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Un calvaire tombé du ciel

Anonymous





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Ven 24 Avr 2015 - 5:15
Stephen n'était pas prêt de retourner s'inscrire à l'atelier de lecture. Il avait obtenu du bibliothécaire d'emprunter un livre, exclusivement pour l'horaire, un édité et réédité disponible en plusieurs exemplaires. Murder on the Orient Express, d'Agatha Christie, tout banalement. Le vieux de la quarantaine tirant sur la cinquantaine, encore fringant mais acerbe, lui avait montré sa plus belle tête d'ahuri les vingt premières secondes suivant sa requête. « Mais p'tit les détenus ça emprunte pas mes livres ! Et pas les p'tits gris comme toi ! T'es pas un diable p'tit mais y a pas d'emprunt dans ma bibliothèque, p'tit. »

Le Calvair obtint gain de cause et débarqua très posé sur le seuil de la salle, enjoué. En tout cas il se tenait droit et décontracté.
Il se raidit nettement lorsqu'il avisa le tableau, craie à la main pour remplir la liste de lecture. Une pensée peu courante pour son esprit le traversa. Qu'est-ce que c'était que cette blague ?
"La foi dans le milieu carcéral
Pénitence et pénitencier
Thèse sur les aménagements de la California State Prison, entre enjeux psychiatriques et rédemptifs.
Les 120 journées de Sodome
Peine et pardon, aspects législatifs et moraux
"

Le mec lugubre se retourna, mi-hébété mi-irrité au milieu de cette farce. Son vis-à-vis lui présentait un cercle de chaises, sur lesquelles étaient prostrés trois gars aux mines délabrées ou qui couvaient une rage sourde, en pénétrant le carrelage blanchâtre du regard. Face à eux se tenait un homme chauve, en habit d'église.
Il n'était pas prêt de remettre les pieds dans cet endroit. La séance avait été un calvaire.
Mine de rien, le farfelu thésard qui s'était prit de passion pour sa cage l'avait renseigné d'éléments pas anodins. Entre ces murs bétonnés il y avait une chapelle, fondée de longue date avec la prison, d'inspiration européenne. Alors qu'il faisait crisser ses semelles sur l'herbe fraiche du parc, Stephen rivait ses yeux vers la bâtisse. Il ne l'avait pas encore remarquée lors de ses frustes sorties à l'air libre, entre deux sonneries. Elle était implantée derrière les quartiers sportifs, qui la dissimulaient sans peine.

De la pierre de taille. De l'ancien, du rustique presque, le seul bâtiment dans le coin qui avait été élevé pour respecter l'humanité des résidents. Il entra silencieusement par l'ouverture sombre, goûta à la fraicheur de l'intérieur, vaguement entretenu. Aucun éclairage, aucun cierge, aucune croix que sculptée à même la façade intérieure du chevet. Le mobilier, les attributs inhérents à cette implantation sacrée, avaient tous été repensés pour s'intégrer en milieu carcéral.
Pas d'élévation, que la charpente et la voûte. Des fenêtres hautes à vitraux hors d'atteinte, à l'instar de celles des bâtiments de style plus moderne. Mais l'intérieur est quand même relativement sombre, Stephen n'y est pas vraiment à l'aise, il n'a pas grand chose d'offert à la vue. Ce qui l'a attiré, c'est cette ressemblance. Vague, mais la plus proche qu'il aura. Avec des ruines, britanniques moyenâgeuse, en pierre de taille, un après-midi ensoleillé.
Il ressort. L'adulte à peine sortit de la puberté lorgne la façade, les assises des pierres endommagées. Pas vraiment des prises, mais ce n'est pas de persévérance dont il manque.

L'aiguille pointe le chiffre 6 au cadran de sa montre à gousset. Allongé sur le toit, les ongles éclatés et rougis, il joue avec le clapet du cadran. L'argent reflète les chaussures élimées abandonnées quelques tuiles plus loin. Image tronquée dans le bord circulaire de l'accessoire.
La même coulée écarlate que sur le bord du front de Christie. Plus que Kuro, c'était ce présent d'anniversaire de ses 16 ans offert par une petite amie, qui avaient fait office de memento mori commémoratif dans son esprit.
Pieds-nus et amoché en combinaison grise ouverte sur son torse, il a perdu de son allure de chauve-souris. Les paupières closes le brun s'avance. Elle relevait son visage dans un rire, et son corps chut s’écraser sur les rochers.
Les mains du garçon encore en suspend devant lui, accrochèrent
-- en vain le vide ouvert devant ses membres, et la breloque entre ses doigts crispés. Ses globes oculaires se ranimèrent sur son faciès léthargique, se posant sur la dépouille en contrebas aux cheveux...blonds ? Il les vit arriver dans sa stupeur et sa transe ne se rompit que lorsqu'il heurta mollement le sol.
Un calvaire était tombé du ciel, et pas inaperçu. Stephen se releva difficilement, avec des mouvements déstructurés. Son corps le meurtrissait mais il répondait. Sa main en revanche le  lançait, mais il se hâta de la ranger dans une poche, desserrant sa poigne en même temps qu'il serrait les dents.

Il posa des yeux exorbités sur l'inconnu qui n'avait rien de commun avec sa sœur jumelle, et certainement pas le sourire jovial.
« Puis-je te demander de l'aide ? J'ai laissé quelque chose en tombant. »
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Anonymous





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Ven 24 Avr 2015 - 12:00
Je soupire en arrivant devant la chapelle et tire une latte sur ma clope. Pour un taulard, cette journée avait débuté normalement. Peu de temps s'était écoulé depuis mon transfert ici. Je n'en revenais pas d'avoir été muté en Californie, à croire que cet état me poursuivait. Un goût amer dans la bouche au réveil, je regrettais sincèrement mon Colorado, mais si la cellule d'isolement du centre de détention pour mineur était loin d'être un palace ou une vie de rêve, je devais avouer avoir été un détenu exemplaire jusqu'à lors. Je n'avais provoqué aucune bagarre générale, aucune discorde, aucune agression sur détenu ou gardien. Enfin, en tous les cas, ça n'était pas noté dans mon dossier.
Réveillé depuis cinq heures a.m, j'avais passé la nuit à observer le plafond. J'aurais pu me réjouir d'avoir un coloc de cellule, mais pour être honnête, ça m'avais plus cassé les couilles qu'autre chose. Je détestais la compagnie. Non pas qu'on s'était adressé la parole, non, l'ignorance totale avait même été la partie clé de mes derniers jours. Je ne savais son nom que par le tableau d'affichage. Je ne me serais pas amusé à raconter ce pourquoi j'étais là, non merci, j'aurais eu l'impression d'être en colonie de vacance. En revanche, savoir pourquoi lui y était m'intriguais un peu. Non pas que je sois curieux, non, surtout pas. Mais partager ma piaule avec un inconnu en sachant moi même pourquoi je me retrouvais dans ce désespoir total, ça, ça m’inquiétais. J'avais déjà du mal à dormir en étant seul alors dormir alors qu'un potentiel criminel dors dans le lit en dessous de moi ? C'était trop me demander.
Sept heures a.m avait fini par sonner, j'avais enfilé ma combi' jusqu'au hanches et l'avait noué pour éviter qu'elle ne se casse la gueule. Un débardeur gris en guise de haut me suffisait, je ne tenais pas à m'imposer cette horrible couleur orange au regard de ma gueule dans le miroir dés le matin. Puis, vers les huit heures moins dix minutes, les portes étaient ouvertes, direction le réfectoire. J'avais tellement besoin de mon café et ma clope matinale. Ne connaissant pas mon codétenu, je m'étais abstenu de cloper dans la cellule depuis mon arrivé. Et putain, ce que c'était dur. Le manque de nicotine me faisait avoir de légers tremblements. On dit que le tabac n'est pas une drogue, mais ce genre de réaction m'en fait largement douter.
C'est donc irritable au possible que j'avais débarqué dans le réfectoire pour boire la pisse qu'il nous serve en guise café. C'est tout transparent, coupé avec des litres d'eau, mais ça a un arrière gout de café. Une sorte d'infusion de café peut être. Toujours est-il que ça contente. Je crois qu'en fait, c'est ça le pire lorsqu'on est incarcéré. On doit se contenter. Rien ne fait vraiment plaisir, c'est des substituts. La vie était merdique, le monde était tragique. Bien avant d'être foutu ici je m'y était résigné.

Puis le programme d'occupation des détenus avait commencer, et c'est là que ça a commencé à se déchanter. La séance de sport s'était relativement bien passée, mise à part qu'un détenu avait pas arrêter de vouloir me taper la causette. Je l'avais ignoré. Je m'étais attardé au sport, bien que les deux tours de terrain et les dix pompes était un exercice crevant pour la plupart, moi ça me vidait la tête, du coup j'avais doublé la mise - de toute façon certains étaient tellement lents que c'était passé crème.
Vers onze heure, j'allais aux douches, bondées comme d'habitude. Je soupçonnais certains de vouloir fusionner avec leur mur ou de chercher à se transformer en éponge à force de les voir mariner comme des poiscailles sous leurs petits jets d'eau ridicules. Alors que j'en étais a me laver les cheveux, j'ai entendu un type hurler. Après un bref coup d'oeil j'ai compris que c'était pas le moment de m'attarder alors j'ai fini de me rincer en vitesse pour me tirer. Bien qu'être seul et plutôt calme comme détenu, l'être n'arrange les choses qu'avec les gardiens - et encore.
Le reste de la journée avait été tout aussi emmerdant, dans tous les sens du terme. J'avais été faire un tour à l'atelier de poterie et c'était plutôt à chier, j'avais évité de justesse un aliéné qui voulait recouvrir mon visage d'argile et après un faux mouvement, j'avais pété le petit pot en terre  d'une sorte de caid et avait fini par en partir, encore plus déprimé qu'à mon arrivé.

Tirant une nouvelle fois sur ma clope, je lève les yeux au ciel. Catherine, je suis sûr que c'est toi qui m'a maudit. Avec ta model home, ta model life. Je me retrouve en taule pour échapper à toute cette merde dans laquelle le nom de Garris m'a fourré et y'a quoi devant moi ? Une. Putain. De. Chapelle. Sans déconner ? C'est censé être ironique ? Non parce que là a ce stade c'est pire que du cynisme. Finalement on avait peut être des point communs toi et moi, mom.
Je vais peut-être me poser sur les marches de la sainte batisse. Il me reste encore une heure avant de débuter le round "fin de journée scabreuse".
Je porte la lucky à mes lèvres, le regard vers le ciel qui se déteinte peu à peu. Le temps était déjà gris, il se nuance de plus foncé. La nuit tombe en Californie. Bordel, ce cliché.

Je plisse les yeux, une étincelle semble venir du ciel, comme un éclat. Est-ce que c'est une sorte de clin d’œil de dieu pour se foutre de ma gueule ? Il attend que je fasse quoi ? Godbless California ? Godbless this fuckin' prisonners and psychos ?

Mes prunelles sont rivées vers les tuiles de la chapelle. Une forme plutôt étrange s'y dessine. Je fronce imperceptiblement les sourcils, en me demandant vaguement si la prison est hantée, avant d'écarquiller les yeux. Une masse sombre semble tomber de nulle part, masse qui peu à peu, semble avoir un visage pour le moins déstabilisant. Pâle, cerné, la parfaite représentation d'un macchabée. Je m'écarte de justesse, lui laissant le loisir de s'étaler où bon lui semble sur le terrain.

Lorsqu'il percute le sol, j'achève ma cigarette en l'observant sans un mot, balançant mon mégot d'une pichenette. Je pourrais l'aider et lui tendre la main, mais au regard de sa tenue, je comprends que ça n'aidera pas. La combi' grise est relative aux aliénés, j'ai entendu quelques détenus en parler. Par contre, ce dont on ne m'avais pas parlé, c'est que certains se trimbalaient nus pieds.
En entendant sa question, je me demande un instant si je joue la carte du cynisme ou de l'honnêteté. Dans tous les cas mon cynisme sera bourré de vérité, elles seront seulement subliminal. A voir s'il a le sens de l'humour. Dans le doute, je coupe la poire en deux.

- Des chaussures, peut-être ?
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Ven 24 Avr 2015 - 15:10
« C'est le cas. Je pourrais remonter. Mais tu peineras moins que moi à ce stade, alors puisque tu es là. »

Le brun ne manque pas d'instinct. Octroyer la main mise sur son privilège matériel tape à l'œil, ça n'est pas idéal. Pas dans ce lieu sans foi ni loi, quoiqu'en racontent les murs de la chapelle et les dossiers juridiques. Pas à un détenu quelconque sur lequel il est tombé au hasard.
Mais Stephen n'est pas fou non plus. S'il s'acharne à escalader ces murs une deuxième fois, dans son état, un gardien l'aura retrouvé avant qu'il n'ait décollé du sol. Et il ne faudra pas compter dessus, pas pour user de ses héritages génétiques de primate, pas pour lui rendre ce service casse-cou rien que pour sa petite vanité personnelle. S'il ne les récupère pas vite, ses Docs Marteens pourriront sur le toit et serviront probablement de nid à de quelconques bestiaux. Si personne n'entend de rumeur et ne les subtilise avant qu'il n'ait l'occasion de regrimper.

En revanche, même si ce gars aux airs de nordique paysan dépité décide de s'approprier les chaussures rouges ou de les revendre, il lui restera une chance tant soit peu de les récupérer. En état.

Il essuya sa main épargnée sur sa manche, la lui tendit abruptement et gauchement. Il restait des traces brunies, et ses doigts rappelaient des nageoires de poisson, tirant dans des nuances de blanc vers le rouge cramoisi.

« Je m'appelle Stephen Calvair. Je te vaudrais un service. Qu'en dis-tu ? »

Le rescapé réprimait mal son impatience. Le ciel s'assombrissait, et ils seraient rapatriés de force dans leurs cellules avant la nuit. Si ce gars qui lui rappelait son codétenu était aussi habile que lui l'était pour se dandiner sur son lit, il pouvait espérer.
A y repenser, la ressemblance s'arrêterait sûrement là. C'était peut-être les couleurs sans commun rapport de leur combinaisons qui les rendaient si antagonistes après quelques coups d'œil. Son vis-à-vis avait une stature et des traits plus durs et froids. Deux prunelles bleues et une peau bien moins homogène. Pour un ordre d'idée, celui-là au blond d'épis était un peu tribal ce que l'autre de la couleur d'un condiment était un peu punk.
Mais la distinction la plus flagrante pour leur opposé capillaire, c'était le parfum que dégageait ce fumeur d'une marque certainement différente de celle d'Elia. Stephen distinguait malgré la fadeur de la lumière, le léger dessèchement à la bordure de l'intérieur de ses lèvres.

Elles ne lâchaient plus de fumée, mais elles recelaient encore la chance de l'aliéné.
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Dim 26 Avr 2015 - 16:11
Je toise l'aliéné avec un imperceptible haussement de sourcil. En lui demandant si ce qu'il cherche est ses chaussures, je n'aurais pas cru que cela puisse être effectivement le cas. Peut-être est-ce une sorte de déviance, peut-être qu'il n'en a tout simplement pas et qu'il passe son temps à les chercher ? Après tout, au regard de sa combinaison, il est fou. De plus, porter une combinaison comme celle-ci dans le contexte actuelle signifierais qu'il est en taule à cause de son aliénation. En clair, il y a une chance sur deux pour que ce type m'envoie chercher des chaussures inexistantes et cherche, de surcroît, à me buter. Voir me blesser.
Je jette un œil vers l'endroit d'où il semble être tombé et plisse les yeux. A six heures p.m, un aliéné me demande d'aller chercher les grolles qu'il a oublié sur le toit d'une chapelle. C'est normal en prison.

Je soupire un instant. Il me faut une clope pour réfléchir.
Après un vague coup d’œil au cadavre ambulant qui me toise avec ces immenses yeux cernés et globuleux, je reporte mon attention sur la poche de ma combi et y extirpe mon paquet de Lucky Strike. J'en coince une entre mes lèvres et cherche mon briquet un instant, le regard toujours fixé sur le paquet.
Tout en allumant mon mégot, je compte de tête le nombre qu'il me reste. Six. Six clopes, et encore une cartouche dans ma piaule. En admettant que je fume environ un paquet par jour, voir sur deux jours si je voir large et envisageant l'éventualité de réduire ma consommation. Ma cartouche ne sera qu'un lointain souvenir d'ici trois semaines. Je n'ai pas d'amis ici, et visiblement, je ne suis pas prêt de sortir de cet endroit complètement pourri. Bah oui, la perpétuité signifie que de toute façon, je suis destiné à crever en taule.
D'autre part, envisager une évasion est quasi impossible. Je me satisfais de ma solitude et malgré ça, c'est pas en étant seul que je pourrais me casser de là, puis, autant être honnête. Me casser de là, ok, mais pour quoi ? J'ai rien à voir au dehors. Pas d'amis, pas de famille, pas d'âme sœur. A peser le pour et le contre, j'ai plus de chance de trouver un semblant de ça en taule et en plus, je ne risque pas de me retrouver SDF.
Mais si on y réfléchit bien, vivre seul en prison n'est pas forcément le bon plan. Mes clopes sont la seule chose qui donne une sorte de sens à ma vie, vivre sans clope ? Non merci. J'en aurais certainement besoin à un moment donné et, je pense, que les gardiens ne vont pas me laisser en avoir autant que je veux pour mes beau yeux, alors à moins de me mettre à vendre mes services pour avoir des clopes - et ça je préférerais laaaaargement m'en passer - autant avoir des armes pour m'en procurer. Il me vaudra un service, qu'il a dit. Il ne me connait pas, je pourrais éventuellement me venger amèrement s'il ne me le rends pas et même s'il est fou, il ne doit pas être stupide au point de ne pas s'en douter. Autant prendre ma chance, même s'il elle n'a qu'une existence sur deux.

Je tire sur ma clope et regarde le mur. S'il a réussi à monter dessus, je devrais bien pouvoir. La roche est effritée par endroit, ça peu servir de point d'accès.

- Ok. Je vais te chercher tes pompes. Mais c'est a charge de revanche, hein ? Le jour où je te demande un service tu le fais sans poser de question.

Réalisant la tournure étrange de ma phrase et son regard qui ne décollait pas de mon visage, je m'éclaircit la gorge avant de tirer à nouveau, expirant la fumée longuement.

- J'aurais surement besoin de toi pour avoir des clopes d'ici quelques temps. Je tiens pas à tomber en rade.

Je ne dis rien, constatant bien plus tard qu'il me tendait toujours la main. Des tâches brunes s'y trouvaient, peut-être était-ce des résidus de sang qui avaient séchés et fusionnés avec sa peau ? Non, quand même pas, ça aurait été franchement glauque. Autant me dire que c'était juste un quelconque matériau qui avait coloré sa peau. Je lui tendis la main également et la serrait un instant, bien qu'un peu surpris par le fait qu'elle ne soit pas glaciale comme celle d'un macchabée.

- Moi c'est Lucas Garr....Gray. Lucas Gray.
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Dim 26 Avr 2015 - 22:23
Il s'est rallumé une cigarette. Pourquoi s'est-il rallumé une cigarette ? Il a fini de réfléchir après sa première tire, il devrait déjà escalader le mur. Pourquoi s'est-il rallumé une cigarette ? Il va devoir la finir. Il n'a tiré que deux fois.
Les fumeurs ont cette manie d'exercer leur vice en dépit de tout bon sens.

« D'accord. »

Tant que ça n'est pas pour lui infliger d'autres attentes interminables de ce genre, il n'a rien à redire à cette condition. Stephen se sent comme Alice face à la chenille bleue, ce ver à soi perché qui entrecoupe ses moindres interventions de profonds cercles de fumée, tirés de sa pipe turque.
Ce Lucas a la même voix trainante et léthargique. Lewis Caroll avait certainement des amis qui lâchaient plus d'opacité entêtante que de dialogue. Et encore, pour du dialogue. Un défaut d'élocution, ou un lapsus. Stephen tiquait, il sentait un muscle à la commissure de ses lèvres se contracter compulsivement.
C'était le genre de frustrations insignifiantes auxquelles il s'exposait au moindre contact social.

Le ténébreux crispa un sourire, en retirant sa main de leur poignée avec la raideur d'un automate.

« Si tu te dépêchais, je pourrais même faire du zèle, Lucas Gray. Tu auras également besoin d'essence pour ton briquet, n'est-ce pas ? »

Ce n'est pas que le Calvair ait déjà élaboré des combines pour des éventualités, mais s'il doit accomplir quelque chose, il n'y a pas d'hésitation à avoir. Son obstination et ses globes manichéens ne lui feraient pas défaut pour parvenir à ses fins.
Par contre, la motivation, ça n'avait pas l'air d'être un des forts traits de caractère du blond. L'aliéné pose ses mains brunies sur la paroi et accroche deux entailles à hauteur de tête.

« En grimpant de là, c'est le pan de prises le plus abouti. »

Il posa ses orbites sur sa silhouette, qui commençait déjà à se découper dans une pénombre froide. Ses cheveux dorés attiraient encore des rayons de lumière. Il n'étais pas exactement discret, devant ces blocs grisâtres noircis. Stephen en revanche, son corps gracile et anguleux plaqué contre les aspérités rocheuses, aurait pu passer pour un caméléon.
Le même qui se décolla des pierres, et se laissa tomber le cul sur l'herbe, pour relâcher l'ensemble de ses muscles endoloris. Les brins commençaient à cueillir la rosée dans l'air, mais cette humidité le relaxait. Des glaçons auraient été préférables.
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Mer 29 Avr 2015 - 21:54
Je soupire, à nouveau, une goulée de fumée s'échappant de mes lèvres entrouverte. Elle glisse dans ma gorge, comme une sorte de fumée acide, elle racle mes cordes vocales. Mais j'aime ça, j'aime vraiment l'effet du tabac.
A en croire l'aliéné, il semblerait qu'il ait déjà tout prévu. Même s'il est fou, il semble plutôt perspicace. Peut être est-ce une sorte d'autiste intelligent ? Un peu comme ceux qui font des sculptures en papiers et y passent des jours et des nuits, origami ça s'appelle, il me semble. Un nom japonnais, a en juger par l'apparence du détenu, on pourrait presque croire qu'il en quelques origines. Les yeux globuleux n'y sont pas mais le reste pourrait presque coller. Ca doit être une sorte de croisé bridé amerloc'. Quoi qu'il aurait bien un accent anglais. Peut être un britannique d'origine ?

- Ouais, je pense que je vais passer par là.

Je tire sur ma clope, me rapprochant du pan de mur indiqué. Mes yeux se lève vers les tuiles tandis que j'expire la fumée. Le temps est toujours aussi merdique. Je tourne un instant les yeux vers le quémandeur, stoïque, un peu trop d'ailleurs. Son impatience semble se propager jusqu'à moi. Ouais, je suppose qu'il doit souffrir d'une forme d'autisme.
Coinçant la clope entre mes lèvres, je vérifie un instant que les manches de ma combi sont bien nouées autour de mes hanches et pose mes mains au niveau de rognure de la pierre. Il fallait espérer que les gardiens ne me repéreraient pas, autant ledit Stephen était équipé d'une tenue grise, autant le orange de la mienne était bien loin d'être passe partout. Puis même sans ça, entre sa tronche de cadavre dans le même camaïeu que les pierres et ma propre apparence, il n'y avait pas photo.

Le mégot toujours vissé aux lèvres, je débutais mon ascension. Une brume d'humidité semblait s'être posé sur les pierres, j’espérais ne pas glisser sur la roche. Mon pied se logea dans un en renfoncement et j'inspirais la fumée de ma lucky à l'instant où ma main atteignait le bord de la toiture. C'était dégueulasse. Les gouttières ne devaient jamais être lavées et il y avait une couche de moisissure infecte, c'est quand mes doigts s'y sont accrochés que je l'ai senti. Prenant sur moi, j'achevais ma montée en m'accrochant aux tuiles, tout aussi crades.
Lorsque mes chaussures, scellées au toit pour m'éviter toutes chute, me permirent de me relever, mon souffle se coupa. Ma clope tomba de mes lèvres, je me félicitais intérieurement de l'avoir quasiment fini, et observais le paysage, presque bouche bée. Je devais avouer que l'aliéné avait peut-être ses raisons de squatter cet endroit.
La vue, magnifique pour un paysage blindée, s'étendait a des miles. La prison apparaissait en premier abord bien sur, mais bien après, une ville, bien vivante, et des champs, des étendues de champs. L’horizon grisâtre laissait transparaître la lumière d'un soleil faiblard, sur le point de finir sa journée. Un vague sourire prit place sur mon visage. Il était bien rare que je souris mais pour la première fois depuis mon incarcération, en cet instant, je me surprends a rêver d’évasion. Partir, loin des chaînes de la société, fuir, recommencer une nouvelle vie. Trouver quelque chose à faire, un travail peut-être, ou peu importe, n'importe quoi, vivre sous un pont me semble presque mieux.
J'avance le long de la toiture, étendant les bras. Dans le moment présent, je remercie le ciel de ma presque solitude. Personne ne me voit jamais comme ça, et ce n'est pas près de changer. Mon sourire, d'abord infime, semble s'étendre peu à peu, grimpant doucement vers mes pommettes.

Puis tout s'achève. Mes pieds trébuchent, glissent, puis s'enroulent autour d'un obstacle inconnu, m'arrachant mon sourire à l'instant même où mon corps se tord pour éviter le mal a venir et où a colone vertébrale cogne brutalement sur l'ardoise moisie, tâchant mon débardeur gris d'un vert de non entretien et ma combinaison d'années de négligence.
Je me redresse sur mes bras, fusillant des yeux l'objet qui m'a valu cette pitoyable mise en scène et mes yeux se plissent. Mes doigts se tendent, encerclant l'une inconvenances traînant là. Des bottines bordeaux. Je n'ai même pas besoin de les regarder plus longuement ou de questionner l'abruti en bas pour comprendre qu'il s'agit très certainement des siennes. Tenant toujours l'une des pompes, je me laisse giser sur le toit, reprenant ma respiration. L'humain me pourri la vie même quand il n'y en a qu'un à 20 mètres de moi. Dieu doit vraiment me détester.

- Son of a bitch...
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Dim 3 Mai 2015 - 22:35
Stephen toise le blond qui escalade la paroi, ses muscles qui jouent assez souplement, et le mince filet de fumée de sa cigarette. La paroi lâche quelques effritements de mousse et d'usure sous ses rangers. Exténué, il se laisser aller en arrière dans l'herbe. Le crépuscule commence à colorer l'autre bout de ciel de son champs de vision, mais en face de la façade dont il s'est laissé choir, les nuages gris tirent encore quelques rubans de cuivre. Ses yeux se floutent dans ces clairs-obscurs de teintes contrastées, et se mélangent progressivement à des abstractions oniriques.
VLAM! Un ramdam le tire de sa torpeur, il cligne des paupières et se relève. L'aliéné tangue, désorienté, il lève le regard vers le toit et se fige. Lucas, il a dû trébucher là-haut.

« Gray, tu es conscient ? »

Le Calvair fait le tour de la chapelle, à grandes enjambées, les yeux rivés sur les tuiles. Il essaie de voir un bout de masse, n'importe laquelle, pourvu qu'elle appartienne à un corps humain. Pourvu que ce ne soit pas une nuque brisée, une jambe dans un angle tordue, ou une silhouette sur le point de glisser.
Il ne manquerait plus que ça. Si ce comateux ne redescend pas, mort, blessé ou inconscient, Stephen se verra sûrement privé de ses chaussures comme punition. Il sent la panique monter, ses neurones cogiter en vain. C'est une impasse.
Le brun ramasse des gravelles et quelques cailloux, et les lance à l'aveuglette pour les faire pleuvoir sur le toit. Ca devrait le faire réagir. Toc, toc, clac, donk! Il a dû le rater. Il réitère sa tentative, en visant d'autres coins du toit. Toc, toc, toc. Toujours pas. Encore un essai.
Dans la volée des pierres, des paroles descendent du toit. Toc, toc, dump! Il a dû l'atteindre. Le détenu a les idées en place. Quoique, ça se discute.

« Je ne suis pas un fils de pute. Peux-tu bouger ? »

Il refait un tour de la bâtisse, rivant ses yeux tantôt sur les tuiles tantôt par terre. Il aurait pu faire tomber ses Docs Marteens, par chance.
Pas vraiment, non. Il n'a pas intérêt à les oublier.
Puis qu'est-ce qu'il fait, perché là-haut. La nuit tombe, il a l'intention d'attendre le matin ? Il ne lui a pourtant rien demandé d'exceptionnel. Aller chercher une paire de bottines. Monter, les attraper, descendre, les rendre. Est-ce qu'il ne serait pas tombé sur un attardé léger, Stephen commence à avoir de sérieux doutes.
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Jeu 14 Mai 2015 - 15:50
Toujours allongé sur le toit, j'observe le ciel. Holy shit c'est bien la première fois que j'espère pouvoir un jour sortir de taule et de ces endroits dans lesquels je suis enfermé. Le centre de détention pour mineur, la cellule d'isolement, puis maintenant ici, où je rencontre quelques personnes et où la solitude n'est pas ma seule compagnie. J'entends le taré brailler en bas. Enfin, "brailler". Je ne sais pas bien comment on peut brailler tout en étant aussi monotone dans la voix, peut-être est-ce sa seule façon de l'élever.
Je me redresse, attrapant les pompes de mes mains, à présent poisseuses. Des doc martens ? J'y crois pas, ce type est taré, emprisonné, et il a droit à des doc. Je devrais peut-être les lui piquer, je pourrais peut-être les revendre pour 4 ou 5 cartouches.
Je soupire, avançant sur les tuiles, mes rangers accrochant sur le toit petit à petit. Arrivé à son extrémité, je me penche, surplombant mes marches de la chapelle, l'herbe, et ledit Stephen, qui me fixe de ses yeux globuleux. Prit d'amusement devant son visage mi-morose, mi-paniqué, et ses yeux exorbités, j'attache les pompes entres elles par les lacets et les fait pendouiller à bout de bras.

- Elles ont du te coûter cher, non ?

Les calant a une tuile, je les laisse pendre contre le mur, sortant une nouvelle clope de ma combi, avant de la coincer entre mes lèvres, l'allumant lentement. L'aliéné ne bouge toujours pas, je crois qu'il n'a pas compris ma plaisanterie. Je tire lentement sur ma nicotine, calant mes prunelles bleu sur la silhouette démunie, à quelques mètres en dessous de mois.

- Monte, y'a une belle vue d'ici.

Me sentant le besoin de me justifier, je me frotte la tête, inspirant l'air avant de tirer sur ma clope, une nouvelle fois.

- Je te rends tes chaussures dés que t'es là-haut, t'as ma parole.
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Un calvaire tombé du ciel
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