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Don't dream it, be it.

Frederico Foster
Messages : 17
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Dans sa tête.

Dossiers privés
Âge du personnage: 47 ans.
Taille: 1m83
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Frederico Foster
The Pride
Ven 2 Déc 2016 - 14:20

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Frederico Foster

Membre des Prides



Âge: 47 ans.
Nationalité: Il est marqué sur sa carte d'identité qu'il est Américain, mais il est aussi marqué dessus qu'elle est un homme.
État-civil: Célibataire.
Rumeur(s) à votre sujet: (laissez vide, un admin le remplira)

Motif d’incarcération: Homicide involontaire, un idiot s'est jeté sous les rues de sa voiture.
Durée de la peine: 5 ans.
Incarcéré depuis: Quelques semaines.
Nom du gang : The Pride.
Poste occupé : Ancien tueur à gage professionnel dehors, il va vite trouver sa place.

Caractéristiques physiques


Taille: 1m83.
Poids: 87 kilos.
Corpulence: Il cache son muscle.
Cheveux: Bruns foncés.
Yeux: Noirs.
Modifications corporelles: Un tatouage en forme de cœur sur le bras.

Frederico est un être à part. Du moins, c'est toujours ce qu'il a toujours aimé penser.

Enfin « il »...

Il régnait une forte odeur de cigare et de Scotch, ajouté à la poussière qui encrassait la pièce. Les mains dans les poches, la silhouette mise en valeur par une paire de talons aiguilles noirs, Fredda dardait son regard sombre sur son vis-à-vis. Quand Fredda observait quelqu'un, elle donnait la sensation de fouiller au plus profond de l'âme, et d'en retirer toute la noirceur, mais sans jamais juger. Son long manteau s'arrêtait à ses genoux, un peu arqués, et même si ses jambes semblaient interminables, elles avaient du muscle. Des jambes de danseuse.

« Tu veux quoi ?
— Tout dépend ce que tu cherches. »

La voix de Fredda était basse, naturellement placide, elle ressemblait à la corde d'un violoncelle qu'on tendait au maximum, avant de la relâcher. Parfois, lorsqu'elle était en colère, sa voix grondait telle une basse. Tout dépendait des moments, et encore fallait-il arriver à la mettre en colère. Les mains dans les poches, elle fit un pas en remuant les hanches vers son vis-à-vis. Sa mâchoire était carrée, son cou un peu épais ; le temps faisait doucement son oeuvre sur elle. Sa bouche était épaisse, toujours recouverte d'une épaisse couche de rouge à lèvres écarlate, son nez avait les narines écrasées. Souvent, du fard à paupières clair rehaussait l'obscurité de son regard, et du mascara lui donnait des allures de biches effarouchées. Ses sourcils étaient soigneusement taillés, et Fredda ressemblait à une pin-up sortie des années cinquante. Sans les cheveux blonds ; sa chevelure était noire, épaisse, bouclée. Son front haut se plissait parfois, lorsqu'elle était contrariée.

« Qu'est-ce qu'une jolie nana comme toi peut offrir ? »

Fredda se contenta de sourire, sans joie ; son sourire faisait partie de son mystère, une véritable énigme qu'elle entretenait. Parce que Fredda portait un lourd fardeau. De sa poche, elle tira le Beretta et elle le pointa sur sa proie. Ses mains étaient grandes, puissantes, qu'elle cachait souvent avec des gants.

Parce que c'était des mains d'homme.
Oui, Frederico est un être à part.

Son physique traduit le paradoxe qui depuis quarante-sept ans étreint son coeur. Homme ou femme ? Femme ou homme ? Il ou elle semble en permanence hésiter. Il est vieux, il peut de moins en moins se cacher derrière du fond de teint qu'il utilise pour adoucir les traits virils de son visage. Avec le temps, sa mâchoire est plus carrée que jamais, ses épaules larges, son torse reste musclé, malgré une taille qu'il a corsetée en espérant l'affiner. Frederico a un corps d'homme avec le cerveau d'une femme. Et pourtant, cette hésitation, cette tentative permanente de se « féminiser » fait partie de son charme. Entre les deux, Freddy a du chien. S'il avait été né femme, il aurait pu ressembler à ces jolies pin-up brunes, au coeur sombre et au rouge à lèvres carmin dont il a toujours rêvé. Homme, il n'en reste pas moins masculin lorsque la barbe pousse, encadrant sa mâchoire, lui donnant un air mature. Il cultive alors cet aspect-là « entre eux », à défaut d'arriver à se décider. Peut-être qu'au fond, il n'en a pas envie.

En femme, Fredda a une affection prononcée pour les robes et les corsets, elle aurait aimé vivre dans les années trente ou cinquante. Longtemps, Marylin Monroe a été son modèle. En homme, Freddy peut ressembler à un adolescent grunge, sans se soucier de son apparence, préférant cultiver un aspect négligé. Il a autant de façons de s'habiller qu'il en a de tuer.
 

Dossier psychologique


Défauts et qualités: Calme et patient, Freddy est quelqu'un de plutôt ouvert en général, sans doute à cause de sa question de genre qu'il garde irrésolu. Il peut trouver de la beauté dans la laideur, et il ne s'attache pas aux principes de base. Cependant, il peut parfois pêter des câbles sans prévenir, comme un chat. Il est narcissique sans en donner l'air, très soigneux, avec des tendances maniaques. Il est du genre à venir vous coiffer pendant que vous lui parlez, parce qu'un truc chez vous le stress. Son caractère insaisissable le rend épuisant.
Tocs et manies: Dehors, Freddy ou Fredda passait le plus clair de son temps à se maquiller, même lorsqu'il décidait d'être un « homme ». De ça, il a conservé sa mauvaise habitude de se regarder dans le moindre miroir. Il touche ses cheveux, il a tendance à vérifier de n'avoir rien de coincé entre les dents. Il se caresse les mains, souvent, pensif, notamment le poignet droit.

Peurs/phobies: Claustrophobe, lui si calme peut totalement viré à la crise d'angoisse. Sinon, Frederico fait très attention au regard que les autres portent sur lui. Il craint de vieillir plus que tout.


Frederico est quelqu'un de plutôt patient et de calme, en général, observant les humains depuis ses hauts talons en se grillant une clope. Il aime renvoyer cette image d'entité mystérieuse et insaisissable, pour protéger son coeur de celui des autres. Toute sa personnalité s'est bâtie autour de sa question de genre irrésolue, mais Freddy/Fredda est un être plein de paradoxes. Par exemple, ce n'est pas parce qu'il adore porter des talons hauts que cela fait de lui une « pédale » ; depuis enfant, depuis qu'on l'a vu en train de chiper les fringues de sa mère pour s'habiller, il a subi tout un tas de moqueries. Tout d'abord de la part de son père, qui en trouvant son petit garçon de six ans gronda qu'il refusait qu'une tantouze dorme sous son toit. Ce fut la première fois qu'on lui brisa le coeur.

Depuis, son coeur a été brisé plusieurs fois, mais Frederico s'est toujours chargé pour ne pas le montrer. Il est capable de dire que tout va bien, alors que sa main devient rouge dans l'huile bouillante. Il a appris à combattre la douleur morale derrière un sourire, une pique jetée sans l'air de rien. Il peut aimer, mais il apprécie les gens plus que leur donner un réel amour ; c'est une façon de se protéger, et de ne plus laisser son coeur fondre pour un sourire qu'un beau mec aura pu lui donner, ou pour les oeillades d'une femme. Il est ouvert sur pas mal de sujets, mais sa façon de concevoir la sexualité, l'amour pourra en déconcerter plus d'un. Il déteste les étiquettes de genre « femme », « homme », « homosexuel », « bisexuel », etc. Même s'il a grandi dans une sorte de sous-culture gay, qu'il participe à cette imagerie en jouant les folles pour rire de ce cliché qu'il incarne, il a aimé les femmes tout en voulant leur ressembler. Si on lui pose la question, il dira qu'il est « un être » qui aime « tous les êtres ». Pas « un » au masculin, ni « une », mais bien un troisième genre, neutre, tendant vers le masculin ou le féminin selon ses tendances du moment. Il n'aime pas les femmes pour leurs formes, même s'il lui arrive de les envier, de même qu'il n'aime pas les hommes pour leur fermeté ; ce qui l'intéresse, ce sera la personne. Pourquoi aimer tel « sexe » pour ce qu'il renvoie socialement ? Il lui est arrivé d'aimer des femmes avec des attitudes d'hommes, et des hommes avec des caractères doux.

Disons qu'à certains moments de sa vie, il s'est senti tantôt plus « femme » que « mâle », et d'autre fois plus « homme » que « femelle ». Freddy est quelqu'un de soigneux, minutieux, maniaque. Il a besoin de ses petits rites pour arriver à une certaine sérénité. Son calme ne s'est pas bâti pour la méditation, mais bien pour le protéger des douleurs extérieures. Un détail peut le briser, par exemple ? Le fait de se réveiller avec une barbe de trois jours pourra rendre son humeur massacrante. Il n'aime pas porter la barbe, et le fait de ne pas pouvoir se raser, enlever tous ces poils disgracieux de ses jambes ou de sa mâchoire, ça le rendrait furieux au point de frapper le premier abrutit qui lui aurait balancé un « pédale » au bout d'un couloir. Si Freddy était né femme, il aurait été la femme la plus couillue que la prison aurait pu rencontrer. Parce que ce n'est pas parce qu'il aime s'habiller en femme qu'il apprécie quand on remet en cause sa « virilité » ; le dernier con à l'avoir insulté de « tantouze » s'est retrouvé avec la gorge perforé par son talon aiguille.

Santé


Etat de santé générale: Il a vite des cores aux pieds.
Allergies ou addictions: Outre la crème hydratante et le tabac ? Rien de notable.
Soins réguliers (traitements): Il lui serait conseillé d'avoir un suivi psychologique.
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Frederico Foster
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Frederico Foster
The Pride
Ven 2 Déc 2016 - 14:21

Histoire




Les phares clignotèrent, son reflet dans le rétroviseur se figea. C'était étrange, parce qu'en une seule seconde, il avait compris que tout allait se finir. Alors, comme un film qu'on rembobine à la vitesse maximale, tandis qu'il entendait le corps devant lui s'écraser contre le parechoc de sa voiture, il vit sa vie défiler, le tirer hors de cet instant où il se disait : « c'est la fin ».

Son vrai nom ? Peu importe.
Quelque part, il avait de la chance de vivre du bon côté du mur. Enfin, c'était ce que son père prétendait ; ils vivaient dans le bon camp. Il ne comprenait pas très bien tout ça du haut de ses six ans, mais il songeait qu'il n'y avait pas de héros. Il était l'enfant du milieu, un garçon parmi les trois autres de sa fratrie, coincé entre une petite soeur de deux ans et une autre de huit ans. C'était étrange pour lui de ne pas trouver sa place dans une famille aussi nombreuse, parce qu'il avait beau regarder ses frères et soeurs, jamais il ne s'était trouvé un point commun avec eux. De toute façon, il était occupé pour le moment. Il était parvenu à rentrer dans la chambre de ses parents, et il avait ouvert en grand la commode de sa mère pour tirer ses robes. Il aimait se plaire à rêver qu'il deviendrait un jour acteur, et qu'un acteur devait être capable d'endosser n'importe quel rôle. Alors comme un comédien s'apprêtant à rentrer en scène, il collait sur sa bouche une bonne couche de rouge à lèvres ; il avait vu tellement de fois sa mère le faire qu'il était certain de ne pas se rater. Sa mère était la plus belle femme qu'il connaissait, après Marylin Monroe.
Une fois que le rouge fut sur ses lèvres, il fronça les sourcils. Le souci, lorsqu'on avait la peau hâlée comme lui, c'était que ça ne collerait jamais. Quand il reposa son regard sombre sur la photo de Marylin Monroe dans le journal que son père lui avait laissé, il songeait à quel point il lui enviait sa peau blanche, ses cheveux blonds. Malgré tous ses efforts, il ne pourrait jamais lui ressembler. Tant pis, en grandissant, il apprendrait à rendre son teint plus blanc, ou à mieux accorder sa toilette avec son physique.
Sa petite soeur de deux ans était dans le lit de ses parents, en train d'observer son frère se maquiller, alors qu'elle se cachait dans les couvertures.
En fait, ce n'était pas tant qu'ils avaient de la chance de vivre du bon côté du mur, mais plutôt que sa famille restait coincée de ce côté du mur. Lui, il ne savait pas encore où il se trouvait. Il termina de se maquiller, puis il se contorsionna pour enfiler la robe rouge de sa mère. Le souci, c'était que le décolleté bâillait au niveau de la poitrine, il se tourna, il attrapa un oreiller. Il adorait se déguiser, se dire qu'il pourrait tous les tromper avec sa beauté brune. Sa petite soeur se mit à rire devant sa façon grossière de défiler.
« Schlampe. »
Ce fut l'insulte qui du haut de ses six ans le marqua le plus. À l'époque, il ne savait pas exactement ce qu'elle signifiait, mais quand son père entra dans la chambre, et vit son fils déguisé en femme, ce fut ce qu'il répéta en boucle en le tirant hors de la pièce. Il cogna ses phalanges dans sa joue, répétant encore et encore cette insulte qu'il apprit bien plus tard. Son visage hâlé, bien dessiné, se retrouva fracassé par le dégoût de son père, qui hurlait, encore et encore. Quand il parvint à se calmer, et que les deux frères aînés l'attrapèrent pour l'empêcher de le tuer, il pointa le gamin du doigt en mugissant :
« IL EST HORS DE QUESTION QU'UNE TARLOUZE VIVE SOUS MON TOIT ! »
Ce fut la première fois qu'on lui brisa le coeur.

Nous étions en 1975, dans une Allemagne scindée en deux, balbutiante.
Freddy parle rarement de son passé, il raconte que comme un acteur, il a eu plusieurs rôles au cours de son existence, et que le plus important est celui qu'il incarne aujourd'hui. Il a rencontré un nombre incroyable de personnes, il a tenté en vain de se plier aux normes. Il avait beau courber le dos en espérant rentrer dans le moule, sa silhouette se redressait. Son enfance n'a pas été des plus joyeuses, mais il préfère le cacher en disant qu'il a eu une enfance comme n'importe quel immigré dans l'Allemagne purifiée du régime nazi. Son quotidien était morne, le seul éclat qu'il pouvait y apporter, c'était lorsqu'il se grimait en femme. Mais son père le surprenait toujours, le frappait, et tirait sur ses cheveux en lui foutant la tête dans l'eau pour faire disparaître son maquillage. Et ce devant les yeux de ses frères qui ne savaient pas comment intervenir, de quel côté se ranger, et de sa mère qui en vain essayait de retenir les coups de son père. Si bien qu'à huit ans, son père lui cracha que s'il le reprenait encore une fois habillé en « schlampe », il lui couperait la bite si son désir était de réellement en être une.
Pendant longtemps, il pensait que personne ne pouvait comprendre son problème, jusqu'à sa rencontre avec Edda, l'une de ses voisines. Edda lui ressemblait étrangement, sa peau n'était pas aussi brune, mais elle possédait la même chevelure noire et bouclée que lui. Edda faisait presque sa taille, et souvent, il se plaisait à s'imaginer qu'elle était « son vrai lui ». Une enfant avec des bas, des robes à fleurs, mais des dents un peu de travers. Edda était dans la même classe que lui, une nouvelle, ce fut lui que la maîtresse désigna pour l'aider. Edda avait emménagé suite au remariage de sa mère, et elle était aussi silencieuse que Freddy. Avec elle, il pouvait passer des heures dans la même pièce pour lire des magazines. Parfois, lorsque la mère d'Edda et son beau-père n'étaient pas là, Edda l'entraînait chez elle, et ensemble, ils s'amusaient dans sa grande maison. Malgré qu'elle fut la seule enfant, sa maison était bien plus spacieuse que celle de Freddy, qui remerciait le ciel pour chaque instant passé avec elle. Edda lui apprit à mieux se maquiller, elle l'encouragea dans ce que le père de Freddy appelait « son vice », parce que comme lui, elle ne voyait pas quel mal il y avait pour un gamin de neuf ans de s'habiller en fille. S'il se plaisait ainsi, c'était le plus important, non ? Cette amitié dure encore aujourd'hui, au-delà des frontières, au-delà des années. Freddy se pense lier à elle, même s'il ne l'a pas revu depuis leur douze ans.
Son père faisait son possible pour le guérir de « son vice », et ça se traduisait par une volonté de l'inscrire à tout un tas de sport. Il était persuadé que voir son fils courir après un ballon de foot, tel un chien, allait le rendre plus « viril ». Mais son père ne comprenait pas.
Edda était la seule à se mettre à sa place, et l'aimer pour ce qu'il était. Et Freddy le lui rendait bien ; dès qu'il posait son regard sur elle, c'était avec une profonde affection. Il la protégeait.
« Edda, je suis là. »
La petite fille releva la tête de son livre, elle se figea, et elle envoya à son ami un regard désespéré. Freddy était dans la cuisine, en train de boire un verre de jus de fruits, lorsqu'ils avaient entendu le beau-père d'Edda rentrer. Elle murmura tout bas :
« S'il te plait... »
Il fronça les sourcils, mais avant que son amie ne termine sa phrase, son beau-père pénétra dans la cuisine. Il avait l'air de crever de chaud, son visage tout rond et blanc lui donnait des allures de nounours. Il eut un sourire pour Freddy, puis il observa Edda. Il hocha la tête, puis il demanda à Freddy :
« Peux-tu nous laisser ? Ta maman te cherche.
— Ah ? Fit le gamin en de onze ans, elle est censée être à l'usine... il y a un souci ?
— Je ne sais pas, répondit l'homme avec un air ennuyé, mais je crois que c'est urgent. »
Freddy se leva, il attrapa son sac, mais au même moment, Edda plongea sa main sur son poignet. Elle remua les lèvres en silence, mais la connaissance de l'Allemand du môme était un peu limitée. Il ne sut pas que ce qu'elle tenta de dire était « ne me laisse pas avec lui ». Il haussa les épaules, et Edda le lâcha en tremblant. Freddy les salua, puis il partit.
Freddy était dans leur jardin, en train de prendre la route pour rentrer chez lui, lorsqu'il s'arrêta. Il baissa ses yeux sur son poignet droit, là où Edda avait serré tellement fort qu'il avat la trace de ses doigts. Il ne sut pas exactement ce qui l'alerta à ce moment-là, mais il resta une minute ici. Le front plissé, les mèches bouclées et brunes partant dans tous les sens, il referma le poing. Et s'il demandait au beau-père d'Edda d'inviter cette dernière à dormir chez lui ?
Le garçon se retourna, il plissa le nez, droit. Il marcha en direction de la porte, mais quand il compta frapper, il entendit un cri. Un cri qu'on essayait d'étouffer. Alerté, il ne bougea pas, jusqu'à entendre un second cri, plus terrifié. Oui. Il se tourna sur la gauche, là où la cuisine donnait sur la pelouse verdoyante du jardin. Lentement, Freddy abandonna son sac, et se dirigea vers la fenêtre. Les cris continuaient de frapper ses oreilles, si bien qu'il jeta un oeil par la fenêtre, inquiet.
Il avait reconnu la voix d'Edda.
Et il reconnaissait Edda qui le visage collé contre la table de la cuisine subissait les attouchements de son beau-père, en larmes.
Le gamin ouvrit la bouche, comme pour hurler, mais rien ne sortit. Il était tellement choqué parce qu'il voyait qu'il prit la fuite en oubliant son sac.

La protéger.
Freddy refusa de revenir chez son amie, ce qu'il avait vu l'avait tellement chamboulé qu'il n'osait pas affronter son regard. Il craignait d'y lire « tu m'as abandonné ». Pendant une semaine, le gamin réfléchit à ce qu'il pouvait faire pour la sauver de cet homme. Il ne lui accordait ni un sourire, ni un coup d'oeil, plongé dans sa mélancolie. Durant les repas de famille, coincé entre sa petite soeur et son frère, Freddy observait sa mère rentrer fatiguée de l'usine, et porter sur ses épaules toute leur famille. Pendant que son père buvait, pendant qu'il grondait sur les informations grésillant depuis leur petite radio, il examinait sa mère faire le boulot de dix personnes. Elle était épuisée, les cernes creusaient son regard sombre. Son père se laissa tomber sur la chaise, et il remplit son verre d'alcool de moteur. Il devenait pire que tout lorsqu'il buvait, mais par moment, lorsque l'ivresse le portait assez loin, il disait à Freddy qu'il l'aimait, comme tous ses autres enfants.
Alors il eut une idée.

« Devine qui c'est ?
— Toi ? »
Le garçon eu un sourire resplendissant derrière son amie. Il hocha la tête, et il décolla ses mains de ses yeux. Edda pivota, elle baissa les yeux sur ses pieds et souffla :
« J'ai cru que tu ne voulais plus me voir.
— On va chez toi ? »
Freddy préférait ignorer les regards interrogateurs que son amie lui lançait. Son sac était lourd sur son épaule. Ils se rendirent chez Edda, et plutôt que de faire leurs devoirs, le garçon attrapa la main de son amie pour la tirer vers la chambre de sa mère.
« Dis ouiiiii !
— Doucement. »
Couina Edda, et Freddy vit qu'elle était blessée au bras. Il plissa le front, mais plutôt que de se laisser atteindre, il la poussa dans la chambre de sa mère. Il la fit s'assoir sur le lit, et il remarqua que le poignet droit de l'enfant était rouge, un peu gonflé. Elle le cacha sous sa jupe. Freddy resta un moment sans rien dire, le souffle un peu pantelant. Il posa alors sa tête contre l'épaule d'Edda, un geste infiniment tendre, il lui sourit :
« Tout va bien aller. »
Edda eut un bref sourire, puis Freddy lui dit :
« Je peux t'emprunter ta robe ? J'ai envie de l'essayer. »
L'enfant haussa les épaules, puis elle se leva en même temps que lui. Elle se blottit contre son torse, alors que Freddy défaisait la fermeture éclair de sa robe. Il la fit glisser le long de son corps, elle se tint à ses épaules, et elle enlevit d'elle-même ses collants.
« Il va me tuer s'il voit ça, murmura-t-elle.
— Ne t'en fais pas, la rassura le garçon. »
Heureusement, Edda n'avait pas trop de poitrine, et ils faisaient tous les deux la même taille. Oui, elle était la fille qu'il aurait aimé être. Il prit ses collants, il enfila sa robe, et la laissa fermer le zip. Quand ils se regardaient dans le miroir, la gamine cachée derrière la chemise du môme, ils avaient l'impression d'être deux jumeaux. En la voyant porter ses propres vêtements, Freddy songea qu'elle aurait pu être un beau garçon, autant que lui l'était.
« Edda ! »
Elle sursauta, elle était tellement fragile contre lui qu'il passa son bras par-dessus son épaule, afin de la rassurer. Il lui embrassa la tempe.
« Tu ne bouges pas d'ici, Edda, je vais m'occuper de tout. »
Freddy pouvait le faire. Il posa les doigts sur la poignée de la porte, il prit une profonde inspiration, puis il l'ouvrit. Il était en train de se mettre dans la peau de son amie ; sa robe portait son odeur, ses cheveux n'étaient pas assez long, mais il pouvait jouer là-dessus. Se faire passer pour elle. Il attrapa le sac d'Edda, et sortit.
« Edda !
— J'a... arrive. »
Il envoya à la gamine un sourire brillant ; il allait s'occuper de cet enculé.
Son beau-père était dans la cuisine, en train de faire bouillir de l'eau, il lui jeta un regard, en fronçant les sourcils. Il ne sembla pas reconnaître Freddy dans les vêtements d'Edda, il sentait par ailleurs l'alcool. Tant mieux. C'était presque trop parfait.
« Viens voir papa ma jolie. »
Grogna l'homme en s'avançant vers Freddy, ce dernier resta sur place, il ne savait pas s'il avait les épaules pour supporter ses mains boudinées sur son corps d'enfant. Il s'approcha de lui, il lui caressa la joue, son haleine puait le Scotch ; un parfum qui encore aujourd'hui lui donne envie de vomir. L'homme posa ses lèvres sur son front, glissant sa main sur sa taille en murmurant :
« Tu sais que je vous aime, ta maman et toi, je prendrais toujours soin de vous. Mais il faut être une gentille fille, et m'obéir, hein ? »
Depuis combien de temps cet enfer durait ?
Il colla le corps de Freddy au sien, sa bouche parcourait sa mâchoire d'un baiser de plus en plus possessif, ce type crevait de chaud. Son contact était dégueulasse. Freddy le repoussa lentement.
« Qu'est-ce que j'ai dit ? Bougonna l'homme. Allez, Edda, sois une gentille fifille...
— Tu as soif ? »
Fit-il pour changer de sujet, et s'échapper à son contact immonde. Il lui tourna le dos, et il se dirigea vers le réfrigérateur pour lui servir du jus de fruit.
« Non... je veux une boisson d'homme ! Viens, sers-moi, et viens sur mes genoux. »
Freddy approuva, il laissa l'homme s'échouer sur la chaise, en commençant à défaire les boutons de sa chemise. Il ouvrit le placard sous le lavabo, il sortit une bouteille de détergent qu'il posa près de l'évier, il se leva ensuite sur la pointe des pieds pour prendre du Scotch et un verre. Le dos tourné, il pouvait sentir sur lui le regard de ce porc, qui grognait et mugissait. Il semblait lutter pour arriver à ouvrir son pantalon, alors que Freddy versait du détergent dans le verre, suivi de Scotch. Il mélangea le liquide ambré au détergent, puis il se tourna vers l'homme. Il tapota sa cuisse.
« Viens là, Edda. »
Freddy eut un sourire, il se rapprocha, puis il posa ses fesses sur les cuisses de l'homme. Il lui tendit son verre, alors que la main de l'homme se glissait entre ses cuisses.
« Dou... doucement...
— Arrête, tu ne fais pas ta timide, d'habitude. Tu crois que je n'ai pas compris ton petit jeu ? Tu fais ton effarouchée, mais t'es toujours là me tenter, ce n'est pas de ma faute...
— Bois... s'il te plait.
— J'aurais droit à un bisou ?
— Oui. »
Freddy lui sourit, et l'homme avala le verre.
Quand son corps retomba au sol, la bouche pleine de mousse et de Scotch, Freddy soupira. Il se tourna vers Edda qui était descendue, et horrifiée, elle observa le corps de son beau-père. Lentement, il lui prit la main et l'emmena dans les toilettes, là, personne ne pourrait les voir par la fenêtre. Il lui tenait délicatement la main, il posa son front contre le sien, soufflant contre ses lèvres :
« Tu vas m'écouter, et faire tout ce que je dis, d'accord ?
— Qu'est-ce que tu as fait ?
— Je me suis débarrassé de lui. »
Edda avala sa salive, alors que les larmes montaient dans ses yeux. Freddy la prit alors dans ses bras, il la serra de toutes ses forces contre lui, en continuant de lui dire tout un tas de mots doux. La force de son amour pour elle pouvait l'emmener au bout du monde. Quand elle se calma, Freddy se décolla, et il commença à se déshabiller pour lui rendre ses vêtements.
« On va aller près de l'usine, et on va jouer, jusqu'à ce que la nuit tombe, là, on retournera chez toi.
— Pourquoi ?
— Pour avoir un alibi, avança Freddy en renfilant sa chemise. Tu garderas pour toi ce qu'il s'est passé, tu prétendras avoir joué avec moi depuis la fin de la classe, et tu ne diras rien à personne ?
— Je... j'ai peur... couina Edda. »
Freddy lui sourit, il prit son visage dans sa main, et il lui murmura :
« Tout ira bien, je te le promets. Je dois nettoyer mes empreintes. »

Il l'ignorait à l'époque, mais Freddy avait un don. Si on oubliait qu'il était capable de prendre n'importe quelle forme, aussi bien féminine que masculine, il avait un don « naturel » pour le meurtre. Il était assez détaché pour réagir froidement aux situations, et ce premier assassinat annonça une longue série qui dura jusqu'à ses 47 ans. Il avait sauvé Edda de son beau-père pédophile, et il sut juste en lisant dans son regard qu'elle était pleine de gratitude. Tous les deux conservèrent le secret, en gravant une ligne sur leur poignet droit, symbolisant leur silence ; il en a conservé la cicatrice, elle aussi, sans doute. On pensa qu'ivre, le beau-père d'Edda avait confondu sa bouteille de détergent avec son Scotch, et s'était servi un verre. On ne soupçonna jamais le gamin qu'on insultait parfois de « pédale » pour ses attitudes efféminées, pouvait être à l'origine de tout ça. L'affaire fut classée, mais la mère d'Edda, sous le choc, décida de déménager en embarquant sa fille avec elle.
Ce fut la deuxième fois que Freddy eut le coeur brisé.

En grandissant, sans avoir Edda pour lui prêter ses vêtements, il tomba dans une profonde mélancolie. Quelque part, « jouer au garçon » lui sortait par tous les orifices, s'obliger à être ce qu'il ne l'était pas l'agaçait. Il en voulait à son père de ne pas pouvoir l'accepter tel qu'il était, et à sa mère de l'avoir fait venir au monde homme. En murissant, il apprit à se rebeller, l'air de rien, si bien qu'il prit l'habitude de voler les vêtements de ses soeurs pour les essayer. Dans ses moments de folie, Freddy sortait, travesti en femme pour s'ouvrir à un monde qu'on lui interdisait. Toutefois, il était encore trop maladroit à l'époque pour créer une illusion parfaite, si bien qu'il recevait des moqueries, il lui arrivait de rentrer à deux heures du matin avec le bras cassé, en refusant d'expliquer à sa famille ce qui lui était arrivé. Il pensait que pour vivre heureux, il fallait vivre caché, mais ça ne dura qu'un temps. Le masque qu'il se collait au visage lui arrachait la peau, il était bien trop lourd à porter, et faire semblant d'être « un homme » lorsqu'il sentait qu'il était dans la mauvaise enveloppe l'épuisait. En réalité, il avait de hurler au monde « REGARDEZ MOI TEL QUE JE SUIS RÉELLEMENT » tout en ayant conscience que faire une telle chose... le ménerait à sa perte. Et pourtant, Freddy craqua.
Quel âge avait-il ? Seize ans.
C'était à force de voir des affiches de Queen qu'il se disait que s'il faisait ça bien, on pourrait l'accepter. S'il montrait assez de volonté, peut-être pourrait-il s'imposer à ces gens qui eux, lui imposaient une façon de vivre qui ne lui allait pas. Alors qu'il écoutait « I want to Break Free » de Queen, l'adolescent prit sa décision. Il était avec sa petite soeur de douze ans à partager la chambre, elle était en train de le regarder choisir parmi des vêtements qu'il volait dans les magasins. Elle ne disait rien, elle se contentait de l'observer tout en faisant ses devoirs. Il était proche d'elle, parce qu'elle avait connaissance de sa « vraie nature » — quand bien même il n'arrivait pas encore à déterminer ce qu'était cette « vraie nature » —, mais qu'elle aimait la personne qui se trouvait dans ce corps d'homme, sans se soucier de ses manières. En réalité, qu'il fût femme ou homme, sa petite soeur s'en foutait ; c'était pour ça qu'il lui avait annoncé qu'il comptait faire son « coming out ». Il chantonnait en même temps que Freddie Mercury « I want to break Free », tout en sélectionnant les vêtements qu'il porterait le lendemain. Il ou elle adorait tellement l'Amérique, pour Marylin Monroe d'abord, mais aussi pour la culture ; ce pays paraissait tellement libre comparé à l'Allemagne qu'il s'imaginait tout abandonner pour y vivre.
« Tu es sûr de ton coup ?
— Oui, je vais être super. »
À l'époque, comme il ne déterminait pas encore ce qu'il était, Freddy ne parlait pas de lui au féminin. Il inspira, il brossa ensuite son abondante chevelure brune, avant d'embrasser sa soeur, et de se coucher avec elle.
Cependant, rien ne se passa comme il l'avait imaginé. Un gamin de seize ans qui se travestit en fille, qu'est-ce qui peut bien lui arriver, une fois qu'il a chuté dans la fosse aux lions ?
Freddy s'était attendu aux coups de poing, il avait su qu'on se moquerait de lui, et qu'on le bousculerait pour le faire tomber du haut de ses talons. Mais il ne pensait pas un seul instant qu'il subirait ce crime odieux, ce crime qui perfora sa chair profondément, en laissant en lui une cicatrice qu'il peine encore à recoudre aujourd'hui ; malgré toutes ses tentatives, elle se rouvre. LUI... il lui avait donné l'illusion de sa guérison, mais ce n'était pas encore le cas.
S'il était pédé, comme il en avait autant l'air, ça ne le dérangerait pas tant que ça ? Après tout, s'il s'habillait comme une femme, c'était qu'au fond, il voulait qu'on le traite comme une femme ? Alors on le traita comme une femme. On le baisa comme une femme.
« TU ME FAIS HONTE ! »
Et le pire, dans tout ça ? C'est lorsque l'école prévint son père qu'il avait été passé à tabac par d'autres mecs, celui-ci le frappa encore plus fort. Sans savoir ce qui était réellement arrivé, lorsque les mômes l'avaient jeté dans les chiottes, son père le roua de coups jusqu'à lui casser le nez. Il hurla qu'il était la honte de sa famille, et qu'il regrettait l'avoir mis au monde. Il enfonça son fils plus bas que terre, lui crachant à la gueule qu'il n'était d'autre qu'un... « pédé ». Freddy eut le coeur brisé pour la troisième fois, mais contrairement aux deux fois précédentes, son coeur fut tellement piétiné qu'il ne resta que de la poussière. Alors quand ses frères éloignèrent son père de lui, et que sa mère posa ses mains sur ses épaules, lui disant qu'au fond, il l'avait un peu cherché, il décida de s'en débarasser.
« Tu aurais jamais dû naître. »
Gronda son père en frappant dans la porte, lançant un regard effroyable à son fils. Freddy se releva, le visage tuméfié, et il repoussa sa mère en silence. Il monta dans sa chambre, où il retrouva sa petite soeur. Sans lui accorder de regard, il décida qu'il allait ranger tous ces souvenirs douloureux dans une boîte pour ne plus jamais ressentir. Toutefois, quand ses yeux rencontrèrent la jolie robe blanche, un peu semblable à celle de Marylin Monroe, il songea qu'en finir en serait plus simple. Si sa soeur n'avait pas été là, l'adolescent se serait tranché les veines.
Alors c'était ça ? Il était le mouton noir ? Il était la brebis galeuse qu'on avait frappée jusqu'à le briser ? Son corps était sale, malade, autant que son esprit qui ne comprenait pas qu'il était dans l'erreur depuis seize ans ? Il était la victime, mais c'était de sa faute ? Il resta allongé dans son lit, le pansement grossier autour de son poignet en versant toutes les larmes de son corps. S'il n'avait pas sauvé Edda, son beau-père aurait continué. Pourquoi la société le jugeait-elle alors qu'il ne faisait rien de mal ? Pourquoi les gens lui crachaient dessus pour ce qu'il était ? Alors qu'il avait toujours eu de bonnes notes, qu'il était bon au sport, et qu'il aidait sa mère ? Pourquoi les femmes étaient-elles l'esclave des hommes ?
« I want to Break free. »
Ouais.
Il essuya ses larmes, il regarda sa petite soeur dormir, enroulée dans ses couvertures. Il avala péniblement sa salive, le chagrin, la douleur dans ses reins et son dos. Il regarda son reflet dans le miroir de la chambre, et il contempla les désastres. Maintenant, ça serait plus difficile de se faire passer pour une « schlampe », comme disait son père. Si l'Allemagne ne voulait pas de lui avec ses talons et son rouge à lèvres, pourquoi s'épuiser à y vivre ? Il vola de l'argent à ses parents, il jeta grossièrement ses fringues dans son sac. Enfin, il embrassa sa petite soeur sur le front.

« Je ne te comprendrais jamais.
— Pourquoi ?
— Franchement ? Pourquoi tu veux être une femme, lorsqu'être un mec est tellement plus simple ? »
Freddy haussa les épaules, il vérifia que sa chaussure tenait bien à son talon, puis il se redressa en souriant à la femme face à lui. Il se rapprocha d'elle, tellement plus grand et féminin à la fois. Il était amusé par ses paroles, tout en sachant qu'au fond, elle avait raison ; c'était plus simple d'être un mec. Mais il se plaisait bien plus en femme, du haut de ses chaussures à talons aiguilles, portant un soutif rembourré et un serre-taille en espérant affiner sa taille. Amanda Foster était son principal repère en Amérique, c'était elle qui l'avait recueilli un soir... alors que crevant de faim, il l'avait vu en train de se faire tripoter par un vieux monsieur, et qu'il était intervenu pour l'aider. Amanda Foster était un peu comme sa mère, mais à défaut de lui reprocher de porter des talons, elle l'acceptait pour ce qu'il était en cherchant à comprendre cette volonté à se croire femme. Elle avait des traces d'aiguilles dans la cuisse, les yeux fatigués accompagnés par des pattes d'oies, la bouche mince, et sa poitrine commençait à tomber. C'était son amie, et une pute.
« Un jour, je saurais quel est ton vrai prénom ? Râla-t-elle en coinçant une clope entre ses dents de travers.
— Qui sait ? J'ai abandonné cette vie pour une autre. »
Amanda haussa les épaules, elle secoua l'allumette dans les airs, faisant tousser Freddy tandis qu'elle tirait sur sa cigarette. Elle se laissa tomber dans le lit qu'ils partageaient, les jambes écartées. Avec elle, il pouvait être ce qu'il voulait, elle s'en foutait ; tant qu'il n’entrait pas alors qu'elle se faisait tringler par un client, elle s'en foutait.
« Tu es venu chercher la liberté d'être toi-même, c'est ça ? Mon pauvre chaton, si tu savais. C'est à quelle heure, ta fête ?
— Dix-huit heures.
— Ouais. Rentre pas avant vingt-deux heures, j'ai des clients.
— Je sais. »
Freddy avança vers elle, il alla la rejoindre dans le lit en la laissant se blottir contre son épaule. Amanda était une femme éteinte, ridée, avec des formes pleines, mais avec le goût vulgaire des putes pour le maquillage. Elle avait eu un fils, mort, un an avant sa rencontre avec lui. Alors elle l'avait surnommé « Freddy » devant son refus de lui donner son prénom. Freddy avait emprunté l'identité de son garçon, Frederico Foster, et il se faisait nommer « Fredda » devant les amies d'Amanda. Ce jour était un peu particulier, parce que Freddy avait été convié à une fête remplie d'adolescents. L'un des clients d'Amanda, plutôt régulier, et qui s'était lié de sympathie pour eux deux lui avait dit que sa fille organisait une fête. Il lui avait dit de venir, en essayant de lui faire vivre une adolescence à retardement, parce qu'il s'attristait de le voir si vieux à cet âge. Sa jeunesse s'était flétrie, dès l'instant où il avait essayé de s'affirmer en Allemagne. Le client d'Amanda lui avait qu'il pouvait être lui-même, à la fête, c'était un genre de psychologue se pensant au-dessus des autres et avancé sur son temps sur les questions du genre.
Cela faisait un an, bientôt que le mur scindant l'Allemagne en deux s'était brisé. Freddy se demandait ce qu'était devenue sa famille avec ce changement. Enfin, il rangea leur souvenir dans un coin de sa tête, tandis qu'il prenait le miroir. Amanda l'observait écarquiller les yeux, alors qu'il appliquait une touche de mascara. Il avait vingt-deux ans, il était à peine majeur. Et déjà, son corps était fatigué. Porter des talons toute la journée, se tenir droit en espérant rendre sa taille plus fine, ses faux seins plus abondants, ça tuait son dos. Freddy termina de se maquiller, puis Amanda s'amusa à le coiffer un peu mieux, et lui prêta même son parfum pour l'occasion.
Depuis combien de temps n'était-il pas revenu dans... sa vraie forme parmi les « communs » ? Depuis « ce jour-là » ? Il était anxieux.
Peut-être que l'illusion serait plus parfaite, ce coup-ci.
Du moins... c'était ce qu'il avait espéré en entrant dans la fête. Du haut de ses vingt-deux ans, Freddy se sentait un peu à l'écart. Les adolescents dansaient et chantonnaient, la musique qui passait lui sembla pourrie. Quand il voyait les couples se former, il avait envie de rire devant leurs hésitations. Avec Amanda, il lui était arrivé de partager sa chaleur, ou ses clients. Avec Amanda, il avait déjà expérimenté tout un tas de choses, rangeant dans un coin de sa tête le douloureux évènement qui lui avait fait comprendre, à quel point, être une femme était horrible.
Freddy était là avec ses cheveux bouclés, sa mâchoire un peu trop carrée, et son expérience de la vie qui le faisait doucement rire, devant les premiers émois de ce qu'il jugeait être des enfants. Du moins, ce fut ce qu'il pensa jusqu'à poser son regard sur un gamin en retrait. Il était de très peu plus petit que lui, les mains dans les poches en fixant un couple en train de s'embrasser sur le divan, l'air blasé et dégoûté de la vie. Il n'était pas le plus beau, l'acné se battait avec sa barbe sur sa mâchoire, et ses cheveux étaient dans tous les sens. Cependant, c'était lui sur qui ses yeux s'étaient arrêtés. Freddy le détailla, en ignorant que certains jouaient à deviner s'il était une femme ou un homme. Il se pinça les lèvres, mais il s'arrêta aussitôt qu'il comprit que ça risquait d'abîmer son rouge à lèvres. Il inspira, il prit son courage à deux mains, et il lui demanda s'il voulait danser avec ELLE.
« Tu t'appelles comment ?
— Fredda, on va dire. »
Son amour de toujours. Ce gamin aux cheveux gras qui posa avec hésitation ses mains sur sa taille, qui le regarda avec un mélange de timidité et de malice, et qu'il parvint à embrasser dans le couloir après la danse la plus catastrophique et tendre de son existence. Lionel Lamb ne sembla pas comprendre qu'il était en train de coller contre le mur un travesti, et il ne se rendit pas compte à quel point sa maladresse, et sa franchise le remua profondément. Alors quand il le put, Freddy prit la fuite sans jamais le recontacter.
Sa vie pouvait ressembler à un roman, tant il se passa des choses. Quand Freddy s'enfuit de Lionel, et rentra chez Amanda, il la retrouva morte. Il n'appela pas la police, et les mains dans les poches, il fixa son cadavre avec un pincement au coeur. C'était comme si l'amour ayant éclos de sa poitrine venait de s'éteindre. Il lui ferma les yeux, il la recouvrit de ses draps ; il prévint son proxénète.
Apparemment, Amanda était tombée sur un taré, qui avait cru qu'une séance de bondage pouvait s'improviser n'importe comment. Il avait serré les cordes trop fortes, et l'avait étranglée par maladresse. Enfin, ce fut ce que Freddy pensa. Malgré tout, Amanda tenait un carnet dans lequel elle répertoriait ses clients, si bien que Frederico retrouva ce « Smith » ou « Johnson » à force de mener des enquêtes dans ce monde un peu à part de la nuit. Il n'avait pas une idée précise de ce qu'il allait lui faire, mais il voulait comprendre. Ce fut là que son don pour le meurtre se réveilla.
« Tu veux prendre la place d'Amanda ? Lui demanda son proxénète. Certains clients ont du mal à vivre leur homosexualité.
— Ne me traitez pas de “pédale”, gronda Freddy en allumant une cigarette.
— Loin de moi cette idée, mais elle avait des dettes. Tu crois que tu peux faire quoi ? T'es qu'un travelo... »
Freddy fronça soudain les sourcils, il foudroya l'homme face à lui du regard, la cigarette se fit couper en deux par ses dents. Il détestait ce mot, « travelo », au même titre que « tarlouze, pédale » et etc. Il eut envie de lui envoyer son poing dans la gueule, mais le type comprit qu'il était allé trop loin. Freddy croisa les jambes, en admirant comment la lumière les mettait en valeur.
« Elle prenait soin de moi, je lui dois beaucoup.
— Mais elle était endettée, tu comprends ce que ça veut dire, Freddy ?
— Oui, mais laissez-moi vous dire une chose. Je ne suis pas un “travelo”, encore moins une “pédale”, et si jamais vous utilisez encore ces mots pour parler de moi, je vous plante mon talon aiguille dans les couilles, c'est compris ? »
Le proxénète eut un petit rire soufflé par le nez, il leva les yeux au ciel.
« Je crois que tu me plais, Freddy, lui lança-t-il. Alors... Quels sont tes talents ?
— Ne me prenez pas à la légère, j'ai tué un homme quand j'avais onze ans. »
Le premier contrat de Frederico Foster ? Ce fut de s'occuper du meurtrier d'Amanda. Comme la police se foutait de ce qui était arrivé, et que de toute façon, ils préféraient régler eux-mêmes cette affaire, on demanda à Freddy de s'en charger. Après plusieurs semaines d'enquête, il retrouva Smith dans une rue pleine de putes. Il était adossé au mur, en talon, le soutien-gorge rembourré, avec la sensation qu'il aurait aimé être un superhéros... ouais, un superhéros transgenre... N'importe quoi. Il fumait, en se demandant ce que devenait Lionel, puis quand Smith passa devant lui, il fit de sa voix de violoncelle :
« Salut mon chou, tu veux venir avec moi ? »
En roucoulant comme une chatte en chaleur.
« Combien ?
— Cent dollars, et tu payes notre chambre. »
Il accepta, en lui spécifiant qu'il s'occuperait de son petit regard insolent. Fredda inspira, elle termina sa cigarette, puis elle suivit sa proie en silence. Elle monta les escaliers derrière lui, fixant ses épaules en songeant qu'elle devrait faire attention pour ne pas laisser ses empreintes. En silence, elle enfila des gants, elle remonta sa chevelure en un chignon. L'homme ouvrit la chambre, il la détailla, silencieux avant de bougonner :
« Tu me dis quelque chose.
— Qui sait Mon Amour ? Peut-être que je suis déjà venu te faire du bien dans tes rêves ? »
L'homme ricana, et quand elle rentra avant lui, il claqua sa main sur ses fesses. Fredda se contenta de rire, en songeant qu'elle allait lui arracher sa main. Quand l'homme lui agrippa les cheveux pour la contraindre à se mettre entre ses jambes, elle le fixa droit dans les yeux. Un fin sourire rouge éclaira son visage hâlé, tandis qu'elle se redressait.
« Et si on jouait selon mes règles ?
— Non. »
Fredda ne lui laissa aucune chance, parce qu'à partir du moment où il se rendit compte de la supercherie, elle plongea sa main sur sa gorge. Se faire brusquement dominer par « une chose » le surprit, et Fredda le jeta au sol. Il n'avait rien à craindre, il savait exactement ce qu'il fallait faire. Ses pensées se dirigeaient vers Lionel Lamb, alors qu'avec une certaine férocité, il planta son talon aiguille dans la gorge de ce connard. Freddy manqua de tomber en avant, quand le talon perfora sa gorge trop loin, il crut même qu'il était passé à travers. Il grimaça, puis en levant les bras pour ne pas perdre l'équilibre, il extirpa tant bien que mal sa chaussure du corps inerte de son contrat. Il laissa ses fesses tomber sur le lit, et lentement, comme une actrice qui se défait de son rôle, Fredda enleva sa chaussure. Il se déshabilla, il se démaquilla, et peu à peu, elle redevint un homme de plus d'un mètre quatre-vingt, d'environ vingt-deux ans. Freddy enfila sa veste, il rangea ses vêtements de femme dans son sac, il nettoya sa chaussure, puis en faisant attention pour ne pas mettre les pieds dans le sang, il quitta le cadavre.
Ce fut le début de sa troisième vie, celui du travesti tueur professionnel.
Quelque part, Freddy ou Fredda estimait qu'il ou elle devait ça grâce à Lionel Lamb, ce gamin qui lui avait donné l'impression de l'accepter pour ce qu'il était. Son mode opératoire ? Changer son genre en fonction de son client, l'amadouer s'il avait une préférence pour une femme, et révéler sa vraie nature au moment de le tuer. « The Mob », comme Frederico l'appelait le reconnu pour ce qu'il était, il se rendit insaisissable, et il acceptait tout type de contrat. Que ce fut pour le meurtre ou la torture, il se révéla plutôt doué. Il avait ce calme, cette mise à distance nécessaire pour survivre, et quelque part, tuer ces connards de mâles lui faisait du bien. Il croyait se guérir ainsi de son viol.
Malgré son genre indécis, on finit par accepter la personne qu'il était, parce que les preuves avaient été faîtes : Freddy ou Fredda avait du chien pour tuer. Et il ou elle avait autant de façons de tuer que de tenues dans sa garde-robe. Il ou elle gagnait bien sa vie, mais par crainte de voir cette existence s'écrouler, il faisait attention, et ne dépensait pas plus que nécessaire... quoiqu'il avait toujours eu un faible pour les chaussures. Et sa façon de se travestir se performant au fil des années, il en profitait pour s'acheter toutes les paires de talons possibles qu'il entreposait soigneusement dans son appartement. Il ne s'attachait pas, il butinait d'hommes à femmes, comme une abeille, sans jamais leur accorder son amour. Parce que son coeur appartenait à un autre.
Les années passant, son travail devenait de plus en plus difficile, et pour se couvrir, Freddy devint vendeur dans un sex shop situé dans un quartier chaud. Au moins, il se fondait dans le décor, et on ne lui posait pas des questions comme « Mais, tu t'appelles Frederico ? Tu es donc un homme ? » Au contraire, il finit par trouver sa place au fur et à mesure, que ce fût en tant que tueur professionnel ou vendeur de jouets pour adulte. Cette vie perdurait, et avec les années, Frederico vit sa jeunesse s'évanouir ; c'était bien beau de se prendre pour une femme, et vivre comme telle, mais il n'en restait pas moins biologiquement un homme. Quand ce n'était pas les poils qui poussaient sur ses jambes, c'était sa barbe, et quand ce n'était pas ça... c'était les érections.

« Sale bon samaritain, tu vas toujours à l'église le dimanche ? T'as sucé combien de curés pour te faire autant bénir ? »
Fredda releva la tête de sa tasse de café, les sourcils froncés, elle songea qu'elle avait déjà entendu cette façon de parler quelque part. Et ce fut là qu'elle LE revit. Lui. Lionel. Ce gamin mal rasé était devenu un adulte encore plus mal rasé, davantage bourru et négligé. Il était à côté d'un bel homme brun, son frère, devina-t-elle, mais ce n'était pas ça qui l'attirait toujours autant. Elle prit sa tasse de café entre ses doigts, les jambes croisées, elle contempla l'homme dont elle était tombée amoureuse il y avait plus de... douze ans ? Le temps passait vite, mais jamais elle n'avait cessé de l'aimer. Parce qu'il avait vu le plus important chez lui. Il avait cette nonchalance, cette désinvolture à refuser de se soucier de ce que les autres pensaient de lui ; Fredda entendit des femmes se moquer de Lionel, mais elle savait qu'elle était la seule à voir toutes les qualités qu'il avait, et qu'il cachait derrière son attitude de boeuf. Fredda se disait qu'il serait le seul en mesure de l'accepter tel qu'il était. Femme ou homme. Qu'importe. Il était un troisième genre. Un sourire paisible se colla sur ses lèvres écarlates, alors qu'elle se nourrissait du son de sa voix grave, de son rire un peu goguenard et des conneries qu'il lançait à son petit frère, prenant du plaisir à être là. Fredda était tellement plongée dans la contemplation de Lamb qu'elle manqua de peu sa victime. Elle sursauta lorsque son contrat alla dehors, et en vitesse, elle paya sa consommation en prenant ses affaires. À regret, elle se mit à suivre l'homme qu'elle devait tuer ; Lionel ne sut jamais le regard plein de tendresse qu'elle posa sur lui, avant de quitter le bar.
Et tous les jours, Fredda revint dans le bar, à la même heure, en espérant le retrouver. La première semaine, Lionel Lamb ne revint pas, mais le samedi suivant, il fut de nouveau là en compagnie de son frère. Elle pouvait rester des heures à l'observer, écouter leur conversation en espérant secrètement d'en faire partie. Quel ridicule ! Elle allait avoir trente-six ans, et voilà que ce crétin la faisait agir comme la pire des idiots. Alors tous les samedi soir, elle se rendait à ce bar, elle prenait simplement un café, et elle se laissait aller à la rêverie. Le baiser échangé contre le mur, son odeur de sueur, ses maladresses, mais sa sincérité qui lui donnait la sensation d'avoir eu... de l'importance pour quelqu'un. Lionel avait su voir la femme qui était en lui.
Frederico retombait amoureux. Plus fort.

Quel jour était-ce ? Ah oui... le quatorze Avril.
Quand Lionel Lamb rentra dans le bar, il se mit à la même place que d'habitude, au comptoir. Freddy n'était pas loin, il s'était minitueusement préparé, en espérant rendre l'illusion encore plus parfaite. Il se passa vingt minutes, où Lionel attendit son frère, avant de sortir son téléphone, et de discuter vivement. Freddy se rapprocha alors, un long manteau sur les épaules, alors que Lionel grondait :
« J'en sais rien, oui, Christine, il doit être encore avec ce sale môme. Ouais, bah, ce n'est pas de ma faute si mon frère est gentil, t'as qu'à mieux... Pfff...
— Excusez-moi ? Risqua Fredda en faisant vibrer sa voix de violoncelle.
— Euh... »
Lionel ouvrit la bouche, alors que la touillette de son café tomba sur ses genoux. Fredda se contenta de sourire, et Lionel baragouina au téléphone :
« Je te laisse, Christine, je...
— Lio... ! »
L'inspecteur raccrocha, il eut un sourire grimacé pour Fredda, et il lui demanda, la bouche peinant à rester fermée :
« Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
— M'offrir un verre ? »
Si Fredda avait fait du chemin, ce n'était pas le cas de Lionel. Elle avait pensé qu'il avait compris la première fois qu'il l'avait rencontré, mais apparemment non. Quand la main de l'inspecteur se retrouva entre ses cuisses, Fredda songea que le ciel lui envoyait toutes les ondes positives possibles, mais Lionel retira sa main comme s'il avait touché à quelque chose d'immonde. Voilà pourquoi Fredda ne draguait pas, voilà pourquoi elle ritualisait autant sa sexualité. Elle ravala sa fierté, ses larmes, et avec calme, elle décida de partir. Lionel l'a retint, mais Fredda ne parvenait pas à comprendre ce que cet idiot lui voulait. L'humilier davantage ? Puis son téléphone sonna.

Frederico reposa sur Lionel un regard tendre, qui peinait à cacher la rancoeur qu'il nourrissait à son égard. Lionel était spontané et expressif, un seul coup d'oeil sur son visage suffisait pour qu'il comprenne ce qui le tracassait. Quand il jeta le téléphone, Frederico su que son petit frère était mort. Sans rien dire, il vint près du jeune inspecteur Lamb, et il s'occupa de lui.
Frederico songeait qu'il avait peut-être sa chance là, de se rapprocher de lui, et de peut-être penser à une vie avec lui. C'était sans compter sur Christine. Christine était la petite amie du frère de Lionel, et dans le chagrin, tous les deux se lièrent. Freddy avait beau être là quand Lionel avait besoin de lui, il se faisait occulter par Christine, au point où il abandonna l'idée d'avouer ce qu'il ressentait à cet homme. Dans le pire des cas, il aurait aimé faire ménage à trois, et même s'ils en avaient parfois l'air, c'était toujours dans le lit de Lionel que Christine se glissait, laissant Freddy dormir sur le canapé. Autant dire qu'il vécut ça très mal, et que malgré l'aide qu'il apporta à Lionel dans la vengeance de la mort de son frère, il restait ce « meilleur ami gay », alors qu'il était tout sauf gay.
Putain, mais cette conne ! Qu'est-ce qu'elle croyait ? Qu'il était homosexuel parce qu'il aimait porter des talons ? Bien sûr que non ! Si les choses avaient été aussi simple, il aurait pris son pied en se faisant violer ! Freddy se mit à détester Christine qui sans cesse rappelait à Lionel qu'il ne la méritait pas, alors qu'en réalité, c'était elle qui ne méritait pas un homme tel que lui. Quand Christine se plaignait de ses attitudes de rustre, et de sa franchise, Freddy avait envie de lui hurler qu'elle devait remercier le ciel d'être en couple avec un homme sincère, qui n'avait aucune once d'hypocrisie en lui. Il s'enfonça tellement dans la relation à trois qu'au bout d'un moment, Freddy craqua. Il ne coupa pas les ponts, mais il se contenta de s'éloigner, en les laissant s'entraver dans un mariage où aucun des deux ne serait heureux. Quel mot avait-il à dire ? Il était « le meilleur ami gay » de cette pouffiasse trop grosse pour arriver à rentrer dans du trente-six.
Freddy reprit le cours de son existence de tueur à gage, et peu à peu, il commença à butiner les contrats de gauche à droite, profitant de son caractère insaisissable pour devenir l'assassin le plus demandé de L.A Rien que ça. Oui. Il s'était servit de ses contacts pour retrouver le gamin qui avait poignardé le frère de Lionel, et des années encore passèrent avant qu'il ne revienne vers lui. Il commença à travailler avec les grands pontes de l'immobilier, servant à la fois pour tuer, et pour séduire les ennemis d'Ambroise Campbell. Le truc, c'était que Freddy aurait pu continuer son petit bonhomme de chemin, continuant d'hésiter sur la question maladroite qu'on lui posait constamment :
« Alors ? Tu es quoi ? »
Jusqu'à ce que le chemin ne le ramène vers Lionel Lamb. Freddy connaissait le caractère borné de Lionel, mais il avait été loin de s'imaginer que ce crétin irait se frotter à Campbell, et sa clique. C'en était au point où il menait avec acharnement une lutte sans merci pour montrer à tous qu'il avait raison. Lionel était quelqu'un de sincère, mais il ne savait jamais quand lâcher le morceau. Malgré les pots de vin pour faire taire les témoins, les exécutions, Lionel continuait à chaque fois à flairer de nouvelles pistes. Si bien qu'un jour, un collaborateur de Campbell fit appel à ses services.
« L'inspecteur Lamb se mêle trop de nos affaires, tu dois le faire taire. »

Et avec son calme habituel, Freddy se contenta de hocher la tête.
Pfff.
Ce con.
Il ne changerait pas.

Lionel se faisait sans cesse ridiculiser par la police depuis le meurtre de l'assassin de son frère, mais il ignorait tout un tas de choses. Tout d'abord, le fait qu'il aurait dû se retrouver en prison, mais sans le lui dire, Freddy était intervenu pour lui sauver les fesses en faisant jouer ses relations du « The Mob ». Et maintenant qu'il fourrait son nez dans des affaires douteuses, et qu'une partie de la police se refusait à le croire, on avait demandé à Frederico Foster de se débarrasser de lui.
Freddy baissa les yeux sur ses chaussures, il soupira. Ce qu'il allait faire n'était pas simple, mais il ne savait pas quelle décision prendre. Il était dans sa voiture, devant l'appartement de Lionel Lamb, alors qu'au loin, il voyait une femme courir dans la rue, le visage tuméfié. Oui, c'était plus simple d'être un homme. Frederico observait les aiguilles de sa montre, ses ongles manucurés et toujours parfaits, avec le sentiment que le temps ne jouerait pas en sa faveur. À une époque, il aurait aimé naître femme, au moins pour que Lionel la tienne dans ses bras sans se soucier de son pénis. Ridicule. Freddy se remit du rouge à lèvres, sa main tremblait ; c'était bien la première fois qu'elle tremblait autant pour le travail. Tuer ne l'avait jamais dérangé, il avait fait du chemin, mais cette nuit-là...
Tuer l'amour de sa vie ? Contre de l'argent ?
Fredda soupira, elle sortit de la voiture, et les mains dans les poches, elle rentra dans l'immeuble. Ses talons aiguilles claquaient contre les marches qu'elle grimpait, ses longues jambes n'avaient pas perdu de leur superbes. L'escalier grinçait sous son poids, alors que son sac accroché à son épaule lui paraissait de plus en plus lourd. Elle plongea sa main dedans, et elle fronça les sourcils en voyant que la porte de Lionel et Christine Lamb était ouverte. Que s'était-il passé ?
Fredda ferma les yeux, elle resta plusieurs secondes en haut des marches, avec la sensation que l'air lui manquait. Elle ne voulait pas ça. Jamais elle ne voudrait une telle chose. Elle inspira, puis elle rentra dans l'appartement. Même si toute sa figure était calme, même si son regard était placide, elle n'avait qu'une envie : se jeter dans les bras de l'homme qu'elle aimait, et le supplier de l'aimer. Cependant, ce qu'elle vit à cet instant la figea. Lionel fixait le sol, un pistolet pointé sur sa tempe, avec le regard éteint. Sa clope brûlait entre ses lèvres, se consumant dans une épaisse fumée grise, et Fredda se demanda si l'inspecteur l'avait entendu. Son coeur se serra si fort dans sa poitrine que l'assassin crut qu'il allait crever étouffé.
« Ce n'était pas fermé. »
Fredda dû faire tous les efforts possibles pour contrôler sa voix, pour ne pas éclater en sanglot ou de peur en voyant l'homme qu'il aimait à deux doigts de se suicider. Il conserva son calme, resserrant sa main sur l'arme dans son sac, alors que finalement, il se rendit compte qu'il se refusait de perdre Lionel. Qu'importe la manière. Il ferma les yeux, il se rapprocha, félin, en ne voyant plus Lionel Lamb, le pitre de service, mais un homme profondément blessé parce qu'il avait enfin vu le vrai visage de sa femme. Avec délicatesse, Freddy osa le toucher, et éloigna le pistolet de sa tempe. Avec douceur, il se plaça près de Lionel en se nourrissant de sa présence, son odeur, sa chaleur. Lionel était un homme un vrai, et une partie de Freddy lui jalousait ça. Mais c'était cette même partie de lui qui voulait le prendre dans ses bras, et de le protéger de tout. Et surtout de lui-même.
« Pourquoi es-tu toujours là dans les pires moments à me soutenir, hein ? »
Freddy ne répondit pas, il se contenta de sourire.

« Baisse cette arme ! Je ferais tout ce que tu veux, Freddy, mais je t'en supplie, baisse cette arme ! »
Foster plissa le front, il toisa l'homme face à lui. Il se contenta de ricaner avant d'aller vers lui, en balançant ses hanches. Il posa une main sur son épaule, il caressa son cou, tandis qu'il pointait son Beretta sur sa tempe. Il souffla dans son cou :
« Si jamais j'apprends que tu mets de nouveau la tête de l'Inspecteur Lamb à prix, je viendrais moi-même me charger de toi, c'est compris ? »
L'homme leva sur lui des yeux embués de terreur et de larmes, Freddy se contentait de sourire. Il lui prit la main, il la détailla longtemps, avant d'en caresser la paume, gardant son arme sur son crâne. Il n'avait qu'à replier lentement son doigt sur la gâchette, et sa cervelle allait exploser comme une pastèque qu'on jetait au sol. Il prit une cigarette encore allumée trônant dans le cendrier, et il la fuma au visage de son employeur.
« Tu vas faire quoi, Freddy ? Tu veux quoi ?
— Des aveux.
— Sur ?
— Les détournements de fonds que ton ami Campbell fait depuis plusieurs années.
— Freddy... s'il te plait... !
— Tu ne veux pas parler ? Très bien. »
Freddy gonfla ses poumons de nicotine, il regarda le bout embrasé de la clope, et il l'écrasa dans la paume de la main de sa proie. Il ferma les yeux en grimaçant, lorsque l'autre se mit à geindre directement dans ses tympans. Il recommença jusqu'à obtenir les aveux dont Lamb avait besoin pour remporter cette longue partie d'échecs contre Campbell.
« Tu vas faire quoi, Freddy ? T'es amoureux, c'est ça ?
— Cela ne te regarde pas.
— Tu crois que ce mec voudra de toi ? Tu devrais changer de sexe, là, tu auras ta chance ! »
De colère, Freddy se permit un petit plaisir solitaire : lui écraser les phalanges avec son talon aiguille.

C'était la fin.
Frederico enfonça son pied sur le frein, de toutes ses forces, en ouvrant les yeux sur l'homme qui venait de se jeter sous les roues de sa voiture. Comme un sac à patates, son corps coula sur le parechoc de sa voiture, et retomba sous ses roues quand enfin, il parvint à s'arrêter. Les mains tremblantes à cause de l'adrénaline, le coeur battant à tout rompre, elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il venait de se passer, mais une belle tache de sang, des éclats de crâne, avait explosé sa vitre. Ce ne serait pas la première fois qu'il verrait un cadavre, mais il se retrouvait bouleversé avec la violence de ce qu'il s'était passé. Frederico ne comprenait pas. Il s'était cogné contre son volant, il était un peu hébété et sonné, si bien qu'il lui fallut plusieurs secondes avant de se rendre compte de ce qu'il s'était passé. En fait, en même temps que le sang battant dans ses tempes, SES paroles revenaient en boucle résonner dans son crâne :
« Arrête, Freddy, jouer les hommes, ça te va pas ! »
Si bien que plutôt de se libérer de toute la frustration que Lionel avait engendré en lui, Freddy avait pris de nouveau la fuite. Son coeur soigneusement caché sous son maquillage, les différents masques qu'il avait pris au cours de son existence, qu'il s'était apprêté à offrir à ce crétin... venait de se faire réduire en cendre. Et tout ça pour quoi ? Pour une question bête, balancée pour rire, du genre : « Crois-tu, Lionel, que me faire pousser la barbe m'irait ? »
PUTAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN !
Pourquoi avait-il fallu que ce connard ouvre sa putain de grande gueule ? Pourquoi avait-il hésité ? Ne pouvait-il pas répondre « non » et le complimenter comme Freddy aurait voulu qu'il fasse ? Il appuya son poing sur le klaxon de sa voiture, il sursauta, et il se rappela qu'il avait un homme en train de crever non loin de là.
Quelque part, cette réflexion aussi stupide que méchante avait réveillé un souvenir douloureux, caché au plus profond de sa mémoire. Plutôt que de s'effondrer en larmes, Freddy s'était cassé en claquant la porte d'entrée de Lionel, sans se douter qu'il avait fait des efforts de préparer un repas pour lui. Même si c'était maladroit, Lionel avait tenu à la remercier pour son aide.
Mais Freddy s'en foutait de tout ça, ce qui le rendait dingue, c'était les images qui étaient survenues dans sa tête. Ça le rendait malade, il avait envie de vomir, si bien qu'il restait dans sa voiture, l'envie de pleurer lui brûlant les yeux, la colère et le dégoût pour son corps étaient en train de l'étouffer. Il jeta un coup d'oeil sur le numéro du psychologue qu'on lui avait conseillé, pour l'aider à se décider sur son genre, voir s'il n'était pas venu pour lui le temps de réellement changer de sexe, et de quitter le « The Mob ». Même s'il était trop vieux pour ces conneries.
« Mon... madame... euh... vous allez bien ? »
Son maquillage avait coulé sous la rage, et son sourire s'était flétri. Alors c'était pour ça ? C'était parce que « jouer les hommes ne lui allaient pas » que ces sales mômes l'avaient violé à seize ans ? En état de choc, Foster se laissa tirer hors de sa voiture, il s'écroula au sol, et malgré tout, les larmes glissèrent sur son visage. Il craqua pour de bon.
Pour la quatrième fois, son coeur venait d'être brisé.

« The Show must go on », comme on dit, mais cette fois-ci, c'était sans lui.
Au fond, être un tel tueur professionnel reconnu dans tout le continent pour ses talents... et finir en prison pour un accident de merde, c'était la honte. Frederico ne sut pas exactement ce qui était arrivé, mais les faits étaient là, on l'accusait d'homicide involontaire.
HAHAHAHAHAHAHA. Homicide involontaire pour un tueur à gage, c'était quoi cette plaisanterie de merde ? Freddy allait réellement passer cinq ans de son existence en prison, parce qu'un mec avait trouvé ça drôle de se jeter sous sa voiture ? Un suicide ? Juste un con bourré ? Il ne savait pas, mais les faits étaient là, c'était lui qu'on foutait en taule. Lui, l'assassin ; bien sûr, Freddy ne dévoila pas cette partie-là de sa vie, il prétendit qu'il était un travelo, vendeur dans une boutique de sex shop, et n'en dit pas plus. La sentence tomba, et pendant qu'on mettait les menottes autour de ses poignets, Freddy pouvait entendre les flics rire et dire :
« Non mais... quelle tapette, tu as vu ? Il ne tiendra pas une semaine en taule ! »
Si ces cons savaient... s'ils savaient quel tueur sanguinaire se cachait derrière ce visage grimé en femme, quel assassin dormait sous son sourire charmeur. Il ferma les poings, il gronda, mais il se laissa embarquer. On lui jeta son affreuse combinaison orange dans les bras, et on le contraint à se couper les ongles. On le força à se plier aux règles, à « jouer les hommes, alors que ça ne lui allait pas ». Mais Freddy n'avait pas dit son dernier mot. Il n'était pas con, il savait qu'en prison, survivre en tant que transgenre serait impossible, alors il se servit de ses relations à l'extérieur pour intégrer les Pride. Freddy s'était relevé pour des situations pires. Et il avait hâte de sortir.
Parce qu'il était le meilleur des acteurs, et que sans ses talons aiguilles, sans ses robes, il avait d'autres ressources.
The Show Must Go On, comme on dit.

Côté joueur


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Aaron Harrington
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Aaron Harrington
Maître chien
Ven 2 Déc 2016 - 14:33

Tu es validé !

Eh bien, j'adore tes personnages ce n'est pas nouveau, Frederico est vraiment touchant de part son histoire d'amour (ou de non amour ?) avec Lionel, mais aussi son enfance avec la petite Edda. Bref, j'adore et je te souhaite de bien t'amuser avec des gros bouffeurs de poulet. ♥
Félicitations tu es à présent validé, tu peux librement poster tes rps. Pour ton information, n'oublie pas d'aller recenser ton avatar, tu peux aussi aller créer ta fiche de liens ou encore consulter la liste des codétenus ici si tu es un détenu neutre.

Une rumeur te sera bientôt délivrée !
Amuse toi bien parmi nous !
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