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It means you're alive

Catiel L. Vega
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Date d'inscription : 30/10/2016

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Catiel L. Vega
Maître chien
Jeu 6 Juil 2017 - 18:06
Précédemment : Could be the changing of the seasons

Le monde de Catiel, c’est de la vision avant tout. Bien avant le toucher, largement plus important que l’ouïe, le goût ou l’odorat, sa vue est son principal moyen d'interaction avec ce qui l’entoure et c’est pour ça qu’il observe, qu’il note ses petits riens importants. C’est pour ça que pour le perturber, il suffit de lui fermer les yeux, de lui interdire de les rouvrir.
Là ce n’est pas le cas. C’est bien, il a son bleu-gris parfaitement découvert pour voir le cuistot se changer.
Mauvaise idée.
Très mauvaise idée, il ne s’en rend compte que maintenant que la peau pâle est bien en vue devant lui. C’est d’abord le contraste entre l’épiderme et la texture du tissus, la délimitation franche qu’il observe comme si elle dissimulait des secrets dans sa ligne mouvante. Puis ce sont les mouvements des muscles qui font comme des paysages mouvants. Des collines, des vallées sous la neige qui dansent avec une logique, un sens. Tout bouge pour permettre des gestes simples. Parce que ce n’est que ça, au final : quelqu’un qui enlève une chemise et qui met un hoodie à la place. S’il portait des chemises -s’il rentrait dans des chemises- il aurait certainement exactement les mêmes. Alors pourquoi, puta madre, ça le fascine autant là ? Pourquoi il parcourt des yeux la ligne de la colonne vertébrale en se disant que ça fait une jolie ombre douce au milieu du maintien si droit, à peine plus creusé en bas ?
Parce qu’il fait une connerie. Une grosse connerie. Et il n’a pas le droit, pas du tout, c’est plus qu’interdit : c’est dangereux. Il le sait en plus. Il l’a marquée dans sa chair, l’interdiction, les mots pour prévenir avant la chute il les a imprimés dans son esprit. On ne désire pas d’homme. Jamais. Pas quand on les as rencontrés en prison, de tous les lieux possibles et encore moins si on ne sait rien de leur vie privée. On n’a pas à songer à des choses comme ça juste en voyant un dos, c’est dégueulasse, Catiel, alors non.
Jamais de la vie.
Ja-mais.

Il s’ébroue, se détourne, enlève le paysage neigeux et sans doute tiède de son champ de vision pour se replacer vers son chien, à qui il remet le harnais. Trop concentré, le regard qu’il pose sur le nylon, et un peu trop lents les gestes. Tout trahit son agitation intérieure, en tout cas c’est ce que pense le latino, et ça l’énerve. Il n’a pas besoin de ça, surtout pas, dans sa vie. Passer pour le pervers local qui se sent attiré par le cuistot c’est hors de question.
Ca doit être qu’il est frustré. Voilà, c’est ça : il est juste hormonalement instable. Combien de temps depuis sa dernière virée à LA ? Un mois ? Voilà, ça explique tout. Ce n’est pas Syhan qui lui agite les neurones, ce sont de basses pulsions génériques, et il ne va pas imposer ses lubies à un gars probablement hétérosexuel. Il ira faire la tournée des bars vendredi soir, il ramènera une jolie serveuse à peine majeure chez lui, et ça sera très bien.

- Je veux bien alors. De l’eau chaude et du savon contre un repas.

Un dernier geste de la main pour finir de sécuriser le harnais sur le dos de Corto, et il relève les yeux sur le visage de l’autre. Il a l’air d’aller un peu mieux avec le pull sur le dos, c’est pas mal. Ca fait une action utile de plus à mettre dans le compteur de Cat.

- On peut y aller. C’est par là.

Sourire sur ses lèvres pour cacher au mieux l’appréhension. Il va falloir marcher, le faire relativement vite, et il a sa jambe, son poumon qui se sont réveillés. Il va avoir mal, c’est évident. Ca ne l'empêche pas de serrer les dents, de se mettre en marche pour récupérer son sac, puis pour quitter le parc.

Le chemin n’est vraiment pas long jusqu’à son appartement. Quand il le fait en courant, il met presque sept minutes à le faire en descente, une de plus quand il prend la montée. Ce ne sont pas des rues très grandes ou très propres qu’ils traversent en silence, parce que le maître-chien n’a pas les moyens de se payer une belle et grande habitation dans les quartiers les plus riches de la ville, qu’il ne veut pas le faire non plus. Il est très bien dans sa minuscule boîte d’allumettes perchée au dessus d’un salon de coiffure, avec ses voisins à peu près aussi métissés que lui, avec le resto à burgers trois maisons plus loin dont la tenancière parle plus volontiers espagnol qu’anglais. C’est peut-être un quartier considéré comme presque douteux, mais il lui convient parfaitement.
Ca lui plait, de prendre une montée infernale pour rentrer chez lui -sauf là, il souffle en grimaçant, il s’accroche tout de même-, de lutter contre la première porte, de monter des escaliers un peu pourris pour se battre contre une seconde serrure.

- Désolé, c’est… Rrrh, grogne-t-il tout en agitant les clés pour trouver le bon angle, c’est un vieux bâtiment.

Et ça se voit un peu. Vieux mais bien entretenu toutefois, les murs sont propres et le bois est peint. Il n’y a que ces saloperies de fermetures qui mériteraient un coup de lubrifiant, ce que le propriétaire oublie toujours de faire, que les locataires ont appris à dompter. Des fois, ça donne des situations amusantes, ça donne un maton latino avec une demoiselle pas très habillée dans les bras qui salue le voisin du troisième tout en bataillant pour rentrer chez lui, ou la dame du second étage qui vient toquer chez lui pour qu’il l’aide à ouvrir alors qu’elle est en robe de chambre -elle sortait son chat ce soir là.
Là il n’y a pas de passage, heureusement. Il arrive à dompter la porte sans que personne ne le salue, et il laisse entrer son chien avant de faire signe à Syhan d’y aller.

Ce n’est pas du tout un grand appartement. C’est une pièce barrée par un bar qui fait cuisine et salon, une chambre avec juste assez de place pour un lit deux places et une armoire, et une salle de bain fonctionnelle. Mais c’est chaleureux, chez Catiel. Il y a des affiches colorées aux murs, des dizaines de bandes dessinées dans ses étagères, des couvertures multicolores sur son vieux canapé en cuir et sur son lit, des trucs et des machins un peu partout. Question rangement on a vu mieux, c’est clair, mais au moins c’est plutôt propre.

- La salle de bain est là.

Il rentre lui aussi, ferme la porte derrière -pas à clé, jamais-, et se dirige vers la pièce en question. Lavabo, WC, douche. A l’absence notable de produits d’entretien du corps, on sent qu’il n’a pas d’amour immodéré pour les douches.

- Système normal pour l’eau chaude, la lumière c’est là, fait-il en pointant l’interrupteur, le savon est dans la douche et les serviettes sous le lavabo. Je t’apporte un pantalon et un t-shirt propres.

Ce qu’il va immédiatement faire, en laissant le décoloré là où il se trouve. Ce sera plus confortable qu’un pantalon trempé et un hoodie à même le torse, voilà le raisonnement qui le pousse à parcourir le contenu de son armoire en essayant de trouver ce qu’il a de plus confortable qui pourrait tenir sur les épaules moins larges de son invité.
Ce sera un vieux jean gris et un t-shirt blanc et doux alors, qu’il revient tendre en souriant encore. Ca cache parfaitement la douleur, l’air chaleureux. C’est pratique.
Ca ne l’empêchera pas de devoir reprendre des cachets dès qu’il entendra l’eau couler.
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Anonymous





Invité
Invité
Sam 29 Juil 2017 - 21:35
C’est par là. Alors tu suis de tes pas que tu cale sur son rythme de marche, sûrement le plus rapide qu’il ait avec sa blessure. Tes affaires trempées sous le bras, tu imprimes le chemin, même sans le vouloir, tu observes les rues que vous remontez, et ça occupe ton esprit, pour te détourner de la sensation poisseuse qui ne te quitte pas vraiment. Tu es trop concentrer sur toi, pour remarquer qu’il souffre, et si tu le voyais, ne serait-ce qu’un instant, tu t’en voudrais énormément de te considérer plus que quelqu’un d’autre, même pour un moment, même alors que c’est important. Tu proposerais ton aide, en prenant son sac, en prenant sur toi pour rendre la marche plus lente. Mais dans ton silence observatoire, tu te concentre sur ce que tu vois, les bruits de la rue, fond sonore perpétuel, qui vient emplir ton esprit, une voiture qui roule à l'essence, qui s’approche à bonne vitesse, une femme au téléphone, qui parle dans une langue latine, un petit garçon qui crie en tirant le bras de sa mère, le tic-tic-tic des griffes de Corto sur le sol, le pas boiteux à peine devant toi. Les seuls sons que tu n’entend pas sont les tiens. Tu ignores les battements de ton cœur, ta respiration, tes pas. Tu ne veux rien sentir qui émane de toi, tu te refuses.

Une longue rue qui monte et là tu entend, le souffle qui a l’air d’exprimer la difficulté, et tu n’existe plus vraiment. Est-ce que tu dois demander si tu peux l’aider, ou rester dans cette marche silencieuse ? Est-ce qu’il apprécierait ? Tu n’en sais rien, après tout tu ne le connais pas. Ce n’est pas parce que tu l’as aidé une fois à se remettre debout, il acceptera de se laisser décharger d’un poids. Ce n’est pas parce qu’une fois il t’a laisser le relever, qu’il acceptera plus que ça. Non, vraiment Syhan, tu ne le connais pas suffisamment pour t’imposer de la sorte, tout le monde ne veut pas forcément d’aide, tu le sais parfaitement, pour en faire partie.

Tu le regarde lutter contre la porte et s’en excuser, alors que ton souffle devient court à nouveau. Le son des clés, celle qui cherche dans la serrure, tu lui fais un sourire, pour essayer de le rassurer, comme tu peux.

« C’est rien. C’est pas de ta faute, et c’est comme ça. »

Mais le bruit léger d’un claquement métallique, signal de la victoire de l’homme contre la mécanique de la serrure, un chien qui passe en premier, en grand habitué, tu n’en doute pas. Quand à toi, c’est seulement lorsque tu y est invité que tu te permet l’intrusion dans le petit appartement, tu n’a pas l'indiscrétion d’en faire un état des lieux, tu trouverais ça bien trop impoli de ta part, et tu n’as pas été élevé de la sorte.

« Merci beaucoup de m’accueillir chez toi. »

Voilà, tu as plutôt était éduqué de cette façon. Et si Aneta Nyström-Lindgren était présente, elle aurait sûrement un hochement de tête vaguement approbateur face à ta politesse, mais quand elle aurait su que tu t’étais invité ici pour te laver, elle aurait froncé les sourcils, avec un visage fermé et dur, sans manquer de te rappeler que la bienséance n’autorise absolument pas ce genre de comportement. Mais elle n’est pas là, elle ne fait plus partit de ta vie, cette mère dure que tu aimes, et dont tu vois le meilleur, mais cette mère qui ne te manque pas.

Encore suivre, avec peu de paroles, parce qu’elles seraient superflues, pas plus d’observation sur la pièce, tu n’as pas de commentaire à faire sur le caractère nihiliste de cet espace alors que tout ton appartement est bien plus vide que cette salle de bain. Tu retiens ce qu’il t’explique, en le regardant.

« D’accord. »

Ta voix est douce, tu retiens tout au fond de toi, autant que tu peux. Tu te cache aussi, et ça te rend incapable de voir qu’il fait exactement la même chose.

« Merci, pour les vêtements aussi. »

Et tu le laisse partir, ferme doucement derrière sans précipitation et tu te remet à trembler, à souffler doucement pour te calmer. L’angoisse de l’endroit, ne te fait pas oublier de fermer la porte à clé, prudence, toujours, parce que tu préfères t’éviter le pire, parce que tu as un léger soupçon de paranoïa en toi, alors ce genre de détails, tu n’a pas tendance à les laisser de côté. Chaque vêtement tombe doucement par terre, jusqu’à ce que tu te retrouve complètement nu alors que ce n’est pas chez toi.

« Ça va aller… »

Pour toi même, très bas et inaudible, avant de te mettre dans la douche, d’allumer l’eau, et déjà, de te sentir mieux, même si c’est froid au début. Tu détache ta cheveux, passe ta figure sous la pluie artificiel. Et doucement, tu te détend, tu le sens, tu reste quelques minutes la tête levée, les yeux fermés les mains ouvertes à quelques centimètre de ta gorge pour sentir l’eau couler sur tes doigts. Puis tu baisses les yeux, et tu as envie de rire. Il a dit du savon parce qu’il n’a que ça, pas pour parler de la fonction générique du savon. C’est triste de n’avoir que ça, mais d’accord, il peut faire avec. C’est pas parce que pour lui, c’est agréable d’avoir une certaine quantité de chose à se mettre sur les cheveux que tout le monde trouve ça agréable ou utile. Et Catiel n’a pas beaucoup de cheveux, alors le savon, c’est suffisant.

Le pire, et ce qui fait que finalement, tu passe beaucoup de temps dans la salle de bain, bien plus que tu ne pensais le faire à l’origine, parce que ce n’est pas chez toi, c’est ce savon unique, que tu peine à appliquer sur tes cheveux. C’est fastidieux, parce que tu as les cheveux très long et que le savon, c’est tout sauf simple face à ça. Mais tu y arrive, force d’acharnement, propre, et sécher, tu passe, les vêtements prêtés, tu remet le hoodie aussi, mais tu reste pied nus, parce que c’est quelque chose que tu apprécie. Tu ramasse tes affaires, pour laisser l’endroit propre, et du quitte la salle de bain, avec les cheveux mouillés dans le dos, qui goûtent.

« Je suis désolé ! J’ai… eut du mal à me laver les cheveux. C’est un peu stupide… »

Et tu l’as, ta mine désolée, mais tu as aussi l’air bien plus fraie, bien plus en forme et en de meilleurs dispositions qu’après avoir ramasser l’eau vaseuse sur toi. Tu reprend ton élastique à ton poignet, commence à ramasser tes cheveux, baisse un peu la tête, pour les attachés. Et quand c’est fait, tu arbore un chignon un peu négliger, comme tu sais les faire.

« Alors je te fais à manger ? Je peux… Disposer de la cuisine ? Ça ne t’ennuie pas ? »

Un des rares endroits où tu te permet de faire comme chez toi, même si ça ne l’est pas. Mais tu serais trop inefficace si tu t’y aventurais avec timidité, alors tu ne le fais pas, tu dispose, comme tu le dis si bien. Tu fais un tour rapide des lieux, quand on t’en donne le droit, et tu marche droit vers l’objectif.

« Il y a quoi dans ton frigo ? »

Et tu t’arrêtes, pour le regarder, parce que tu te souviens du souffle dans la monté. Tu baisses les bras, et le t-shirt tombe un peu sur tes épaules, il est un peu trop large pour toi, et juste assez long, ça se remarque à peine avec le hoodie le pantalon est un peu court, mais étonnamment suffisamment large, que tu porte bas, et qui a dû laisser légèrement voir ton ventre quand tu attachais tes cheveux. Tu ne fais pas attention à ces choses là toi. Ça ne te traverse même pas.
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Catiel L. Vega
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Catiel L. Vega
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Sam 2 Sep 2017 - 22:15
Il y a une conclusion aux réflexions en espagnol qui parasitent son esprit, et elle se dessine clairement maintenant : ce qui est marquant avec le cuistot, c’est vraiment sa douceur, l’espèce de tranquillité qui fait vaguement penser aux Anges des textes sacrés. Catiel n’a jamais été très fort en catéchisme mais il a bien retenu l’imagerie qui accompagne et là, il ne voit pas de comparaison plus pertinente à faire. Malgré l’inconfort certain qu’il ressent et la marche, son invité reste poli et tranquille, faisant preuve d’une patience de saint ou de créature céleste très très blanche. Ca donne envie au nabot basané d’être plus doux avec lui aussi, d’atténuer ses habitudes de mauvais garçon revêche.
Mais là il a surtout envie de prendre sa dose de morphine.

- De rien.

Et il part, se détourne de la porte et de la salle de bain parce qu’il n’a rien à y faire. Il ne sent pas l’odeur de l’eau, ne se concentre pas sur un autre bruit que celui du loquet qui se tourne. L’européen s’est enfermé ? C’est bien. Toujours fermer la porte quand il y a quelqu’un d’autre pas loin juste au cas où. Les douches c’est une affaire sérieuse, dans le cas de Syhan une affaire longue en plus.

C’est bien ça aussi. Le nettoyage à rallonge laisse le temps au maton de faire tout ce qu’il veut. Il commence donc par prendre ses cachets, deux doses avec de l’eau du robinet. L’effet met à peu près une heure à se faire sentir, il le sait, il évalue en silence son état pour savoir s’il s’injecte en plus. Est-ce qu’il a assez mal ? Est-ce que c’est assez grave ? Il sent des pulsations de douleur partir du genou et remonter dans l’os, plus fortes lorsque le sang passe, atténuées quelques instants plus tard. Il sent que les inspirations qu’il prend se bloquent au début, parce qu’il hésite un peu à laisser monter ses côtes de peur de souffrir. Ce n’est pas glorieux… Mais il peut très bien survivre comme ça. Une heure ce n’est pas si long.
Par contre il va vraiment devoir refaire les pansements. Le matériel est dans la chambre, le latino le récupère au milieu du linge semi-propre et le prend avec lui pour le poser sur la table basse du salon. C’est parti pour le quart d’heure désagréable de désinfection...
Sauf que non, il y a une interruption de ses gestes pour s’occuper de Corto, finalement, histoire de lui remettre de l’eau propre et de sortir une tranche de jambon blanc du frigo. Il a bien travaillé, il mérite un début de récompense. Pour la fin -les caresses et les mots tendres que le chien semble comprendre- il faudra attendre qu’ils soient seuls.
Ce n’est qu’une fois que son binôme est récompensé que l’humain se décide finalement à reprendre ses propres soins. Il enlève avec précaution les pansements précédents, les retrouve légèrement chargés de sang. Ca va, ce n’est pas si horrible et depuis quelques jours qu’il les fait, il trouve que ça s’améliore : au début, c’était du pus et de l’hémoglobine qu’il y avait sur la gaze, c’était sale et légèrement effrayant. Maintenant, il n’y a qu’un peu de liquide rouge assombri par le temps. S’il se fie à ses habitudes de souffrance c’est bon signe et bientôt, il n’y aura plus que des cicatrices supplémentaires pour lui rappeler de se méfier des néo-nazis de toutes tailles. Un rire sans joie lui échappe : il a vraiment été trop con sur ce coup mais on ne l’y reprendra plus. Rowe ne le verra qu’à l’autre bout de son bâton de maintien de l’ordre.

Lorsque le grand suédois sort de la salle de bain, Cat est en train de finir de ranger les pansements propres sur un coin de son bar. Les gazes pleines de sang, les sparadraps usés, il les a déjà mis à la poubelle ; le désinfectant trône dans une bibliothèque à côté de la photo d’un gamin roux flamboyant. Il n’y a presque aucune trace de ses activités précédentes, parce qu’il trouverait malpoli de laisser transparaître qu’il ne va pas bien.
Les blessures et la souffrance sont des amies proches, des choses personnelles. Il ne veut pas les partager, le maître-chien, et il sait très bien les cacher aux autres. Admettre qu’il est diminué serait bien trop dangereux. Laisser voir exactement où l’attaquer serait suicidaire, même face à un homme doux comme un agneau tel que Syhan. C’est un réflexe ancré, gravé dans sa caboche creuse d’ex mauvais garçon, et il ne risque pas de disparaître de sitôt.
Alors ce serait malpoli et angoissant, et c’est hors de question. Mieux vaut tout cacher, tout le temps, toujours.

- Hhhh… Désolé, ouais, j’ai pas de shampoing. J’aurais dû y penser, avec les cheveux longs c’est…

Voilà qu’il passe sa main sur sa nuque, au milieu des 2mm de cheveux impeccablement tondus et lavés au pain de savon, l’air honteux. Il n’y a pas de fournitures de toilette pour les invités parce qu’il n’en a jamais, et voilà que la seule et unique fois qu’il invite un collègue chez lui, l’absence de shampoing devient critique. La poisse !

- … Pas pratique.

Ils font donc une bataille d’excuses, tous les deux pour la même raison, et quelque part ça arrange bien le latino court sur pattes. Il a un merveilleux argument pour détourner le regard des cheveux blancs qui remontent maintenant sur la tête afin d’éviter d’être happé dans la contemplation, et personne ne dira rien. C’est absolument parce qu’il s’en veut de ne pas avoir de shampoing qu’il observe ses pieds en silence, tout à fait, rien de plus.
Il devine donc les mouvements plus qu’il ne les voit, se repérant pour une fois à l’ouïe. L’autre contourne le bar, passe dans la cuisine, la parcourt.

- Tu peux, fait-il quand Syhan lui demande à disposer de la pièce, elle est toute à toi. C’est pas super grand et pas super équipé, mais c’est à toi.

Il le pense, c’est à toi, ça s’entend dans la voix parce que l’hospitalité de Catiel est aussi absolue, on lui a appris comme ça. Ouvrir sa cuisine, ça veut dire le faire sans hésiter. Nourrir quelqu’un, c’est un peu le prendre sous son aile. Laisser quelqu’un faire à manger ? Il va dire que c’est aussi une forme de pacte de défense. Ce n’est jamais qu’une officialisation -à sens unique, le décoloré ne doit rien comprendre- de cet élan protecteur absurde qu’il a déjà ressenti dans la salle de pause, quand ils ont partagé leur café.
Il rejoue ce qu’on a déjà fait pour lui, ça creuse un peu son sourire, ça le teinte de mélancolie douce. Là c’est un chignon négligé de cheveux blancs qui marche dans la cuisine. Avant c’était une mèche blonde.
Etrange parallèle.

- Je dois avoir des steaks ?

Pourquoi il le regarde, il y a un soucis ? Le sourire doux disparait du visage de Catiel, qui s’avance pour ouvrir le frigo. A peine une boiterie, aucun autre signe de souffrance, la morphine doit commencer à circuler. Il sera dans un gentil brouillard d’ici une demi-heure mais le soulagement, même partiel, commence à se faire sentir.

- Hmmm… Du poulet, du poisson blanc, des oeufs, du jambon. Du jus de fruit et pas de bières.

Voilà c’est tout, c’était l’inventaire de son frigo. Pas de légumes, pas de lait, de beurre ou de crème. Pas d’alcool parce qu’il en est privé avec les cachets et qu’il y fait attention. Son salaire de gardien ne permet pas de folies, son éducation de gosse pauvre lui interdit d’avoir plus que le strict minimum chez lui, par peur de manquer d’argent plus tard.
C’est pathétique de présenter ça à un cuisinier, il en a parfaitement conscience. Ce n’est pas comme s’il avait le choix malheureusement. Il se redresse en se mordant la langue, et il va ouvrir les placards un peu plus pleins.

- J’ai des grains là, des pâtes, du riz, y’a des épices et… Du bouillon.

Un regard de nouveau désolé sur le grand cuistot, en se concentrant tant qu’il le peut sur le visage et pas l’épaule que son t-shirt manifestement trop large découvre.

- J’ai pas grand-chose, je t’ai dit, je cuisine pas trop. Juste du simple et con, précise-t-il en riant, un peu comme moi. Ca suffira ? Sinon j’descend à l’épicier.

Même si ça l’ennuirait d’avoir à se reprendre la montée au retour ainsi que les marches, il le ferait vraiment. Après tout, ce n’est pas lui qui va se farcir la cuisine, il peut faire un effort.
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