissant ainsi la circulation sanguine.
Lorsqu'il  lâcha sa langue et s'éloigna de lui, lui permettant ainsi d'être à nouveau libre de ses mouvements.
Il se leva de la table et massa ses jambes  endolories tout en  essuyant  un filet de bave au coin de sa bouche.
Il n'avait qu'une envie, se laver les dents à la javelle, désinfecter son corps, le récurer afin d'oublier le toucher de ce gros sadique.
En plus, celui-ci se permettait de lui sourire et de le prendre de haut.
Décidément, il méritait de crever tout comme les prostitués dont il s'était chargé.Non, il méritait bien pire.
Il bouillonnait de rage, il voulait lui faire payer pour l'humiliation endurée. Sa colère prenait à nouveau le dessus sur sa raison.

Venait-il de lui tourner le dos à l'instant? Oui, ce con venait de lui tourner le dos pour se diriger vers la porte.
Quelle grossière erreur, Sasha chercha rapidement une arme.
Son regard se posa immédiatement sur une poubelle métallique se trouvant à proximité du lit dans lequel il était précédemment immobilisé.
Il s'empressa de la prendre, il avait  peu de temps, il ne devait pas rater son coup.
Son sang bouillonnait, sa respiration s'accéléra, il se devait de rétablir son honneur et ce en lui faisant regretter son geste.
Lorsque le chirurgien se retourna à nouveau vers lui, il lui lança la poubelle métallique au visage, le contenu de la poubelle se déversa au sol. Il ne put s'empêcher de sourire et d'espérer qu'un déchet médical se trouvant à l'intérieur en soit sorti et  l'ai blessé.
Avec un peu de chance, il attraperait le sida.


-Oui j'ai besoin de te voir à genoux, en sang, me suppliant de te laisser la vie sauve, Vicelard!


Et voilà, il venait à nouveau de perdre tout contrôle, ces sauts d'humeur étaient épuisantes et ce pour quiconque l'ayant cotoyé.
Il venait de remarquer la carte magnétique et comprit enfin pourquoi la porte ne s'était pas ouverte lorsqu'il avait essayé de l'ouvrir par la force.
Il se demanda combien de temps  encore cette porte resterait déverrouillée et si  par malheur elle se vérouillait à nouveau, si il avait une chance de la lui voler.
Il lui souria et prit rapidement un pied à perfusion qu'il utilisa comme moyen de défense et arme.  
Il planta l'objet droit devant lui, tel une lance et lui hurla.


-Eloigne toi de cette porte ou je t'empale!  


Il n'aurait pas été loin, mais Sasha  était tellement en colère qu'il ne pensait  pas  une seconde aux conséquences ni aux événements qui suivraient son geste.
Il agissait instinctivement et pour l'instant seul sa survie, sa protection et son honneur importait et contrairement à ce grand dadet, lui avait une arme.

Ça avait été très vite, trop vite même pour lui. En fait, il était impossible que Sasha ait prémédité son acte, non ce genre de geste était fait sous l'impulsion. Ce con... Il venait de lui balancer une poubelle sur la gueule. Une poubelle. Sérieusement ? Sur le coup, Zadig ne s'énerva pas, pas du tout même, il était trop surpris pour pouvoir réagir autrement. Mais très vite, l'idée de lui remplir le fondement avec ce qu'il venait de lui balancer dessus n'était pas à exclure, voire même urgemment envisageable. Il se prit principalement l'angle métallique du rebord dans la tempe, le forçant à fermer l’œil en même temps que quelques mouchoirs et autres emballages de gâteaux et d'instruments stérilisés s'éparpillaient ici et là autour d'eux.

- ... C'est moi que tu traites de vicelard après avoir dit un truc pareil ? ...

Mais c'est que c'était l'hôpital qui se foutait de la charité ma parole. Pff, les jeunes psychosociopathes, ils manquaient pas d'air à défaut de tous leurs neurones. Zadig repoussa d'un coup de latte la poubelle qui venait de l'agresser sans aucune légitimité, il lui faisait quoi là Sasha, hein ? Une crise, c'est ça ? Il avait déjà oublié sa précédente prévention ? Celle qui parlait de lui couper la langue pour lui faire connaître les joies de l'anulingus en solo ? Ah... Mea culpa, il aurait dû préciser que c'était aussi valable s'il en venait à se retourner contre lui d'une quelconque façon. Dans tous les cas, il n'allait pas pouvoir laisser passer ça aussi facilement, qu'il y ait crise ou pas, que Sasha le menace ou non.

- ...

Quoi ? Il le menaçait, lui, alors qu'il était prêt à le laisser partir sans histoire ? Mais... C'était complètement... Bref. Zadig roula des yeux, le fixant d'un air blasé. Il n'y avait qu'une chose à faire : lui foutre un bon coup de pompe dans l'estomac, le repousser aussi loin qu'il le pouvait du pied à perfusion, le lui prendre, mais surtout, surtout, le repêchséchement colbac et l'attirer sèchement à lui.

- T'es quand même gonflé pour un gosse qui vient à peine de quitter la puberté, pourquoi t'es pas simplement parti la queue entre les jambes quand je t'en ai laissé l'occasion ?

Franchement... Ça leur aurait évité bien des soucis. Zadig traîna sa proie de nouveau sur le lit où il s'était si gentiment occupé de lui, le balançant dessus une nouvelle fois. Et une nouvelle fois, il vint sur lui histoire de l'immobiliser, s'asseyant de tout son poids sur ses jambes. Héhé, à nous deux mon joli ♥ Dès que sa carte fut rangée, il vint capturer les poignets du jeune blond.

- Si c'était pour m'exciter, on aurait pu trouver un autre arrangement.

Toujours en possession de son pied à perfusions, il ne bouge pas d'un poil et cherche une quelconque blessure (supplémentaire) sur le visage du chirurgien.  
Il est toujours aussi laid qu'avant  et  n'a pas l'air d'avoir souffert de cette attaque.
Au fond de lui, il savait pertinemment qu'il n'aurait pas pu abîmer d'avantage le visage de Zadig mais le fait de voir que son action n'ai engendré aucun préjudice physique, même mineur l'avait déçu.
Sa déception était grande et il  poussa un profond soupir.

- ... C'est moi que tu traites de vicelard après avoir dit un truc pareil ? ...
Il sentit une pointe d'agacement dans le ton employé par le chirurgien.
Il réagissait enfin à l'une de ses insulte, provocation ? La patience du toubib commençait t'elle à s'épuiser?
Bien.  à défaut de le blesser physiquement il l'avait peut-être touché dans sa fierté.
Eh oui mon coco, lui aussi  souhaitait plus que tout  t'humilier et te rabaisser plus bas que terre.
Ce rôle ne t'était  pas exclusivement réservé.A charge de revanche comme on dit.

Bon, il est vrai que Sasha n'excellait pas dans les subtilités du chantage et de la manipulation. Il ne savait pas frapper là ou ça faisait mal malgré tous ces efforts.
Risible pour un sociopathe, n'est ce pas?
Il n'avait pas oublié la menace qu'il lui avait faite précédemment mais à bien y réfléchir,  ça ne pouvait être qu'une grosse blague. Il n'y croyait plus.
Il était impossible qu'un médecin commette ce genre d'acte à l'encontre d'un patient.
Il s'était convaincu que ce n'était que des paroles en l'air et s'était conforté dans cette idée.

Il s'approchait en sa direction, c'était trop beau que d'espérer qu'il lui obéisse sans rechigner, n'est ce pas?
Il se tint  donc prêt à se battre tel un lion, à recevoir dess coups et à en donner quelques uns .
Hélas, ça ne s'était pas passé comme il l'avait espéré. Le chirurgien lui donna un seul et unique coup. Ses gestes furent précis et efficaces.
Il n' y eut aucune bagarre, aucun débordement. Sasha vit son arme valser un peu plus loin, ressentit une vive  douleur à l'estomac et se retrouva  contre Zadig.
Il hoqueta de surprise.

-Je ne te donnerai jamais ce plaisir. Jamais je ne me rabaisserai à fuir la queue entre les jambes, faudra te faire une raison.

Le fait de se retrouver à nouveau à la merci de Zadig, l'eut un peu refroidi.
Le voici  donc à la case départ.  A nouveau immobilisé sur le lit métallique. Il ne lui restait que ses yeux et sa bouche comme  moyen de défense.
Ils ne lui avaient pas été d'une quelconque utilité jusque là mais bon, qu'est ce qu'il pouvait faire d'autres ?
Il lui lança  un regard noir et glacé.  
Qu'allait-il faire à présent hum? Le menacer, le bousculer, l'effrayer? Il commençait à connaitre son jeu  et cette fois-ci il ne tomberait plus dans le panneau.
Il se contenta de sourire à sa remarque.

-Ah, parce que ça t'excite de recevoir des ordures à la tronche? Je recommence quand tu veux, mon chou. Hahahahaha et c'est moi qu'on appelle "fou"?

Il remua ses poignets et son bassin, en espérant pouvoir s'extirper de son emprise.
Mais à nouveau Rien n'y faisait, il savait comment s'y prendre pour mater les détenus. Il garda son calme.
Cet homme était sadique, il ne devait pas lui donner ce qu'il attendait.
Quelqu'un allait bien finir par entrer dans cette fichue infirmerie et l'extirper ainsi des griffes de ce prédateur. Il tourna la tête en direction de la porte.
"Ouvre toi, ouvre toi "se dit t-il.

-Je pensais que nous en avions fini avec les examens médicaux Monsieur le chirurgien?Vous prenez des heures supp? J'espère que votre salaire suit.

Garder son calme en toutes circonstances, il ne devait pas flancher.

Pas dans l'immédiat mais il aurait certainement un beau bleu d'ici un moment. D'ici là, il devrait faire avec un agacement accru et... Une douleur sourde mais bien constante contre son encéphale. En gros, une bien bonne raison pour remettre à sa place ce jeune avorton et lui enseigner une bonne petite leçon de vie. Et, oui, il était agacé il devait l'admettre. Ça faisait mal cette saloperie de poubelle, sans compter le bordel que ça avait foutu sur le sol. Parce que ce n'était pas l'homme de ménage de la prison qui allait nettoyer ça à tous les coups mais bien ses petites mimines... Eh bien... Non. Pas les siennes. Mais celles d'un petit prince qui avait tendance à oublier que les rambardes de son château-fort étaient les barreaux d'une prison.

Allons donc, Sasha croyait impossible que Zadig mette en pratique sa menace ? Mais... Pourquoi pas ? Physiquement, c'était plus que réalisable, sans compter que le lieu était fait pour opérer. Scalpel, vaseline, le scalpel à lui seul aurait suffi d'ailleurs. Quelques gestes précis, Zadig aimait s'économiser, et il le démontra suffisamment bien comme ça en désarmant le jeune blond qu'il vint capturer par la suite. Peu de temps, peu de gestes, pas le droit à l'erreur, capturer cet idiot était une sorte de mini-opération. Pas besoin de débordement pour lui régler son compte, encore moins de bagarre. Dieu non, pourquoi se battrait-il avec ce petit sac à puces trop bien traité ? Ce serait fatiguant et inutile, non, Zadig préférait franchement prendre son temps et... Gérer les crises comme ses petites punitions de façon plus calme, plus... Efficace...

De nouveau sur le lit, Zadig observa plus attentivement - moins médicalement - le corps du jeune blond immobilisé. Il n'était pas vraiment son genre, non. Il lui manquait... Quelques centimètres. De longs cheveux noirs. Et un regard tendre à se damner pour un peu d'amour de sa part. Pas grave, il aimait bien aussi les sales gamins à torcher au regard noir assassin. Si seulement Sasha savait... Il allait très vite regretter de ne pas être parti comme un gentil garçon l'aurait fait. A sa remarque, Zadig ricana, le fixant jusque dans le fond des pupilles. Il avait envie de le geler sur place, de le glacer de son regard arctique.

- Qui sait, quand on est habitué au caviar, une ordure peut s'avérer être une véritable pépite d'or. Dans ton cas, je dirais... Un amuse-gueule.

Héhé, sadique, lui ? Oui, oui. Autant qu'un chat qui tenait une souris au creux de ses griffes et qui n'avait pas encore tranché entre la gracier ou l'exécuter. En attendant de choisir, il jouait avec. Ça semblait être encore l'option la plus satisfaisante. La porte était bien entendu de nouveau fermée, à moins qu'un membre du personnel ne soit autorisé à y entrer, ils resteraient seuls. Tous les deux. Rien que tous les deux. Et à nouveau, Zadig afficha un sourire, cette fois plus mesquin, se lapant les lèvres.

- Ne pense pas à mon salaire, je fais mon travail par... Passion ♥

Ehehe, et il ne tarda plus à rallier les deux poignets de Sasha sous l'une de ses mains, les maintenant fermement, pendant que l'autre venait s'appuyer contre la gorge du jeune blond. Il la caressait, de toute évidence, et poursuivait sa caresse plus bas, toujours plus bas sur son torse, quelques doigts venant ouvrir la combinaison du jeune blond sans se presser, méthodiquement. Il n'allait pas tarder à ressentir le dégoût, les frissons de son patient. Et il allait adorer ça sans nul doute. Fufu ♥

Il commençait à apercevoir  une légère démarcation de couleur  sur le  côté encore intact du visage du chirurgien. Oh,  ce coup de poubelle avait tout de même eu raison de lui.
Quelque part, il avait la certitude que son coup avait été douloureux.
Peu importe la situation dans laquelle il se retrouvait désormais, il avait réussi son coup, il  l'avait blessé à minima. Il souria observant l'ématome qui commençait à se former.
Fier de son œuvre, il voulait la graver dans son esprit, la voir évoluer, appuyer dessus, lui en faire d'autres... Hahaha, c'était parfait.


Sasha venait d'arriver, il pensait qu'ici, ce serait comme chez lui, enfin, presque. Qu'il aurait une ribambelle de lèche-culs à ses pieds.
Mais le monde n'est pas toujours rose, même pour l'héritier William.
Il y avait toujours quelques mauvaises herbes  qu'il faudrait remettre à leur place et dans le droit chemin.  
Le chirurgien en faisait partie.
Cependant, il savait y faire avec les mauvaises herbes. Dommage  qu'elles soient si nombreuses  par ici.  Il leva les yeux vers Zadig. Quel était ce regard ?
C'était froid... non glacial.
Il ressentit même un frisson. Il n'en détacha cependant pas son regard, ne pas fuir, jamais.


"Qui sait, quand on est habitué au caviar, une ordure peut s'avérer être une véritable pépite d'or. Dans ton cas, je dirais... Un amuse-gueule."

Il sous-entendait qu'il était une ordure et même pas la pépite, non l'amuse-gueule.  Une ordure lui? Etait-t'il aveugle ?
Il était la crème de la crème.  Certes,  Il portait  à présent cette hideuse combinaison grise et se retrouvait perdu dans ce trou à rat mais ça ne changeait en rien son statut.
Il était un prince, sa nature ne serait pas rayée aussi facilement et certainement pas par le genre d'individu que représentait Zadig .
Un sadique faisant face à un sadique . Rien de bon ne pouvait  ressortir lorsqu'on met face à face deux prédateurs. Bien sûr, il y en aurait toujours un de plus faible qui finirait par se faire bouffer par l'autre. Mais dans l'esprit de Sasha, il n'était pas le plus faible. Il était en mauvaise posture, mais il pensait pouvoir retourner la situation à son avantage. Il ne comptait pas se laisser faire, plutôt crever que de lâcher prise que  de lui donner ce qu'il souhaitait, sa soumission.


-Ne souris pas, ça enlaidit un peu plus ton visage.


Il avait dit ça calmement et tout naturellement. Il le pensait et l'une des manies de Sasha c'est qu'il avait besoin de dire à voix haute tout ce qu'il pensait.
Il était tordu . Il releva la tête vers ses poignets qu'il ne tenait qu'à présent qu'avec une main. Ça le saoulait, être aussi facilement maîtrisé, il remua les poignets et pesta.
Il devait bien y avoir une brèche, une fissure quelque part,  même petite.  
Il baissa à nouveau les yeux pour croiser le regard de Zadig .
Un frisson parcourut son échine. Son corps entier hurlait  et repoussait son toucher.


-Que fais tu?! Ne … ne me touche pas.


Ses poils se redressèrent de par la légère ouverture de sa combinaison mais surtout à cause du dégout ressenti. Ses mains… étaient posés sur sa peau, il le déshabillait. Son visage  et plus précisément ses joues prirent une délicate couleur rosée.


-Ne me touche pas !


C'était un ordre, mais le ton de sa voix était tremblante, mal assurée.  
Il donna des coups de pied sur le lit puis… ne bougea plus et ferma les yeux.
Qu'est ce qu'il était en train de faire, là ? Il lui donnait exactement ce qu'il souhaitait.
Il perdait le contrôle et lui montrait que ça le touchait. Il ne devait pas. Il respira calmement, se mordit la lèvre puis rouvrit les yeux le fixant de son regard noir et glacial .  Ne pas réagir, ne fais rien. Laisse le faire, ça ne l'amusera pas de martyriser un mur.
Il se lassera rapidement .
Cependant, il ne pouvait ignorer les réactions de son corps, ses joues restèrent rouges, son cœur battait la chamade et les poils sur ses bras étaient dressés.

-ça t'amuse?


une légère grimace parcourut ses lèvres lorsqu'il posa cette question.