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On se tais.

Anonymous





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Lun 15 Mai 2017 - 16:08
La maison du bonheur



Fais chier la merde. Il ouvre la porte du même geste rageur qu’il adopte les mauvaises journée.

- Allez, entre.

Le bruit des griffes de Rasputin sur le carrelage de l’entrée, la porte qui claque avant le pas lourd de monsieur Dickinson. Il se laisse tomber contre le mur pour enlever ses chaussures en râlant. Une voix de femme qui s’élève depuis le salon.

- Journée d’merde Leroy ?
- Ta gueule Jordan.

Profondément agacer. Non mais c’est vrai quoi ! Il a à peine passer la porte et elle le fait déjà chier. Faut pas déconner. Puis elle le sait que quand il rentre comme ça c’est pas la peine de lui parler avant qu’il ait tapé dans un sac de sable. Elle a l’habitude maintenant, ça fait quoi… ? Cinq ans qu’ils habitent ensemble ? Alors qu’elle la ferme au lieu de rigoler depuis son fauteuil. Il dégage sa veste en cuir qu’il balance sur le porte manteau. Un regard vers son chien, qui lui fait ses yeux humide là. Ah putain ça l’énerve ce regard.

- Quoi ? T’a faim ? Ben deux minutes mon gars.

Roulement des épaules, étirement de la nuque, étirement des bras. Cuisine, parce que sinon le dobermann va continuer à lui faire sa tête triste. Les croquettes dans la -

- Pèse lui sa bouffe bon sang ! Il va finir obèse sinon.
- Mais ferme là Jordan je fais à l’oeil c’est bon j’ai l’habitude !
- Pèse sa bouffe Dickinson !
- Va t’faire mettre gamine !

Il ne pèse rien du tout, il fait comme il sait faire, à l’oeil, et ça marche très bien comme ça. Rasputin est assit dans un coin, il attend le signal sans montrer d’impatience.

- Vas y mange.

Bon, quand on lui autorise, il ne se fait pas trop prier non plus, faut pas déconner. Mais c’est pas non plus le chien qui se jette sur sa gamelle, il y va juste… Plus rapidement que d’habitude. Une tape sur le flanc avant de sortir de la cuisine. Il sort de son pantalon de travail au milieu du couloir, et le laisse tomber là dans un bruit sourd.

- Leroy en vrai !! T’es chiant, range ton froc’ !
- Va chier Jordan !
- Je rangerai pas !
- T’es aussi bordélique que moi, va ranger ta chambre gamine !

Il s’en bat clairement les couilles. Là il va plutôt aller frapper son sac de sable pour décharger sa colère. Il ne hurle pas, il frappe juste, pas avec toute sa force, parce que c’est juste un sac de sable alors ce n’est pas très drôle à frapper. Des expirations d’air fortes, le bruit sec de ses poings qui frappent, puis de ses pieds. Jordan à l’habitude de son rituel, et c’est le seul moment où elle ne dit absolument rien pour l’emmerder, parce qu’elle a failli se manger des coups quelques fois. Pas qu’il ait vraiment envie de la frapper, juste qu’elle s'était un peu trop approchée et que ça a faillit lui retomber dans la figure. Il ne se maîtrise pas, dans ces cas là. Il maîtrise rarement les coups qu’il donne en fait. Un dernier coup rageur, il retire son t-shirt noir pour parader en boxer dans le couloir, jusqu’au salon. Jordan est assise comme une grosse merde dans son fauteuil, elle ne sait pas se tenir. Qui leur aurait appris de toute façon ?  Surement pas leurs parents, ils n’en ont pas. Elle est entrain de dessiner dans son carnet à la con. Celui qui a des imprimés psychédélique années 70 qui l’énerve profondément parce que ça fait hippie d’merde. Elle le trouve tout aussi moche en fait, mais bon, il était soldé et elle voulait un nouveau carnet. En plus, elle se plaint tout le temps de la qualité du papier, ce qui a tendance à énerver monsieur Dickinson encore un peu plus, parce qu’il ne supporte pas de l’entendre ronchoner contre du papier à la con dès qu’elle gomme un trait et que le papier se froisse. Elle relève la tête et roule ses yeux vers le ciel.

- Franchement mec, va t’laver t’es crade là, tu suinte et tu blaire.
- T’es conne ou quoi ? Si j’y vais maintenant ça va faire choc thermique j’vais être trop mal. Et c’est pas avec tes p’tits bras que tu va pouvoir m’aider.
- Salaud ! Ils sont très bien mes p’tits bras !!
- T’arrives même pas à égoutter des pâtes sérieux…
- Mais vas y ferme là ! Apporte moi à bouffer plutôt, j’ai la dalle !
- Nan c’mort j’suis pas ton larbin.
- Tu te démerde pour ta bouffe pendant une semaine mon gars, j’suis pas ton larbin non plus.
- Bah, j’m’en branle gamine. C’est pas un argument de pression ça.

Nan, il sait faire des pâtes et les égoutter lui, au moins.

- Dégage tu pue.

Elle a l’air agacée, ça amuse toujours Leroy, parce qu’elle tire une tronche pas possible. Avec ses sourcils qui se froncent et ses narines qui se retroussent légèrement, avec le bord de la lèvre supérieur qui remonte.

- T’es trop moche Jordan ! Hahaha !
- P’tain Leroy va chier sérieux ! Toi t’es un gros tas d’msucles sans cervelle ! En plus t’es dégueulasse avec ta barbe et ta coupe à la con !
- Ouais j’vais aller chier.

Elle le regarde sans expression, c’est habituel entre eux ce genre d’échange et ça ne la blase même pas. Lui non plus d’ailleurs. Il s’éloigne du coup, retraverse le couloir jusqu’à la salle de bain. Dickinson ne chante pas sous la douche. Il se lave juste en fait. Par contre, il a la sale habitude de défaire sa natte une fois que ses cheveux sont mouillés, parce qu’il oublie tout le temps de le faire avant.

- Roh mais putain !

Parce que ça se défait toujours mal du coup…Et ça l’agace. Puis comme il est chez lui, il s’en fiche bien de râler contre le mur. La salle de bain c’est d’ailleurs un bordel sans nom. Y a des fringues partout par terre. Ceux de Jordan principalement. Elle laisse traîner ses culottes sur un peu toutes les surfaces disponible, comme ça elle peut bien râler le matin quand elle n’en a plus. Leroy s’en branle, aussi de ça. C’est un peu l’état général de l’appartement de toute façon. Puis quoi…? ça devrait le déranger de voir les culottes en coton ou en dentelle de sa colocataire ? C’est bon, ça fait cinq ans que ça dure, et il a pas mit longtemps à s’y faire de toute façon. Il n’avait pas à gueuler pour ça, il ne fait pas mieux. Leur appartement c’est un foutoir de toute façon. Sauf le couloir, parce que le couloir encombré c’est trop pénible.

C’est une ambiance étrange chez eux. C’est mêlé de vie et d’instants morts. Ca fait foutoir, comme si un ouragan était passé et avait laissé l’appartement sans vie, mais ça fait aussi très vivant. Rasputin à fini de manger, Leroy écoute de la musique avec son casque avachie dans son canapé. Il traîne en bas de survêtement, torse nu. Ouais il exhibe un peu ses tatouages. C’est vrai. Ou pas vraiment, parce qu’en fait ça aussi il s’en bat la race. Jordan fait sa vie avec ses p’tits dessins dans son carnet. Rasputin monte sur le canapé pour s’avachir sur le ventre de Leroy, alors il pose sa main derrière sa tête. En fait, à la maison, il est affectueux avec. Mais ça, il n’y a que Jordan pour le voir.
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