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Une heure...

Anonymous





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Mer 11 Nov 2015 - 9:49
Un pas en avant. Un autre encore. Son regard est porté sur le sol, concentré sur l’avancée, sur ses pieds qui font bien partis de son corps. Il les contrôle. Il se fait obéir. Ils sont bien à lui. Cela le rassure. Son corps est à lui et personne d’autre. Du moins pour l’instant. Pour l’instant, les voix étaient faibles. On était en début d’après-midi. Les traitements sont à leurs paroxysmes. Ils fonctionnent bien. Et si même il a l’impression de flotter sur un nuage et d’avoir du mal à aligner deux mots en pensées, il n’était plus considéré comme instable à ce moment-là. Du moins, en termes d’acte. En ce qui concerne ses pensées, on était encore bien loin d’un résultat satisfaisant.

Un pas en avant. Un autre encore.

Des pas derrière lui. Qui accompagnent les siens. Qui résonnent dans les couloirs. Accompagnés par des cliquetis de menottes, de métal. Il fronce les sourcils. Il n’aime pas ce bruit anormal, pas naturel. Le métal n’est pas normal. Il ne devrait pas le porter sur lui. Pas autour de ses poignets. Il déforme sa vision de l’allongement de ses bras. Il n’aime pas. Les métaux qu’il porte, c’est son choix. Les bracelets de métal, ce n’est pas le sien…

Un pas en avant. Un autre encore.

On ne le touche pas. Les consignes sont claires. Le moins possible dans la mesure du possible, même si il est contentionné. Son dossier est explicite. Psychotique. Paranoïa. Dysmorphophobie. Hallucinations. Automatisme mental. Tout ça. Des termes. Qui le décrive. Il les a lus une fois. Il n’a pas tout compris. Comment pouvait-on le résumer ainsi ? Il se savait différent. Mais pas au point qu’on le définisse en terme de mots.

Un pas en avant. Un autre encore.

Une porte coupe ses réflexions. Il manque de peu de s’assomer dessus et il s’arrête, relevant les yeux pour fixer cette barrière de bois. Un nom est écrit dessus. Il le regarde mais ne le lit pas. Il sait pourquoi il est là. Enfin, le croit. On le lui a dit… qu’est-ce que c’était encore… ? Ah oui, un psychologue. On le faisait sortir de l’isolement mais il devait voir quelqu’un régulièrement en plus de prendre ses traitements chimiques. Ça non plus, il n’aime pas. Il n’aime pas parler. Surtout qu’on lui pose toujours les mêmes questions… auxquelles il ne veut pas répondre. Il n’aime pas qu’on s’occupe de lui. Peut-être que si il se rendait invisible ?

La porte s’ouvre après qu’une main ait toqué à celle-ci et qu’une voix invite à entrer. Un échange verbal se fait entendre.

Ayden n’écoute pas. Il est invisible. On ne le voit pas et on le laissera tranquille. Et il repartirait chez lui, dans sa cellule.
Il doit présenter bizarrement à ce nouveau médecin. Les cheveux attachés à la va vite, une apparence maigre, une peau pâle et torturée par les mutilations qu’il s’inflige : tatouages, piercings et scarifications dont certaines sont encore récentes. Un physique qui se remarque. Et qui rend invisible le vrai lui derrière.

Il est invisible. Il ne voit pas le docteur. Il entre. Par réflexe et regarde autour de lui, ce nouveau décor. Il n’aime pas. Ce n’est pas chez lui. Il veut rentrer. Pourtant, il est là et doit rester. Il a besoin d’une horloge, d’une montre. Une heure. Il doit se cadrer avec les règles qu’on lui donne.
Alors, il cherche une montre… et tombe sur celle qui est portée par un bras. C’est cela qu’il cherche. Il remonte lentement vers l’avant-bras, l’épaule, le cou et le visage. Premier contact réel.

« Je dois rester une heure. »

Juste une heure et il rentrerait chez lui. Il veut se frotter le visage et remonte ses deux mains en même temps, l’une prisonnière de l’autre par les bracelets de métal.

« Et si je suis sage, je peux retourner chez moi, c’est ça ? »

Un petit garçon parfois dans un corps d‘adulte. Une façon pour Ayden de survivre avec sa maladie…
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Jeu 12 Nov 2015 - 0:39
Un cas de plus à traiter. Un autre... dans un essaim de cas particuliers.

Gabriel avait sous les yeux le dossier d'Ayden Sanders, la main renfermée dans un poing, il caressait ses lèvres avec ses phalanges. Près de lui, le café laissait échapper une odeur tiède et amère, tandis que son regard bleu parcourait le semblant d'histoire dressée par la police. Ce qu'il n'aimait pas dans un tel dossier, c'était les insinuations, les vides laissés par manque d'information ou par dégoût de l'autre ; un dossier, ce n'était pas une personne. Pourtant, il avait besoin de savoir. Comprendre. Le cas d'Ayden Sanders était véritablement nouveau pour lui, Gabriel avait traité jusque-là avec des « meurtriers classiques », mais pas avec un esprit qui ne fonctionnait pas du tout comme le sien. Intrigué, et inquiet. Il refusait d'admettre qu'il doutait de ses capacités. C'était plus compliqué qu'un type de quarante ans se rendant compte soudain qu'il avait épousé sa mère. Gabriel mouilla ses lèvres. Son autre main tapotait sur son stylo-plume sur le bureau, dans un rythme parfaitement régulier ; il était comme devant un examen dont on ne lui avait jamais parlé. Gabriel poussa un soupir, il rangea ses cheveux blonds en ordre, puis il avala une gorgée de café. La seule chose de véritablement concrète par ici.

Gabriel regarde sa montre.

10 h 57.

Trois minutes le séparaient d'Ayden Sanders, et il n'avait toujours pas la moindre idée sur la manière dont il devait s'y prendre. Il n'aimait pas les difficultés, il les avait toujours surpassés au bout d'un moment, mais... non, ce n'était pas « ordinaire ». Il pourrait étendre sa réflexion sur ce qui était ordinaire ou non, mais ce n'était pas dans son intérêt de réfléchir à des questions aussi vides. Il regarda par la fenêtre, le ciel bleu avait laissé place à un ciel gris, presque argenté. Les nuages s'étiraient comme un linge cotonneux, indiquant le retour de la pluie, et du froid. Il faisait moins chaud dans la pièce. Finalement, il ne devait pas se laisser déstabiliser... garder son sang-froid en toute circonstance, ne pas montrer d'émotion... hormis un sourire poli. Si Ayden Sanders pouvait comprendre ce genre de choses.

10 h 59.

On frappa à la porte. Gabriel se releva brusquement, monté sur ressort. Ils étaient en avance ? Aucune importance. Il savait comment faire... oui, il savait comment faire. Il alla ouvrir au gardien, mais son attention s'accrocha aussitôt à Ayden. Ah... voilà à quoi il ressemblait ; une photo, ce n'était pas réellement un visage. Après avoir échangé des banalités, et pris en considération la mise en garde du gardien, Gabriel invita le jeune homme à entrer. Ton courtois, ouais, ça ne changeait rien. L'avait-il entendu ? Peut-être pas, ou il ne l'avait pas écouté ; cela était souvent la différence. Gabriel examina le détenu, sa maigreur, ses tatouages, ses marques, un corps profané par une profonde détresse ; voilà ce qu'il pensa en voyant Ayden Sanders pour la première fois. Il secoua mentalement la tête, ce n'était pas dans son genre de penser cela. Il n'était pas sensible.


« Oui, vous devez rester une heure. »

Répéta Gabriel, il avait hésité à lui offrir un café, comme il le faisait avec tous les autres. Plus son regard étudiait Ayden, plus il prenait conscience que ce « cas particulier » n'était pas définitivement comme les autres. Gabriel agissait calmement, il devait conserver sa neutralité à tout prix. Il se demanda ce que signifiait ce « chez-moi » ? Si Ayden parlait de l'endroit où il était né, où il avait erré, ou bien... de sa cellule. Bien sûr, il était au courant de l'isolement. C'était pour cela qu'il maintenait une distance de sécurité ; au lieu de s'asseoir face au jeune homme, il était collé devant son bureau. Ses doigts caressaient la tasse de café qu'il s'était dépêché de reprendre. Un contact rassurant, une vive chaleur contre sa main froide. Et s'il était sage... il pouvait retourner chez lui ? S'il était sage ? Ça signifiait quoi ? Gabriel fronça les sourcils.

« Eh bien... »

Commença-t-il, remarquant qu'il n'avait pas fait les présentations. Chose importante pour lui. La manière dont les gens se présentaient était déjà une petite indication : allait-on lui serrer la main ? Ou plutôt ferait-on un signe ? D'Ayden Sanders, Gabriel savait qu'il obtiendrait peut-être qu'un regard. Si le jeune homme le « voyait ». Gabriel essaya d'agir « normalement », comme il le faisait avec tous les autres.

« Jsuis Gabriel Goodman, Ayden. »

Lui parler par son prénom... pourquoi ? Il avait la sensation que le jeune homme l'entendrait uniquement s'il lui parlait en prononçant son prénom ; le nom de famille n'était qu'une formalité. Il y tenait certes, mais cela ne devait pas être le cas pour son patient.

« Si vous êtes sage... ? Vous pourrez rentrer chez vous ? »

Gabriel tâtonnait, il détestait cela.
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Sam 14 Nov 2015 - 10:28
La pièce était nouvelle… Eclairée, sobre. Pas de photos ou de couleurs agressives. Il passait devant le psy pour en faire le tour. Une odeur douce de café passa ses narines. Il n’aimait pas spécialement l’odeur et encore moins le goût. Mais ce n’était pas la première fois qu’il en sentait et ça ne perturba pas vraiment. Qui plus est, les anxiolytiques étaient efficaces pour le maintenir dans un état psychologique calme et détendu. Donc, tout allait bien, non ?

Non… Une heure. Il devait rester ici une heure. Comment pouvait-il savoir que c’était l’heure de partir ? Il avait besoin de trouver une pendule, montre, horloge. Ses yeux trouvèrent bien vite ce qu’ils cherchaient… Mais à cela, il devait rajouter la présence d’un homme qu’il ne connaissait pas et qui avait la montre. Comment faire pour l’avoir… Il n’arrivait pas à lire les aiguilles à cette distance et dans cette position. La prendre ? ça sous-entendait un contact direct et cela aussi, ce n’était pas possible… Voilà qui était fortement contrariant pour le jeune homme…

Mais si il était sage, l’homme le lui dirait peut être…

Une voix masculine murmura à son oreille alors qu’il se figeait et l’écoutait avec attention. Il acquiesçait lentement. D’accord, il serait sage pour rentrer… il voulait rentrer. Retrouver la sécurité de son ‘chez-lui’. Ici, tout était nouveau et ça, il n’aimait pas. Il n’arrivait pas à trouver sa place. Nerveux inconsciemment, il se mit à frotter son bras droit de sa main gauche. Frotter, gratter, trouver quelque chose qui puisse le relier à la réalité et le calmer. La douleur, très relative chez lui, était un moyen de le maintenir dans le réel et de se rappeler qu’il était bien là. Une façon de repérer son corps, de se cadrer… et donc de se rassurer.
Ses doigts s’accrochèrent à une cicatrice entre fraiche qu’il s’était fait il y a quelques jours en se mordant au poignet. Il n’avait pas de bandage car il passait son temps à le retirer, ayant besoin de voir ce qu’il y avait sous celui-ci, de peur de disparaitre. Du coup, les infirmiers le désinfectaient régulièrement et n’arrivaient à rien d’autre avec lui.

Une autre voix s’interposa. Celle-ci.. il ne la connaissait pas. Elle était calme et semblait posée. Rien à voir avec ce qu’il entendait habituellement, de l’intérieur ou extérieur. Il avait déjà entendu ce genre d’intonation… il ne se souvenait plus des gens qui l’avaient utilisé mais se souvenait de leurs fausses promesses de l’aider et d’être là. Si le calme et la douceur avaient pour effet au moins de lui montrer qu’il n’y avait pas d’agressions directes, Ayden se mit instinctivement sur la défensive, songeant à la trahison et l’incompréhension qu’il avait expérimenté au contact de ce genre de son.

Un nom accompagna ce dit son et il l’enregistra, même si il ne fit aucun signe qui le confirmait. Gabriel Goodman savait son prénom. C’était surtout sur ce passage que sa paranoïa s’arrêta. Comment il le connaissait… ? Il était certain de ne pas le connaitre…

Deux mauvais points pour le blond qui devait faire son travail.

Le jeune garçon continuait à garder sa distance, silencieux, les yeux accrochés à tout sauf à la personne en face de lui. Construire le lien était difficile pour lui. Accepter la présence de quelqu’un pouvait se faire tellement naturellement pour une personne normale. Pour Ayden, ça impliquait d’étendre sa ‘bulle’ à cette personne et l’intégrer dans une partie de son monde.. et donc, lui donner la possibilité de l’attaquer.. Les voix l’avaient toujours mis en garde… Et à chaque fois, il était persuadé qu’elles avaient eu raison…

Sage… Rentrer…

Les mots l’aimantèrent et il porta enfin un regard sur les yeux du psychologue. Des mots qu’il cherchait. Qu’il voulait. Ça, il aimait bien. Il hochait lentement la tête.

« Ils ont dit que je dois être sage et je rentre chez moi.. »

Ils. Les gardiens, les Autres…

Il cessa de se frotter le poignet et pointa la montre de l’homme, le tout accompagné du cliquetis du métal.

« Je sais pas quand ça fera une heure… Tu me dis et je pars ? Peut être devrait il l’avoir cette montre… Non… il fallait toucher… Tu t’appelles Gabriel…Parce que tu viens de me le dire… Moi, je t’ai pas dit qui j’étais.. comment tu le sais.. »

Revenir aux étapes de ses réflexions, à ce qui le dérange. La conversation devait être structurée pour ne pas le perdre. Montrer ce qui le dérangeait, ‘entendre’ la réponse… qui pourrait le – Les – satisfaire ou au contraire, compromettre cet entretien.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Sam 14 Nov 2015 - 15:25
Ayden ressemblait à un animal, ou un enfant qui apréhendait le nouvel environnement dans lequel on l'avait mis. Gabriel ne se manifesta pas durant cette petite période d'adaptation ; il le regardait, les lèvres posées contre la tasse de café brûlante. Il profitait de ce moment pour observer ses gestes, noter les rares expressions d'Ayden, et étudier la manière dont il apprenait à connaître la pièce. C'était la première fois qu'il voyait quelqu'un faire cela sur son « territoire », alors il le laissa libre de ses mouvements. Au moins, cela lui permettait de se concentrer sur son patient, il essayait de voir le monde selon la manière dont Ayden le percevait. Mais il était encore loin du compte. Ce qu'il théorisait était pour le moment qu'une observation qu'il essayait de rendre le moins superficiel possible.

Ayden semblait presser de partir ; ce fut son impression, lorsqu'il affirma que s'il était sage, il pouvait rentrer chez lui. Gabriel ne montra pas d'émotion, il se contenta d'approuver d'un mouvement de tête. Et en signe de bonne volonté — comme il avait la sensation de devoir faire ses preuves —, il enleva sa montre. Il la posa sur le bureau, tournée vers Ayde, afin que celui-ci puisse s'assurer à tout moment de l'heure qu'il était. Gabriel fit :


« Il est 11heure et trois minutes, vous pourrez partir à midi ; dans cinquante-sept minutes. »

La précision pouvait paraître ridicule vu de l'extérieur, mais c'était un moyen pour Gabriel de concrétiser le temps ; indiquer à Ayden qu'il ne lui mentait pas. Mais celui-ci se méfiait, il le montrait en se mettant sur la défensive, et en lui demandant comment il connaissait son nom. Gabriel plissa le front, il ne s'était pas attendu à cette réflexion. Il réfléchit pendant plusieurs secondes, il essayait de trouver la réponse la plus adaptée. Devait-il lui dire qu'il avait lu son dossier ? Mais personne n'aimait être pris pour un fou, un malade... il rejeta cette option ; il la trouvait maladroite. Il huma le parfum du café, puis il l'informa :

« Le gardien qui vous a accompagné m'a indiqué votre prénom, et votre nom, lorsqu'il est venu frapper à la porte du bureau. »

Une phrase précise — encore une fois —, Gabriel se concentrait. Chaque mot qu'il employait devait être réfléchi. Certes... lors d'une séance, il devait exclure toute forme de spontanéité, étudier ce que l'autre disait, et mettre en valeurs certains points... Toutefois, avec Ayden, c'était plus difficile. Il devait s'adapter autant que possible à lui. Il marchait sur un terrain glissant, et la moindre erreur... lui coûterait quoi, au juste ? Gabriel ne le savait pas encore. Il avait entendu parler des crises d'Ayden, il devait faire attention à ne pas en provoquer, mais cela était encore loin de la réalité dans laquelle il évoluait pour l'instant. Il but une gorgée de café, puis il demanda :

« Avez-vous soif ? »

Voilà... agir comme s'il s'agissait d'un « cas normal », mais prendre en compte ses particularités, sa personnalité, sa vision du monde. Il s'éloigna un peu de l'endroit où il avait posé sa montre, afin de laisser à Ayden l'espace qu'il voulait pour regarder l'heure, ou la prendre, sans se sentir gêner par sa présence. Maintenant qu'il était dedans, le psychologue abordait la situation avec plus de calme. Il ne prenait pas de note, il se contentait de graver la scène dans son esprit ; il craignait qu'Ayden interprète mal l'utilisation du carnet, ou pense qu'il faisait partie d'un complot. Vraiment... cela changeait d'Icare Higgins, cela changeait de tout ce qu'il avait connu. Ce n'était pas un cerveau logique. Gabriel respirait calmement, il ne brusquait pas les choses. Voilà... étape par étape, tester des choses, voir ce que cela pouvait donner... respecter la bulle protectrice qu'Ayden formait autour de lui, et ne pas chercher à la pénétrer.

« Comment vous sentez-vous, Ayden ? »

Même cette simple question, Gabriel ne savait pas si c'était une bonne chose de se permettre de la poser maintenant. Il avait laissé un bon moment passé entre le « avez-vous soif ? » et celle-ci, laissant à Ayden le temps de prendre conscience, de faire le chemin entre un point et un autre. Mais il verrait... il était prudent, certes, mais s'il ne s'aventurait pas, il ne pouvait pas comprendre Ayden, ainsi que la manière dont lui devait aborder les choses avec le jeune homme. Son regard bleu suivait ses gestes, il se promenait sur son visage, il s'attarda sur les scarifications, et les tatouages. Il se demanda alors comment Ayden ressentait la douleur ; quel impact pouvait-elle avoir sur lui, sur son corps, sur ses pensées. Il ne semblait pas s'en soucier... alors Gabriel se demandait s'il la ressentait, ou s'il excluait sa présence dans sa chair.
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Sam 21 Nov 2015 - 10:41
Ce lieu, il ne le connaissait pas. L’odeur. Il reconnaissait le café. Un souvenir, une image. Il ne sait pas à quoi ça correspond. Des émotions qu’il ne sait pas identifié assent. Son père qui fume et boit son café le matin… des inconnus qui lui hurlent dessus, une haleine de café… pas de très bons souvenirs finalement. Il faut une petite moue. Il ne sait pas encore si il aime ou non… Perplexe. Il mit cette donnée de côté. Il faudrait qu’il l’analyse plus tard.

Pour l’instant, il avait autre chose à « penser ». A savoir si i se trouvant en danger ou non dans cette pièce. Et pour combien de temps ? Son regard suit le mouvement de la montre. Uniquement la montre, occultant la main qui la tient, le bras qui la portait. La montre et ses aiguilles. Le temps. Très difficile à comprendre pour lui. Mais il se souvient : moins il y a d’heures et moins il reste au même endroit. C’est le plus important. Une heure. C’est déjà beaucoup. 60 minutes. Mais c’était moins que 2 heures, 1 jour, 1 semaine, 1 an, 1 vie… Il hoche la tête lentement et attend que le blond s’éloigne pour aller chercher la montre. Il la prend, la manipule. L’observe sous toutes ses coutures avant de la relâcher. Pas loin. A portée de vue. Il ne prenait rien pour lui. En effet, ça sous entendait une envie de propriété. Hors, cette notion était inconnue pour lui. Il avait besoin de quelque chose, il prenait, il s’en servait puis posait là où il y avait de a lace. Ce qu’il fit exactement avec la montre. Mais il était certain qu’il reviendrait régulièrement pour la regarder et voir combien de temps il lui restait.

57 minutes.

Il prit l’information et se ré intéressa au reste. C’est-à-dire, l’homme qui lui parlait et semblait le connaitre. Son nom… ? Comment… ? Était-il de mèche avec eux ? Rapidement, il jeta un œil à la porte. Etait-elle fermée ? Pourrait-il sortit avant qu’il ne l’attaque ? Ou bien devrait il se défendre ?
Il en était encore à ce genre de pensées stratégiques quand la réponse lui fut donnée. Le gardien ? Se yeux se plissèrent alors qu’il tentait de remonter le temps ? Etait e vrai ? il se perdit quelques instant puis jugea.

« Je te crois.. »

…Pour l’instant.

Cette réponse n’était pas discutable. C’était possible. Il savait que par moment, il n’entendait pas tout à cause des voix. Ce ne serait pas la première fois. Mais n’allez pas croire que ces simples mots étaient une ouverture vers la confiance. Rien n’était acquis chez ce garçon.
Cela étant réglé, il retourna à la montre, ignorant la question substantielle. Boire, manger… Pourquoi faire ? Pour vivre ? Mais lui, ne faisait-il pas tout pour se précipiter dans les abysses ? Avec Elles ? Il fronça les sourcils. A moins que ce soit l’inverse ?

55 minutes…Le temps passait vite.

Il reporta son attention sur la pièce. Oubliant tous des raisons de sa présence.. De qui était Gabriel… Durant son exploration, plusieurs fois il reprenait des automatismes de mutilations et ses ongles se salissaient de sang. Ses chairs criaient silencieusement de les laisser. Mais l’information n’allait pas jusque-là… ou était complètement ignorer. Dans tous les cas, il ne réagissait pas à la douleur qu’il s’infligeait.

Ayden… ? C’est lui, son nom, son appartenance.

Comme surprit, il tourna ses yeux vers le blond. Que venait-il de dire ? Comment se sentait-il ? Pour quelle raison souhaitait-il obtenir cette information ? Silencieux, le roux fit le tour de la pièce et encore une fois, retourna à la montre.

49 minutes

« Je sens pas le nez… et j’ai pris une douche tout à l’heure… »

En l’occurrence, hier soir, après qu’il se soit battu avec les gardiens et qu’encore une fois, on l’est médicalisé. Il avait souvenir de l’eau, mais tout ce qui faisait référence à la crise avait été oublié. Heureusement… tout était consigné dans les dossiers, n’est-ce pas ?

« c’est ton café que je sens.. j’aime pas le café… c’est.. Il cherche ses mots … c’est amer… »

Il avait répondu, voire, il avait même complété sur une information qui n’avait pas été demandée. Satisfait, il continuait à observer l’homme. Jeune. Aussi jeune que lui, non ?

« J’aurai pu faire aussi des études pour être comme toi. Je suis pas bête. »

Un constat. Bien qu’il donne cette impression, Ayden n’était pas stupide les connaissances, il les avait. C’était les assembler, sans être parasiter et sans laisser sa paranoïa prendre le dessus, qui était difficile.

« J’ai pas soif »

Conclu-t-il alors qu’il revenait à la montre.

47 minutes

Tout allait bien, il était stable.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Sam 21 Nov 2015 - 21:02
Quelle conversation étrange, trouva-t-il. Gabriel continuait de suivre le jeune homme du regard, il constatait qu'il y avait un écart entre son monde, et le sien. Cela lui donnait la volonté de le combler, il voyait le cas d'Ayden comme une forme de défis. Jusqu'ici, il avait « collaboré » avec des esprits capables de comprendre comment cet univers fonctionnait. Icare — Andrea — Higgins n'était pas détaché de ce qu'il se passait, il était déviant, voilà tout. Ayden pouvait apparaître en une sorte d'extra-terrestre, il y avait tellement de choses qui le rendaient si différent des autres que Gabriel avait envie de voir ce que le jeune homme voyait. Il savait que ce ne serait pas facile, qu'il devrait accepter des choses qui lui semblaient étrangères, mais... il pensait pouvoir y parvenir. Après tout, il passait son temps à ajuster son point de vue selon les autres ; celui-ci était simplement peu ordinaire. Il irait au rythme d'Ayden.

Ayden le « croyait », Gabriel ne déterminait pas encore jusqu'où. C'était peut-être une façon pour son patient de dire qu'il ne le considérait pas comme un danger. Pour le moment. Il était au courant pour les voix qu'il entendait, ainsi que ses « manies » ; il ne fut pas étonné de le voir s'acharner sur son bras. Toutefois, il décida de ne pas l'arrêter ; il se méfiait des réactions violentes, et il estimait avoir de plutôt jolis yeux bleus. Il n'allait pas les sacrifier pour un geste dangereux, comme l'avait fait l'infirmière qu'Ayden avait tuée. La douleur semblait être une chose relative pour lui, la ressentait-il ? Ou son cerveau la niait-il ? Gabriel l'étudiait, chaque geste, chaque expression, chaque regard... il devait s'assurer de repousser une éventuelle crise, mais pour cela... il devait apprendre Ayden. Apprendre comment il fonctionnait. Alors étape par étape, il y allait, prudemment. Certaines de ses remarques tombaient sur le sens « je ne sens pas le nez ». De l'extérieur, cela pouvait paraître drôle, ou du moins faire sourire. Gabriel n'eut pas de réaction, il essaya de lui expliquer plutôt :


« Sentir... peut avoir une autre définition que de respirer une odeur. Sentir peut dire aussi éprouver, ressentir. »

Gabriel n'était pas certain si le jeune homme pouvait accepter cette définition, ou si cela lui permettait de répondre à sa question. Dans tous les cas, le psychologue ne chercha pas à la poser de nouveau ; Ayden l'avait peut-être mise de côté entre-temps, et si c'était le cas... tant pis ! Gabriel sentait qu'il ne devait pas le forcer à quoi que ce soit. De toute façon, ce n'était pas son genre de forcer les autres. Il n'allait jamais contre leur volonté, si quelque chose ne marchait pas... il s'y prenait d'une autre manière. Il répondait toujours après son patient, s'assurant de se câler selon ce que lui voyait. Il n'ajouta rien concernant le café, il acquiesça d'un mouvement de tête, ce n'était qu'une question de goût... et le sien était suffisamment fort pour écoeurer une personne sensible jusqu'à la fin de ses jours. Il en huma l'arôme d'ailleurs, avant d'avaler une autre gorgée. Lui, c'était le sucre qui l'écoeurait particulièrement, et cela à cause de sa mère. Madame Goodman avait passé une grande partie de son enfance à le gaver de sucrerie, ou à lui faire goûter tout un tas de pâtisseries particulièrement sucrées ; Gabriel en avait été dégoûté.

Le jeune homme replaça une mèche blonde derrière son oreille, il détestait le désordre. À la remarque d'Ayden, il hocha la tête :


« Oui, vous aurez pu faire des études comme moi, vous n'êtes pas bête. »

Certes... il n'avait fait que répéter ce que Ayden avait dit, mais il jugeait que le garçon était loin d'être stupide. Le souci avec la majorité des « gens normaux », c'était qu'ils considéraient que les personnes « décalées » étaient idiotes, ou « folles ». Pour Gabriel, la folie était une chose relative, et il ne pensait pas que le jeune homme face à lui était fou. De plus, « folie et normalité »... voilà deux concepts tordus. Qu'est-ce qui était « normale » ? Vivre comme le préférait la société ? Se plier à sa volonté ? Oh... dans ce cas, lui-même était « parfaitement normal » ; Gabriel se pliait aux normes sociales, car on lui avait appris à le faire. Il jouait avec les règles, mais cela ne faisait pas de lui quelqu'un de « normal » pour autant. Les yeux d'Ayden finissaient toujours par se poser sur la montre, celle-ci représentait une forme de terrain neutre, et à aucun moment, il n'allait chercher à la reprendre. Il jugeait que son patient sauterait — presque — hors de son bureau, une fois que l'aiguille tanguerait sur Onze heure.

Finalement, peut-être devait-il laisser Ayden venir vers lui ?  
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Invité
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Jeu 26 Nov 2015 - 10:25
49 minutes

Il le fixe, se disant que la question est curieuse. Etait-il si différent pour qu’il la lui pose ? La physiologie humaine était identique pourtant. Le nez servait à respirer, à sentir… Et puis, il était presque sûr de ne pas sentir mauvais. Presque, hein ! Il avait pris une douche. Il n’aimait pas les fortes odeurs et il savait que ce n’était pas son cas…

Après, il avait également compris que les gens étaient différents de lui et qu’ils pouvaient sentir ou voir des trucs différents. Et entendre ! Surtout entendre ! Tout le monde lui disait qu’il entendait quelque chose qui n’existait pas. Mais c’était tous des menteurs ! il savait. Il les entendait. Il n’était pas fou ! Elles lui disaient que c’était les Autres qui mentaient, qui voulaient le manipuler pour mieux le détruire. Elles, Elles étaient là pour le protéger, le mettre en garde ! Mais parfois, Elles reconnaissaient que tout le monde n’était pas dangereux. Mais la ‘confiance’ était difficile à obtenir. Toutefois, temps qu’on ne lui donnait pas de preuves contre, Ayden restait méfiant mais pas agressif.

Il secoue la tête. Ressentir. Eprouver. Il grimace. Cette définition ne lui plait pas. Il n’aime pas ressentir. C’est douloureux, c’est difficile, c’est s’accepter en tant qu’humain. En vie. Et il n’aime pas cet état de fait. La preuve en est ses mutilations. Preuve de sa vie, de son opposition à celle-ci. Un dilemme.

« Je dois te dire si je suis content d’être là ou non ? »

Peut-être qu’il voulait qu’il lui dise comment il ressentait sa vie ? Mais si c’était ça la question, il n’allait pas y répondre. C’était trop compliqué pour lui d’analyser tout ça. Il savait que les hommes comme le blond cherchaient à comprendre son esprit. Des fois, il avait bien voulu jouer leurs jeux. Mais ça n’avait jamais été très loin. Tous l’avaient trahi. Tous avaient montré qu’ils étaient des ennemis. Depuis, Ayden n’expliquait plus. Il gardait ses secrets pour lui. Puisque tout le monde lui voulait du mal, il se défendrait en ne leur donnant pas ses faiblesses.

« Je reste pas longtemps. Alors ça va. Et puis, tu vas plus me revoir après. Alors ça va… »

Toujours le même scénario…

47 minutes

Ayden pencha la tête sur le côté. Non, il n’était pas bête. Il aurait pu faire de grandes études. Si il avait été ‘normal’. Il aurait pu devenir quelqu’un de bien, de respectable. Mieux, les gens auraient pu l’aimer. Le voir et le comprendre, chercher sa compagnie et rire avec lui. Oui, il aurait pu être tout ça. Il en était persuadé. Même si, quand il y pensait, il grimaçait et se disait que ça ne lui plairait pas. Il aurait pu être comme l’homme face à lui. Bien habillé, buvant son café –qu’il n’aime pas -, regardant un autre homme sans s’inquiéter de savoir si il allait le tuer ou le torturer. Il aurait bien aimé être ça… parfois… Ne pas angoisser tout le temps..

« Non, je ne suis pas bête…Ce n’est pas parce qu’ils te l’ont dit que c’est vrai..Paradoxal quand on pense que lui se basait uniquement sur ses voix pour croire ou non. Il hésita et jeta un œil à la montre. Je n’aime pas les gens qui disent que c’est vrai. Ils croient qu’ils comprennent Ayden mais ce n’est pas vrai. Je sais que ce n’est pas vrai. De toutes manières, Elles savent qu’ils veulent que je ne sois plus là… »

44 minutes

Il alterne l’utilisation du ‘je’ et son prénom. Preuve de la difficulté à se situer, à se définir. Parfois, il sait ce qu’il est. Et parfois, il se voit comme dans un film, une déréalisation. Quelque chose d’irréel. Une difficulté en plus pour réussir à se construire, à se socialiser. A avoir ‘confiance’.

Nerveux, il se frotte le bras, encore et encore, son regard se tournant dans plusieurs directions, rapidement. Il n’est pas rassuré, ne se sent pas encore en sécurité ici. C’est angoissant de ne jamais se sentir bien, d’être toujours sur le qui-vive. Angoissant et surtout, fatiguant pour lui. La preuve en est son corps, tableau vivant de cette usure : maigre, pâle, sans force apparente, qui ne tient que grâce à sa nervosité. Il a de grands yeux verts bleus qui s’assombrissent dès qu’il a l’impression de perdre pieds. Et en l’occurrence, ils s’assombrissent lentement depuis son entrée dans la pièce. Il ne panique pas encore. Mais il en faut tellement peu pour que ce soit le cas. Sa fragilité est palpable, autant physique que mentale.

Finalement, son regard tombe de nouveau sur le blond. Et s’y attarde. Il le détaille, nullement gêné de le regarder ainsi, dans les yeux. Il cherche à le sonder. Il écoute les voix qui analysent pour lui. Pour l’instant, c’est de la neutralité. Il n’arrive pas encore à définir si il est ennemi ou non.

Un filet de sang glisse sur son bras. Il a réussi à rouvrir une cicatrice récente. Il ne tique même pas à cette douleur soudaine, à cette auto-agression. Il retourne juste à la montre.

38 minutes

« Tu veux faire comme les autres ? M’enfermer et dire que je suis fou parce que c’est plus facile ? »

En fait, ce qui pouvait être déstabilisant chez Ayden, c’était parfois ces accès lucides qu’il pouvait avoir. Il arrivait à suivre, il comprenait. Juste qu’il était… Ayden.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Jeu 26 Nov 2015 - 21:23
« Vous devez simplement dire ce que vous pensez. »

Gabriel n'était pas là pour juger le jeune homme, mais pour l'aider. C'était de la sorte qu'il pourrait se présenter à lui, d'ailleurs. Une personne susceptible de l'aider, et de le « soigner ». Mais... il sentait que ce n'était pas ce genre de phrases convenues qu'il avait sorti aux autres qui plairaient à Ayden. S'il parvenait à se placer sous son point de vue, il ne se considérait pas comme « malade ». En réalité, pour Gabriel, Ayden était différent, unique. Il était loin des schémas de personnes qu'il avait déjà rencontrées ; il ne s'était pas marié avec sa mère, ou ne cherchait pas la reconnaissance de son père. Il n'était pas en entreprise ici, ce n'était pas la même chose. Gabriel surveillait chacune de ses paroles, il évitait de répondre avec spontanéité — s'il en avait déjà d'abord eu —, se plaçant selon ce que Ayden pouvait « voir ». Il comprenait que pour le jeune homme cet entretien pouvait le déranger ; il devait sans doute penser qu'il était un ennemi potentiel, ou simplement le considérant ennuyeux. Gabriel avait conscience de tous ces détails, de tout ce qui rendait Ayden unique. Le sang coulait sur son bras, une ligne écarlate qui suivait sa maigreur. Ayden était amoché.

Gabriel préféra garder le silence, lorsque Ayden se rassura en disant qu'il ne reviendrait plus ici. Le psychologue estimait que s'il dévoilait à Ayden qu'il reviendrait ici, ce dernier risquait de paniquer, ou de mal le prendre. Il enclencherait la machinerie endiablée de son esprit, et il briserait ce qu'il peinait déjà à construire. Un lien... quelque chose lui permettant de comprendre Ayden, s'imprégner de son univers, et l'aider à devenir un être humain bel et bien vivant. Ayden lui paraissait brisé : un esprit en train de s'émietter, avec des bouts de peau sous ses doigts, et du sang sur le bras ; Ayden rongeait son propre corps. Gabriel peinait encore à saisir pourquoi, cependant il ne faisait rien pour l'arrêter. Il respectait sa bulle.


« Je ne pense pas que vous soyez bête, fit Gabriel d'un ton doux et lent. De même que je ne pense pas que vous soyez fou. Je ne suis pas comme tous ceux qui ont dit cela. »

Parce que Gabriel préférait accepter Ayden tel qu'il était ; un être humain déconstruit avec ses paradoxes, et sa complexité. Il était différent, mais il n'était pas « fou ». Ce qui ne faisait pas de lui un robot semblable à ce que la société fabriquait depuis toujours, c'était qu'il avait une perception différente des choses. Il entendait des voix, et ces voix pouvaient le mettre en garde... Gabriel devait se méfier d'elles avant toute chose, puis forcer sa propre voix à passer au-dessus d'elles. Il devait transformer son murmure non pas en un rugissement agressif, mais en une chanson douce, capable de calmer sa nervosité. Du temps... il lui faudrait plus de temps. Toujours plus de temps. 39 minutes.

39 minutes... ce n'était pas assez ; pas même pour un rapport. Ce que Gabriel méprisait le plus dans son travail, c'était l'hypocrisie. Faire un rapport de ses entrevues... bien sûr, il restait évasif, et s'attardait sur des détails inutiles, comme le nombre de fois où ses patients se curaient le nez par séance. Ce qu'on attendait de lui, c'était de définir la folie d'Ayden, caractériser de démence qui le rendait si unique. Plus il observait le jeune homme, et plus il était observé par celui-ci, moins il avait envie de donner ce dont ils avaient envie. Le psychologue avala une gorgée de café. Les questions fusaient dans son esprit, naturellement, mais il se concentrait sur son vis-à-vis. Un enfant écorché... voilà ce qu'il avait sous les yeux, mais il n'était pas assez humain pour s'émouvoir. Il ne ressentait pas de la pitié pour Ayden, ni du mépris ; il le regardait avec un oeil neutre, et sans doute nouveau pour lui. Il n'était pas un monstre. S'il en avait un dans cette pièce, c'était Goodman.


« Non, je ne ferais pas cela, Ayden. D'abord, parce que je ne vous considère pas comme un fou. »

Gabriel marqua une pause. Il se souvint d'un de ses professeurs d'université, qui avait qu'un bon enseignant devait répéter au moins trois fois sa leçon pour que les élèves l'enregistrent. Gabriel avait la même chose ici, même s'il pensait que pour que Ayden assimile tout ce qu'il disait, il devrait se répéter plus que trois. Peut-être chaque fois. À chaque séance. Dès qu'il le reverrait, afin de créer une temporalité entre son patient et lui-même. Autant prévoir une bouteille d'un litre, alors, songea-t-il non sans sarcasme. Il acheva :

« Mais comme quelqu'un qui perçoit des choses que je ne peux pas percevoir. »
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Dim 29 Nov 2015 - 21:12
47 minutes

Il devait lui dire ce qu’il pensait… Son regard se perd un instant, méfiant. Dire ce qu’il pensait, c’était lire en lui, s’immiscer en lui, vouloir le comprendre pour mieux le contrôler, le manipuler… ? Il secoua la tête, réfutant cette possibilité et surtout cette réponse. Ça ne lui convenait pas.

« Je ne te dirais pas ce que je pense… Tu vas vouloir après l’utiliser pour me tuer.. »

Cela étant, il reconnaissait que si l’homme voulait qu’il lui dise ce qu’il pensait, ça sous entendait qu’il ne savait pas le faire de lui-même. Un point pour lui, il n’était pas de ces comploteurs qui savaient ce qu’il pensait et qui voulait le manipuler… du moins pour l’instant.

44 minutes

Le jeune homme releva les yeux pour l’observer. Il n’était pas comme ceux qui avaient dit qu’il était fou ? Pourtant, il était dans le même genre de bureau, avec le même genre d’intonation et la même tentative d’être neutre. Comment pouvait-il croire qu’il n’était pas comme les autres. Dans le monde de Ayden, si vous n’étiez pas dans sa bulle, vous étiez dans celle extérieure à lui et donc, dans la bulle des Autres. Une grosse bulle dans laquelle il ne faisait aucune distinction. Les bons et les moins bons dedans. Pas moyen qu’il les laisse s’approcher trop de lui. Et comme ils étaient tous dans la même bulle, ils étaient identiques. Pourquoi celui-ci serait différent des autres… ? il disait qu’il n’était pas fou pour mieux l’écrire et le dire devant un juge et des inconnus, pour mieux dire qu’il ne doit pas être en contact avec une société qui le rejetait déjà.

Pourquoi était-il encore dans ce genre d’endroit ? Pourquoi à nouveau il devait être là ? A tourner en rond avec un homme qui disait qu’il n’était pas comme les autres et qui se précipiterait sur un papier pour écrire l’inverse ? il l’avait déjà fait. C’était inutile de recommencer… A moins que sa vie formait une spirale infinie de répétition ?

« ça viendra.. C’est parce que tu veux qu’Ayden te croit différent.. »

Dit-il sur un ton convaincu, presque voyant. De toutes manières, il ne se trompait pas pour ça. Répétition. Même scène avec un visage différent. Mais Ayden restait le même…

39 minutes

Son regard quitte le psy et s’abaisse sur son bras meurtri. Ce n’est pas la douleur qui l’a attiré. Mais la couleur. Le sang… couleur de la vie et de la souffrance. Il reste un instant fixé dessus, sur la peau écorchée. Son index vient un peu plus la mutiler, comme pour s’assure qu’il avait bien contrôle de cette partie-là. Puis, il relève ses yeux perdus sur la silhouette qui lui disait qu’il n’était pas fou.

38 minutes

Il jette un œil à la montre puis de nouveau au blond. Quelque chose cloche. Quelque chose qu’il n’arrive pas à comprendre. Il dit quelque chose que les voix ne peuvent contrer. Il dit qu’il est quelqu’un qui perçoit quelque chose que lui ne perçoit pas… Ayden plisse les yeux, méfiant et interloqué en même temps. Il recule d’un pas et regarde la montre puis de nouveau l’homme. Un peu effrayé, sauvage, dans son comportement. Ce n’était pas facile pour lui d’intégrer certaines vérités, surtout si elles étaient exprimées par quelqu’un qu’il ne connait pas.

« Tu les entends pas mais tu sais que je les entends… »

Le garçon jette un œil vers la porte, prêt à prendre la fuite au besoin… même si derrière se trouve un garde. Il n’en a pas conscience. Ce qu’il ne voit pas, n’entend pas, n’existe pas.

« Tu crois Ayden… ? »

Il revient vers la montre et la pousse un peu puis la replace, nerveux. Il jette un regard angoissé en direction de Gabriel. Il était allé vers la porte puis était revenu. Hésitant à prendre une décision. Hésitant à répondre puis le faisant.

Une porte d’entrée, une fissure dans son mode de fonctionnement se fait sentir. Heureusement qu’il est sous l’emprise de son traitement. Il est calme, il est plus réceptif, non ?

« Pourquoi tu dis ne pas être comme tous les autres.. ? »

Après tout, qu’est ce qui faisait de lui quelqu’un de différent… ?
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Lun 30 Nov 2015 - 2:00
Le jeune homme n'insista pas. Si Ayden refusait de lui en dévoiler plus, ce n'était pas grave, ce n'était pas cela le plus important. Son regard suivait les mouvements de sa main, qui grattait à sang son bras. Ayden ne paraissait pas se soucier de la douleur, chose qu'il avait déjà remarquée ; ce qui intriguait le psychologue, c'était la signification de ce geste. Peut-être avait-il besoin de faire cela pour se raccorder à la réalité... à sa réalité ? Mais encore une fois, ce n'était qu'une supposition ; il avala une gorgée de café. L'affirmation de son patient ne l'étonna pas. Pourtant, ce n'était pas dans son intention de berner Ayden ; il cherchait à établir une relation de confiance, ou du moins un terrain sur lequel ils pourraient interagir. Gabriel se contenta de faire « non » d'un signe de tête, et il répondit :

« Non, ce n'est pas pour cela. Pour moi, vous n'êtes pas fou. »

Eh oui... Gabriel se considérait différent. Pas uniquement de ses compères psychologues ou psychiatres, mais en tant qu'être humain. Enfin, d'abord, il avait pensé que sa beauté et son intelligence marquaient un fossé entre lui et les autres, non seulement parce que sa mère l'avait complimenté très tôt. Lorsqu'elle parlait de lui, c'était pour faire pleuvoir des compliments, une fierté mal placée sur sa progéniture qu'elle considérait comme l'être le plus merveilleux du monde. Cela avait développé chez lui un sentiment de supériorité vis-à-vis des autres, et ce n'était pas allé en s'arrangeant durant l'adolescence. Il savait tout cela, il comprenait pourquoi il était devenu ce qu'il était, mais aujourd'hui... Gabriel contemplait ce fossé de loin. Il n'avait pas rencontré de personnes lui ressemblant, alors ce monde ne lui correspondait pas. Il resterait seul, toutefois il ne trouvait pas cette situation triste, sa vanité comblait un éventuel — et pseudo — manque affectif. Il n'avait pas besoin des autres pour être heureux.

Ayden sembla soudain inquiet, comme si l'affirmation de Gabriel avait dérouté son univers. Il se contenta de l'étudier, lui, ce petit animal effrayé et blessé, sans émettre de commentaire. Il laissait le temps à Ayden de s'adapter, de réfléchir, ou de remettre en cause ce qu'il était. Au fur et à mesure que les secondes défilaient, que l'aiguille de sa montre terminait le tour des minutes, Gabriel arrivait à s'adapter. Il ne devait pas brusquer son patient, alors il se calquait sur son rythme. La montre était une forme de symbole, et aussi l'effort que faisait Gabriel pour Ayden ; c'était le moyen au jeune homme de se rassurer, se dire qu'il ne le piégerait pas. Les hommes pouvaient mentir, mais pas le temps.


« Oui, je sais que vous les entendez, mais je ne les entends pas moi-même, répéta-t-il d'une voix mesurée. Et oui, je vous crois, Ayden. »

Gabriel accompagna ses paroles d'un hochement de tête. Il n'était pas expressif, habituellement, mais il songeait que son langage corporel pourrait aider Ayden à le comprendre, ou du moins l'influencer sur ses réactions. Mais il n'avait pas de preuve à lui donner sur sa bonne foi ; il ne pouvait que lui répéter — autant qu'il le faudrait — qu'il estimait qu'il n'était pas fou. La montre émettait un « tic-tac » significatif, très léger ; on pouvait l'entendre si on y portait assez attention.

Puis... la question d'Ayden. Pourquoi n'était-il pas comme les autres ? Gabriel ne cilla pas, il se contenta d'observer son vis-à-vis ; il cherchait la réponse approprier.


« Parce que je suis moi-même différent. »

Parce que son visage d'ange cachait un monstre terrible, dont le sentiment principal était la frustration et la colère. Parfois, il s'éprenait du plaisir de la domination, en sachant que c'était dangereux, et qu'il devait le modérer. Sans doute avait-il eu de la chance avec Brice ; toutefois, il voulait recommencer. Il avait une personne à éliminer pour repousser ce sentiment de gêne, de vulnérabilité, lorsqu'il l'avait touché. Il ne pouvait pas décemment dire à Ayden qu'il était un meurtrier, et que Hitler avait été son idole lorsqu'il avait eu ses quatorze ans. Le jeune homme ne le comprendrait sans doute pas. Et puis... sa véritable nature devait rester cachée. Parfois, il se demandait si elle n'était pas son « vrai lui » ; comme un acteur, le personnage prenait le dessus sur l'individu.

« Je ne me base pas sur des à priori, Ayden, fit-il au bout d'un moment. La folie pour moi n'est pas ce qui vous définit, voilà pourquoi je suis différent des autres. Ou bien... parce que je ne perçoit pas le monde comme les autres. »

Gabriel hésita à ajouter « ni comme vous », mais il risquait d'exclure Ayden de sa propre bulle. En réalité, Gabriel venait de dire la vérité ; il ne voyait pas le monde sous le même angle que les autres. Ne serait-ce parce qu'il se jugeait au-dessus de l'humanité normale, et qu'il se sentait encore investi de ce sentiment qu'il avait adolescent ; celui qu'il devait purifier le monde des races inférieures. Et depuis Monsieur Armand, Gabriel avait l'effroyable envie de passer à l'attaque.
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Mer 2 Déc 2015 - 23:17
Non, il ne pouvait pas lui dévoiler ce qu’il pensait… ce serait comme donner des munitions à un assassin. Il préférait garder pour lui ses réflexions et surtout, ce que lui disaient les voix. Elles avaient toujours été là pour lui, aucune raison que ça change. Jusqu’à maintenant, aucunes ne s’étaient trompées et ne l’avaient trahis… A la différence de tous ceux qui gravitaient autour de lui et qui lui faisaient maintes promesses sans jamais les tenir. Bon, ok, parfois, il y avait des promesses là où il n’y en avait pas ou des mots qui étaient mal interpréter. Mais c’était Ayden, il avait toujours fonctionné ainsi et théoriquement, il ne devrait plus être une surprise pour personne. Mais il fallait croire que le mode d’emploi était dans une langue encore inconnue et que personne n’arrivait à comprendre le fonctionnement du Ayden.

Pourtant, ce n’était pas bien difficile : le Ayden est doté d’une antenne parabolique invisible qui lui permet de capter de nombreuses émissions. En général, il préfère les séries policières, les thrillers, les films d’espionnage. A partir de ces séries, vous pouvez déjà savoir ce qui captive le jeune homme. Des histoires de meurtres, de conspirations, bien évidemment, le tout, centré sur lui. Ah, il ne faut pas non plus oublier son intérêt pour la série stargate et les mondes parallèles. Preuve que plusieurs réalités étaient possibles et que celle dans laquelle il évoluait n’était pas la sienne. Mais il espérait toujours qu’un jour, il trouverait la bonne réalité qui ferait de lui quelqu’un de normal et que l’on l’aimerait comme il était.
De temps en temps, il zappait sur la chaine teva, et tombait sur des séries à l’eau de rose. De temps en temps, il avait la nostalgie – possible d’être nostalgique de quelque chose qu’on ne connait pas ? – d’être pris dans les bras et qu’on lui murmure qu’il était important et unique. Mais il n’était pas stupide et savait que ce genre de séries était fictives et qui n’avaient rien à voir avec la réalité. Après tout, c’était des comédiens ces gens-là !

Voyez comme c’est simple, le Ayden est assez logique… du moment que vous savez où regarder…

38 minutes

Pfff, faut pas croire, mais expliquer la vie du Ayden dans la faune sauvage urbaine et humaine, ça demande beaucoup de réflexions !

Il le fixait, un peu perplexe par tout ça. Il le croyait… ? C’était bien le premier qui lui disait directement qu’il le croyait sans même poser de questions ou chercher la faille, la logique pour essayer de le contrer. Le jeune homme arqua un sourcil, restant toujours debout, prêt de la montre. Pas moyen pour lui qu’il se pose, qu’il montre le moindre signe de faiblesse. Mais… il le croyait…
Il fronça les sourcils et secoua la tête, incrédule et de nouveau sur la défensive. C’était un piège. Quelque chose pour lui faire baisser sa garde. Il lui disait ça pour le rassurer et pour mieux l’attaquer ensuite….. non ?

« Alors, comment tu peux me croire… ? Parce que je le dis ? »

Uniquement parce qu’il le disait, il le croyait… d’un côté, ça le rassurait et d’un autre, il pensait que l’homme blond était bizarre de croire quelqu’un sur parole. Contradiction. Ce que représente Ayden dans toute sa globalité : il capte la parabole et toutes les chaines mais préfère mater des dvd à longueur de journée, principalement les mêmes histoires de bien les connaître !

Par contre, Gabriel Goodman venait de dire qu’il ne captait pas la même série. Pas la même parabole que les autres, lui non plus. Et c’était peut-être une bonne réponse car Ayden s’humecta les lèvres, le détaillant un peu plus, pesant le pour et le contre. Allait il le croire ou non ?
Les voix se disputent. Certaines disent que c’est intéressant, d’autre suggèrent qu’il y a forcément un piège. Il y a toujours un piège. Il grimace légèrement et se détourne du psy pour regarder la montre.

30 minutes

Le temps passe vite. Il hausse les épaules, abandonne son bras meurtri et s’éloigne de la montre. D’abord vers la porte puis se détourne et trouve un fauteuil. Il s’y installe et repli les genoux contre sa poitrine, dans ses pensées.
Plusieurs minutes se passent et il semble s’absenter. Puis soudain, la parabole capte de nouveau.

« Si tu ne te bases pas sur des aprioris, c’est que tu as des preuves que tu ne perçois pas le monde comme les autres… Il relève son regard trouble et le fixe, reprenant contact avec une discussion qui paraissait abandonnée. Si la folie ne me définit pas, je suis quoi alors… ? Quelqu’un qui entend des voix… ? Il détourne de nouveau le regard. Ça change quelque chose ? Je ne suis pas normal… »

Il restait un aliéné, enfermé dans une prison, pour protéger la société de ses réactions… Elle était juste devant les yeux la folie… Il est la folie !
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Jeu 3 Déc 2015 - 15:06
« Oui, parce que vous le dîtes. »

Entre autres... retint-il dans sa pensée. Gabriel croyait Ayden, en partie parce qu'il envisageait le point de vue du jeune homme. Ce qui l'intéressait n'était pas de faire disparaître les voix que son patient percevait, mais d'en cerner l'origine. Ou même de les « entendre lui aussi ». Malgré son cynisme et sa froideur de caractère, il savait se placer selon l'angle des autres, et observer le monde de la même manière qu’eux l'appréhendaient. Dans le cas d'Ayden, c'était délicat, car il vivait totalement en décalage par rapport à la réalité. Il ne devait pas le brusquer, surtout pas ! Ayden était un petit animal blessé et fragile qu'il devait apprivoiser au fur et à mesure, afin de mieux l'aider. Il agissait toutefois comme si Ayden était n'importe quel patient ; il prenait en compte sa spécificité, mais il ne lui faisait pas sentir qu'il le jugeait différent. La nouvelle sembla dérouter Ayden, quelque chose dans son regard lui indiqua une forme de conflit. Gabriel ne chercha pas à donner du poids à son affirmation, c'était à Ayden de choisir s'il devait le croire, ou non. Si ce n'était pas le cas, Gabriel chercherait un autre chemin à emprunter.

Ayden se déplaça dans la pièce. Gabriel ne tourna pas la tête en sa direction pour l'étudier, il se contenta d'attendre. Il était quelqu'un de plutôt patient, et fixer Ayden comme s'il voyait un animal en cage en train de tourner sur lui-même n'était pas une solution. Le jeune homme revint de lui-même, et il s'assit sur le fauteuil. Les genoux contre sa poitrine, comme s'il avait besoin de se rassurer. Gabriel l'observa à nouveau ; Ayden s'était soudain désintéressé de la plaie ensanglantée sur son bras, et même... de la conversation. Du moins, jusqu'au moment où il s'adressa à lui ; il répéta et supposa ce que le psychologue pouvait penser. Son discours pouvait être déroutant, mais Gabriel comprit que c'était un moyen pour lui de mettre ses idées en place. De donner forme et essence à sa pensée décousue. Il hocha la tête.

Cependant, son patient venait de poser des questions délicates. Gabriel plissa le front, il chercha à nouveau la réponse la plus appropriée, sans pour autant devoir se dévoiler un peu plus.


« Vous êtes quelqu'un qui entend des voix, en effet, répéta le jeune homme d'un ton doux. »

Mais quelles preuves pouvaient-il lui montrer pour confirmer qu'il ne percevait pas le monde comme les autres ? Gabriel ajouta :

« Je l'ai plusieurs fois vérifié lorsque j'étais plus jeune, et encore maintenant ; je ne ressemble pas aux autres, et les autres ne me ressemblent pas. »

C'était peut-être évasif, mais Gabriel estimait que c'était indécent de prouver cette « différence » en prétextant que son intelligence était supérieure à la moyenne. Elle l'était certes... sans aucun doute — de son point de vue —, et c'était en partie pour cela qu'il devint ce qu'il était à présent. Comme si son intelligence avait fini par couper toutes ses émotions. Ayden cherchait peut-être quelqu'un comme lui, quelqu'un capable de le comprendre sans le juger, sans lui dire à quel point il était fou. Après quelques secondes de réflexion supplémentaire, le psychologue ajouta :

« Quelle est pour vous la définition de la “normalité” ? Être comme tout le monde, par exemple ? »

« Normalité »... une excuse pour les imbéciles, afin de se rassurer, et prétendre à correspondre à ce que la société désirait. Gabriel ne se considérait pas comme étant « normal », mais non plus comme « anormal » ; pour lui, cette notion était ridicule, et il ne comptait pas lui donner de l'attention. Il préférait parler de « banalité » pour décrire la population moyenne, stupide, étroite d'esprit, et très différente de lui. Gabriel n'était pas normal, parce qu'il surpassait le genre humain sur bien des points. C'était ce qu'il croyait. Mais peut-être était-ce cela qui lui permettrait de comprendre Ayden ? Il caressait sa tasse, pensif. Quelques questions le démangeaient, mais le psychologue se retenait de les poser. Notamment, il avait envie de demander à Ayden si « être normal » ne lui paraissait pas ennuyeux, ou s'il avait conscience qu'il était unique. Il manquait de repère et de confiance en lui, sans doute ; ses scarifications, sa personnalité refermée, lui faisaient se poser d'autres interrogations. Le dossier d'Ayden n'était pas clair sur ce sujet, le passé du jeune homme était trouble. Gabriel avait la sensation qu'il n'avait pas de famille, ou qu'il n'en avait jamais eue. Il devait bien venir que quelque part, pourtant... Gabriel le saurait en temps et en heure, lorsqu'Ayden aurait la force nécessaire pour aborder ce sujet avec lui.
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Sam 9 Jan 2016 - 12:31
Cette conversation l’inquiétait autant qu’elle l’intéressait. Et ça l’angoissait. Repliant ses genoux contre lui, en position de protection, il tentait de ne pas paniquer, de se dire que les minutes s’égrenaient et que lorsque l’heure serait fine, il pourrait repartir, en sécurité, à sa cellule. Il sentait quelque chose chez Gabriel qui n’était pas comme chez les autres. Mais il ne voulait pas le définir. Chercher, s’intéresser, c’était ouvrir sa bulle, laisser passer quelqu’un dans son univers et il n’était pas prêt à partager quoique ce soit.
Il était déjà bien d’avoir une ‘conversation’ avec lui. Ayden, avec ses questions, montrait une certaine réflexion et une certaine logique. Unique. Seulement centrée sur son mode de pensée. Mais de ces questions, on pouvait plus ou moins suivre son raisonnement. Il ne fallait juste rien lâcher par découragement…Les psychologues et son entourage en général, avait vite fait la conclusion et l’avait catalogué dans une case, le traitant de psychotique et qui plus est, de simple d’esprit. Et pourtant…

« Comment tu as vérifié… ? Il fixe le blond, derrière son regard inquiet et un brin enfantin, encore. Comment tu fais si tu ne ressemblent pas aux autres pour montrer que tu n’es pas fou ? »

Quelle était la technique ? Comme l’imiter pour qu’on puisse le voir comme normal et non plus comme l’aliéné qu’il était ? Il pouvait faire un effort pour ça, éventuellement… si il arrivait à suivre les conseils ?
Il fronça les sourcils à la question… la ‘normalité’… ? Il s’humecta les lèvres et perdit un instant l’attention qu’il avait dans ses yeux pour se plonger dans ses pensées, avec les voix qui virevoltaient autour de lui, lui murmurant des réponses. Il avait plusieurs réponses possibles : celle de ne pas répondre et de rester dans son monde… ce qu’il avait commencé à faire. Puis, la réponse que tout le monde attend… et la réponse scientifique, celle qui définit la réelle ‘normalité’ qu’il avait lu plus jeune et qu’il avait trouvé cela tellement véridique et proche de lui…

22 minutes

Huit minutes de silence. Longues ou non. Pour lui, une étincelle. Pour les autres… ? Qu’importe. Ça ne le touchait pas, il ne les captait pas de la même manière.

« Savoir s’adapter et ne pas avoir de comportements qui vous apparaissent anormales face à des circonstances qui sont stressantes et angoissantes… Récitait il la définition de Bergeret, adaptée à sa vision. Il releva son attention en direction du psychologue. Ayden n’est pas capable de gérer ses angoisses. Tu le sais… Il montra d’une de ses mains presque squelettique, le dossier sur le bureau de Gabriel. Il ne savait pas si c’était le sien, mais supposait, sa paranoïa revenant d’un coup. Tu sais qui je suis. C’est marqué dedans. Je suis une écriture, noire sur une feuille blanche. Vous avez enfermé Ayden dans une définition… »

Il se mord la lèvre, fronçant les sourcils. Trop dire, trop parler. Les voix le disputaient, étaient trop bruyantes. Elles ne voulaient pas qu’il parle. C’était dangereux. Il baisse les yeux comme si il venait de se faire réprimander et rentra les épaules, en mode piteux. L’angoisse montant encore d’un cran. Sa respiration résonnait dans le creux qui s’était formé entre sa tête, sa poitrine et ses jambes. Inquiet, il ne quitta pas pour autant Gabriel des yeux, comme si il s’attendait à recevoir le coup de grâce. Celui qui donnerait raison à tout ce qu’il ‘entendait’.

« … Elles disent que tu ne sais rien… tu ne peux pas comprendre… »

De cette manière, il définissait bien l’attitude des voix. Elles le voyaient comme quelqu’un qui pourrait devenir dangereux pour lui et donc, mettaient en garde Ayden. Il ne devait pas s’approcher du blond. De toutes manières, il ne pouvait pas le comprendre, alors, pourquoi s’en approcher… voilà comment le jeune homme interpréter ses pensées parasites.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Sam 9 Jan 2016 - 20:00
Comment avait-il vérifié ? Gabriel haussa les sourcils à la question d'Ayden. Eh bien... d'abord parce qu'il se savait plus intelligent que la moyenne ? Et ce... parce que sa mère le lui répétait depuis l'enfance ? Il s'était brusquement demandé d'abord pourquoi son frère n'était pas comme lui, ce qui pouvait le différencier de Michael. Peu à peu, la liste s'était allongée, jusqu'à ce qu'il la complète au fur et à mesure de ses contacts avec ses camarades de classe. Pourtant,

Gabriel ne se considérait pas comme un élément anormal de la société, mais comme une entité supérieure. Un excès de confiance, voilà tout. Ce n'était pas la réponse appropriée à Ayden. Parce que même s'ils ne partageaient pas leur réalité, Ayden ne pourrait pas saisir ce genre de notions, comme le racisme, l'homophobie, les idéologies nazies qui avaient nourri son esprit. De même qu'il avait parfaitement conscience qu'il dégraderait son image, s'il admettait une telle chose. Alors... le psychologue chercha, il chercha ce qu'il pouvait répondre... en se rappelant des éléments de son enfance. Puis... il se souvint brusquement ce que son père lui avait dit une fois : un homme, un vrai homme prenait soin des autres, et apportait de la confiance. Ah... voilà tout ce qui avait fondé son masque social.


« Je me suis adapté, répondit-il avec sa douceur coutumier et sincérité. Je donnais ce que les autres désiraient de moi. Je leur faisais croire que j'étais comme eux, c'est tout. »

Finalement, la réponse était incroyablement simple.

A son autre question, Ayden prit un temps incroyable pour lui répondre. Gabriel n'alla pas intervenir dans le flot de ses pensées, même s'il demanda plusieurs fois si son patient ne répondait pas parce qu'il avait oublié la question. Mais à chaque fois qu'il cherchait son regard, il se rendait compte que ce n'était pas cela. Ayden était réellement intrigant. Puis enfin, au bout de huit minutes qui lui furent très longues, Gabriel écouta sa réponse, formulée clairement ; une définition. Gabriel alla répliquer, lorsque la suite lui fit refermer la bouche. Surpris de la soudaine lucidité de son patient, il perdit contenance ; pour lui, cela signifiait hausser les sourcils, laisser la surprise réellement transparaître sur son visage. Quand cela arrivait, ce n'était jamais pour longtemps. Et... lorsqu'Ayden conclut qu'on l'avait enfermé dans une définition, Gabriel retint un sourire. Si seulement... ce dernier savait. Ce qu'Ayden disait lui donnait envie de débattre. Pouvait-il se permettre une telle chose avec lui ? Gabriel ignorait à quel point cette lucidité allait survivre, combien de temps restait-il avant qu'elle ne se fasse avaler par les voix.


« Pour ma part, j'ai une autre définition de ce qu'est la normalité. »

Avança-t-il... mais peut-être devait-il s'arrêter. Ayden était particulier, il ne devait pas le forcer à se plier à son point de vue ; c'était à lui de s'adapter. Gabriel hésitait, mais d'un autre côté... ce n'était pas dans son habitude. Il avala une gorgée de café, puis il expliqua d'une voix lente et posée :

« La normalité est un moyen pour une grande majorité des gens de trouver des repères, leur permettant d'appartenir à un groupe. En se prétendant “normaux”, les gens pensent pouvoir faire partie du groupe, et de ne pas se faire rejeter. »

C'était ce que lui-même avait pu observer au fil du temps. Chez lui tout d'abord, puis à l'école. L'être humain avait besoin de se sentir appartenir à un groupe, persuadé que cela lui permettait de survivre. Toutefois, et c'était sans doute aussi ce qu'Ayden avait dû ressentir, lui ne s'était pas reconnu dans cette partie de l'humanité. Il ne ressentait pas le besoin de se rassurer en étant « normal ». Non... de même qu'il considérait la folie comme autre chose, et cela ne définissait pas Ayden. Au sujet de la définition...


« Cette définition n'est pas totalement vraie, Ayden, c'est pour cela que je ne la crois pas. Vous êtes bien plus que cela. »

Ce n'était qu'un moyen pour ses collègues et lui de se repérer, mais... les mots ne servaient pas toujours à décrire ce que les autres étaient. Une définition... on l'avait enfermé dans une définition. Qui était-ce « on » ? Lui ? Les autres psychologues et psychiatres ? Comment en étant si décalé de la réalité, Ayden avait-il pu survivre autant dans le monde extérieur ? Son corps amoché, cherchait-il à exprimer quelque chose à travers ? Ce que les mots ne pouvaient pas signifier... se trouvait-il gravé dans sa chair ? Ou bien, c'était lui qui se laissait intrigué, emporté... il devait redevenir froid face à la situation. Quand bien même, Gabriel avait eu un élan d'entrain, en façade, il était resté le même.

« Si je ne peux pas savoir et comprendre, répéta-t-il doucement, il faut me dire pourquoi, Ayden. »

Ce qu'il espérait, ce n'était pas de faire d'erreur.
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Dim 10 Jan 2016 - 10:17
Il le fixait, réfléchissant à la réponse. Comprendre ce que les autres désiraient pour être comme eux ? Il avait essayé… il avait réellement essayé. Avec son père, les jeunes enfants dans sa classe, ses maitres d’école… toutes ces personnes qui l’entouraient… mais chacune demandait quelque chose qu’il n’arrivait pas à donner. Une normalité, une logique, un monde qu’il ne voulait pas s’approprier. Ce n’était pas pour lui. C’était… impossible. Et pourtant, il avait essayé. Pour Lui faire plaisir. Il aurait tellement voulu… que le regard soit différent. Qu’il réagisse autrement. Inconsciemment, c’était les voix qui avaient pris sa place, c’était elles qui répondaient peu à peu à sa place. C’était elles qui donnaient ce qu’ayden avait besoin pour finalement gagner sa confiance et l’avoir que pour elles.

« Alors vous êtes normal… »

Il s’était adapté. Cela faisait partie de la définition qu’il avait. Celle qu’il comprenait et qu’il ne réfutait. Elle était logique, elle était donnée par des hommes de science, des professionnels. Eux, ils savaient. Comme Elles.
D’ailleurs, il ne tarda pas à donner ce qu’il entendait par normalité. Le tout accompagné d’un zeste de lucidité. C’était le jeune homme. Il était comme les montagnes russes. Loin d’être stupide, il pouvait presque tenir une conversation de haut niveau si il n’avait pas été autant parasité. Elle ne durait jamais cette lucidité. Mais elle montrait qui se cachait derrière les mutilations et les angoisses. Il était lui. Ayden.

La surprise ne passa pas inaperçue. Elle passa rapidement sur le visage du psychologue et il rentra un peu plus les épaules, par réflexe. Une mauvaise réponse dans ce cas-là ? Peut-être que ce n’était pas ce qu’il fallait dire ? Peut-être qu’il ne voulait pas qu’il réponde… ? Déjà Elles étaient en train de lui souffler qu’il n’aurait pas dû parler autant. Ce n’était pas prudent. Montrer qui il était, était une ouverture, une faiblesse, un risque de se faire encore plus blessé, trahir. Il donnait le bâton pour se faire battre.

Lorsque Gabriel reprit la parole, il fronça les sourcils. Il y avait une autre définition ? Non… çà, ça ne lui plaisait pas. Il avait besoin de stabilité. Changer des définitions qu’il avait compris, ce n’était pas une bonne idée. Ce n’était pas vrai. Pourquoi vouloir lui expliquer et changer quelque chose qu’il pensait acquis. Non, ça, il n’aimait pas. Et il fronçait les sourcils… à mesure qu’il avait la nouvelle définition, il montrait sa désapprobation. Il haussa les épaules tandis qu’une main venait attraper son propre poignet et qu’il recommençait à enfoncer ses ongles dans la peau, démontrant un début de stress, une tentative de rester dans la réalité, de ne pas partir, de ne pas fuir.

« Ayden n’est pas rejeter. Ayden n’est pas reconnu comme un être à part entière. Il est plusieurs et il fait peur… Les voix faisaient parties de lui. Il inspira profondément, résistant à l’envie de retourner dans sa réalité. L’effort était important. Comment être normal alors si Ayden est entre deux mondes ? Il n’y a pas de groupes pour lui si ce n’est ça… »

Il montra la couleur de son uniforme tandis que son regard déviait… Son esprit se scindait de nouveau. Il les entendait, le félicitant de cette conclusion. Il était fou. Il n’y avait rien à redire à tout ça. C’était ce qu’il était. Ce qu’il devait accepter. Qu’il revienne avec Elles, il souffrirait moins… Son poignet encore plus malmené commençait à saigner un peu plus, preuve de son combat intérieur.

20 minutes

Ayden releva soudain son regard perdu sur Gabriel. La définition d’Ayden n’était pas vraie ? Plus que cela ? En quoi ? Il haussa les épaules, arrêtant de se mutiler et se perdant dans une conversation dont seul il était le témoin. Il avait été sur le point d’être curieux, de poser la question : en quoi était-il plus ? Mais Elles le firent taire et il obéissait. Elles étaient toute puissance pour lui.

« Pourquoi Ayden s’inquièterait que tu crois ou non. Ça ne change rien pour Ayden.. Il est là et tu es là. Toi dans un groupe et moi dans mon corps… »

Il s’humecta les lèvres et baissa les yeux pour détailler son poignet qui soudain, lui envoyait un signal de douleur. Quelque chose qu’il connaissait sans connaître. Il sentait le message nerveux de la blessure. Mais il ne fit rien de plus si ce n’est de regarder cette plaie, curieux, comme se demandant si c’était vraiment réel ou non. La voix du psy le tira de cette contemplation même si rien ne le trahissait.

18 minutes

Il veut savoir pourquoi… ? Les voix rient, se moquent. Celui-là n’était pas mieux que les autres. Il ne devrait même pas poser la question. Comment pouvait-on comprendre leur protégé. Il n’y avait qu’elles qui l’aimaient. Il a un vague sourire, sans joie. Deux secondes. Qui disparait aussi rapidement qu’il est apparu.

« Pourquoi je te le dirais. Tu iras le dire au groupe pour mieux rire et croire que vous pouvez jouer avec Ayden ? Ayden n’a qu’à disparaitre. Comme ça, le groupe sera tranquille.. Et ne tuera pas Ayden.. Il s’arrêta, comme si il entendait une autre voix –plusieurs ?- et reprit, allant chercher cette fois le regard du blond. Tu essayes qu’ayden te fasse confiance pour le définir autrement ? »

Une question que les voix ne voulaient pas qu’il pose. Mais il passa outre, revenant finalement sur le sujet déjà abordé. Peut-être que ça l’intéressait finalement ? Il gémit doucement et se recroquevilla tout de suite après avoir posé la question. Il se prit la tête entre les mains, se bouchant les oreilles.

« Pardon… Ayden est fou.. Ayden s’excuse… »

Il ne s’adressait pas à son interlocuteur… juste à ses pensées qui le parasitaient soudainement.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Dim 10 Jan 2016 - 16:21
« Normal »... non. Si les gens avaient seulement conscience des idées qui lui traversaient la tête, ils ne le trouveraient pas normal. Immoral dans le meilleur des cas, peut-être pas fou. Lui aussi, il devrait subir et porter toutes les étiquettes que l'on avait collées à Ayden. Gabriel se demandait ce qui pouvait causer un tel décalage entre son patient et le monde, si ce qu'il entendait était dû à sa « folie », ou bien des idées qu'on avait mises dans son crâne, et dès lors, qui tournaient en boucle. Les paroles qu'un adulte pouvait dire à un enfant, la force avec laquelle ces paroles s'étaient plantées dans l'esprit de ce même enfant, causaient du mal ou du bien sur le long terme. Pour Gabriel, Ayden n'aurait pas eu conscience de cette « anormalité » si quelqu'un n'était pas venu le lui affirmer. Ainsi... on avait amputé bien des choses dans sa personnalité, ce qui lui donnait un goût d'incomplet. C'était son avis. Toutefois, Ayden savait-il ce qu'était le rejet ? Est-ce qu'il avait compris que les actions de son père étaient du rejet ? Lorsqu'il affirma ne pas être rejeté, Gabriel garda le silence, mais jugea qu'il devait se tromper. Ne pas comprendre ce qu’« être rejeté » impliquait, si cela avait été le fondement de son éducation.

« Si... vous vous avez l'impression que cela, Gabriel désigna de l'index la combinaison grise que le jeune homme portait, ne vous correspond pas, vous ne devez pas vous forcer à croire que cela vous définit. Si vous ne vous trouvez pas de place dans ce monde, parce que les autres ne vous ressemblent pas, vous n'avez qu'à vous en créer une vous ressemblant. Le psychologue marqua une pause, ce n'était pas si simple d'expliquer ce genre de choses, pour lui le monde se divisait deux catégories : lui, et les autres qu'il considérait inférieurs, toutefois il n'était pas assez stupide et vulgaire pour donner sa vision des choses à Ayden. Il reprit : vous n'êtes pas obligé d'être “normal”, ou de croire ce que les autres disent de la normalité. Si vous craignez de ne pas pouvoir comprendre les autres, sachez que cela s'apprend avec du temps. Même les personnes que vous considérez “normales” ont du mal, lorsqu'il s'agit de comprendre les autres, parce que chaque personne est différente. »

Gabriel rangea quelques-unes de ses mèches blondes derrière son oreille d'un geste délicat, et mesuré. Il ne savait pas s'il donnait les bonnes réponses, s'il parvenait à établir une relation de confiance avec Ayden, ou s'il était dans la bonne voie pour cela. Il essayait simplement de l'amener à ne plus se dénigrer, et à ne plus se laisser dévorer par des pensées parasites. Il savait que celles-ci se mettraient entre eux, car il l'obligeait à voir le monde sans elles, toutefois... il ne remettait pas en cause leur existence. Elles existaient dans le cerveau d'Ayden, et c'était un élément à part entière. Lorsque ce dernier émit la possibilité qu'il se servait de lui dans l'intention de se moquer, Gabriel s'interrogea de nouveau sur l'histoire de son patient. D'abord, s'il n'avait pas été sujet à des railleries plus jeunes, à cause du décalage que sa maladie opérait entre lui et les autres. Puis, si un de ses confrères n'avait pas commis d'erreur. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais le garçon se replia brusquement sur lui-même.

Gabriel l'observa quelques secondes. Comme un parent devant la détresse de son enfant, le mieux était de se lever, l'aider à l'écouter et le rassurer. Toutefois, comme il n'était pas son père, et qu'il n'avait jamais été tactile, il se contenta de poser sa tasse et de se rapprocher. Il respecta cependant une distance de sécurité, afin qu'Ayden ne se sente pas agresser s'il pénétrait dans sa bulle. Il se mit à sa hauteur, et d'une voix douce, il fit :


« Ayden... je ne vais pas me moquer de vous. »

Gabriel reprit :


« Ayden, je ne vais pas me moquer de vous, ou vous faire du mal. Je ne vais pas “jouer” avec vous. Et... le groupe n'est pas une menace pour vous, tant que... je serais là. Sérieusement, qu'est-ce qu'il venait de dire ? Il lui disait qu'il allait le protéger ? Gabriel garda la tête froide. Je ne cherche pas à vous définir autrement, mais simplement à vous comprendre. Voir de la même manière que vous voyez le monde. Et je ne vous ferais aucun mal. »

La preuve était qu'il respectait une distance entre la bulle d'Ayden, et lui-même. Ses mains s'étaient refermées en poings, comme pour empêcher tout geste familier. Avec douceur, Gabriel regardait le jeune homme, et il attendait. Il attendrait.
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Dim 17 Jan 2016 - 17:04
Gris… C’était la couleur de sa combinaison, un mélange des deux couleurs qui s’imposaient à ses pensées. Le blanc, celui qui définissait le bien, celui qui définissait les gens qui ne lui voulaient pas de mal – il y en avait peu. Voire aucun dans la tête d’Ayden. Et le noir. Ce qui constituait le monde extérieur. Ce en quoi il se défendait à chaque fois. Cette noirceur qui s’insinuait régulièrement dans sa bulle, qui voulait le détruire dès qu’il baisserait sa garde, dès qu’il montrerait de la faiblesse.
Comme Gabriel, il y avait lui et les autres dans son monde. Sauf que le critère d’exclusivité n’était pas le même. Il ne se construisait pas du tout de la même manière.

« Si Ayden était normal, il ne serait pas là à parler avec toi. Il le fixe, lucide dans sa folie, toujours. Lorsqu’Elles ne lui parlaient pas, lorsqu’il n’était pas terrifié ou lorsqu’il ne se perdait pas dans ses propres pensées, il arrivait à tenir une conversation. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle il était passé entre les mailles du filet. Il avait réussi, malgré lui, à donner le change. Ayden ne peut pas comprendre les autres, il n’est pas à leur place. Ayden veut juste que les Autres le comprennent et le laissent tranquille…. »

Voilà sa conclusion. Etre tranquille. Il voulait rentrer chez lui, retrouver sa stabilité, son cadre. Il voulait son petit studio où il n’y avait pas grand-chose. Mais ça lui suffisait. Il avait même eu parfois cette drôle de sensation d’euphorie, comme si il avait été heureux à cette époque. Mais cette émotion s’effritait à mesure que le temps passait et il n’en avait plus qu’un vague souvenir. Vague souvenir qui devenait presque irréel. Un jour, il penserait à cela comme un rêve et rien de réel.

Le jeune homme aurait bien voulu continuer cette discussion. Sans paraître agressive ou pleines de jugement, elle lui donnait l’impression qu’on l’écoutait. Mais les Voix en avaient décidé autrement. Ce qui se passait dans la pièce ne leur plaisait pas. Elles n’aimaient pas ce que faisait le psychologue. Ou surtout, Elles n’aimaient pas les réactions de leur protégé aux paroles du blond. Alors, Elles faisaient ce qu’Elles savaient le mieux faire. Elles emprisonnaient Ayden, le culpabilisaient, le parasitaient. Et cela fonctionnait à chaque fois.

Recroquevillé dans le fauteuil, le décompte de l’heure n’était plus d’actualité. Il cherchait juste à ne pas perdre le peu de raison qu’il possédait encore. Alors, il s’excusait, acceptait la punition, du moment qu’il pouvait de nouveau respirer sans avoir cette crainte de mourir, de disparaitre. Ce n’était pas le moment ! Il n’était pas encore prêt !

S’il vous plait.

Il ne réalisa pas l’approche de Gabriel tout de suite. Les yeux fermés, en boule pratiquement, la bulle s’était refermée sur lui, offrant une protection qui ne demandait qu’à tenir.il ne réalisa pas non plus les mots du professionnel. Et quand bien même ça aurait été le cas, il aurait vu cette intervention comme un moyen de le manipuler encore et encore. Personne ne lui voulait du mal et pourtant… il était bien là. Dans cet établissement, dans cette tenue, dans ce bureau.

Les mots entraient mais les Voix les triaient, ne voulant pas laisser le temps au petit fou de se les imprégner. Elles ne voulaient accorder à personne la confiance de ce dernier. Il était à Elles. Elles étaient plus puissantes que tout, il devait le savoir et faire avec. Et pourtant. Même si il ne donnait aucun signe qu’il entendait Gabriel… sa conscience, seule rempart encore avec les Voix, prenait note. Elle ne s’en servirait peut-être pas tout de suite. Mais elle avait pris la promesse pour en faire sienne.

Le silence se fit dans la pièce. Il n’entendait plus rien. Les Voix, satisfaites, le laissèrent. Elles avaient gagné. Encore une victoire sur la fragilité psychologique d’Ayden. Celui-ci relevait les yeux, perdus, encore larmoyants. Il fixait d’abord la silhouette face à lui sans la voir avant de prendre le temps de se fixer ‘réellement’ sur elle. Il laissa entrevoir l’éclat brisé dans son regard puis l’émotion disparut et il se redressait, fragile d’apparence, encore fébrile.

« Ayden a perdu le temps… »

La crise était passée. Elle avait été courte et sans gravité. Le jeune homme revenait sur le présent, sans mémoire apparente de ce qui l’avait provoqué. Il se levait et jetait un œil au blond, comme pour évaluer le risque de passer à côté de lui pour rejoindre le bureau, pour avoir son temps. Puis, il décida qu’il allait le contourner. Sans dire quoique ce soit d’autre, il s’exécuta et rejoignit la montre.

4 minutes

La séance se terminait… il allait rentrer ‘chez lui’.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Dim 17 Jan 2016 - 21:30
Pourquoi les gens songeaient-ils que voir un psychologue signifiait être fou ? Un stéréotype qui lui collait à la peau, et qui s'était formé dans l'esprit de son patient. Gabriel retint un soupir, agacé, sans pourtant le montrer à Ayden. Ce n'était pas de sa faute si on lui avait mis cette idée en tête. Il y avait trop d'indications dans son univers indiquant qu'il était malade, ou « fou ». Sa tenue tout d'abord, qui créait un fossé entre Ayden, et les autres. Donner une couleur à la santé mentale, c'était déjà catégoriser des êtres qui porteraient une étiquette toute leur vie. Une étiquette mettant les autres en garde, sous-entendant qu'ils avaient agi contre la société. Pourtant, il ne suffisait pas d'avoir tué pour se dresser contre la société ; en contourner les règles, les violer en faisant passer cela pour la justice, c'était la même chose. Gabriel se contenta de répondre avec sa douceur habituelle :

« Être fou ou non... et se retrouver là... cela ne veut rien dire. Mon rôle est d'aider les gens qui en ont besoin, et apporter un soutien. Ceux que vous considérez “normaux” peuvent se retrouver face à moi pour parler de leurs problèmes. »

Si seulement... Ayden pouvait comprendre cet aspect-là de son travail, Gabriel pourrait lui apporter une meilleure aide. D'abord en installant une relation de confiance, puis en ajustant sa vision selon la sienne. Avec sa neutralité coutumière, avec sa froideur d'âme, il le regarda s'enfoncer dans sa crise. Le jeune homme ne savait pas exactement ce qu'il pouvait faire, il ne savait pas comment il pouvait entrer dans la bulle d'Ayden, et se montrer plus fort que les voix. Il n'avait même pas conscience que c'étaient elles qui éloignaient l'esprit du garçon de lui. Il respectait toujours une distance de sécurité, malgré le fait que la position était inconfortable. Ses yeux ne quittaient pas Ayden, Gabriel était frustré. Il savait qu'il faudrait du temps, il se rendait compte qu'Ayden n'était pas comme les autres cas qu'il traitait ici, toutefois... l'esprit du garçon était une énorme carapace blindée, et il ignorait s'il était parvenu à ne serait-ce que l'éraflé. Que dire ? Avait-il progressé au cours de cette séance ? Ridicule, il s'agissait de la première... pourtant, lorsque Ayden se releva, et se dirigea vers la porte, Gabriel pensa que rien n'était perdu. Peut-être... avait-il pu faire un pas vers ce jeune homme, cet enfant dans un corps d'adulte.

Gabriel se releva lentement, son regard suivait les mouvements d'Ayden. Il le laissa partir, même s'il restait encore quelques minutes, il accepta de briser les règles, et de le laisser partir. Parce qu'Ayden paraissait en avoir besoin. Lorsque les gardiens apparurent derrière son patient, le psychologue intervint aussitôt pour désamorcer la situation, et les prévenir qu'Ayden Sanders était autorisé à retourner « chez lui », si c'était ce qu'il désirait. Avant que les gardiens ne se chargent de le raccompagner, Gabriel salua Ayden :


« Le temps perdu peut être rattrapé, Monsieur Sanders. »

Gabriel lui offrit un sourire doux.

Cependant, le psychologue n'ajouta rien de plus. Il se contenta d'observer la silhouette minuscule d'Ayden se faire encadrer par celles — plus massives — des gardiens. C'était amusant à voir, Ayden disparaissait presque entre les deux, et même sa chevelure rousse disparaissait. Une fois qu'ils tournèrent au bout du couloir, Gabriel rentra dans son bureau. Il ferma la porte, puis il se dirigea vers la table basse où il avait posé sa montre, symbolisant sa bonne foi dans le début de relation qu'il entretenait avec Ayden. La remettant au poignet, il inspecta la marre de café gisant dans sa tasse, et décida de la boire. Une petite manie bizarre. En se posant à la fenêtre pour examiner le paysage dehors, barricadé d'ailleurs, Gabriel songea qu'être psychologue, c'était avant tout devoir faire ses preuves constamment. Que ce fut auprès de l'administration ou devant ses patients... bah... il avait l'habitude. De toujours prouver qu'il avait des capacités dans les domaines qu'il maîtrisait. Qu'on le sous-estime par ici, ce n'était pas grave.
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