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Première entrevue.

Gabriel Goodman
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Localisation : Là où il y a du café !

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Gabriel Goodman
Psychologue
Ven 11 Sep 2015 - 22:08
Gabriel regarda sa montre, puis il soupira en avalant une gorgée de café noir. Préparé par ses soins, évidemment ; le café ici était infect, et ressemblait à une sorte de mélasse grisâtre. Depuis peu, le jeune homme avait décidé d'apporter sa propre cafetière, avec sa marque bien à lui. Hors de prix — on ne change pas ses habitudes —, mais qui avait le mérite de le réveiller durant les pauses. Il en avait — naturellement — proposé à ses collègues, toutefois... ils avaient vite déchanté. Le café de Gabriel était particulièrement fort, et imbuvable pour le commun des mortels. Un café d'homme, un café d'élite. Le genre de truc à trouer l'estomac dès la première gorgée, puis à la seconde, qui allait clouer sa victime dans les toilettes pour une bonne demie-heure. C'était sa marque favorite, celle qu'il buvait depuis l'université, et qui lui permettait de tenir des journées insupportables. Et Dieu seul savait que ces journées pouvaient être longues ! Gabriel se surprenait parfois à se rappeler qu'il avait une vie, en dehors de ces murs de bétons. De temps en temps, un message de Celeste, ou de Maman le lui murmurait. Il n'était pas emprisonné ici, ce n'était qu'une illusion. Et ce café noir était un symbole, la corde le raccordant à la réalité. La prison n'était qu'une partie de cette réalité.

Tout cela pour dire qu'en ce moment même, Gabriel reparcourait un dossier un peu spécial, tout en savourant une bonne tasse de café. Les coudes sur son bureau, il parcourait de ses doigts blancs les divers pages du rapport, avec une certaine froideur. Ce qu'il en lisait ne l'effrayait pas, ou ne le rendait pas triste ; le psychologue manquait de coeur pour s'abaisser à ce genre d'émotions. Andréa Higgins n'était pour le moment qu'un inconnu au visage à peine dessiné à travers les lignes. Un cas « spécial », mais au même titre que tous les « cas spéciaux » que renfermait la prison. Au fond de lui-même, Gabriel — et non pas le jeune psychologue charmant qu'il présentait à qui le voulait — songeait que c'était dommage. Si Andréa avait été aussi intelligent que le rapport le laissait sous-entendre, il ne se serait pas fait attraper. Finalement, les psychopathes qu'il pouvait côtoyer n'étaient que des échecs. Lui, il ne s'était jamais fait prendre. Non, ce qui l'intriguait, c'était la relation qu'Andréa pouvait entretenir avec son frère. Miraculeusement, ses deux enfants éprouvés par la vie se retrouvaient dans la même prison ; émouvant, n'est-ce pas ? Songea Gabriel avec un rictus, ça avait des airs de comédies américaines moyennes passant en fin d'après-midi à la maison. Le genre de truc que sa mère avalait.

Le temps dehors ne lui donnait aucune envie d'être ici, pourtant Gabriel faisait des efforts. Il essayait de voir le bon côté des choses. Il tourna sa jolie tête blonde vers la fenêtre, observant le soleil briller à travers la vitre. Le cadre était serein, un bon moyen d'amadouer son futur patient. Habillé d'un simple pantalon noir, et d'une chemise à manche courte d'un bleu pâle, Gabriel apparaissait comme l'ange qu'il était. Blond aux yeux bleus, de taille moyenne, svelte, mais pas maigre. La perfection, n'est-ce pas ? C'était ce qu'il voyait dans le faible reflet que la vitre lui renvoyait. Il caressait sa lèvre inférieure avec son index, réfléchissant à la manière dont il devrait se comporter avec Andréa Higgins. Il n'aurait pas un petit garçon éploré vers lui, mais un meurtrier. Un psychopathe. Un esprit ressemblant au sien.

On frappa à la porte, Gabriel se leva immédiatement. Avant d'ouvrir, il jugea si tout était en ordre. Ses vêtements d'abord qu'il voulait toujours impeccable, et le bureau. Parfait. L'ordre, il en avait besoin pour se sentir en confiance. Seule Celeste avait le droit de mettre du chaos dans son intérieur, une sorte d'élue. Il frotta ses mains, il posa sa tasse de café, puis il invita Andréa Higgins à entrer sur son territoire. Gabriel le fixa directement dans les yeux, mais avec la même figure douce et affable qu'il offrait à tout le monde. Il ne tendit pas la main pour saluer Andréa, il ne le faisait jamais en premier. Il l'inspecta, cherchant d'abord quelle expression il pouvait avoir. L'analyse commençait à la première impression qu'il avait des gens.


« Bonjour Monsieur Higgins, je m'appelle Gabriel Goodman. Enchanté. »

Susurra-t-il d'un ton poli et caressant. D'un signe de la main, il désigna un fauteuil, puis il s'écarta pour le laisser entrer. Le gardien qui avait accompagné Icare le salua, et lui promit d'intervenir au moindre problème. Gabriel le remercia, même si... s'il ne pensait pas courir de réels risques avec Andréa. S'il voulait le tuer, il ne le ferait pas aussi vite. Du moins, c'était ce que Gabriel aurait fait à sa place.

« Comment vous portez-vous ? Vous désirez boire quelque chose ? Un café ? Un thé ? »

Des règles simples. Gabriel ne se comportait pas avec ses patients comme s'il s'agissait de bêtes de foires. À première vue, il les respectait en tant que personne.
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Sam 12 Sep 2015 - 0:43
Envolé. Loin. L’horizon.
Des ailes dans le dos.
Douloureuses, salvatrices. Souples, légères. D’un battement, me voilà revenu à la chaleur de mes souvenirs, à ce Soleil radieux. Eliott. Si proche. Pourtant perdu. Il me manque tant. La rencontre. Ses yeux clairs ne reflétaient plus cette lueur malicieuse, ternes, ils réfléchissaient à présent la grisaille des murs, les souffrances injustes qui l’avait conduit ici. Sa chevelure blonde, ondoyante n’était plus, à présent le noir, le gais. Sa peau chaude, tendre était dès lors glacial, stérile, fuyante.

Arrachées. Enfermé. Mes ailes, je ne les ai plus. Ça fait mal. Cette prison est ma cage, elle n’est pas dorée, elle ne m’effraie pas. Elle ne me convient pas. Qu’est-ce que je fais ici ? Aurai-je du le laisser faire ? Devrais-je fuir ?
L’absence, le rejet, est-ce cela que l’on ressent quand la cire brulante vient à fondre sur notre dos ? La souffrance de la brulure, l’angoisse de l’après, l’effroi de la chute. Détruit par le propre objet de sa convoitise, de ses sacrifices. La lumière aveuglante qui sauve autant qu’elle précipite.
Pourquoi ?
Je l’aime tellement.
Il me dépouille de mes ailes, cassant chaque plume de mes appendices, tirant sur ma peau fragile, sans fléchir. Il m’éloigne, il accélère ma chute. Il me déteste. Il m’abandonne.
Je suis si seul. Je ne peux qu’aimer son mirage entre les couloirs et les grilles de métal.
J’ai si froid.
L’amour interdit que je lui porte me fait proie des ténèbres, de l’oubli.
J’ai perdu mes ailes et ma liberté à force de tant l’aimer. Pourquoi me rejeter ?
Eliott.

J’attends désespérément ta lueur, ton scintillement.
Reviens-moi.
Mon Soleil. J’ai tant besoin de toi.

La porte grinça dans un horrible brouhaha métallique. Mes paupières vibrantes s’ouvrirent sur le plafond où un néon fébrile vivait ses derniers instants. Je n’avais pas eu le temps de dire au revoir à mes rêves d’étendus infinis. Déjà je me trouvais dans la ridicule cellule que l’on m’avait attribuée. Loin. Des autres. De lui. Il fait si froid ici, mon Soleil est parti.
Mon joyau rougeoyant, si sombre à présent.
Un gardien s’approcha de moi. Première entrevue avec le psychologue de Lancaster.
Je savais que ça arriverait un jour ou l’autre.
Andréa était amusé. Moi seulement agacé.
Où est Eliott ? Il doit penser à moi. Je dois tant lui manquer. Il doit me chercher.
Mon précieux bijou, il était splendide même dans cet abominable écrin.
Je souriais. Un rictus. Rien de bien extravagant mais je sentis le regard désapprobateur de mon guide sur moi.
Comment osait-il me regarder ? Il était si laid. Il ne méritait pas de poser son regard sur moi, me toucher, m’approcher. C’était indigne. Je détestais cela. Et imaginer que d’autres côtoyaient mon diamant me rendait tout aussi haineux, ils écorchaient ce joyau pur, rayant ses contours parfaits pour le forger à leurs images. C’était de leur faute à eux. Oui c’était pour ça qu’il ne voulait plus de moi.


Je le récupérerais, quoiqu’il m’en coûte. Il est à moi.
Je l’aime tant. Ma chaire, mon sang.

Le couloir me semble interminable, les menottes s’entrechoquent sur mes poignets. Tiens, il a serré les crans. Ai-je tant maigri que cela ? Peut-être.
J’avance, droit. Digne. La tête haute. Je dois être présentable. Je passe une main dans mes cheveux pour recoiffer mes quelques mèches folles.

Folles. Fou… Aliéné.
Est-ce vraiment moi ? Et je me regarde dans la vitre de la porte qui joue mon pâle reflet, loin de la perfection de l’originale.
Il fait si froid ici. Je suis beau. Impeccable.  
Que me voulait-il ce médecin ?

Traiter un cas à part. Spécial. L’énigme.
Je pourrais traverser les Enfers pour te retrouver, mon Soleil, dans les cimes… Laisse-moi le temps. Laisse-moi t’approcher. Eliott laisse-moi t’aimer.
J’avance un peu, laissant le gardien plus qu’inutile derrière moi.

Blond. Bleus. La Beauté. Le charme. La grâce. Il lui ressemblait. Son expression néanmoins trahissait sa vraie nature. Il la connaissait. Un regard suffisait. Il avait le même. Sans lueur, sans âme. Ce qui lui faisait cruellement défaut. Un démon derrière les attraits d’un ange.
Je n’avais pas envie de répondre.
Il savait qui j’étais. Il avait lu mon dossier. Pourquoi me faire venir ?
Il me faisait perdre un temps précieux. Que j’aurai pu passer avec Eliott.
On me menotte à la chaise face au bureau, assis, je croise mes jambes, le dos droit contre le dossier, les doigts croisés, le regard attentif mais détaché. Sans expression.

« Un thé me conviendrait tout à fait. Merci Monsieur Goodman. »

Ton calme, posé, monocorde.
Mes ailes sont déchirées. Elles guériront. Quand pourrais-je m’envoler ?
Je ne veux pas parler. J’aurai beau pleurer,  supplier. Il ne m’aimera pas.
Dans mes pensées je demeure.

J’étais si éloigné de lui, ça me rendait fou. Ce psychologue avait-il vu mon frère ? Lui avait-il parlé ? Qu’avait-il dit ? Il fallait que je le sache. Avant de partir. Avant la chute.

Tu le sais déjà Icare. Il te déteste.
Me dit Andréa. Oublie-le. Laisse-moi faire.

« Donnez-moi cinq sucre et demi dans ma tasse. »
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Sam 12 Sep 2015 - 13:30
Cinq sucres et demi ? Gabriel écarquilla les yeux, cinq sucres et demi ? Il approuva après sa légère vague de confusion, songeant que les goûts de Monsieur Higgins étaient en totale opposition aux siens. Le jeune homme alla donc préparer le thé de son patient dans une théière, bien évidemment. Il ne supportait ni le café soluble, ni le thé en sachet ; c'était un truc de pauvres, ça, pour ceux qui n'avaient pas le luxe de préparer leurs thés ou cafés eux-mêmes, et qui s'empoisonnaient la langue avec des machins bon marché.

« Avez-vous une préférence ? Du thé vert ou noir ? J'ai aussi de l'Earl Grey. »

Une fois que Icare lui donna sa réponse, Gabriel fit infuser le thé. D'un côté, ils avaient tous les deux des goûts précis et prononcés, analysa-t-il. Si Icare préférait le sucre et le thé, Gabriel gardait son affection pour le café bien noir, et imbuvable pour le commun des mortels. Il commença à mettre le sucre, cassant soigneusement le dernier pour correspondre à la demande de Monsieur Higgins. Une fois qu'il eut terminé, il lui apporta sa tasse.

« Faîtes attention, c'est chaud. »

Malgré son mauvais caractère caché sous sa couche de gentillesse, Gabriel prenait soin de ce qui l'entourait. Ses affaires, mais aussi aux autres. Il n'aimait pas donner quelque chose à moitié faite, ou mal préparé, c'était humiliant selon lui. Il prit place face à son patient, il croisa les jambes et lia ses doigts entre eux, afin de les poser sur ses cuisses. Désormais, la séance commençait en quelque sorte. Le thé n'était qu'une mise en bouche, un symbole comme son café ; la tasse entre les mains d'Icare démarrait son analyse. Pourtant, le jeune homme avait conscience que son vis-à-vis ne se laisserait pas faire. Il avait la sensation que tous les deux se ressemblaient un peu. Ça allait être un combat de sous-entendus et de mauvaise foi, où chacun tiendrait fermement le masque qu'il portait. Le dossier d'Andréa était intrigant, assez pour que Gabriel ait envie de se pencher sur lui, et l'étudier. Oui, ça lui changeait de son rôle en entreprise. Au moins, les hommes n'ayant jamais réglé leurs oedipes étaient allés au bout de leurs passions. Dans le cas de Monsieur Higgins, ça avait été le meurtre de plusieurs femmes à la chevelure blonde. Qui avait-il cherché à atteindre derrière elles ? Gabriel sourit.

« Comment allez-vous ? Le thé est à votre goût ? »

Andréa Higgens lui répondrait certainement « oui », sans doute par politesse. Gabriel enchaîna :

« Comment se passe votre séjour ? »

Pour cette réponse, le jeune homme était moins sûr de lui. Honnêtement, qui lui répondrait que se retrouver enfermé, et jugé aliéné était une sinécure ? Personne, à moins d'avoir un grand sens de l'autodérision. Mais la moindre information laissée échappée par Icare serait un indice. Pour le moment, il agissait comme si l'homme face à lui n'était qu'un homme, et non un criminel. Et c'était ce qu'il pensait. Lorsque Gabriel observait Icare ou Andréa, il ne voyait que l'homme au passé violent décrit dans le passé. Ses actes meurtriers ne l'atteignaient pas ; il était suffisamment froid de nature pour ne pas se sentir mal à l'aise. Sans doute parce qu'il se confortait dans l'idée que son patient et lui n'étaient pas si différents. Andréa avait fait une erreur, et la police était venue frapper à sa porte. Voilà tout. Andréa paraissait pensif, c'était ce qu'avait remarqué le psychologue à son entrée dans le cabinet, un moyen de se défendre ? De l'ignorer ?

Gabriel ne posa pas d'autres questions, face à ce genre d'esprits... il fallait y aller doucement. De toute façon, il ne poussait jamais les autres à lui parler. Pas comme ça. Une méthode aussi abrupte manquait de tact, et risquait de braquer sa cible. Il n'examinait plus le regard d'Icare, ou son visage ; ses yeux glissaient sur ses épaules, ses mains surtout. Un bon manipulateur était quelqu'un savant parler plus avec ses mains qu'avec sa langue, ainsi on pouvait encourager certaines manières de pensées par la gestuelle. Et la gestuelle en dévoilait plus que la parole. On pouvait mentir avec sa langue, mais il était plus difficile de le faire avec ses mains. Pareil pour le regard ; un simple masque changeant en fonction de l'émotion que l'on jouait. Serein, Gabriel reprit sa tasse de café, et en avala une petite gorgée. Il était toujours aussi chaud et amer dans sa gorge. Ah... le café... toujours le café. Chacun sa drogue, lui, c'était ça. Et le mensonge. Il ferma les yeux en le savourant.
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Sam 12 Sep 2015 - 15:32
Déjà. Si vite. Le cabinet du psychologue.

Ma balade avait été de courte durée. Marcher était devenu un luxe, se délier les jambes sans contraintes, d’avantages encore. Les courts chemins qui liaient la cellule aux sanitaires, la cellule aux lieux communs, la cellule aux quartiers des soins s’étaient changés en douces promenades qui m’éloignaient pour de petits instants de la réalité de l’enfermement. Mon appartement pénitencier s’étant progressivement transformé en cage amère. L’étroitesse, l’insalubrité, la moisissure se mêlaient au sang qui pulsait dans mes veines comme un poison, un venin sans antidote.
Les chaines à mes pieds et mes mains me semblaient si lourdes aujourd’hui, bientôt, elles seraient plus imposantes que moi, je m’effondrerai sous elles, je tomberai. Définitivement.

Ce genre de pensées était de plus en plus présentes ces derniers temps. C’était Andréa. Surement. Il voulait se débarrasser de moi. Eliott en serait également satisfait. Peut-être que ce serait mieux ainsi ? Il ne craignait rien, ni personne.
Des crics, des coups. Elles se débattaient tant. Elles suppliaient. Pourquoi est-ce que je me perdais dans les méandres de ces souvenirs, qui ne m’appartenaient pas ?
Eliott. Serre-toi encore contre moi. Comme tu le faisais auparavant. Il n’y a que toi qui compte. Ta splendide couronne d’or n’est plus. Mais tu demeures mon Soleil. Pour toujours.

« Earl Grey, je vous prie. »

Je ne m’étais pas entendu répondre. C’était un automatisme, un acte mécanique. Même si j’avais un peu perdu l’habitude de me faire servir, c’était très agréable de revenir à cet usage que j’avais connu en dehors de Lancaster.
Autour de moi, le cabinet était parfaitement tenu.
Chaque chose à sa place. Pas de fioritures, de surplus. Net, précis. Géométrique.
Ça avait toujours été quasi maladif chez lui. C’était étrange de retrouver cette tare chez quelqu’un d’autre. Un inconnu qui plus est.

Gabriel Goodman.
Gabriel. Un ange. Le messager de Dieu.
Son vis-à-vis avait beaucoup de l’archange décrit dans les textes hébraïques ; la beauté, la grâce. Peut-être les intentions.
Non. Il y avait autre chose.
Goodman. Etait-il vraiment un Good-man.
Ça sonnait tellement faux. Trop parfait. Ca correspondait à ce qu’on attendait d’un tel visage.
Mais Satan n’était-il pas devenu aussi laid qu’il était beau en tombant du Paradis ? L’éclat apparent cachait parfois les plus noirs desseins. Les ténèbres. La noirceur. Le mal.  J’en sais quelque chose.

Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Et demi.

Le compte y était. J’avais pris soin de le regarder faire. C’était important. Ca suivait mon rituel. Je croisais mes jambes, ne décidant plus de rien, aveuglé, possédé, je me laissais guidé par mon corps faible, qui me portait comme un fardeau. Revenons au psychologue.
Il avait un air commun avec sa convoitise, mais ils étaient trop similaires pour s’y attacher.
C’était une mascarade, un bal masqué où chacun voudrait imposer sa cadence, son propre rythme durant la danse. Une valse où deux démons s’affrontent et se cajolent. Chacun s’applique à lécher le venin de l’autre, à le savourer, à l’imiter.

Mes phalanges se réchauffèrent contre la tasse de porcelaine, mes mains étaient si froides, si maigres, je me défigurais à vue d’œil… J’avais si peu goût à la nourriture. Je rêvais d’un fraisier couvert d’un coulis de chocolat, sans pouvoir assouvir cette envie grisante.
Plongeant mes lèvres dans le liquide salvateur et brulant, le sucre raviva quelques flammes éteintes, redonnant un peu de couleurs et de passion à mon visage livide. Ca faisait du bien.

« Parfait Monsieur Goodman. » précisais-je à propos du thé qu’il venait de me servir.

Me tenant plus droit dans mon siège, une cambrure parfaite, le regard inexpressif, je passais une nouvelle fois une main dans mes cheveux après avoir reposé ma tasse sur mon coin de bureau. Les menottes étaient encombrantes.

« Je vais bien, et vous ? »

Tout était une question de politesse. Mais c’était agréable de revenir à ce genre de questions primaires, loin des : «  Plus que 10 minutes avant le couvre-feu » ; «  Du rabe ? » ; « Vous avez pris vos médicaments ? »
Gabriel était un beau meuble au final, il me semblait si insipide malgré sa prétendue beauté, je ne voulais rien creuser de plus. Il ne présentait pas d’intérêt à mes yeux. Une sensation de déjà-vu trop gênante.
Basculant très légèrement ma tête sur le côté, je réfléchissais. Je songeais. Eliott passerait-il ici ? Etait-il venu auparavant ?
Mes mains restaient immobiles, intacts, l’une dans l’autre. Je ne disais rien. Que répondre. Tout allait bien autant que mal. Mon corps dépérissait mais mon esprit n’avait jamais été aussi foisonnant, vif. Jamais Andréa n’avait été si actif, et puis il y avait l’autre.

« Je n’ai pas réellement quitté mon labyrinthe ici non plus, Monsieur Goodman. »

Je m’humectais les lèvres, glissant mes doigts sur celle inférieure, y récupérant un mince cristal de sucre qui n’était pas encore tout à fait fondu pour l’engloutir sur mon doigt de ma langue.
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Sam 12 Sep 2015 - 17:04
Faire face à Monsieur Higgens était comme faire face à soi-même. La même tenue, la même raideur dans les épaules et les jambes, Monsieur Higgins semblait venir du même milieu que lui. Mais il ne faisait qu'y sembler, Gabriel savait très bien qu'ils n'avaient pas eu la même enfance. Mais ce n'était pas pour rien qu'en partant depuis les profondeurs de la plèbe, qu'Icare était parvenu à atteindre ce que la société avait de mieux. Dommage qu'il perdit tout pour une simple erreur. Gabriel n'allait pas revenir là-dessus, il n'avait qu'à se servir du sort de son patient comme avertissement. S'il se reprenait à tuer — ce qu'il compta faire prochainement, même si prochainement pouvait être n'importe quand, deux semaines ? Six mois ? — , i devait faire attention au moindre détail. Son esprit avait déjà élaboré une stratégie presque parfaite qu'il peaufinait dès qu'il en avait l'occasion. Son ancien employeur allait regretter de l'avoir touché, et renvoyé. Il se retrouvait écrasé par le poids de sa vilénie, et de sa perversité. Si Gabriel était un ange, il était celui de la vengeance.

« Je vais bien, j'essaye de m'adapter au mieux, avoua-t-il de sa voix caressante. »

Un bon échange, n'est-ce pas ? Icare lui dévoilait un secret, Gabriel en ferait de même. Avoir assez de recul pour reconnaître certaines chances était pour lui une qualité en tant que psychologue, un moyen de casser l'image du juge froid. Ça lui donnait un air un peu plus humain. Ça le rendait moins inaccessible. Et comment rendre Icare moins inaccessible et le sortir de ses pensées ? Le provoquer ? Non, c'était vulgaire ; Gabriel ne devait pas faire d'erreur aussi barbare. Même s'il adorait se servir des blessures des gens, de leurs tourments... chacun son petit plaisir.

« Votre labyrinthe ? »

Gabriel haussa les sourcils, presque étonné. Il lui fallut peu de temps pour raccrocher le symbolisme que le labyrinthe possédait pour Monsieur Higgins. Se considérait-il emprisonné ? Sans doute, oui, on lui avait arraché ses ailes, et enfermé dans ce lieu étroit. Mais qu'entendait-il par « ici non plus » ? Voilà ce qui rendait son patient plus intrigant. Il ne savait pas si Monsieur Higgins bougeait le moins possible pour se protéger de ses intrusions, ou bien parce qu'il... était comme vide. Dépouillé, fatigué, déraciné de ses repères. Cela ne devait pas être simple de faire face à un nouvel environnement aussi violent, et froid. Surtout lorsqu'on avait vécu dans un lieu confortable, à l'abri de toute crasse humaine.

« Considérez-vous la prison comme le labyrinthe ? »

Mais... Icare avait sous-entendu autre chose sur laquelle Gabriel n'arrivait pas à mettre vraiment de mots. Pensait-il qu'il était enfermé dans son propre corps ? Oppressé par une ombre invisible ? Le psychologue ébauchait des pistes qu'il n'empruntait pas encore. Pour le moment, Icare ne présentait que des possibilités.

« Et dans ce cas, qu'est-ce serait votre file d'Arianne ? »

Pour Icare, Gabriel savait qu'il n'y avait aucune rédemption possible. Il serait cloitré entre ces murs pour toujours, étouffé, perdu dans l'obscurité sans pouvoir atteindre son soleil. Si pour l'instant le soleil était l'image de sa liberté arrachée. Gabriel avait lu le dossier d'Eliott, mais il ne pouvait pas imaginer ce qui rattachait Andréa Higgins à son frère. Pour lui, son frère était un jeune parmi tant d'autres, ayant réagi trop impulsivement. Qu'était la véritable prison d'Andréa Higgins ?

Pensif, Gabriel caressait sa lèvre inférieure avec son pouce ; un geste qu'il arrêta aussitôt qu'il s'en rendit compte. Il s'était laissé un peu emporté, en montrant de l'intérêt, il devait se reprendre. Il ne pouvait pas présenter de chemin libérateur à Icare, son rôle était de savoir qui serait susceptible de recommencer à se jeter dans les vices une fois dehors. Comme en entreprise, il devait déterminer les éléments dangereux ou faibles. En tant que psychologue, il devait garder tout ce qui était dit dans ce petit cabinet de prison. Toutefois, le plus hypocrite — et ce qui l'agaçait d'ailleurs —, c'était qu'il devait rédiger des rapports sur ses patients. Résumer grossièrement ses entrevues. Rien ne l'empêchait de mentir, par ailleurs. Le milieu carcéral était paradoxal. C'était faire croire à des déchus que la porte du Paradis pouvait s'ouvrir, un tissu de mensonges qu'il devait nourrir en permanence. Son travail était complexe, parce qu'il devait faire face à des esprits complexes, mais aussi parce qu'il se contredisait. Comment respecter un patient, alors qu'il savait pertinemment qu'il devrait expliquer dans un foutu dossier ce qui avait été dit ? Gabriel chassa ces pensées de sa tête, il remua sur son fauteuil, mais il garda les jambes croisées. Tout dans sa tenue indiquait son rang, chose qu'il était impossible de cacher. Sans doute la seule.
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Jeu 17 Sep 2015 - 22:28
Un miroir. Un reflet si semblable. Trop ressemblant.

Tout aussi agréable que déplaisant.

Nous étions tous les deux de marbre, des statues ouvragées se faisant face, de la pierre de faux semblants, un burin d’apparence, un maître d’œuvre appliqué, doué d’un talent sans précédent. Des apparences parfaites. Une race à part.
Deux visages d’anges qui cachaient à eux seuls toute la perversion du monde, la folie de l’humanité. Cette lueur dans le regard, je la connaissais, elle était là, vibrante, cachée, discrète. Bientôt, elle consumerait ce qu’il restait de l’âme, pour qu’il ne reste que la vengeance, le mépris et la haine. Doucement, lentement. Monsieur Goodman basculerait. Il chavirait dans le même monde. Cet univers de détresse, de rancœur, d’hostilité.
Trop tard. Surement.

Comme lui.
Un reflet dérangeant.
Voilà comme je suis. Voilà ce que voit Eliott.
Mon interlocuteur répondait à ma question, à ma politesse. Je me fichais de sa réplique. Ça m’était égal. Inutile. Adaptation. Tout ce que j’en retenais. Un bruit de fond. Monocorde, caressant, exaspérant. Un ton milieux, agaçant. Je détestais cela.
Rien n’y paraissait. Je gardais mon faciès neutre, amer, mélancolique.
Le mieux à faire.
Ici.
C’était comme mon labyrinthe, celui que j’avais tant de fois essayé de quitter et que je ne parvenais pas abandonner. L’enfermement a son lot d’avantages : la sécurité, l’habitude, la monotonie. Vertus qui me correspondaient, qui m’étaient nécessaire.
Les méandres, les tourments, les voies sans issues, la solitude. Et puis finalement, la sortie, par la voie des airs pour retrouver le Soleil.

« Dédale avait mis son fils en garde : pas trop près de l’eau pour éviter l’humidité, pas trop près du soleil pour ne pas faire fondre la cire. Icare n’avait pas écouté. Précipité dans la mer, il mourut de sa chute, à trop vouloir s’approcher de la lumière, il avait été plongé dans les ténèbres éternelles. »
Murmurais-je dans un soupir pénible.

Pas trop près du Soleil. Je désirais pourtant ardemment m’en approcher. Qu’il me brûle, que sa chaleur me traverse, qu’il épanche ce froid insatiable et glacial qui engourdit mon âme, mes sens, mon cœur. Qu’il me précipite dans l’océan obscur, qu’il arrache mes ailes impétueuses, qu’il me garde jalousement pour lui. Qu’il admire ma chute.
Trop près du Soleil. Je m’écroulerai. Enfin. Je ne pourrai plus me relever.

« J’ai construit mon labyrinthe, moi-même, sans m’en apercevoir. Les fondations sont anciennes, lointaines, j’ai déposé chaque pierre. Je me suis cloisonné. J’ai construit ma plus belle œuvre. J’en suis si fier, même si je n’en vois plus la sortie. J’y suis bien…. » Continuai-je.

Y en avait-il une ?

L’absence de papa, les états d’âme de maman, l’abandon d’Eliott.
Les cloisons, impénétrables. La solitude, la tristesse. Le cœur serré, j’étais si seul. Eux, ils étaient là. Isolés, nous étions ensemble. Toujours.
Une échappatoire, des amis, des confidents. A jamais.

Il m’a quitté. Il est partit. Je suis resté. Je l’attends encore, je ne veux que lui.
Eliott revient moi. Le fil d’Ariane, ma destinée. Je ne l’oublierai pas. Je le suivrais. Guide-moi.
Un piège agréable, assis dans l’obscurité, les larmes n’ont cessés de couler. Pourquoi ne me revenait-il pas ?
Ce fil, il l’avait coupé. J’avais du retrouver mon chemin seul, il demeurait devant moi, marchant sans se retourner, il en vient tant d’autres, il m’a oublié, il s’en est allé. Mais là, je l’ai enfin retrouvé.

Penchant la tête, je sens mon cœur se serrer de nouveau, mais un sourire s’étire sur mes lèvres jusqu’alors serrées. Des questions inutiles. Psychologue incompétent.


« Quelle question Monsieur Goodman. Vous n’avez pas bien lu. Je suis pour lui, pour mon frère. Eliott…. Il est là lui aussi. Tout prêt. Il est ici…. Eliott. J’ai tout fait pour le rejoindre, nous ne devions pas être séparés, jamais. Pour toujours, ensemble. »
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Ven 18 Sep 2015 - 0:30
Oui... bon... Gabriel la connaissait, cette histoire ; il avait eu le loisir de l'étudier en littérature, et plus tard à l'université. Les mythes renfermaient des mises en garde, des esquisses d'esprits, dont il s'était abreuvé. Oedipe en était un bel exemple, puisque c'était sur cela que Freud avait construit une partie de son travail. Gabriel ramenait souvent ses camarades masculins à l'histoire d'Oedipe, ou d'Oreste. Les mythes se ressemblaient sur pas mal de sujets, l'infanticide, le parricide, l'inceste, étaient des fruits fort savoureux. Bien des histoires retraçaient la haine, ou le malaise des garçons face à leurs mères.

Oedipe coucha avec la sienne, puis en l'apprenant, il se creva les yeux. Il préféra l'exil plutôt que le courage d'affronter sa faute. Par vengeance, Oreste tua sa propre mère, et son amant, afin de venger son père de leurs trahisons. Les Furies l'avaient pourchassée ensuite, jusqu'à l'intervention d'Apollon. L'homme paraissait être la victime constante des femmes. Elles étaient à l'origine de leurs douleurs, et de leurs craintes. Un monde de femme, c'était un monde de castratrice. Pendant qu'Icare répétait cette légende, comme s'il avait le besoin de la raconter, comme s'il devait devenir le personnage, Gabriel le fixait. Un code posé sur le bras du fauteuil, il soutenait sa tête blonde avec son poing. L'air indifférent, mais capable de ressentir une espèce d'animosité. Icare était censé avoir deux personnalités distinctes, il cherchait celle du meurtrier. Celle de l'homme normal n'avait aucun intérêt pour lui.

Dédale incarnait — pour beaucoup — une sorte de Prométhée, apportant aux hommes la technique. Et c'était cette technique qui avait déclenché l'hybris d'Icare, le savoir du père avait condamné son fils. Évidemment, Gabriel avait conscience que toute la personnalité de Monsieur Higgins s'était construit à ce mythe, tout le raccrochait à cet Icare de la légende. Cela avait dû se passer durant l'enfance, l'imagination jouait un grand rôle, mais le conteur bien plus. C'était le conteur de la légende d'Icare qui avait créé ce qu'il avait devant les yeux. Son patient jouait les forts, les impassibles ; montrer des émotions, c'était une preuve de faiblesse. Gabriel n'était pas empathique, mais il pouvait le voir. Il se demandait si à force de séances, il pourrait déclencher une personnalité plutôt qu'une autre. Apprendre, savoir les bons boutons sur lesquels appuyer, et voir apparaître celui qu'il voulait voir.

Malgré tout, Icare se confiait, peu à peu. Il dévoila sa plus grande faiblesse, le cauchemar : Eliott Higgins. Gabriel retint un sourire, il souffla du nez, et il se redressa. Ne pas montrer un signe de victoire. Jamais.


« Disons que je préfère l'entendre de votre bouche. Je ne crois pas tout ce qui est dit dans les rapports. J'aime faire mon propre avis. »

Au moins, sur ce point, Gabriel était franc. Il se demandait ce que donnerait une confrontation entre les deux frères, comment Icare réagirait. Il avait l'air d'être totalement à la merci de son amour pour Eliott, son « soleil », son « fil d'Ariane ». D'ailleurs, à propos de cette branche du mythe...

« Savez-vous ce qui est arrivé à Ariane après cela ? Thésée l'a emporté avec lui. »

Un moyen comme un autre de voir si Icare imaginait qu'on lui ait volé Eliott. Cela pouvait être n'importe qui : un homme, une femme, une passion. Gabriel s'interrogeait de plus en plus : Icare aimait-il réellement Eliott ? Ou celui-ci était simplement une obsession ? Un moyen comme un autre de rester accroché à la réalité, comme un vers au bout de l'hameçon, fuyant pour ne pas se faire dévorer.

« Thésée lui avait promis qu'il l'épouserait, si elle usait de son fil. Elle paya cher sa trahison envers son peuple. Thésée l'emporta, certes, mais il l'abandonna sur une île, et préféra sa soeur. »

La justice karmique selon les Grecs. De plus, un avertissement pour les femmes : il ne faut pas faire confiance aux jolis garçons.

« Mais vous... »

Reprit Gabriel de sa voix caressante, il planta ses coudes sur ses genoux. Les doigts reliés entre eux, il jouait avec ses index, les caressant, effleurant ses lèvres. Son attitude pensive, observatrice.

« Vous vous accrochez à votre frère, votre univers est bâti autour de lui. »

Icare le savait sans doute, Gabriel ne lui apprenait rien.

« Et si jamais... il décidait de rompre le fil vous reliant, et de vous abandonner dans votre labyrinthe, irez-vous vous fabriquer des ailes de cires, afin de le rejoindre ? Au risque de vous brûler ? Ou de le brûler, lui ? »

Bah... Icare restait une saleté d'homosexuel incestueux après tout. De quoi le faire frémir de dégoût. Gabriel employait les métaphores, un langage très imagé ; il avait compris que c'était ainsi qu'Icare fonctionnait, il appréciait la poésie, en quelque sorte. Il ne faisait qu'avancer ses arguments sur le même terrain que lui. Avait-il conscience que son amour finirait par tuer son frère ? C'était ce qu'il lui avait posé comme question.
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Lun 28 Sep 2015 - 16:33

Mythologie, mythes et réalité.

Les légendes étaient pour la plupart fondatrices de civilisations, de religions et d’hommes. Elles construisent les soubassements du passé, élaborent les évolutions actuelles et forgent déjà les créations de demain. Pour moi, la fable d’Icare restait un élément essentiel de ma personne. Une sorte de pilier inébranlable, savamment construit, qui me tenait encore, qui supportait le dur point des responsabilités, des fautes et  des maux. Sans cela, je n’aurai pas pu me lever, je n’aurai pas pu survivre. Je me serais effondré comme un château de cartes perdant son équilibre, je me serais perdu dans mes propres méandres, je me serais détruit.
Néanmoins, la base restait fragile ainsi érigée sur l’ignorance et le déni. Depuis ma tendre enfance, j’aimais m’imaginer tel ce Dédale majestueux, grand esprit et père aimant, je me voyais comme lui dans quelques années. Capable de protéger mon frère, d’accomplir mes desseins, de préserver mon ambition.

Nous éloigner tous les deux de l’Enfer, des quartiers mal famés où les crics et les sirènes de police remplaçaient le chant des oiseaux et les tondeuses à gazon du dimanche. Nous étions piégés, dans un labyrinthe. Que je connaissais. Comme ma poche. Je l’avais tant traversé, sans jamais trouver la sortie. Je m’étais toujours demander s’il en existait une.
Alors, je l’avais créé moi-même. Je ne serais plus ce Dédale impuissant et spectateur. Je serais l’acteur de ma délivrance et celle de mon frère, je voulais nous conduire plus haut, plus loin, vers un ailleurs clément. Nous aurions quittés les chimères agressives, les coups des monstres, nous aurions oubliés notre père absent. Nous nous suffisions l’un l’autre.

C’est ce que je croyais.
Eliott était parti, avant que je n’ai pu le conduire dans mon Paradis idyllique,  dans mon Purgatoire salvateur,  à l’abri du besoin, de la souffrance, dans la chaleur de mes bras. Il n’en avait pas voulu, j’ai gardé mes doléances pour moi. Je l’ai juste…regardé, contemplé tandis qu’il me quittait un peu plus chaque jour.

Ce psychologue ne comprenait rien. Je n’ai besoin d’aucun fil, d’aucun artifice,d’aucune ruse pour parvenir à mes fins. Mon destin est tout tracé, je retrouverai celui que j’aime. Mon soleil. La brûlure, la douleur. Les ailes de cires, tout ceci était déjà calculé, prévu. Ca n’était que de petites étapes à franchir avant nos retrouvailles.
Les souffrances, nous les avions déjà subis, la séparation ayant été la plus difficile à supporter. Mais c’était terminé maintenant. Je suis ici à présent.

« Vous ne comprenez rien Docteur. »

Glissant mes doigts autour de la tasse de porcelaine, je souriais un peu, amusé par le discours de mon vis-à-vis. Les médecins étaient si sûrs de tout savoir, tout connaître. L’esprit humain était bien plus complexe qu’ils le pensaient. Le mien l’était peut-être dix fois plus. Et ca m’allait.
Au moins, j’avais le droit à un Earl Grey, sucré, quelle délicieuse récompense. Je lui dirais ce qu’il veut entendre si tel est son désir. Mais rien n’y changerait.

« Je suis ici, car j’ai commis des crimes, je suis enfermé loin d’une société qui a peur et qui se console en punissant les faibles pécheurs. Je suis détenu parce que j’ai fait le mal. Mon frère a aussi fait le mal, comme notre père avant une sordide histoire de génération je suppose. »

Levant mon regard Mélancolique et transperçant sur mon vis-à-vis, je reposais ma tasse, réajustant calmement mes manches et mes cheveux, malgré les chaînes qui entravaient quelque peu mes mains. Ma Rolex me manquait, l’argent restait toujours plus agréable à porter que l’acier, même inoxydable.


« Pensez. Ecrivez. Tout ce que vous voulez. Je m’en fiche. L’isolement ? La mort ? Qu’importe. Toutes les plus belles et tragiques histoires ne seraient rien sans Elle…. »
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Lun 28 Sep 2015 - 18:38
Évidemment qu'il ne comprenait rien. Icare se considérait sans doute incompris par ce monde. Gabriel nota qu'Icare ne répondit pas à sa question, une manière de nier qu'il était responsable de la chute de son frère ? Gabriel lui lança un regard blasé, déçu. Il ne bougeait pas plus que son vis-à-vis, ses doigts restaient collés sur la tasse de café, dont l'odeur s'élevait toujours vers lui. Icare mouva alors, imperceptiblement, comme si brusquement, il avait la soudaine envie de retrouver ses costumes. L'habit de l'aliénation n'était pas supportable pour tous. Pour un homme de son envergure, se retrouver en bas de l'échelle. La suite, le jeune homme s'y était attendu. Encore un, se sentant victime d'un monde cruel ; lui « faible pêcheur », ça le faisait rire intérieurement. Gabriel se retint de lever au ciel. Il s'interrogeait à quel point, la perception du bien et du mal d'Icare était biasé par ses sentiments pour Eliott Higgins. Il avait préféré nier sa question, invoquer leurs crimes comme excuses, plutôt que de l'affronter. Si Eliott mourait, allait-il le nier autant ? Gabriel lui donna un regard froid, il ne souriait plus. Il pouvait écrire tout ce qu'il voulait ? Très bien.

« Vous pensez en être arrivé à cause de la génétique ? Amusant. »

Oh... il connaissait un bon nombre de théories de ce genre. Comme si le « mal » pouvait se transmettre de génération en génération, un venin s'enracinant dans les veines des héritiers. Quelle plaisanterie. Si pour Gabriel le mal pouvait être inné, il n'habitait pas Icare. Sans doute ce dernier se voilait la face derrière cette excuse. Qu'est-ce qui avait poussé ses motivations ? Le milieu médiocre dans lequel il avait évolué, la violence partout autour de lui, les coups de feu tambourinant dans ses oreilles. Pauvre créature. Vraiment ! Quelle faiblesse. Gabriel lécha sa lèvre inférieure.

« C'est parce que vous étiez persuadé faire le mal que vous vous êtes laissé attraper. »

Ou parce qu'il voulait retrouver son frère ? Ne se rendait-il pas compte de l'erreur qu'il faisait ? Il allait détruire la seule personne ayant de l'importance dans son existence. À moins que Gabriel décide d'intervenir, au lieu de rester en tant que juge, neutre et observateur. Il nota cette idée dans un coin de sa tête. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas goûté au chaos. Il fixa Icare, froid, un masque de glace. Il semblait soudain sérieux.

« Ou bien parce que vous vouliez terminer quelque chose ici. Dites-moi, Monsieur Higgins, que craignez-vous tant pour ne pas me répondre ? »

Sa voix s'élevait pas plus haut qu'un murmure, et pourtant, elle était audible. Un ton net, non plus caressant et doux, une lame tranchante. Il voulait creuser ce que Icare s'époumonait à cacher. S'il n'avait pas cela par le verve, il l'aurait d'autres manières. En psychologie, il existait un tas de méthode pour sonder l'esprit d'un homme sans ouvrir la bouche. Gabriel n'avait qu'à choisir.

« Si je ne comprends rien, expliquez-moi. Expliquez-moi tous ces meurtres, l'importance de votre père dans ce “mal” que votre frère et vous-même incarnez. »

Gabriel se retint d'ajouter d'arrêter sa dramatisation. Eh ! Quoi ? Sa vie n'avait pas été parfaite ? Il s'était raccroché à son frère pour ne pas sombrer pendant tout ce temps, et il sous-entendait qu'il ne comprenait rien ? Gabriel avait envie de pouffer rien qu'à cette idée. Il posa sa tasse, il croisa les jambes encore, ses deux mains se lièrent. Il fixait Icare, droit dans les yeux. Son air blasé lui révélerait quelque chose. Il devait simplement bousculer son patient. Sans le quitter du regard, Gabriel fit, avec nonchalance :

« Vous voulez mon avis ? Vous finirez par tuer votre frère, si ce n'est pas déjà fait. Pensez-vous que vos sentiments sont partagés ? »

À quel point Icare se leurrait-il ? À quel point avait-il réécrit son histoire à travers le mythe d'Icare ? Gabriel savait déjà ce qu'il écrirait dans son rapport, et ce qu'il n'avait pas vu chez les psychologues de comptoir qui s'étaient chargés de l'enquête. Icare se prenait pour un personnage de tragédie grecque, il en avait le vers, et les tourments. Le syndrome d'omnipotence dont il n'avait pas fait le deuil enfant. Pour quoi et qui se prenait-il la prochaine fois ? Gabriel se le demandait.

« Et faites fi de vos réponses en monosyllabes. »

Cette fois-ci, ce n'était pas une proposition, mais un ordre. Si Icare acceptait que Gabriel écrive ce que bon lui semblait, il le ferait volontiers. Après tout, mentir faisait partie intégrante de sa vie. Tout bon psychologue était bon menteur. Un moyen de ne pas s'impliquer.
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Mar 6 Oct 2015 - 16:45
Une comédie. Une farce.

C’était si agréable de voir le visage de Monsieur Goodman se déconfire, il arborait une mine déçue, blasée, une attitude un peu malsaine. Il n’avait pas eu ce qu’il voulait et c’était exactement ce que moi je désirais. S’il me croyait, alors je passerai pour un cas inintéressant, inexploitable parmi tant d’autres, un numéro, un dossier, un nom sur une cellule, plus qu’un vague souvenir dans toutes ses consultations. S’il ne me croyait pas alors il essayerait de creuser d’avantages, de chercher ce qu’il attendait désespérément. La vérité ou un mensonge qui l’arrangerait.

J’étais habitué au mensonge. Il se fondait en moi, comme une seconde peau, un costume qui dissimulait les pires secrets, un masque qui cachait les émotions, une armure impossible à briser.
C’était une facétie, une plaisanterie qui me tenait hors de la portée du monde, loin des dangers, des peurs et des douleurs. Pourtant, je m’étais perdu à force de vouloir me retrouver, me construire. Je n’avais pas bâti une demeure douce et accueillante où j’aurai pu accueillir mon frère et m’occuper de lui, j’avais établi un labyrinthe où moi-même je m’étais perdu.
Eliott n’était pas mon fil d’Arianne.
Eliott n’était pas la créature qui me gardait prisonnier.
Eliott était la sortie, le secours, le soleil ardent qui me permettait de continuer, d’avancer.

Les embûches, les pièges, les détours, les culs-de-sac, rien ne me résistait tant que je le voyais. Cet astre immortel.
J’étais ici pour ne pas le perdre de vue, pour garder au creux de mon cœur, l’espoir de l’admirer. Encore. Ne serait-ce que quelques instants de plus. L’espace d’un murmure ou pour l’éternité infinie. Qu’importe.

« Je pense que le mal est inné chez certaines personnes, nous avons tous une part de méchanceté et de violence en nous, nous la cachons, nous la rejetons ou bien nous essayons de l’apprivoiser. De vivre avec elle. Cette créature infâme devient notre alliée. Une arme.  Je suis sûr que vous savez de quoi je parle. »

Oui, c’était une affirmation.
Si Gabriel s’était retrouvé ici en tant que psychologue c’est qu’il avait dû faire quelque chose de mal ou peut-être s’apprêtait-il à le faire ? Qui sait, même sous les traits d’un ange à la beauté enchanteresse pouvait se cacher la plus vile des espèces… J’en savais quelque chose.
En tout cas, la violence devait être une partie de sa vie, pas forcément la sienne, mais surement celles des autres. Ceux qu’il côtoyait, des aliénés comme lui.
Avait-il lui aussi fini par enchainer sa propre colère, provoquer par les fautes des autres ou bien par les siennes ?
Qu’importe.

« Sachez que je ne crains rien. Ni personne. Je n’ai pas envie de répondre à vos questions, ni celle de me confier à une psychologue, encore moins à vous.  Vous n’êtes pas apte à comprendre. Analysez les autres, en déduire des théories à vérifier. Voilà tout ce qui vous intéresse ? Vous voulez aider les autres ou bien les enfoncer d’avantages ? Prouvez à vous-même que vous êtes supérieur ? Depuis le début de la séance, je sens votre suffisance nauséabonde d’ici. »


Malgré mes mots quelques peu abruptes et cinglants, je gardais ma posture habituelle, j’étais calme, complètement serein. Il ne m’aurait pas.
Le mélodrame était terminé, il était temps de jouer à autre chose. Je ne voulais pas m’éterniser ici. J’avais l’impression de perdre mon temps. Un temps précieux même enfermé dans les quatre murs d’une prison.

« Vous avez lu le dossier :
Sarah Richards, Elena Edward, Alice Payent, Sharon Petterson, Fanny Olygan, Bella Sulivan, Elizabeth Higgins, la dernière d’entre elle était celle que je connaissais le mieux. Je les ai toutes tués dans un excès de rage, un élan de schizophrénie. Je ne me souviens pas d’elles outre mesure, elles avaient toutes de très jolis yeux et de magnifiques cheveux. Je n’ai rien à ajouter. »


Pour avoir plus d’informations là-dessus ce n’est pas moi qu’il devait questionner. Moi, je me fichais totalement de leurs sorts, de la peine de leurs familles, des vies qu’elles auraient pu mener. Ce que je voulais c’était retrouver Eliott rien d’autre. Il avait fait ce qui était nécessaire. J’avais juste joué de la situation.

Son avis.
Je m’en fichais. Cette séance me fatiguait. Ca me lassait. Pourquoi posait-il autant de questions. Eliott… La mort. Ca sonnait si faux dans la même phrase.

Sa posture changea. De la droiture sans failles, il passa à la nonchalance, il s’affala dans le fauteuil, posant la tasse de thé avec un certain dégout. Trop sucré. Icare avait vraiment des gouts de chiottes… Il décroisa les jambes, les écartant à outrance, croisant les bras malgré ses foutues chaines.
Monsieur Goodman était agaçant, il commençait à lui taper sur le système, mais sur ce point-là il avait raison, et ca l’arrangeait d’entendre cela.
Ca lui faisait du bien.
Eliott mort, agonisant, se vidant de son sang, soufflant son dernier souhait dans sa gorge qu’il se ferait une joie de broyer, de trancher. Que cette mélodie serait douce. Les suppliques, le dernier élan de vie. Ca avait toujours été son moment préféré quand il les avait tuées.

« J’en ai rien à foutre Monsieur Goodman, ce que je veux c’est qu’Eliott Higgins meurt.  
Vous auriez une cigarette ?
»

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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Ven 9 Oct 2015 - 16:50
« Oh... nous partageons cette même suffisance, Monsieur Higgins. »

Répondit Gabriel toujours de ce ton poli, et de ce sourire doux. Ce que Icare pouvait penser de lui l'indifférait totalement, de même que s'il refusait tout travail, il n'irait pas le forcer. Lorsque le jeune homme ne voyait plus d'intérêt chez une personne, ou dans une situation, il le ou la classait dans un dossier qu'il rangeait au fin fond d'un tiroir. Icare ne faisait que le provoquer, c'était assez classique. Ce genre de personnalité refusait de se remettre en question, et refusait de l'entendre. Parce qu'il savait reconnaître les faiblesses des autres, les exploiter, ou les comprendre. Icare ne voulait pas se laisser faire, sans doute par crainte de se faire « dominer », ou d'admettre qu'il avait raison. Très bien, c'était son problème. Gabriel ajouta :

« Comme vous voulez, de toute façon, mon rôle n'est pas de vous guérir. Il est d'assurer votre bonne conduite ici, même si je pense que vous ne feriez pas de réels écarts. À moins que votre frère n'intervienne. »

Icare lui récita les noms des victimes, il ajouta même qu'elles avaient eu de jolis yeux, Gabriel haussa les épaules. Il était courant qu'un meurtrier recherche souvent le même profil, ce qui le surprenait — plus trop maintenant d'ailleurs — c'était qu'il n'y avait pas eu de traces de viols *, une homosexualité latente ? La plupart du temps, ce genre de meurtres se soldaient par un viol — avant ou après, cela dépendait des goûts de chacun —, l'impression de domination, l'excitation liée aux cris de la victime. Ces trusts de mauvais goût de mecs frustrés. Gabriel n'ajouta rien, il observa simplement le changement. L'autre personnalité survenait, Icare n'était plus aussi rigide — voir frigide —, et il prenait une pause détendue. Comme un acteur changeant de masque dans une pièce antique, le jeune homme ne marqua aucun étonnement. L'air neutre. Toujours. De toute façon, il ressentait rarement de réelle d'animosité ou d'affection pour autrui. Ce détachement lui permettait de garder la tête froide, et de ne pas se sentir impliqué parmi tous ces tarés. À la remarque d'Icare — devenu Andréa —, il fit avec détachement :

« Eh bien, qu'est-ce qu'y vous en empêche ? Icare ? »

Probablement. Amusant. L'un tenait au frère plus que tout au monde, employait des paroles dignes d'une pièce de théâtre, incarnant l'Icare de la légende, tandis que l'autre prenait une attitude désinvolte. Icare était sans doute plus lâche qu'Andréa. Ils n'avaient pas la même manière de s'exprimer. Gabriel n'ajouta rien de plus, si Andréa ou Icare — car ils semblaient partager le même avis sur ce point-ci — considéraient n'avoir rien à faire ici, Gabriel ne donnerait pas plus d'importance à la conversation. Il reprit une gorgée de café, ses yeux s'étaient détachés d'Andréa, il regarda sa montre. L'heure n'avait pas avancé si vite, il avait encore le temps de le faire patienter. Il griffonna sur son calepin, Gabriel avait pris l'habitude de dessiner ce qu'il voyait dans ses moments d'ennuis en classe. Alors il esquissa la silhouette d'Andréa, le décor dans lequel il était planté. Du dessin purement académique, froid, respectant toutes les règles ; comme lui. Il continua de tracer les lignes, indifférent à la présence d'Andréa.

C'était sa mère qui avait tenu à ce que Gabriel apprenne à dessiner, parce que cela « lui allait bien ». En quoi ? Parce qu'avoir un pseudo-artiste dans la famille faisait bon genre ? Il continuait de dessin Andréa de mémoire, et celle-ci était presque infaillible. Gabriel n'imposait jamais ses idées, il écoutait toujours les autres, mais cela ne signifiait pas qu'il prenait leurs avis en compte. Son profil se dessinait dans la lumière ambiante, Andréa n'était devenu qu'un sujet, une vague silhouette dans son horizon. Il devait une demi-heure à l'entretien, mais il avait décidé de ne plus reprendre la parole. Lui, il ne passerait pas le restant de ses jours enfermés dans une cellule, à mépriser les autres pour ses propres faiblesses, ou à se torturer. La douleur se transformait vite en colère chez lui, et cette colère disparaissait très vite. Se maîtriser en permanence, jouer un rôle, c'était simple. Il ne le faisait pas par plaisir de tromper les autres, mais parce qu'on lui avait appris à se conduire en société. Et cela signifiait se montrer souriant et attentionné en permanence, à ne jamais élever la voix sur les autres. Et même si celle-ci n'était souvent qu'un murmure, Gabriel se faisait entendre. Et cette vie lui suffisait.



* Sinon, mea culpa, mais je n'ai pas ce souvenir.
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Jeu 15 Oct 2015 - 14:54
Les menottes, les chaines, le métal.

Bon sang, il détestait ça. Icare avait vraiment mal joué sur ce coup-là. Les avoir tous conduit ici, les avoir tous enfermé dans cette espèce de cage trop petite pour tous les contenir. C’était encore pire que d’être dans sa tête. Piégé, muselé. Il était hypocrite, trop égoïste, la cohabitation était devenue difficile, insupportable.
Il fallait un leader, quelqu’un qui maîtrise les autres, qui les domine, qui les soumette. Et ce serait lui. C’était son plus grand désir : enfin prendre le contrôle, le pouvoir. Laisser les autres dépérir, les voir disparaître, détruire les dernières traces.

Bientôt, il serait le maître à bord, et à défaut de connaître la liberté, il pourrait au moins jouir des dernières années qui lui restaient ici. Il finirait bien par y arriver. Il avait déjà gagné du terrain ces derniers temps.
Jusqu’alors, Icare avait fait appel à lui dans les cas de crises, de troubles, quand il ne savait pas quoi faire. Quand la colère était trop grande, la pression trop forte. Andréa avait alors arrangé les choses, il avait pris les décisions. Fait ce qui était nécessaire.
Mais depuis, les choses semblaient changer, évoluer, et à son avantage.
Son hôte était perdu, insatiable, il désirait tant revoir Eliott, être près de lui, qu’il en oubliait le reste : la maîtrise et sa propre sécurité.

Progressivement, Andréa était de plus en plus présent, plus taquin, joueur que jamais. Plus dangereux aussi.
Gabriel Goodman, ce fils de riche difficilement supportable qui lui servait de psychologue lui hérissait le poil, il ne l’aimait pas non plus. Il ressemblait à Icare, avec son comportement, ses habitudes, et ce visage de poupée de porcelaine…C’est ce qu’il haïssait le plus…. Cette porcelaine, il voulait la briser, la fracasser au sol, jusqu’à ce qu’elle redevienne poussière.
En tout cas, il avait bien appris sa leçon. Il n’était pas là pour lui prodiguer le moindre soin, ni l’aider, il devait simplement veiller à ce qu’il ne fasse rien de mal, qu’il se tienne à carreaux, qu’il s’acclimate à son nouvel environnement sans faire de vague, sans provoquer, sans tuer.

Lui, éliminer les pauvres petits détenus et autres aliénés présents ici ? Non. Ils ne méritaient rien de tout cela, aucune faveur, ils étaient d’un ennui…d’une banalité presque affligeante. Ca ne l’intéressait pas. S’attaquer à des personnes déjà condamnées… C’était ridicule.
La seule personne qu’il voulait voir disparaître c’était Eliott. Qu’est-ce qu’il l’en empêchait ?

C’était une bonne question. Et il est vrai que c’était son frein principal.
Icare était encore trop présent, trop puissant quand il s’agissait de son frère pour espérer quoique ce soit. Il devait encore attendre l’occasion, qui s’annoncerait surement bientôt.
La patience n’était pas une de ses vertus…Mais il parviendrait à ses fins.


« Oh… Ce qui m’en empêche… ? »
répéta t’il.

Un petit sourire distrait se dessina sur ses lèvres, il n’avait pas eu droit à sa cigarette, il s’en doutait un peu, pourtant, il mourrait d’envie d’une bouffée de nicotine…C’est ce qui lui donnait un peu de force… mais rien ne valait la souffrance d’Icare.
Là, il le piétinait, il l’écrasait sous son poids, il s’imposait… Et c’était ce qu’il y avait de meilleur.
Le silence…Un lourd silence…

Le psychologue dessinait.
Il n’avait rien à lui dire ?
Lui qui l’avait provoqué depuis le début de la séance ne voulait pas lui parler… Il avait pourtant tout fait pour appeler Andréa, néanmoins, ce final pathétique lui faisait penser le contraire.
Alors il attendit. Longtemps.
La pendule indiquait encore une demi-heure de séance.

« Si vous comptez jouer à la carpe frustré le reste de la séance, je peux peut-être regagner ma cellule ? Je ne vois pas l’intérêt de rester là… Je perds mon temps. Et je m’ennuie affreusement. »
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Ven 16 Oct 2015 - 19:49
« La carpe frustrée ? Vous permettez que je vous emprunte cette expression ? »

Fit Gabriel dans un sourire à la fois amusé, et poli. Sincèrement amusé ; cela arrivait parfois qu'il le soit. Carpe frustrée... il pourrait la ressortir, celle-là ! Monsieur Higgins s'ennuyait-il à ce point ? Ou bien était-il agacé qu'il n’ignore sa grand et superbe personne ? Le jeune homme sentait que ce n'était plus Icare ; un brusque changement de comportement, suivi d'un essai pour le déstabiliser. Mais on ne faisait pas flancher Gabriel aussi facilement. Il ne semblait pas avoir de faiblesse. Il était trop froid pour se sentir personnellement attaqué par Andrea. Il jugeait qu'il n'avait rien à se reprocher, et puis, son sourire, sa politesse, ce n'était qu'un moyen comme un autre de ne pas s'impliquer dans les relations humaines. Le plus paradoxal dans son métier : analyser, comprendre les autres, et les soulager, sans se faire dévorer par leurs propres angoisses. Au final, son égoïsme lui permettait de survivre face à toutes ces histoires dérangeantes. Pensif, Gabriel continuait d'esquisser Andrea, notant toutes les expressions de celui-ci. Andrea parlait moins bien qu'Icare, son langage n'était pas aussi illustré. Pourtant, il laissait plus facilement paraître ses émotions ; il montrait son ennui, son agacement. Une attitude de petit prince.

« Vous ne jouez simplement pas le jeu, Monsieur Higgins, à moins que vous craigniez que je lise trop en vous ? »

Gabriel releva son regard bleu sur son patient. Un visage blanc et neutre, toujours. Ne jamais indiquer ce qu'il pouvait ressentir ; s'il était capable d'avoir des sentiments. Cette manière qu'avait cet homme de ne jamais répondre à ses questions, se contentant de les répéter, d'y réfléchir, sans jamais dévoiler de réponse... l'intriguait. Andrea ou Icare devait considérer n'avoir pas besoin de son « aide ». C'était courant, ce genre de personnes. Il devait se méfier de lui aussi, d'ailleurs. Et cela... Gabriel ne pouvait rien y faire ; si Monsieur Higgins n'y mettait pas du sien, il n'allait pas le forcer. Hors de question de perdre son énergie pour quelque chose qu'il savait perdu. Andrea — ou Icare — devait simplement prendre conscience que Gabriel pouvait améliorer son sort, ou au contraire l'empirer. Gabriel remarqua que depuis l'intervention de la « seconde » personnalité, son patient ne touchait plus à son thé. Tout noter, tout observer ; son cerveau était un ordinateur.

Finalement, le jeune homme se leva, les mains derrière le dos, il alla observer le paysage dehors. Parfois, il avait besoin de se dégourdir un peu les jambes. Il examina le temps, le soleil brillait dans le ciel bleu ; cela donnait presque un cadre chaleureux à son bureau. Il était enfermé avec un monstre, était-il censé avoir peur ? Il ne savait pas ce que c'était, la peur. Enfin, il pivota sur le côté ; il avait laissé ses notes sur son fauteuil. À nouveau, Gabriel étudiait le visage d'Andrea, rien n'indiquait ce qu'il pouvait penser.

« Je me posais une question... sur tous ces meurtres de femmes. »

Avoua-t-il. Évidemment, Gabriel connaissait presque par coeur tous les rapports d'enquêtes qu'on lui avait remis, mais cela ne lui permettait pas d'établir un véritable jugement. Souvent, il y avait une petite trace de subjectivité, influencée par l'humeur, la fatigue ; l'être humain était faillible. Sa silhouette masquait la lumière du soleil, Gabriel fit en souriant :

« En réalité, je me demandais si vous aimiez les femmes, Monsieur Higgins. Et je ne parle pas que de votre sexualité. »

Si Icare était obsédé par son frère, pourquoi Andrea voulait s'en débarrasser ? Lequel des deux était le véritable meurtrier de toutes ces jeunes femmes ? Malgré tout, malgré ses efforts pour l'éloigner de ses secrets, Andrea lui en révélait des fragments. En quelque sorte, son cas fascinait Gabriel. Deux personnalités en conflits, se battant pour l'amour et la mort d'une seule personne : Eliott Higgins. À quel point le petit frère avait déréglé l'esprit du plus âgé ? À moins que cela était une prédisposition naturelle. Ce n'était pas si « inhabituel ». Gabriel se dirigea vers sa tasse de café, il en huma l'odeur ; il avait un peu refroidi, mais il restait fort. Il s'appuya contre son dos, restant debout, les deux mains posées sur la tasse. La seule fois où il ferma les yeux, ce fut pour s'en abreuver.

« De toute façon, même si je vous ennuie, vous êtes obligé de rester une heure ici. Alors... autant la rendre la plus agréable possible, non ? »

Lui... il ne risquait pas de s'ennuyer ; les silences en dévoilaient autant que les discussions. De toute façon, il aurait toujours le même chiffre indiqué sur son salaire, qu'Andrea veuille lui parler ou non. Brusquement, le psychologue demanda, la question étant survenue dans son esprit :

« Vous êtes joueur, Monsieur Higgins ? »
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Lun 19 Oct 2015 - 16:50

L'odeur sucré du thé était infecte... Encore trop près de lui.

Croisant les doigts, plissant le regard, Andréa se questionnait. Est-ce que Gabriel se payait sa tête ou était-il réellement sincère dans son amusement ? Il était si facile pour un psychologue de sa trempe et de son tempérament de simuler. Au fond, patient et docteur n’étaient pas si différent l’un de l’autre. Les vices étaient divergents mais leur finalité était surement la même. Ca n’était pas bien compliqué de déceler une certaine capacité chez Monsieur Goodman, mais aussi une forme de Mal. A trop vouloir se cacher derrière les masques et les illusions, on fait certaines choses, que l’on vient à regretter ou non. On prend certaines décisions, on force le destin et la tragédie des autres.  

Meurtre, viol, vol, délit n’étaient que des dérives, des actes réfléchis et improvisés. Il suffisait d’avoir un minimum d’intelligence, d’assurance et parfois un peu de chance pour passer à travers les mailles serrées de la justice, on échappe au Bien. A la punition et à la rédemption.
Face au psychologue, Andréa retrouvait la porcelaine trop blanche et nette qui composait le visage d’Icare, celui qui se reflétait dans le miroir. Il se voyait lui. Au final. Il admirait ce qu’il cherchait à ne plus constater.
C’était à la fois amusant, et déplaisant. Gênant. Cependant, comme toujours, rien ne transparaissait sur les sentiments de l’homme, tout était soigneusement dissimuler derrière des traits durement froncés entre le rire et l’agacement. La suffisance et la colère.

« Quoique, je me demande si le surnom de Barbie ne vous serait pas plus approprié. Impeccablement apprêté, avec un sourire bienfaisant dessiner sur le visage. Je pensais à de la porcelaine…mais au final, vous êtes insipide, inintéressant comme un morceau de plastique fabriqué à la chaîne. »

Haussant simplement les épaules, déliant ses mains, le détenu Higgins toisa du regard son vis-à-vis. Il ne présentait pas vraiment d’intérêt, il voulait jouer avec lui, découvrir ce qu’il cachait, la vérité. La sympathie, la domination ? Il ne savait pas vraiment quelles cartes le psychologue avait en mains, et néanmoins, il gardait sa méfiance et sa colère. Il n’aurait jamais dû être ici, jamais il n’aurait croisé la route de ce docteur, jamais il n’aurait revu Eliott…. Pourquoi Icare avait-il tout gâché ? Qu’est ce qu’il lui avait pris au juste ?
Soudain il comprit, une vive lueur brilla dans ses yeux, et un léger sourire se délia sur ses lèvres. Peut-être qu’Icare n’était pas le fautif. Peut-être que quelqu’un d’autre les avait dénoncé…. Connaissant son hôte, il aurait trouvé une autre solution, il aurait fait sortir son frère d’ici, il avait l’argent, la renommée, il avait tout.
Ca n’était pas logique. Pas pour Andréa en tout cas.
Une soudaine envie de payer pour les fautes ? Une rédemption ? Une déclaration de guerre à son égard ? Un signal d’alerte.
C’était presque…réjouissant. Un petit divertissement s’annonçait-il ?
Andréa gagnerait les batailles, une à une, sans problèmes, il le savait.
Icare, les autres, personne ne faisait le poids face à lui. Encore moins Monsieur Goodman.

« Si vous me posez des questions sur ma sexualité, c’est que vous avez  lu de travers sur mon visage,
 répondit simplement Andréa, sans colère et sans montrer un véritable intéressement à cette remarque, je donne une utilité purement sexuelle à ces dames, le reste m’importe peu, ma femme était splendide, quoique clairement idiote. Une belle plante verte qui fait jolie dans le salon.  Cependant, je n’aime pas les hommes n’ont plus. »

A part lui-même bien évidemment.
Son interlocuteur s’était levé, lui devait rester assis, il était attaché à sa chaise, comme un malpropre, un paria qu’on isolait de la moindre volonté d’escapade. Les chaines étaient si dures à porter, plus il les regardait, plus il les trouvait grosses, vulgaires, grossières sur ses poignets. Les menottes étaient si lourdes pour ses poignets qui s’affaiblissaient.
Si tristes de voir ses mains dans un tel état, elles qui lui étaient restées fidèles, inflexibles. Elles avaient perdues leur superbe, elles étaient amaigries, faibles…
Enervé.
Andréa avait du mal à supporter d’être assis face à quelqu’un qui se tenait debout, qui le toisait…
Cette séance n’avait rien d’agréable, surtout pour lui.

« Joueur ? Hm. Oui. Cependant, je ne joue qu’à des jeux où je fixe les règles… »

L’aliéné posa son regard sur les jambes de Gabriel, rêvant de les lui briser pour le forcer à se rassoir, à retrouver sa place, parmi les mortels, les faibles. Serrant les poings, il s’ affaissa un peu plus dans sa chaise, fixant la fenêtre entravée de barreaux, entrapercevant à peine le ciel et le soleil.
Icare parlait d’un labyrinthe, il n’avait pas tout à fait tort… Où était cette foutue sortie ?

« Vous avez quelque chose à me proposer ? »

Peut-être était-ce l’ouverture qu’il espérait ?
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
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Mar 20 Oct 2015 - 22:05
Barbie... ? Si Gabriel avait été quelque peu expressif, il aurait haussé les épaules. Barbie... c'était quoi ce qu'il faisait ? Il se prenait pour un acteur de théâtre balançant ses répliques de sous-littérature ? Ou ne supportait-il pas simplement qu'il puisse conserver son sang-froid ? Gabriel haussa les épaules, cela lui rappelait son grand-frère ; un surnom digne de lui, digne de sa misérable existence. Qu'il le traite de fade, ou de bout de plastique passait encore... mais « Barbie »... Gabriel poussa un soupir intérieur, il porta sa tasse de café à ses lèvres. Son regard continuait de sonder Andrea, l'autre personnalité ne lui aurait pas sauté à la gorge si vite. Il avait finalement quelqu'un ressemblant à son milieu, capricieux et vaniteux ; dommage de se retrouver dans cet état pitoyable ?

À la réponse de son patient, sur les femmes, Gabriel esquissa un bref sourire. Oui, bien sûr qu'il savait cela ; il voulait qu'il lui confirme, avec le même ton impérieux dans la voix. Andrea n'aimait rien, hormis lui-même, et ne voyait le sexe opposé comme un objet de masturbation capable d'avaler. Lui aussi, plus jeune, s'était tenu l'exact discours. Longtemps, il avait cherché des « copines » qui lui seraient bien allées, comme si les femmes étaient des accessoires allant à son teint, à l'image de bon garçon qu'il donnait. Toutefois... une rencontre avait bousculé cette vision des femmes. Mais parce qu'il avait rencontré une vraie femme. Andrea était misogyne, ce qu'au final collait plutôt bien à son aura « d'homme de pouvoir ». Le meurtre de ces « plantes vertes » avait dû être son seul — et réel — moyen de jouir dans sa sexualité. Bien souvent, le meurtre venait d'une frustration sexuelle. Gabriel avala une gorgée de café, le dos appuyé sur le bureau. Il sentait l'animosité chez Andrea, vis-à-vis de lui, mais il ne déterminait pas en quoi. Parce qu'ils se ressemblaient ? Parce qu'il pensait qu'il pourrait lui arracher ses pensées ? Cela lui manquait de lui faire lever les yeux au ciel.

Évidemment qu'Andrea ne jouait que s'il pouvait gagner... pour le moment, il ne le surprenait pas. Gabriel lécha sa lèvre inférieure, il remarquait qu'il ne buvait plus son thé ; chaque personnalité avait des goûts différents. Joueur ? Gabriel était capable de laisser la victoire, si cela lui amenait quelque chose de plus intéressant. Il était joueur, mais sur un autre plan. Il avait joué avec son frère, avec sa copine, avec son meilleur ami ; le jeu de la destruction, voilà ce qui l'égayait. Il frotta ses yeux, un peu fatigués.


« Je pensais à un cadavre exquis, en dessin, ou en mot ; je vous laisse choisir, et mener. »

Oui... « mener ». Qu'il commence, qu'il pense avoir le contrôle ; le but de Gabriel n'était pas de gagner. Mais d'observer, analyser un peu plus ; Andrea était plus démonstratif que Icare, mais il en disait moins. Son dossier n'était pas aussi complet qu'il le pensait ; Gabriel ne pouvait se fier qu'à son propre jugement. Il apporta son carnet, dont il enleva la première page. Andrea n'aurait pas l'occasion de voir ce qu'il avait dessiné, et de toute façon, il ne comprendrait pas.

« Vous voulez autre chose à boire ? »

Simple mesure de politesse. La boisson offrait par ailleurs un cadre plus enclin à la discussion, cela marchait avec les détenus... moins froids, moins calculateurs. Cela donnait l'illusion l'espace de quelques instants qu'ils n'étaient pas dans une prison, mais dans une pièce à l'odeur agréable, au soleil perçant à travers les fenêtres... Gabriel ne reprit pas place de suite. Il avait besoin de rester un peu debout ; il avait des fourmis dans la chambre. Son regard bleu restait fixé sur Andrea, des perles neutres, Gabriel n'avait pas de réelles émotions. Ce n'était pas qu'un « bête jeu » qu'il voulait installer entre lui, et Andrea, mais un test. Que se passerait-il s'il le poussait à bout ? S'il attendait qu'il lui tende la perche ? Finalement, le jeune homme lança sur un ton nonchalant :

« Dîtes-moi... Monsieur Higgins, est-ce que vous aimerez briser les gens comme moi ? »

Que voyait Andrea en lui ? Les femmes qu'il avait tuées ? Son frère ? Sa mère ? Ou le détestait-il simplement pour ce qu'il était ? Gabriel avançait doucement dans sa théorie, il offrit même un sourire charmeur à son patient. Le genre de sourire qu'il donnait aux personnes qu'il piégeait ; les filles, ses parents, son frère... son ancien employeur. Il aimait jouer avec le feu. Mais Icare était enfermé dans son labyrinthe, Andrea l'y avait fait tombé avec lui, s'assurant que plus jamais il n'atteindrait son soleil.
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Mer 28 Oct 2015 - 14:02
Un cadavre exquis. Un jeu. Vers l’inconscient.

Quel pathétique et imprévisible moyen de venir sonder ce qu’il pouvait avoir dans la tête. Voilà que Monsieur Goodman s’improvisait psychologue de talent. Ca ne lui allait pas du tout. Andréa était certes considéré comme étant un « aliéné », un fou, mais il n’était pas idiot pour autant. Le psychologue ne manquait pas d’imagination. Mais lui ne manquait pas de ressources non plus. Hors de questions qu’il se laisse aller à la moindre confession, surtout pas devant lui.
Car, au final, quelle imposture était la plus grossière entre les deux hommes ? Celle du docteur ou du patient ?
Pourtant, ce divertissement pouvait être amusant. Pourquoi ne pas retourner la finalité de la partie sur celui qui l’a lancé ? Il fallait jouer double jeu, garder ses jokers dans sa manche, tricher si l’utilité était prouvée.
Fixer ses propres règles ne voulait pas forcément dire les partager avec l’autre joueur. De même, le médecin avait dû établir sa ligne de conduite. Il en ferait de même.
Être las, Andréa voulait en terminer avec cette consultation agaçante et inutile. Il perdait un temps précieux. Il devait trahir l’envers du miroir, le briser, l’anéantir. Pour régner. Enfin. En seul maître.
C’était cela le véritable enjeu.

Pour mener à bien son désir, le détenu savait qu’il devait s’effacer, donner ce qu’on voulait de lui, ne pas s’emballer, garder son sang-froid, son calme, garder une apparente décontraction. Feindre les émotions au bon moment. C’est comme ça qu’il avait gravi les échelons. Icare avait tout gâché cependant, rien n’était totalement perdu.
Toujours en vie, le plus puissant parmi les autres, il accomplirait son plus vil dessein, la mort plutôt que le déshonneur, il avait toujours gagné la partie, il ne perdrait pas maintenant.
Glisser, lentement, dans l’oubli, dans un tréfonds sombre de la mémoire, se faufiler là où on l’attendait.

Toutes ces années d’errance où il n’avait servi qu’à gérer les situations de crises, où il avait pris « les décisions », où il avait agi devaient lui servir. Il ne voulait pas retomber dans ce labyrinthe infernal, dans les affres profondes du cœur d’Icare.
Détruire. Ce cœur. Il le tiendrait bientôt, il l’écraserait dans sa paume. Il n’en restera plus rien. Bientôt.

Le silence s’était imposé longuement entre eux.
Andréa était resté immobile, d’une neutralité soudaine qui aurait pu faire croire qu’il avait laissé sa place à son alter-égo. Pourtant, il était toujours bien là. Un sourire s’étira sur ses lèvres, dégageant une dentition parfaite, une expression presque douce, familière et agréable.
Croisant doucement ses doigts qu’il trouva bien plus amaigris encore depuis son arrivée à Lancaster, l’aliéné se redressa calmement.

« Celui qui dispose d’un quelconque talent artistique c’est Icare. »

Effectivement, depuis sa tendre enfance celui-ci avait développé un vrai don pour le dessin, il était parti sur tous les genres et les styles, du nu jusqu’aux portraits, en passant par les paysages. Il avait trouvé ses modèles dans les livres, fuyant la réalité derrière la fenêtre de sa chambre, troquant les rues à feux et à sang pour les forêts foisonnantes, les alcooliques pour les créatures fantastiques, sa famille pour les héros mythologiques. Eliott demeurait bien évident son sujet favoris. Il lui rappelait le soleil, la brillance. Des joyaux. Il avait été sa muse secrète. Sa passion inventrice, il avait créée frénétiquement, sans s’arrêter, parfois sans manger ni dormir pour apprivoiser, retranscrire, s’approprier le corps, l’esprit et l’âme d’Eliott…

Il restait son cristal, sa pierre la plus précieuse.
Mais inatteignable, inaccessible, fuyante.
Icare ne comprenait pas.
Alors, il lui laissait la main, se lançant envahir par le doute, la colère, la rage. L’essence d’Andréa, ce qui le maintenait en vie… C’était cela.

« Alors allons-y pour les mots. »

Lentement, le détenu regarda le carnet et le stylo que lui tendit Monsieur Goodman, il posa ses yeux sur la page blanche, se souvenant des crises qu’avaient eu Icare auparavant, l’angoisse qui l’avait habité quand il n’avait pas d’inspiration, quand Eliott l’abandonnait.
Quelle pauvre créature. Sans défense.

Le pire, c’est qu’Andréa avait la sensation que Gabriel ne cherchait absolument pas à sauvegarder la pauvre personnalité d’Icare. Il ne le voyait pas non plus comme un allié. Non. Cet homme était peut-être son plus grand ennemi ici. Peut-être pourrait-il tout de même se montrer utile ? Le diable sous les apparats d’un bel ange. Cette prison regorgeait d’esprits détraqués, surement plus chez le personnel encore que chez les prisonniers.
S’saisissant d’une main sure le crayon, il nota d’une écriture fluide, très soignée à la manière scolaire avec une certaine note de personnalité le sujet : « Le monstre ». Ce qu’il était surement pour la plupart des autres. Ceux qui l’entouraient.
Le psychologue voulait qu’il parle de lui, « sans s’en rendre compte », il le ferait en tout état de cause.

« Un café noir. »

Tandis qu’il pliait le premier quartier de feuille qu’il venait de couvrir par son mot manuscrit, il entendit une phrase qui le surprit un peu au départ, qui lui arracha un nouveau sourire par la suite. Gabriel Goodman était un bon observateur, mais pas un très bon interprète.
Les gens comme lui ? Il ne doutait de rien celui-là. Non. Gabriel était insipide, insignifiant,  il ne l’intéressait pas.

« Voyons, Monsieur Goodman, pour qui me prenez-vous ? »

André était ailleurs, il réfléchissait. Ce cadavre exquis lui mettait de nouvelles idées en place, il lui permettait de songer à deux choses à la fois. Trompé le docteur d’une part, mais aussi trouver une stratégie pour annihiler Icare.
La bonne méthode…
Il l’avait peut-être enfin trouvé… Ne dit-on pas dans cette fameuse légende d’Icare que le héros chute en voulant s’approcher un peu trop près du Soleil ?
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Gabriel Goodman
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Gabriel Goodman
Psychologue
Dim 1 Nov 2015 - 21:20
Gabriel aurait pu répondre « à ce que vous êtes », lorsque Andrea lui demanda sur un ton désinvolte pourquoi le prenait-il. L'absence de réponse, la volonté de son patient à bouger le moins possible, indiquait simplement à Gabriel qu'il craignait de le voir s'immiscer dans son esprit. Et ses à priori, tout le monde en avait, il faisait seulement s'en détacher. Andrea avait beaucoup de préjugés, ce qui expliquait sa vanité, sa conception étroite du monde. Gabriel se contenta de conserver le silence, celui-ci était plus souvent lisible que les paroles pleines de mensonges, les gestes singés, ou les petites mesquineries. De toute façon, si Andrea refusait de coopérer, estimant qu'il ne le comprendrait pas, il ne ferait pas d'efforts supplémentaires. Il n'était pas là pour perdre son temps.

Mais voilà qu'Andrea, qui prenait un soin particulier à ne lui donner aucun indice, comme un véritable criminel avec du génie, se mettait à écrire sur la feuille. Au début, le jeune homme l'avait apporté au cas où il préférait dessiner, il retint un sourire. Pendant qu'Andrea commençait le cadavre exquis, Gabriel se leva pour lui apporter son café, puis il reprit place face à lui. Il étudia quelques secondes son écriture, semblant réfléchir à ce qu'il pouvait ajouter. Alors que ce type d'exercice encourageait la spontanéité, mais l'écriture d'Andrea lui en dévoilerait plus. Ce qui l'intriguait, c'était de voir si celle d'Icare allait différencier. Malgré leurs différences, ils avaient un goût prononcé pour la beauté ; le jeune homme ne fut pas étonné de voir une telle écriture soignée. En effet, très scolaire, régulière. En prenant le crayon, Gabriel ajouta : « Rouge », respectant les consignes de l'exercice, après tout... il suivait ses propres règles. Il tendit le crayon à son vis-à-vis, portant à ses lèvres sa tasse de café, il jeta un regard dehors. Il se sentait las. Andrea enchaîna par « attend ». Qu'essayait-il de faire ? L'encourager dans ce que le rapport racontait de lui ? Mais un rapport de police écrit par des fonctionnaires fatigués et de mauvaises humeurs était faillible. Non, Andrea cherchait à tromper son jugement.

Ce n'était pas à un vieux singe qu'on apprenait à faire la grimace. Gabriel fut... déçu.

Pourtant, il préféra l'encourager, puis qu'il ajouta « devant ». Laisser « gagner » Andrea était une possibilité, même si pour sa part... il se pliait au jeu. Après tout, il ne risquait rien. Il n'avait pas à le tromper sur sa « véritable nature ». Et quelle était la véritable nature de cet homme ? D'Andrea Higgins ? Quel était son vrai visage ? Il y avait une source à ces multiples personnalités, un acteur incarnant un rôle dès qu'il ressentait le besoin de se protéger. Mais qu'en était-il du « vrai lui » ?

« La proie. »

Gabriel se demanda ce qu'était la proie, lui-même, ou Eliott ? N'importe qui sans doute. Andrea désirait éliminer son frère, parce qu'il était la faiblesse d'Icare, ou bien parce qu'il ne supportait pas l'idée d'aimer un homme ? Non, ce serait plutôt son cas à lui. Rester neutre. Gabriel ne montrait pas la moindre émotion, il paraissait tout au plus concentré. Il préféra y mettre une dose d'innocence : « la proie endormie ». Mais il tomba — volontairement ou non — dans ce qu'il attendait de lui : « la proie endormie pour lui arracher ». Andrea conclut par « les entrailles ». Gabriel reprit le crayon en main, il observa la phrase, puis il la lit à voix haute, un petit sourire au coin des lèvres, intrigué :


« Le monstre rouge attend devant la proie pour lui arracher les entrailles. »

Il lâcha un « hum », ensuite il se releva. Gabriel regarda sa montre, le souci avec ce genre de jeu... c'était que le temps passait vite. Il revint à la fenêtre, mais cette fois-ci, il tourna dos au soleil rayonnant dehors. Son visage était plongé dans l'obscurité, tandis qu'à nouveau, sa bouche se collait à la tasse. Il pouvait tuer pour le café. Icare avait des goûts plutôt « féminins », observa-t-il, alors qu'Andrea préférait l'amertume au sucre. Gabriel se demandait pourquoi Icare était apparu, qu'est-ce qu'il avait déclenché pour le faire venir, ou s'il avait décidé de venir de lui-même ? Il verrait dans la suite des séances.

« Bien, déclara Gabriel au bout d'un petit silence. Je suppose que vous ne voudrez pas faire tomber le masque, à moins d'y obtenir quelque chose... enfin... qu'importe. »

Lui, il avait obtenu ce qu'il voulait. Andrea pouvait partir.

« À moins que rester avec une personne aussi insipide que moi vous fasse plaisir, vous pouvez disposer. »

Le tout accompagner d'un sourire poli. Gabriel n'était pas dupe, il sentait l'animosité d'Andrea vis-à-vis à de lui. Il ne comprenait pas ce qu'il lui avait personnellement fait pour provoquer cela, mais ce n'était pas important. Après tout, la perfection attirait la jalousie, n'est-ce pas ?
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Lun 16 Nov 2015 - 17:39
Monstre. Rouge. Proie.

Un cliché, un stéréotype. Une évidence. Quelque chose d’attendue. Sans surprise, qui ne révèlerait rien. Seulement des mots, sans aucun sous-entendu, simples qui mit bout à bout, les uns après les autres auraient un semblant de signification. Une phrase qui se prêterait à une analyse, à quelques hypothèses sans offrir pour autant la moindre réponse.

‘Le monstre rouge attend devant la proie pour lui arracher les entrailles.’
Le cadavre exquis était terminé, révélant un autre corps inerte, une dépouille détruite, froidement assassinée, un corps sans vie, baignant dans un sang rouge, imaginaire et pourtant si salvateur. Pas d’indices, tout du moins, pas ceux qu’on attendait forcément.
Andréa s’était simplement contenté de faire ce qu’on attendait de lui, jouer au criminel, l’être ignoble que l’on souhaite voir mourir dans les tragédies, le semeur de discorde tué par le brave héros, le mal annihilé par le bien. La justice face au crime.

Ce divertissement n’avait été au final qu’un prétexte pour faire passer le temps plus vite, pour oublier les aiguilles qui défilaient plus que lentement sur la pendule ornant le mur du bureau… Un moment durant lequel il s’était vidé la tête tout en buvant le café noir et plus que serré que lui avait tendu le Docteur Goodman.
C’est cette boisson chaude qui donna plus d’informations sur la personnalité de son adversaire, plutôt que son écriture ou bien même sa gestuelle et son attitude. Ce dernier, comme il le pensait depuis le début, était un homme surement détenteur de quelques secrets, il gardait un sourire, un air bienveillant sur le visage, pourtant sa poigne semblait de fer, inébranlable.  Un pilier sans peur, une muraille infranchissable mais à l’ossature fragile. Sans aucun doute.

Il est si facile de sombrer quand on se montre si fort, on n’est jamais à l’abri d’une erreur, d’une volonté, d’un souhait… Une envie sanglante, un désir ardent….qui brûle nos chairs, qui nous incite, nous pousse à faire le mal. De noirs desseins, de noires pensées, aussi noir que son café… Il n’extrapolait pas non. Il avait appris à déceler ce genre de comportement, lui-même était de ce genre-là. Dans d’autres circonstances, s’il avait été seul, le détenu se serait fait un plaisir d’aider le docteur, lui prodiguant conseils, l’aidant même pourquoi pas à lui laver les mains, à laisser le sang au caniveau, loin de la pureté blanche…. Loin de ses ailes immaculées semblables à celles des anges… Mais tout était différent en prison. Dans ce contexte, il était le prisonnier et chaque membre du personnel était son ennemi. Une carte à abattre le moment venu, un adversaire dont il fallait se débarrasser si aucune ‘alliance’ n’était possible…

Le psychologue semblait concentré, pensif. Il semblait penser sur plusieurs fronts. Il essayait peut-être de déceler quelque chose l’air de rien, ou peut-être que lui aussi cherchait à faire passer le temps ? Tout compte fait, son exercice ne semblait pas forcément avoir porté ses fruits, quoique le sourire qu’il eut quand il récita la phrase finale à voix haute ne plaisait pas vraiment à l’aliéné.
Qu’importe. Il s’en foutait après tout.

Qui avait perdu ? Qui avait gagné ? Difficile à dire.
La bataille semblait terminée pour aujourd’hui, l’un comme l’autre n’avait pas baissé les armes, la guerre était loin d’être terminée mais maintenant, les combats n’iraient pas plus loin.
Gabriel invita Andréa à partir ayant compris qu’il n’obtiendrait rien de plus de la part de son nouveau patient.

« Bien. »


Le condamné se leva nonchalamment de sa chaise, reposant sa tasse vide sans douceur sur le bureau, les mains entravées…Il détestait vraiment ça. Il se dirigea vers la porte, toquant contre celle-ci pour le gardien lui ouvre….
Son regard se posa une dernière fois derrière lui, sur la silhouette gracile et harmonieuse du psychologue… Lui avait au moins appris une chose.
Il avait une certitude….Une conviction forte, inébranlable.
Celle que ce fameux Monstre Rouge n’était pas forcément celui que l’on croyait.
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