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Le sourire de l'ange.

Gabriel Goodman
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Localisation : Là où il y a du café !

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Gabriel Goodman
Psychologue
Dim 20 Mar 2016 - 23:30
Ceci est une nouvelle en trois parties, qui explique pourquoi Gabriel va être mené à glisser vers le côté obscur. Les deux premières parties sont liées à des rp Cb fait avec les membres.

Première partie
Gabriel resta dans sa voiture.
Les deux mains sur le volant, le jeune homme fixait le bâtiment devant lequel il s'était garé. Il essayait de se concentrer, et de vider son esprit de toutes pensées parasites. Il avait la mâchoire serrée, pourtant, et une respiration fébrile. La raideur dans son corps contrastait avec la neutralité de son visage ; Gabriel n'avait pas envie de sortir de la voiture. Pourtant, lorsqu'il réfléchissait, lorsqu'il se rappelait pourquoi il ne pouvait plus rester à Lancaster, il se persuadait qu'il n'aurait qu'à se forcer un peu. Après tout, il ne se permettait jamais d'être lui-même. Son existence était calquée sur les désirs des autres. Ashe l'avait abandonné, et il ne ressentait qu'une haine froide à l'égard de Liam. Bien sûr, elle ne valait pas celle qu'il nourrissait pour Armand.
Gabriel passa une main sur son visage ; il avait l'impression de se sacrifier. Il sacrifiait son intégrité pour ses ambitions. Il avala sa salive, et en soupirant, il ouvrit la portière.
Le psychologue évita de trop s'attarder sur l'allure du bar ou du salon de thé — il ne savait pas exactement — où IL lui avait donné rendez-vous. Il savait qu'il en serait choqué. Il s'avança alors, avec le sentiment d'être un condamné à mort qu'on allait pendre. Il remua les épaules, il resserra son écharpe autour de son cou fin, et il renfila ses gants. Pas de contact physique direct, se promit-il ; pour cette fois. Lorsqu'il posa un pied à l'intérieur, il fut étonné de trouver un salon fort peu vulgaire. Les homosexuelles avaient des goûts peu recommandables, selon lui, et puis le dernier qui l'avait emmené dans un lieu pareil ne lui avait pas laissé un bon souvenir de ses goûts. Le jeune homme se fit accueillir par un serveur bien habillé ; cela sentait le salon bourgeois anglais du XIXe siècle, mais avec cette ambiance où... malgré lui, Gabriel se sentait cerné. Poliment, il annonça au serveur :
— Je viens voir Monsieur Armand, est-il déjà arrivé ?
— Oh ! Fit le garçon de table en clignant des yeux, oui... je vois, il s'agit de vous ...
Gabriel comprit qu'IL était un client régulier, et qu'il était lui-même attendu ; il se demanda combien de jeunes hommes IL avait pu berner ici. Il se contenta de hocher la tête, et il avança parmi les tables. Le tout était boisé, avec des couleurs sombres, beaucoup de velours ; oui, il se croyait dans un salon d'époque. Derrière un amas de plantes, sous un portique en arc de cercle en pierre, il trouva un homme assis à table en train de lire son journal. Gabriel sentit tout son corps crier de haine, et malgré lui, ses pieds s'enracinèrent aussitôt dans le sol. Le jeune homme ouvrit la bouche, et il se reprit ; ce n'était pas la première fois qu'IL l'affronterait. Il était obsédé par LUI. Depuis toujours.
— Monsieur Armand, votre invité est là.
Par réflexe, par instinct, Gabriel nota dans sa tête les portes de sortie, les chemins dégagés par les tables, il remarqua même où se situaient les toilettes. Puis, comme à son habitude, puisqu'il n'était jamais lui-même, et qu'il faisait ce que l'éducation lui dictait de faire, le jeune homme sourit.
— Bonjour, Monsieur Armand.
L'homme releva sur lui ses yeux sombres. Armand posa son journal sur la table, et les coudes appuyés sur celle-ci, il l'invita à prendre place face à lui. Armand était tout ce qu'il avait toujours désiré être. Grand, brun, les épaules et la mâchoire carrée, un nez droit, et ce petit sourire au coin dévoilant à peine ses dents blanches. Il était viril, charismatique. Bien peigné, il dégageait un léger parfum de musc qui qu'il avait adoré respirer plus jeune. Aujourd'hui, Gabriel se rendait compte que ce parfum était mêlé à celui du cigare, et qu'il l'accommodait ; c'était comme si Armand lui pénétrait la chair avec cette fragrance.
— Gabriel, je suis heureux de vous voir.
Il conservait son sourire de façade.
Lorsqu'il enleva son écharpe, en la faisant glisser sur son cou, le psychologue sentit ses tripes se retourner. Le regard d'Armand était sur lui, suivant le moindre de ses gestes, surveillant la teinte de ses yeux, seule couleur de ses émotions qu'il ne contrôlait pas. Soigneusement, le jeune homme posa son écharpe sur le dossier de sa chaise, puis il enleva son manteau. Il détestait cette impression d'être examiné, considéré, estimé, comme si Armand tentait de lui donner un prix. Comme si... il n'était qu'un objet, donnant du prestige à sa chasse. Combien de garçons avait-IL emmenés ici ? Se demanda-t-il encore. Gabriel s'assit alors, et il croisa les jambes, prenant soudain conscience que ses attitudes étaient particulièrement maniérées. Même lorsqu'Armand croisait les jambes, ou buvait du thé, il faisait viril.
— Comment allez-vous, Gabriel ?
Pourquoi se sentait-il obligé de décorer chacune de ses paroles de son prénom ? Pourquoi sa voix prenait-elle cette intonation caressante et grave, dès que les premières syllabes de son nom se formaient sur ses lèvres épaisses ? Gabriel refusait de s'imaginer à quel point le désir d'Armand pouvait être fort.
— Je vais bien, fit le psychologue en conservant son sourire, et sa voix neutre ; non, il ne devait montrer aucune émotion. Je me suis remis doucement de mon accident.
Les mains jointes sur les genoux, il les détacha pour lui montrer celle de droite. Et dire que des mois auparavant... il avait songé à le tuer. Maintenant, c'était se vendre ce à quoi il pensait.
— Fort bien, je suis heureux que vous vous remettiez si vite, lâcha Armand en le fixant. Voulez-vous boire quelque chose ?
— Un café, décida Gabriel.
— Toujours aussi sérieux, Gabriel, lança Armand sur un ton de reproche, puis il fit signe au serveur pour lui commander : un café, et un Brandy.
Gabriel plissa le front, le verre d'Armand était à moitié vide. Mais comme ce dernier refusait de le quitter un instant des yeux, et qu'il semblait lire dans son esprit, il l'informa :
— C'est pour vous.
— Mais... je... commença le psychologue.
— Cela vous aidera à vous détendre, et qui sait ? Peut-être que j'aurais droit à un visage moins austère.
Gêné par tout ce que ces paroles pouvaient évoquer, Gabriel tourna la tête. Et merde... il perdait déjà. Armand arrivait à le déstabiliser, il parvenait à s'imposer dans son esprit sans qu'il réussisse à s'en défaire. Il n'aimait pas qu'on lui impose les goûts des autres, ou même... qu'on le fasse boire. La fois avec Liam et Eduard lui avait servi de leçon.
— Et puis, reprit Armand en portant son verre de Gin à ses lèvres, n'allons pas fêter quelque chose ? Nos retrouvailles !
— En effet, Monsieur, répondit Gabriel, déconcerté.
Le silence retomba, Gabriel ne savait pas parler pour ne rien dire. Les silences ne le dérangeaient pas, il savait décrypter ce qu'ils signifiaient, il savait lire les mots que l'on gardait pour soi. Néamoins, ici, c'était lui qui se refermait dans ce mutisme, espérant se protéger d'Armand. Il se concentra alors sur les détails du salon, la tapisserie derrière Armand, là où se trouvaient les toilettes, et sur la musique qui recouvrait leurs paroles.
— Vous aimez Beethoven, Gabriel ?
— Ah ?
Gabriel cligna des yeux, comme si Armand venait d'interrompre l'une de ses rêveries. Le serveur apporta son café, et son Brandy. Gabriel n'y toucha pas, ses mains restaient collées sur ses genoux, les doigts entremêlés ; il avait mal au dos à force de se crisper, tout en essayant de montrer le moindre détail sur son trouble. Armand lui fit signe de boire, le psychologue observa l'alliance qu'il portait, puis il croisa ses yeux. Armand le contemplait, le regard plein d'assurance, un sourire évocateur sur ses lèvres épaisses. Gabriel ne parvint pas à soutenir cette pupille dérangeante, qui cherchait à voir sous sa peau, sous ses vêtements.
— Ne soyez pas aussi réservé et formel avec moi, lui ordonna Armand en se redressant sur sa chaise, son pied frôla sa jambe. Après tout, bientôt, nous nous connaîtrons en profondeur , et je verrais un autre visage que celui que vous vous efforcez de conserver. Ne perdez pas votre temps, et détendez-vous.
Comme s'il pouvait y arriver ! Son corps était tendu, ses entrailles hurlaient de haine pour cet homme. Et plus ces mots pénétraient ses oreilles, et plus son obscénité transperçait ses tympans, plus Gabriel se sentait mal, vulnérable, faible. Il haussa légèrement les épaules. Il ne pouvait pas agir comme avec Liam, il ne pouvait pas se rappeler de cet entraînement, ce n'était pas la même personne. Ce n'était pas le même dégoût qui retenait sa voix au fond de sa gorge.
— Ou bien... vous n'avez pas la motivation nécessaire pour vous faire pardonner de votre affront ? Lança Armand en prenant le verre de Brandy, et en le lui tendant.
Gabriel hésita, mais il fini par prendre le verre ; Armand profita de cet instant pour frôler ses doigts, et ses derniers se refermèrent autour du Brandy, comme si déjà, son corps se défendait contre ce que son cerveau lui disait. Gabriel porta la boisson à sa bouche, mais il se contenta d'une minuscule gorgée ; il avait conscience que l'alcool était sa faiblesse. Il ne voulait pas se faire avoir ainsi. Il se retint de lécher sa lèvre, comme il le faisait presque à chaque fois qu'il mangeait ou buvait ; depuis Liam, il s'empêchait de vivre, paranoïaque. Et si Armand prenait ses battements de cil, légers, rapides, pour des tentatives de séduction ? Finalement, Gabriel fit un effort :
— Et comment voulez-vous que je me fasse pardonner ?
Même... se l'entendre dire l'écoeurait ; il se salissait en se présentant à cet homme, il se souillait de lui-même à ce sale pédé qui aurait pu être son père ! La rage remontait.
Armand sourit de nouveau, il pencha la tête légèrement sur le côté. Son regard dévoilait tout et rien à la fois, Gabriel ne préférait pas deviner les idées perverses traversant l'esprit de son ancien patron. Armand posa ses mains sur la table, puis en se rapprochant du jeune homme, il fixa sa bouche :
— Eh bien... voyons comment ces lèvres peuvent se faire pardonner.
Gabriel fronça les sourcils, il osa dans un genre de naïveté désespéré :
— Désirez-vous des excuses ?
Armand souffla du nez, et en posant sa main sur son visage, il effleura sa lèvre avec son pouce. Son contact le brûla de l'intérieur, de l'acide. Gabriel ne bougea pas. Armand prolongea la caresse, il dessina le contour de sa lèvre, et le força à entrouvrir la bouche.
— Je pensais à une autre manière... il souffla alors d'une voix chaude : plus... intime que des excuses formelles que vous ne penserez sans doute pas.
Gabriel se raidit — si c'était encore possible. Armand essuya la trace humide que la gorgée de Brandy avait laissée, il ne rompit pas le contact. Le psychologue sentit comme une lame lui perforer les reins, son ventre se contracta, tous ses nerfs étaient devenus comme la lame d'une épée. Il ne se détacha pas, choqué, il se sentait déjà violé.
— Je...
— Nous irons en douceur, lui proposa Armand en lâchant son visage pour revenir boire.
— Je...
Même sa répartie, cet homme la volait !
— Excusez-moi, reprit-il, je... j'ai besoin de faire un tour dans les commodités.
— Je vous en prie, fit Armand en se calant contre le dossier de sa chaise.
Le jeune homme se leva, monté sur ressort, et il fila d'un pas raide dans les toilettes. Personne. Il toucha nerveusement son cou, et soudain, l'air lui manqua. Il se dirigea d'un pas maladroit vers les lavabos, le sang tapait contre ses tempes, son corps tremblait, répudié. Il baissa la tête, les deux mains bloquées sur les coins du lavabo en marbre, il étouffait. Armand l'étouffait. Son corps lui faisait mal, et pourtant, il ne lui avait rien fait. Gabriel tenta de reprendre de longue inspiration, sentant les larmes perler, tandis qu'il se répétait que ce n'était rien.
Il n'avait qu'à se forcer.
Mais plus le jeune homme respirait l'air, plus ses poumons se gonflaient pour relâcher la pression, plus il savait que c'était impossible. Lorsqu'il releva le menton, il affronta son visage, rouge de honte, et son regard criant « je refuse ».
Il ne pouvait pas. Il n'en avait pas la force.
Si Armand le touchait encore, s'il faisait de nouveau ces sous-entendus vulgaires, Gabriel savait qu'il ne pourrait pas se retenir. Avec toute la volonté du monde, le jeune homme ne pourrait pas lui donner son corps ; il était trop écoeuré par cet homme pour accepter d'amputé son intégrité d'hétérosexuel. Et il n'aimait pas ce que le miroir lui donnait en reflet ; il paraissait vulnérable, perdu, et faible. Ce n'était pas lui ! Il était quelqu'un de fort ! Et pourtant... ce simple contact avait suffi à ébranler ses défenses. Il n'était pas une proie ! Et il tentait de se persuader qu'il avait assez de force pour accepter d'être un objet, et il se rappelait de cet instant, où il avait enfoncé le couteau dans la gorge de Brice. Et plus le souvenir était ravivé, ressuscité après douze ans de sommeil, plus Gabriel songeait qu'Armand méritait un sort plus terrible encore. Ses mains blanchissaient, tant il serrait les rebords, son visage était blême ; il avait envie de vomir.
Gabriel ouvrit l'eau, il remonta les manches de sa chemise, puis il mouilla son visage. Il avait besoin de faire disparaître cette marque laissée dans sa chair, il avait besoin d'effacer la sensation de ce pouce sur sa lèvre. Les mèches sur son front se firent mouiller, sa peau rougit sous l'eau glacée, puis... une fois qu'il parvint à reprendre son calme, il s'épongea avec une serviette pliée sur le côté. Le col de sa chemise était défait, sa cravate était de travers, et il regarda son reflet. Il ne pouvait pas en parler. Il essuya son cou, il rangea ses cheveux, comme si ce simple geste permettait de reprendre le contrôle de lui-même. Puis, il jeta la serviette dans le panier à linge, il redevint Goodman. Le psychologue froid, neutre, parfait.
Gabriel soupira, puis il alla affronter le monstre. Il renvoya un sourire poli à celui qu'Armand lui offrit en le retrouvant, Gabriel prit un air désolé.
— Pardonnez-moi, mais je viens d'apprendre une mauvaise nouvelle.
Il devait lui échapper.
— Ah ?
— Oui, fit Gabriel en soupirant et en remettant son manteau. Un de mes patients atteints de Trouble Dissociatif de l'Identité vient d'agresser un autre, et la situation a l'air dangereuse pour tout le monde.
— Oh... c'est bien dommage.
Armand se leva, et il se planta devant lui, Gabriel était occupé à remettre son écharpe.
— Je pensais que nous pourrions passer plus de temps ensemble, ajouta l'homme en se rapprochant. Après tout, est-ce vraiment important pour votre patient ? Vous quitterez bientôt ce travail...
— Je... je suis son psychologue, répondis le jeune homme en se retenant pour ne pas reculer. Cela ne change rien si je...
Armand ne semblait pas l'écouter, il posa ses mains sur les siennes, et le força à les détacher de son écharpe. Il s'occupa à la mettre convenablement effleurant sa peau, le fixant ; Gabriel sentait son désir. C'était... il ne devait pas en rougir, malgré la honte.
— Vous prenez trop au sérieux les choses, Gabriel, continua Armand en terminant de lui remettre son écharpe.
Gabriel serra les dents, il ferma à demi les yeux en espérant se déroger à ce contact. Armand posa alors sa main sur son épaule, et il se rapprocha vite de lui. Il profita de sa force, et de la confusion du jeune homme pour se pencher sur lui. Au souffle brûlant, puant le musc, le cigare et le Gin, Gabriel se tendit. L'angoisse revenait, il savait très bien ce qu'il allait se passer. Mais au dernier moment, il tourna la tête, et il parvint à s'enfuir de son emprise. Il se tourna aussitôt.
— Vous êtes à moi, Gabriel.
Ses paroles le firent hésiter, et le psychologue se contenta de répondre :
—  Oui, Monsieur.
Il avala sa salive, puis il sortit de l'établissement, sans même un sourire poli au gérant.
Une fois dehors, Gabriel se réfugia dans sa voiture, et le front posé contre le volant, il grogna :
— Ce... cet enfoiré... je vais le tuer.
Il se sentait sale, et pourtant, rien n'avait été fait.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Dim 20 Mar 2016 - 23:30

Deuxième partie


Rien n'avait été fait.
Gabriel se concentrait sur tout ce qu'il pouvait, le bruit du vent, les conversations, le paysage, tant que ce n'était pas sur LUI. On était un samedi matin, et au lieu de profiter d'une vraie nuit de sommeil, le jeune homme était levé depuis six heures. Arrivé à neuf heures chez ses parents, il subissait l'une de ces pimpantes séances de Golf avec Papa, et ses amis. Sa présence n'était qu'une formalité, il servait à montrer l'excellente éducation que Papa lui avait transmise. En somme, faire la potiche ne le dérangeait pas, mais... Armand était là. Son père pensait encore qu'il pourrait sauver sa carrière, si le fils parvenait à courber l'échine.
En retrait, le jeune homme profitait de son adresse au tir — quoique limité depuis l'accident — pour se séparer du groupe, et se tenir éloigné de son chasseur. Il se rassurait, en public, Armand ne risquait pas de l'attaquer, comme la dernière fois dans le salon anglais. Après tout, sa femme était là, ainsi que ses fils. Lorsqu'il posait son regard bleu sur le plus âgé, il ressentait un profond dégoût remonter dans son ventre. Il était à peine plus jeune que lui, il entamait son Master en fac de droit, tandis que son père... couchait avec des garçons de deux ans ses aînés. Gabriel tentait de savoir s'il n'était qu'une victime de plus, ou si Armand avait des sentiments particuliers à son égard. Si c'était le cas, le psychologue veillerait à ce qu'une telle chose ne se reproduise plus ; il rangea Liam dans un coin de sa tête.
Le soleil était camouflé par d'épais nuages, il faisait frais, mais on sentait que bientôt, le printemps serait là. Gabriel portait son attention sur l'immense étendue verte devant lui, un horizon d'émeraude tâché par les joueurs de golf. Son père ressemblait à une boule blanche et blonde, tout au loin, tandis qu'il discutait avec Armand et son fils. Il en soupirait de soulagement. Il portait une chemise à manche courte d'un rose saumon plutôt clair, et un petit pull était accroché autour de son cou ; il avait froid, mais cela lui permettait de respirer. Même à plusieurs mètres de lui, tant qu'il était visible, Armand l'étouffait. C'était comme si son parfum lui emplissait le cerveau à ras bord. Il jeta un coup d'oeil à son pantalon blanc, et il s'assura qu'aucune trace n'était venue s'y déposer. Il avait le bout des doigts gelés.
On dut se rassembler pour compter les points, ou d'autres formalités ; Gabriel n'écoutait pas, rêveur, et surtout, il surveillait les positions d'Armand pour ne pas se retrouver acculé. Son fils était derrière lui, les mains dans les poches, l'air vaguement intéressé par la partie. Il avait les cheveux bouclés et volumineux, il n'était pas aussi bel homme que son père, mais il avait un petit quelque chose d'insolent dans sa façon de se tenir. Armand ne tenta pas de l'approcher, il se contentait de participer aux discussions ; sa femme était près de Madame Goodman, elle était presque invisible derrière le grand chapeau que l'immense blonde portait. Gabriel évitait sa génitrice, aussi, lassé de passer pour un enfant à ses yeux.
— Gabriel, c'est à ton tour, lui dit son père.
Le psychologue sursauta, il approuva, et se dépêcha de se positionner. Il regarda la balle, il la posa, après l'avoir étudié. Le temps n'était pas radieux, et en réalité, il pensait comme Liam concernant le golf ; même s'il excellait dans tous les sports demandant une certaine précision, il trouvait ça chiant de faire des moulinets avec ses bras en espérant d'avoir de la prestance. Il se retourna, il observa longtemps la petite assemblée que formaient les amis de son père. Les femmes étaient séparées des hommes, d'ailleurs, accompagnées des enfants n'étant pas encore majeurs. Le fils d'aîné d'Armand avait droit à sa place, parmi l'élite mâle, maintenant. La mère Goodman désignait son fils, accueillant avec un sourire heureux les compliments qu'on faisait sur son compte. Et lorsque Gabriel observait son père parlant avec son ancien patron, il comprenait que la raison de sa présence était une nouvelle tentative de le vendre. Un peu comme la première fois.
Mais Monsieur Goodman avait-il seulement conscience que son ami préférait le cul des garçons au sein de son idiote de femme ?
Pathétique.
Le jeune homme se retourna, il s'assura une dernière fois que balle était bien en place, puis il fixa l'horizon. L'objectif n'était pas facile à atteindre, mais il faisait confiance à son bras, et à son oeil. Qu'on lui enlève les mains ! Ce n'était pas cela le plus important chez lui. Sa vue lui permettait de noter tous les détails, d'apprendre dans les regards ce que les autres cachaient ; c'était une arme, et sa main n'était qu'un outil. Il rouvrit et ferma celle-ci, songeur, tant qu'il pourrait porter le pistolet... tout irait bien.
— Ah ! Gabriel !
Le psychologue fronça les sourcils, il savait l'origine de la voix. Et dès qu'elle était parvenue jusqu'à lui, à peine recouverte par le vent, il sentit un frisson paralyser ses nerfs. Il ferma les yeux, les cheveux balayés par la brise, tandis qu'Armand accourait vers lui. Il s'arrêta à sa hauteur, et il s'inquiéta :
— N'avez-vous pas froid dans cette tenue ? Vous ne cessez de frissonner depuis dix minutes...
Gabriel secoua la tête, quelques mèches blondes dansèrent sur son regard, et voyant déjà qu'Armand levait la main vers lui, il se dépêcha pour les remettre en place lui-même. Armand souffla du nez, et il recula d'un pas.
— Dépêche-toi ! Lui ordonna son père, au loin.
— Qu'il prenne tout son temps ! Répondit Armand. Ne t'en fais pas, Goodman, je m'occupe de lui.
Brr. Gabriel en frémit de dégoût. Son père ne devait pas s'imaginer de quelle manière Armand désirait s'occuper de son fils. La petite assemblée reprit les discussions, le temps que les deux hommes terminent. Mais Gabriel ne bougeait pas, aussi raide que le club qu'il tenait entre ses mains. Armand lui lança, amusé :
— Décrispez-vous, Gabriel, allons...
Il serra la mâchoire, ses dents grincèrent, son dos était douloureux. Armand soupira, puis en faisant mine de le conseiller, il s'approcha de lui.
— Si vous êtes aussi raide, vous n'arriverez à rien de bon, et puis... vous vous tenez mal.
Gabriel retint une expression de dégoût lorsqu'Armand se glissa dans son dos. La scène était parfaitement anodine pour tout le monde, mais pas pour lui. Armand respirait dans son cou, son souffle brûlant hérissait tous les poils de son corps. Gabriel faisait des efforts surhumains pour ne pas paraître troublé, mais Armand avait ses lèvres dans cette zone dangereuse, celle contre laquelle il ne pouvait pas lutter. La présence de l'homme était écrasante, Liam aurait sans doute aimé le voir dans une telle position de faiblesse. La bouche entrouverte, Gabriel se concentrait sur sa propre respiration, afin de retenir des frissons désagréables dans son cou. Armand ne l'attirait pas, c'était un homme ; la brise dans sa nuque était juste écrasante, un vent violent bousculant ses pensées.
Gabriel se serait au moins attendu à un « vous permettez ? » pour la forme, mais Armand ne prit pas la peine de le formuler.
Il posa sa main sur son épaule, et lentement, ses doigts vinrent effleurer son bras sur toute sa longueur, afin de se poser sur sa main. Avec une délicatesse que Gabriel lui connaissait, celle du prédateur voulant se montrer inoffensif, il lui fit changer de position sur le club, avant de revenir caresser sa peau. Il n'arrêtait pas de frémir à cause du froid, et de ce contact, cela ne se calma pas lorsqu'Armand étendit ses doigts sur son avant-bras.
— Toujours aussi froid, lâcha-t-il en fermant à demi les yeux, il contemplait sa nuque. Détendez-vous...
— Je suis détendu, fit Gabriel d'une voix enrouée.
— Ah oui ?
Armand sourit, le jeune homme ne le voyait pas, mais il le savait à l'intonation de sa voix. Armand attendit quelques secondes, comme pour l'habituer à sa présence intrusive, puis il posa son autre main sur sa hanche. Gabriel se tendit aussitôt, il mordit sa lèvre, il se fit violence pour ne pas se retourner et lui défoncer le crâne avec le club. En public, il ne pouvait pas se permettre de se dévoiler, et pourtant, il avait des envies de violence qu'Armand devait sentir. Et ce dernier se colla davantage à lui, il accentua le contact contre son corps. Gabriel ferma les yeux.
— Avez-vous parlé de l'accident à vos parents ? Vous avez dû perdre de votre habileté au tir, non ?
— Je n'ai pas voulu les inquiéter, l'informa-t-il d'une voix rauque et tremblante.
— Bien sûr...
Gabriel sentit de la moquerie, mais il ne la releva pas. Un peu courbé, car il évitait de se pencher pour des raisons évidentes, il attendait qu'Armand finisse son manège pour tirer. Au contraire, ce dernier semblait prendre plaisir à respirer son odeur, à le sentir se tendre à chaque fois que son souffle touchait son cou. Il lui dégagea d'ailleurs quelques cheveux de sa nuque pour la regarder, enfin ce fut que Gabriel devina. Ses lèvres étaient près de son oreille, et il murmura :
— Penchez-vous.
C'était lamentable. S'il pensait qu'un rentre-dedans aussi vulgaire marcherait avec lui ! Et pourtant, Gabriel ploya. Il savait qu'Armand devait prendre un plaisir pervers à le sentir vulnérable, ou à le voir dans une position qui devait lui évoquer plein des choses. Gabriel se répétait qu'il devait se concentrer, et ne pas se laisser troubler, et pourtant, la main sur sa hanche caressant du pouce ses côtes lui donnait des nausées. Armand était entré dans son espace vital, il ne le respectait pas.
— Qu'attendez-vous, Gabriel ? Penchez-vous. Répéta Armand.
— Oui... Monsieur, souffla le jeune homme.
Et il courba l'échine, car il ne pouvait décemment pas tuer cet homme devant son père et ses amis. Et parce qu'il devait prendre son mal en patience ; chaque effleurement, chaque sous-entendu vicieux, Gabriel le lui ferait payer au centuple. Il avala sa salive, il serra la mâchoire de plus belle, et il se pencha sans quitter la balle du regard. Satisfait, Armand lâcha dans son dos :
— Voilà... ici vous êtes dans un angle parfait, allez-y, Gabriel, tirez !
L'encouragea Armand, mais Gabriel n'avait pas besoin de se retourner pour comprendre ce qui était venu rompre le contact. On les avait rejoints. Il soupira, puis le club frappa la balle. Il l'envoya voler, et il la perdit de vue dans la toile de nuages gris. Une main devant les yeux pour tenter de la repérer, il finit par se retourner, lorsqu'Armand ajouta :
— Vous étiez meilleur avant.
— Je suis un peu fatigué, l'informa Gabriel.
Le fils d'Armand était derrière celui-ci, et... lorsque leurs regards se croisèrent, le psychologue se demanda s'il n'avait pas compris.
Il ravala son trouble, puis il chercha une solution pour écourter la séance. Il ne pouvait plus le supporter. Armand lui faisait perdre la tête, il envahissait son esprit de son obscénité ; parfois, Gabriel se demandait si les gestes qu'il avait eu à l'égard de Liam n'avaient pas été provoqués par cet homme.
Et si... il savait ? Que ferait-il ?
Gabriel ferma les yeux, il avait mal au crâne. Il alla rejoindre son père, une fois que la partie se termina, peu concentré. Sa mère serait déçue du résultat, sans doute, après l'avoir tant vanté pour ses capacités. Puis inquiète en voyant le teint de son fils, elle lui conseillerait d'aller s'allonger. Gabriel était encore plus blanc que blanc, comme s'il existait une nouvelle teinte à sa pâleur, elle était d'ailleurs cadavérique. Son sang s'était gelé, dès qu'Armand s'était rapproché dans son dos. D'ailleurs celui-ci, avant que Gabriel ne décide de prendre la fuite, profiterait de sa solitude pour revenir vers lui. Avant qu'il n'ouvre la portière de sa voiture, Armand lui lança :
— Vous nous quittez déjà ? La fatigue, c'est cela ? C'est que votre mère a dit.
— En effet, lâcha le jeune homme se dépêchant de chercher ses clefs.
— Est-il bien sage de prendre la route ? Ne préférez-vous pas que je vous reconduise ?
Gabriel sourit, de convenance, bien sûr, et il se tourna vers Armand pour ne lui laisser aucune opportunité de se glisser dans son dos. Il le colla d'ailleurs à la voiture.
— Ne vous en faites pas, j'ai pris un café, invoqua-t-il non sans désespoir.
— Je vois, soupira Armand, je suis attristé de vous voir vous en aller si vite, je me faisais une joie de vous retrouver.
— Votre femme ne s'ennuie-t-elle pas sans vous ? Essaya le jeune homme en ouvrant la portière.
— Mon fils lui tient compagnie.
Gabriel hocha la tête, puis en faisant un effort, il lança :
— De toute façon, nous allons bientôt nous revoir, Monsieur Armand, ne vous inquiétez pas.
L'homme eut un sourire :
— Il est vrai, j'ai déjà hâte de vous retrouver.
Gabriel garda son sourire, il alluma le moteur.
— Gabriel... Gabriel... chantonna-t-il soudain, sur le ton de la déception, puis-je espérer autre chose que votre austérité ?
Quoi ? Songea le psychologue ? Il voulait quoi ? Qu'il vienne l'embrasser ? Il commença à faire reculer la voiture.
— Eh bien, commença-t-il en souriant, enjôleur, je vous laisserais découvrir cela quand nous nous reverrons, Monsieur.
Les mots sonnaient charmeur, mais ça avait le goût du sang dans sa bouche. Armand continua de sourire, dévoilant ses dents blanches, tandis que Gabriel refermait la portière. Il le salua d'un signe de tête, puis il prit la route.
Il était temps qu'il mette fin à la vie de ce connard.

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Gabriel Goodman
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Dim 20 Mar 2016 - 23:30
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Troisième partie.
L'éveil ?
Ʃkaemp はは ™

Lorsque Gabriel arriva devant l'hôtel, il préféra ne pas s'attarder sur la mauvaise allure générale de ce dernier, et il se gara plutôt dans un coin isolé du parking. Le but de la manoeuvre était de ne pas se faire trop remarquer, et c'était pour cela qu'exceptionnellement, il avait emprunté une voiture plus discrète. Le jeune homme cacha les clefs dans sa poche, puis en sortant sa valise, il fit la liste de toutes les choses qu'il avait à faire, et qu'il venait de faire. Le repérage ? C'était bon. Le matériel ? Dans la valise. Il s'avança vers l'entrée de l'hôtel, avec la sensation de s'être perdu ; même s'il n'aimait pas cet endroit, il l'avait choisi parce qu'il se situait en dehors de la ville, et qu'il allait le relier vite à Armand.
Le psychologue retint une expression agacée en poussant la porte, qui bloquait un peu. Une fois qu'il y arriva, il chercha des yeux la personne chargée de l'accueil. L'hôtel était désespérément vide, gris, avec un papier peint passé, et de la poussière sur les meubles ; parfait. Il trouva un homme avec une calvitie importante en train de regarder une émission bas du front sur sa télévision d'appoint. Les mains sur le ventre, il ne s'intéressa à son client uniquement lorsque celui-ci se manifesta après plusieurs secondes d'attente.
— Excusez-moi, Monsieur.
Peu avenant, l'air blasé, le visage creusé par la fatigue, l'homme le dévisagea. Gabriel avait conscience qu'il faisait tache, mais il ne pouvait pas changer sa nature pour plaire à la plèbe.
— Vous venez pour une chambre ? Grommela l'homme.
Gabriel approuva d'un signe de tête, et il commença les formalités. L'homme lui demanda son nom, il en donna un faux, il demanda sa carte d'identité. Et faisant semblant de chercher dans ses poches, il prétendit l'avoir oublié dans sa voiture. L'homme haussa les épaules, il posa sur son bureau les clefs de la chambre, en lui indiquant plus ou moins où elle se trouvait. Gabriel le remercia avec sa courtoisie coutumière, ravi que l'homme ne montre aucune curiosité à son égard. Il alla donc dans la chambre, aussi miteuse que le reste, et il s'enferma. Il n'ouvrit pas les rideaux, il enleva ses gants en cuir, et en défaisant son écharpe, son manteau, il s'assit au bord du lit. Les coudes sur les genoux, il frotta son visage plusieurs fois ; il avait la gorge serrée, et en même temps, il tremblait d'excitation. Il avait hâte d'en finir, et de passer à autre chose. Il ne se ferait pas attraper ; jamais, il ne se faisait attraper. Il compta les heures jusqu'au moment, où il reverrait Armand. Lorsqu'il observait sa main, elle n'arrêtait pas de trembler, et son corps était glacé. Il alla prendre une douche, il se changea, il rangea ses affaires dans sa valise, puis il sortit en la prenant avec lui. Il passa devant sa voiture, il toucha sa poitrine pour se rassurer, et il se mit en route.

00h12.
Armand était en retard, étrange, songea le jeune homme.
Bien vite, devant la salle de fête où il devait le retrouver, Gabriel avait reconnu sa voiture. Une énorme Mercedes noire, sentant le neuf, et suintant la vanité. Il se posa contre le coffre, avalé par l'obscurité ; Armand lui avait demandé de ne pas se faire voir pour ce rendez-vous. Il était toujours si plein d'assurance, pourtant, il ne préférait pas qu'on devine qu'il s'entichait de jeunes hommes. Ou bien, était-ce lui-même ? Uniquement lui ? Gabriel soupira, nerveux, il regarda de nouveau sa montre avec le sentiment de défaillir à chaque fois. La nuit englobait la salle de fête, une toile noire ponctuée de maigres lueurs. Le froid faisait rougir ses joues, tandis qu'il s'imprégnait des ténèbres nocturnes. Tout était préparé. Son plan était parfait. Il n'avait qu'à suivre ce qu'il avait réfléchi pendant des semaines. Il avala sa salive, un poids dans le ventre qu'il n'arrivait pas à se débarrasser ; il avait la nausée, sans doute.
La valise était à ses pieds, et les bras croisés sur sa poitrine, Gabriel se sentit presque insulté de ne pas être suffisamment important aux yeux d'Armand pour que ce dernier ne daigne pas le rejoindre tout de suite. Ils avaient rendez-vous à minuit pile.
Puis, enfin, des ténèbres, une silhouette se détacha. Imposante, elle semblait voler dans la nuit. Gabriel se figea, il ferma les yeux, et il tenta de reprendre contenance le plus vite possible. Cette démarche confiante, ce port altier, et ces épaules larges, le jeune homme aurait pu les reconnaître entre mille. Autrefois, lorsqu'il n'était qu'un étudiant tout juste diplômé, il s'était surpris à rêver de cette silhouette, et de cette voix grave, il y trouvait tout ce que son père aurait aimé qu'il soit. Il avait adoré la manière dont IL se déplaçait, cette façon qu'il avait de regarder les autres, avec bienveillance. Ses doigts frottèrent sa paume, gantée, pourtant, tandis qu'il se souvenait de la première fois où il avait serré cette main puissante, masculine, et chaude.
— Bonsoir, Gabriel.
Et cette voix... le jeune homme frissonna.
— Bonsoir, Monsieur Armand, lâcha-t-il dans un souffle tremblant.
Armand se rapprocha, il le détailla, et il se retourna pour s'aviser que personne ne pourrait les voir. Il soupira, puis en souriant, il lui ordonna :
— Je vous en prie, Gabriel, cessez ces « Monsieurs », ils seront bientôt inutiles, alors... autant vous habituer à m'appeler directement par mon nom.
— Bien, Mon... Gabriel se mordit la lèvre, il détourna le regard dans une attitude réservée, et comme pour masquer son trouble, il ajouta en souriant : pardonnez-moi, les habitudes ont la vie dure.
Armand ricana, charmé.
Tout ceci n'était qu'un jeu. Une pièce de théâtre qu'il avait écrite, il n'avait qu'à suivre les dialogues qu'il avait minutieusement préparés, rien de plus. Il pensait savoir ce qui plaisait chez lui à Armand, et comment il pouvait le séduire pleinement. Le posséder. Il envahirait son esprit de lui, il le gorgerait, le gonflerait de lui, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus le supporter.
— Avez-vous pris une chambre dans l'hôtel que je vous ai recommandé ? Lui demanda-t-il en sortant son paquet de cigarettes de la poche intérieur de son manteau.
— Oui, Armand.
Satisfait, l'homme fixa le psychologue. Gabriel devinait les traits de son visage plus qu'il ne le voyait, mais lorsqu'il alluma sa cigarette, il vit ses yeux l'espace d'une seconde. La flamme éclairait sa figure, la lueur vicieuse dans ses pupilles sombres, et lorsqu'il les releva sur lui, Gabriel y lut son désir. Il pris conscience alors que si Armand le pouvait, s'il ne craignait pas de perdre sa renommé pou son amour des garçons, il le prendrait ici. Un frisson passa dans ses reins, désagréable. Il devait se ressaisir.
Au moment où Armand amena sa cigarette à ses lèvres, Gabriel l'attrapa. Étonné, Armand le fixa, les sourcils froncés, mais il se laissa séduire par ce jeune homme qui avec un regard insolent, lui vola sa cigarette et avala une bouffée de fumée. Gabriel ferma à moitié les yeux, ses cils blonds tremblaient légèrement, et il sentait le regard d'Armand se poser sur ses lèvres. Il finit par lui rendre sa cigarette, en souriant, et en réponse, il eut un autre ricanement amusé de la part de son futur amant.
— Vous m'étonnerez toujours, lâcha Armand.
Et lorsqu'il goûta à sa cigarette, l'homme sembla y prendre davantage plaisir. Gabriel ne commenta pas, au fond, il trouvait cela fort ridicule de s'emballer pour si peu de choses. Mais il savait séduire, il avait appris à connaître son chasseur. Il se décala, et en coinçant la cigarette entre ses dents, Armand lui ouvrit le coffre. Il était d'une excellente humeur.
— Avez-vous bu ce soir ? S'informa le jeune homme.
— En effet, je sens l'alcool ?
— Un peu.
Armand prit lui-même la valise de Gabriel, et il la rangea dans le coffre. Il se tourna ensuite vers lui.
— Je pense qu'il est plus prudent que je conduise, avança le psychologue.
— Ah, Gabriel ! S'exclama Armand en sortant les clefs de sa poche. Vous... et ce besoin de contrôl permanent...
Un peu honteux, le jeune homme baissa les yeux, mais sans surprise, il prit les clefs qu'Armand lui remit. Ses doigts se refermèrent aussitôt sur elles, tandis qu'il l'observait monter au côté passager. Gabriel toucha sa poitrine, comme pour se rassurer, puis il se glissa à son tour dans la voiture. Il était calme, étrangement, depuis son petit numéro de séduction. Son souffle était blanc, et faisait de la buée sur la vitre. Armand coula un regard sur lui, et il fronça les sourcils.
— Vous portez des gants ?
— Oui, j'ai facilement froid, répondit-il en allumant le contact.
— Oh... fit Armand en attachant sa ceinture, une fois que Gabriel démarra, ne vous inquiétez pas, vous serez vite échauffé.
Gabriel se retint de lever les yeux au ciel, il n'était pas obligé de profiter de la moindre occasion pour lui faire ses avances ! Il sortit du parking, les roues crissèrent sur les cailloux, alors qu'enfin, il s'éloignait de la salle des fêtes. Il avait les yeux fixés sur la route, et il les détournait uniquement lorsqu'Armand lui posait des questions ; pas tout le temps, d'ailleurs. Observer cet horizon noir, perturbé par les phares de la voiture, cela lui permettait de ne pas se perdre, et de ne plus hésiter. Son index tapotait pensivement le volant.
— Je vous attendais depuis si longtemps, lâcha subitement Armand en plein milieu du silence.
Et Gabriel, avec sa froideur, son indifférence légendaire :
— Ah oui ?
Devait-il se sentir heureux de l'apprendre ? Quelque part, plaire à cet homme, plaire aux hommes , n'était-ce pas un compliment sur sa beauté ?
— Oui, répéta Armand en caressant sa mâchoire, rêveur. Depuis la première fois que je vous ai vu, dès... que votre père vous a présenté à moi, cela m'a possédé.
C'était quoi ce numéro ? Un aveu ? Gabriel se contenta de sourire, même si au fond, il avait envie de rire tellement c'était absurde. Il allait lui sortir qu'il était amoureux de lui ?
— Mais vous m'avez fuis dès que j'ai eu le courage de faire mes avances, enchaîna Armand.
Ah oui ? Du courage ? Pff !
— Et je me suis senti seul, triste, lorsque vous... que je pensais innocent aviez fait preuve de tant de vulgarité à mon égard, continua-t-il en plissant le front, peiné.
Que lui avait-il dit, déjà ? « Si vous aimez vous faire refaire le fondement, veuillez utiliser le pied de votre chaise plutôt que de m'importuner ? » Quelque part, Gabriel s'en voulait d'avoir laissé transparaître sa réelle personnalité, toutefois... qu'aurait-il dû faire ? Accepter ses avances ? Devenir son objet ? Et profiter de la situation pour faire du chantage ? Non, il ne pouvait pas prendre un homme, ou même se faire prendre par un homme ; il n'était pas une femme.
— Cela est sur le point de s'arranger, n'est-ce pas ? Parvint-il à dire, finalement, avec un sourire dévoilant tout et rien à la fois.
Armand sembla apprécier, mais il ne commenta pas. Le silence retomba, ce à quoi Gabriel pouvait s'adapter ; il préférait le silence. La voix de cet homme, grave, profonde, emplissait son cerveau ; ses mots occupaient son esprit, tant il perdait son énergie à déceler chaque perversité, chaque vérité, s'il y en avait. Et dire... que son fils était à peine plus jeune que lui. Plus Gabriel réfléchissait à Armand, plus il découvrait cet homme, plus il se rassurait ; il rendait service à la société.
— Qu'est-ce que vous n'avez pas aimé en travaillant en prison ?
Gabriel fronça les sourcils, il ne répondit pas tout de suite, il cherchait la réponse qu'Armand attendait.
— Je pensais être plus fort, je me suis trompé. Et puis, voyant que vous êtiez prêt à me donner une seconde chance...
— Vous aurez appris de la vie, Gabriel.
Pourquoi tous les vieux lui sortaient-ils cette connerie ? Pensa-t-il. Pourquoi le prenait-on pour un enfant ? À cause de son physique angélique ? Il n'était pas naïf. Il avait beau vivre dans un monde doré, aseptisé, Gabriel connaissait la vie. Il l'avait appris à travers ses patients, et de ses propres expériences ; hypocritement, il trouvait que la vie n'était rien d'autre qu'une chienne. Une pensée d'un gamin gâté, beau, talentueux, et intelligent, qui soudain avait vu ce qu'il désirait lui échapper. Mais Gabriel est persuadé de connaître la vie, et d'avoir un avis sur elle, parce qu'il avait vingt-six ans — bientôt vingt-sept — et que personne... personne n'avait jusqu'à là deviner sa véritable nature. Pas même Amrnand, qui tentait de s'immiscer en lui.
Oui, Gabriel savait leurer ce monde.
— En avons-nous encore pour longtemps ?
— Vingt minutes, je dirais.
— Ah...
Armand soupira, Gabriel nota dans un coin de sa tête qu'il venait de passer devant le panneau publicitaire qu'il avait repéré l'après-midi. Dans dix minutes, il pourrait passer à l'attaque. Armand bougea, il l'entendit, mais il ne le regarda pas.
— Êtes-vous impatient, Armand ? Se força-t-il de dire pour l'attirer dans ses griffes.
— Bien trop... avoua ce dernier, mais vous savez... lorsque vous attendez autant l'objet de vos désir...
Gabriel mordit sa langue de toutes ses forces, lorsqu'enfin, Armand prit les devants. Il venait de poser sa main, grande et puissante, sur son genou. Des frissons de dégoûts parcouraient son échine, il se força à ne rien laisser paraître, il devait attendre, bientôt...
— Oui ? Fit-il pour l'encourager à parler.
— Eh bien... quand enfin arrive le moment où vous pourrez en profiter, chaque seconde vous séparant de ce fameux moment devient une terrible torture. Une attente... devant le plaisir, parfois cela a du bon, car il rend ce plaisir plus exquis, mais...
La main d'Armand remontait lentement sur sa cuisse. Gabriel avait la sensation qu'il brûlait sa peau à travers son habit, qu'il pouvait sentir la paume de sa main sur lui, et elle avait la même chaleur d'un fer chauffé à blanc, prêt à le marquer.
Il était sa proie.
— Vous êtes beau, Gabriel.
Le jeune homme souffla un timide « merci ».
La présence de cette main, qui maintenait glissait à l'intérieur de sa cuisse était particulièrement inconfortable. Armand fixait Gabriel, cherchant des battements de cils, des signes, mais le jeune homme ravalait son dégoût. Il ne faisait que porter un masque. Mais... sa patience était grande, elle avait des limites, toutefois. Lorsqu'Armand se rapprocha, lorsque ses doigts pressèrent sa cuisse avec une envie qu'il ne se permettait plus de dissimuler, Gabriel craqua.
Son pied s'enfonça dans le frein. La voiture se braqua aussitôt, et leurs deux corps furent secoués en avant. Les mains crispées sur le volant, le souffle court, il avait la tête baissée ; ses mèches de cheveux cachaient son visage, et il avait la lèvre rouge. Armand mit plusieurs secondes à passer la surprise, il fixa Gabriel, et la route. Il sembla soudain inquiet, il avait au moins cessé de caresser sa cuisse. Maintenant, sa main était sur son épaule.
— Gabriel ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Je...
Commença le jeune homme, il tentait de reprendre sa respiration, mais celle-ci était hachée par les battements de son coeur. Il se redressa, il soupira, la poitrine gonflée, et le corps tremblant. Il sembla se reprendre, plus ou moins, mais son regard brillait ; ils avaient failli avoir un accident.
— Je... j'ai cru voir un animal, bégaya-t-il.
Armand leva les yeux au ciel, il l'examinait, il était réellement inquiet. Aucun des deux n'avait pas pu prévenir le coup. Gabriel se mordit la tête, et avec empressement, il murmura :
— Je... je suis désolé, je... ne voulais pas vous faire peur...
Il était vulnérable, perdu, confus.
— Ce n'est rien, Gabriel, le rassura Armand en dégageant des mèches blondes sur son front. Voyez... il n'y a rien, vous avez rêvé.
Gabriel hocha la tête, la lèvre tremblante, alors qu'Armand se rapprochait. Il posa sa main gantée sur sa poitrine, il posa même son front contre celle-ci, tandis qu'Armand, déboussolé par l'anxiété du jeune homme le prit par les épaules. Gabriel eut un rictus.
Dès qu'Armand lui releva la tête pour le contempler, il sortit de son manteau un pistolet qu'il pointa sur lui ; en un éclair, il le menaçait maintenant. Le silence retomba, Armand ne comprenait pas, mais quelque chose chez le jeune homme venait de brusquement changer.
— Toi... grogna-t-il d'ailleurs, en détachant sa ceinture. Toi... je vais t'apprendre à ne pas me toucher !
Non... Gabriel devait garder son calme, il ne devait pas laisser ses émotions prendre le dessus. Armand leva les mains en l'air par réflexe, il venait de perdre toute son assurance, l'incompréhension et la peur avaient pris possession de son regard sombre. Gabriel sourit au coin, il appréciait enfin cet homme.
— Gabriel... je... que...
— Je vous laisse trois secondes pour sortir de la voiture, une petite chance.
De toute façon, Gabriel savait qu'il pourrait le rattraper ; il visait toujours juste.
— Qu'est...
— ALLEZ ! Cria-t-il en sentant sa voix dérailler.
Tremblant, blême, Armand s'empressa de défaire de sa ceinture, en grommelant :
— Vous êtes fou...
Oh non... non... songea le jeune homme ; il était parfaitement sain, sans doute épris de vengeance, mais sain. Il attendit qu'Armand ouvre la portière pour sortir à son tour. Dans la nuit, il repéra sa silhouette qui courait, perdue, abasourdie par la situation. Il tendit le pistolet, et sans hésitation il tira. Deux fois, toujours. Il ne devait pas lui laisser une chance de survivre.
Armand poussa un cri, il tomba en avant. Dans la nuit, dans le parfum des pins de la forêt avoisinant la route, Gabriel sentit l'odeur du sang perforer son crâne. Avec un sourire satisfait, il s'avança vers Armand. Il l'avait blessé à la jambe, qu'Armand tenait en posant sur lui un regard désespéré ; il comprenait.
— Pour.. pourquoi ? Gabriel, pitié ! Je... je vous donnerais tout ce que vous désirez, le supplia Armand d'une voix enrouée de douleur de peur.
Avec une certaine mélancolie, le jeune homme répondit :
— Vous m'avez déjà tout pris.
Et comme il ne voulait pas lui laisser d'espoir, il tira deux fois dans l'autre jambe. Après le coup de feu, un autre cri de souffrance perça le silence. Armand se contorsionnait sur le sol, les vêtements tachés par la terre, et le sang. Ses mains ne savaient plus quelle jambe toucher, elles griffaient l'air, elles se plaquaient sur l'une, puis sur l'autre. Il était pitoyable, songea Gabriel en restant posté devant lui. Blessé, sans son argent pour le protéger, il était pathétique. Et pendant plusieurs secondes, il se nourrit de cette vision ; de ce beau visage viril déformé par la douleur. Il tira de nouveau, mais dans les bras cette fois. Il aurait tant aimé pouvoir l'handicaper à vie, mais il était hors de question qu'il prenne le risque de le garder vivant.
— Ah... aaah...
Armand ronflait de douleur, il gémissait. Gabriel se baissa sur lui, et il fouilla dans la poche intérieure de son manteau, en prenant soin de ne pas tacher ses vêtements. Lorsqu'Armand tenta de le toucher, il lui donna un coup de pied au visage.
— Voilà... maintenant vous savez ce que ça peut faire d'être considéré comme un objet, d'être sans défense seul... personne ne peut vous sauver.
— Pi... pitié.. Ga...
Le jeune homme leva les yeux au ciel ; son cerveau était étonnement froid. Gabriel se contentait de faire ce qu'il avait planifié. Armand était tombé derrière la voiture, et en soufflant du nez, satisfait de le voir se morfondre, il remonta dans la Mercedes. Ses mains tremblaient, l'excitation grimpait dans ses membres, électrique. Il démarra, il avança, puis en tournant la tête, il recula sur le corps d'Armand. Sous les roues, il entendit les os craquer, un gémissement, il avança de nouveau. Avec un plaisir d'enfant faisant du mal à un autre, avec le sentiment extatique qu'il lui faisait payer ses crimes, il roula de nouveau en arrière. Il pila sur le corps, la voiture soubresauta, mais il recommença jusqu'à sentir une forme de jouissance le prendre aux tripes. Mais ce n'était pas terminé.
Gabriel sortit de la Mercedes, puis il se dirigea vers ce qu'il restait d'Armand. Il afficha un air plein de dégoût, ce n'était vraiment pas beau à voir ; un ensemble disparate de membres brisés et tordus dans tous les sens, du sang partout, le ventre explosé, il se demanda même s'il ne voyait pas un bout d'intestin. Il rangea ses mèches blondes, nerveusement, l'excitation ne baissait pas devant cette vision, au contraire. C'était un tableau de sang, de membre, macabre ? Sans doute, mais au moins, ce connard avait eu la fin qu'il méritait. Gabriel soupira, il sortit sa valise du coffre.
Il resta quelques secondes à contempler l'oeuvre de toute sa vie.
Enfin, il ouvrit sa valise, et parmi les vêtements, il en sortit un bidon d'essence.
Il ne devait laisser aucune trace.
Il fit couler de l'essence sur le cadavre, il ouvrit ensuite toutes les portières de la voiture ; Armand en avait été si fier ! Même lui, il le jalousait d'avoir une bagnole aussi belle et chère à sa disposition. Mais il ne pouvait pas se permettre de la garder. Une fois qu'il vida le bidon, il le jeta sur le corps de son ancien patron. Dans ses poches, il chercha le paquet de cigarettes et le briquet qu'il avait emprunté au cadavre. Il s'alluma une cigarette, et en avalant une bouffée de fumée, il grogna :
— Comment peut-on aimer ça ? C'est immonde !
Il en prit pourtant une autre bouffée, puis il la jeta sur le corps. Il recula instantanément, il contempla les flammes surgir et elles se jetèrent sur le cadavre, la voiture. Il savait qu'elles finiraient par se propager dans la forêt. Il poussa un soupir, il referma sa valise, puis en la prenant, il songea que c'était le temps de rentrer ; après tout, il avait de la route à faire. Dommage, il aurait aimé voir ce monde brûler ; il était temps de lui dire adieu.

En rentrant à l'hôtel, seul, en une espèce de fantôme égaré, Gabriel enleva ses vêtements. Il ne prit pas la peine de les ranger pour se diriger directement dans la douche. Il savait qu'il passerait une nuit affreuse, que les draps allaient le gratter, et que le matelas serait inconfortable au possible, mais il n'avait pas choisi ce lieu au hasard. Il se lava les cheveux, plusieurs fois, et une fois qu'il se fut débarrasseur de l'odeur de la poudre, et de l'essence, il sortit avec une serviette autour des hanches. Sans prendre la peine de regarder son portable, il rangea ses vêtements, son arme dans un sac à condiment qu'il fourra au fond de sa valise ; il avait pris un autre manteau avec lui. Enfin, Gabriel se permit d'aller dormir.
Ses lunettes de soleil vissées sur le nez, car la journée était particulièrement lumineuse, il ralentit en apercevant les voitures de police et les pompiers bloquer la route. Le jeune homme fit la moue, mais il s'arrêta au signe que lui fit une jeune femme un uniforme. Elle portait une casquette, ses cheveux bruns étaient attachés en queue de cheval ; elle était un exemple de banalité. Il baissa la vitre de la voiture, et il enleva ses lunettes de soleil pour pouvoir mieux la voir. Elle le fixa, troublée, et il se contenta de sourire.
— Un souci, Mademoiselle l'agent ? S'informa le jeune homme de sa voix douce et caressante.
— Oui, et un pas des moindres... puis-je vous demander vos papiers ?
— Bien sûr, fit-il en fouillant dans la boîte à gants pour lui tendre sa carte d'identité, et les papiers du véhicule. Que s'est-il passé ?
— Un incendie, répondit la jeune femme en observant son nom, criminel. Ça a attaqué la forêt, je vous conseille de prendre un autre itinéraire.
— Ah... je vois, murmura-t-il en plissant le front.  
Elle sourit à moitié, grimaçant presque.
— Tenez, Monsieur Goodman.
Elle lui rendit les papiers, et en l'observant, longtemps, Gabriel se permit de lui dire :
— Vous portez de la vanille ? Je pense qu'un parfum plus fruité vous irait mieux.
La policière rougie, perturbée, elle lui souhaita une bonne journée.
Lorsqu'il referma la vitre, et qu'il rangea les documents, Gabriel pensa qu'un parfum à la vanille, c'était vraiment banal. Un truc de pauvre.

Fin.

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Le sourire de l'ange.
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