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Below the Sun

Blake Barlow
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Blake Barlow
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Mer 7 Déc 2016 - 20:13

「Below the Sun」

Avec Ruka Nell-Stigsson
Des pas dans la neige, qui étaient restés dans sa poitrine. Blake était en route pour son travail, le regard rivé sur la route, alors que le soleil se couchait dans le ciel morne de l'hiver. Il apportait avec lui la solitude, le froid, il emportait les derniers rayons du soleil, qui malgré tout luttaient pour ne pas se faire avaler. Des pas dans la neige, qui était restée dans sa mémoire, gravée, et dont le poids l'épuisait chaque jour un peu plus. Adieu la forêt, adieu les bêtes, et adieu les repas pris au coin de la cheminée avec ses grands-parents. Bonjour les épais murs gris de la prison, les mines patibulaires des détenus et des gardiens, des gars qu'il devait décrocher des cordes régulièrement. Le suicide était un choix de vie comme un autre.

Blake s'arrêta dans le parking, il soupira en jetant un dernier regard vers le crépuscule, puis il descendit de sa voiture. Le froid mordit sa peau, le vent vrilla dans ses oreilles ; une sale nuit, il le sentait. Il passa les sécurités, en présentant à chaque fois sa carte, saluant toujours le même gars qui la vérifiait, en essayant d'engager la conversation. Et le gars lui répondait toujours par un vague sourire condescendant, ne le disant pas, mais pensant « cause toujours, mon gars ». Et Blake du haut de ses deux mètres — ou presque — se rendait dans les vestiaires. Il n'était pas chez lui. Il était un animal qu'on avait sorti de sa tanière, un animal qu'on avait arraché à sa terre pour l'exposer dans un zoo. Il n'était pas chez lui. Il attrapait son taser, sa matraque, il grondait en essayant de fermer les boutons d'une chemise toujours trop petite, donnant l'impression que le tissu allait exploser dans son imposant poitrail, alors qu'il se détournait pour commencer « sa journée ».

Avant de prendre les couloirs de la prison, ceux des cellules des détenus assez civilisés pour ne pas être au sous-sol — quoique Blake avait toujours le doute pour certains —, il jeta un coup d'oeil à son téléphone portable. Avec un soupir las, il lut le message de sa mère, qui depuis qu'elle l'avait renvoyé de chez eux, lui demandait « Tu n'es pas venu pour Thanksgiving, mais pour Noël, tu viendras, hein ? » Un message auquel il ne répondait qu'à la dernière minute, en prétextant que son travail l'occupait trop. Après tout, si pour la société Noël approchait, en prison, c'était un jour comme un autre. Un jour encourageant les suicides. Blake prit sa lampe torche, il vérifia l'état de son bipeur, saluait ses collègues quand il les croisait. Et enfin, tel un fantôme de deux mètres — ou presque —, il arpenta les couleurs des « détenus normaux ». C'était étrange comment la nuit donnait l'impression de calme, alors qu'il se passait toujours quelque chose. La lumière de sa lampe éclairait parfois les visages amaigris des détenus qui ne dormaient pas, sa grosse voix tonnait pour ramener le calme, alors que ses yeux à la couleur d'ardoise fuyaient, essayant de leur laisser une impression faussée d'intimité.

Son pas résonnait dans le couloir, le front plissé, Blake bandit les muscles en passant devant les cellules de Raven Oewe, et de Reed Rowe ; il se méfiait des deux. Mais la cellule de Reed était vide, même son partenaire ne paraissait pas être là. Il haussa les épaules, il continua son chemin en entendant un autre gardien râler, brailler des insultes. Blake se demanda un instant s'il ne devait pas le rejoindre, mais une lumière, nichée au fond des ténèbres l'interpella. Il soupira, il leva les yeux au ciel, avant de s'y diriger, blasé. C'était toujours le même, sans doute. La nuit, la prison était drapée d'un calme apparent, jusqu'à ce qu'un détenu décide de poignarder l'autre dans son sommeil, ou de tenter de remettre en doute l'autorité des gardiens. Des urgences. Au loin, Blake pouvait entendre les voix de ses collègues courir dans une branche du couloir, mais son bipeur ne le réclamait pas. Dans ce cas, c'était qu'on n'avait pas besoin de sa carrure d'ours. Il se posta devant la cellule du Dark Sun, et lentement, sa lampe torche se redressa jusqu'à la sienne. Blasé, Blake gronda :


« On éteint les lumières, le couvre-feu a été dépassé. Premier avertissement. »

Mais ils ne s'arrêtaient jamais au premier avertissement, il y avait toujours un moment où Blake serait obligé de parler plus fort, de s'énerver, de jouer le mauvais rôle. Et ça le bouffait. Il était le méchant, perdu en plein milieu d'une meute de loups, qui au moindre doute allait le tuer.

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Jeu 8 Déc 2016 - 18:35
A l’approche de Noël, il tendait à se laisser aller à une mélancolie légère. Depuis quatre ans il ratait les remises de cadeaux, les yeux brillants de joie, les petits cris de ses enfants en voyant le sapin décoré avec goût par Ariel à demi noyé sous les grands paquets… Mais cette année, c’étaient les premières fêtes de sa dernière-née. L’idée de rater les premiers présents de sa fille, le premier bout de rôti qu’on lui ferait goûter, les présentations aux cousins et cousines lui arrachait le coeur. Astrid aurait mérité que son père soit avec elle, autour de la table. Sa famille toute entière l’aurait mérité.
Ruka n’avait malheureusement pas d’autre choix que de rester sagement derrière les barreaux. A défaut de dîner préparé de main de maître par l’une ou l’autre des grands-mères de ses enfants, il se contenterait de l’ordinaire repas fadasse.
Il pourrait, s’il avait de la chance, avoir une visite de sa tribu de blonds au début de l’année suivante. Les fêtes seraient passées, on lui raconterait à quel point tout aurait été parfait si ça n’avait été pour son absence, Anders lui montrerait ses dessins, Agatha les bracelets qu’elle aurait commencé à tisser -sa femme lui avait dit qu’elle voulait un atelier pour pouvoir faire des breloques à ses amies.

En attendant, il se contentait de ses habitudes entre les murs du pénitencier, entouré de ses frères de gang. La vie suivait son petit cours aussi tranquille que monotone entre visites à la bibliothèque, activités physiques et discussions plus ou moins animées avec des codétenus. Il avait entrepris de faire découvrir les joies des sciences simples à certains membres des Suns qui apprenaient pour certains le nom des planètes du système solaire pour la première fois. Il ne pouvait pas réellement en vouloir à des mômes déscolarisés, ce qui n’empêchait pas la grande liane d’avoir envie d’enfoncer des têtes dans des murs : expliquer à des gens que Saturne était plus une vraie planète que Cybertron tendait à lui donner des envies de meurtre.
Les soirées étaient consacrées à sa propre éducation. Il commençait ses lectures après le repas, pour les poursuivre jusqu’à des heures tardives grâce à une lampe qu’il coinçait entre ses bras. Juché sur le lit du haut, allongé sur le ventre, il parcourait à toute vitesse des lignes et des lignes de texte sans sembler se fatiguer avant le milieu de la nuit. La majorité des gardiens se fichaient bien de ses occupations innocentes, mais ce n’était malheureusement pas le cas de tous.
Ce soir, il était tombé sur un grand os.

Bonjour monsieur Barlow. Ou bonsoir, j’imagine.

Perché sur son lit, Ruka souriait dans la lumière crue de la lampe de poche. S’il avait mal aux yeux il le dissimulait parfaitement derrière des paupières mi-closes qui pouvaient passer, le connaissant, pour une démonstration de mépris. Sauf qu’en vérité il aimait raisonnablement bien le gardien immense : il était poli, aimable lorsqu’on ne le titillait pas, et contrairement à d’autres il avait le bon goût d’être issu de bons colons européens. Oui, Blake avait tout ce qu’il fallait pour être respecté par le grand échalas au crâne rasé, sauf qu’il s’acharnait à l’empêcher de lire la nuit.

La première fois qu’il avait été repris, le détenu s’était sagement laissé faire. Il avait reposé son livre, sa lampe, et s’était retourné dans ses draps. Il se souvenait parfaitement de l’ouvrage qu’il feuilletait, un précis sec comme le Sahara concernant l’utilisation de patrons de conception en informatique qu’à priori, personne d’autre dans la prison n’avait déjà lu.
Depuis, les livres s’étaient succédés. Des ouvrages de géographie, des romans, tout ce qui pouvait passer sous la main de l’intellectuel exigeant. S’il était suffisamment intéressé par sa lecture, il ne pouvait se contenter de reposer les pages passé 22h. Il avait du temps en journée parce qu’il savait s’isoler, éloigner les autres de sa personne pour se plonger dans ses pensées, mais rien ne valait une lecture nocturne à la lueur de sa propre la lampe-torche. Peut-être était-ce l’attrait de l’interdit qui le séduisait tant, ou bien simplement la possibilité de profiter du silence.
Un silence tout relatif puisque des éclats de voix troublaient de calme. On criait dans une autre aile de la prison, on meuglait même, mais Blake se concentrait encore sur lui. C’était à la fois un honneur et une situation qui agaçait Ruka.

J’aimerais finir mon chapitre en fait. Vous ne voulez pas plutôt aller voir ce qui se passe là-bas ? Ca a l’air grave. Il y a peut-être un mort vous savez… Quelque chose de plus grave qu’une lumière allumée.

Depuis le temps, il avait fini par s’habituer aux activités nocturnes de ses semblables. Rien ne valait le feutré de la nuit lorsqu’on voulait se venger d’un colocataire indélicat, et toutes les méthodes étaient bonnes. Il y avait eu des hommes poignardés, étouffés, des médicaments fourrés dans des gorges, même de l’eau. A chaque fois, l’histoire se répandait comme une traînée de poudre le lendemain matin, au réveil, ils comprenaient alors pourquoi autant de gardiens avaient couru jusqu’à telle ou telle cellule.
Régulièrement, le survivant portait le même tatouage que lui. La seule différence entre le détenu Nell-Stigsson et ses camarades de gang était sa discrétion, pas sa dangerosité. Le colosse barbu avait toutes les raisons du monde pour s’en méfier.
Ce n’était pas parce que son refus d’obéir était poli qu’il n’était pas l’équivalent d’une tape sur le nez de l’autorité “légitime”.
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Blake Barlow
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Blake Barlow
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Sam 10 Déc 2016 - 12:48

「Below the Sun」

Avec Ruka Nell-Stigsson
« Bonsoir, rectifia Blake dans un grondement agacé. »

Le souci avec la politesse en prison, c'était que souvent, c'était pour se donner « un style ». Un moyen comme un autre de s'élever au-dessus de la plèbe, et prouver que l'on n'était pas une petite racaille de pacotille, mais quelqu'un d'éduqué, et de « plus intelligent que la moyenne ». Mais l'était-on autant ? Après tout, si on se retrouvait ici, c'était parce qu'on avait manqué de jugeote à un moment crucial. Pour Blake, autrefois, si les prisonniers se retrouvaient ici, c'était de leur faute ; autant se plier à la société, et à ses exigences que de se forcer à rentrer dans un moule qui ne convenait pas à la nature même de l'individu. Puis, au bout de deux ans, il s'était rendu compte que son point de vue clochait. Quand on répète encore et encore à un gamin qu'il n'est qu'un cancre, et qu'il ne pourra pas s'en sortir dans la vie, comment veut-on que ce même môme se retrouve PDF d'une grande entreprise ? L'égalité des chances, c'était un jeu de tirage. On prenait une boîte avec un numéro écrit sur un papier, on secouait la boîte, et si on tombait sur le bon chiffre, on se retrouvait à la bonne place.

Mais Ruka n'était pas ce gamin qui avait tiré le mauvais numéro, non. Au contraire.

L'excès de zèle ? Blake ne savait pas toujours comment y réagir, si bien qu'il plissa le nez, il racla sa gorge. Il haussa les sourcils, il se rapprocha en éclairant le visage blême du Dark Sun avec sa lampe torche. De un, s'il commençait à le contredire, ça signifiait que bientôt, il remettrait son autorité en doute. Ca arrivait parfois, et faire des démonstrations de gros pénis et de force, le lassait depuis qu'il avait quitté le lycée. Il y avait bien chez lui ce côté animal, lorsque la colère donnait des coups de pieds à sa raison, et que Blake se retrouvait à laisser ses pulsions parler à sa place.

« Ce n'est pas à toi d'en décider. »

De plus, Blake n'avait pas à se justifier auprès d'un détenu. La loi, c'était lui, comme on dit ; pourquoi avait-il l'impression de gérer une garderie pleine d'enfants nazis et Noirs, prêts à se battre au premier battement de cils ? Tout était si « calme » par rapport à d'habitude, et Blake n'aimait pas ce calme. Ça lui rappelait l'Alaska, à l'accalmie avant la tempête de neige venant balayer les hommes dans un seul souffle. Et puis, si on avait réellement besoin de lui, le gardien aurait été appelé. Au pire, ça ne devait être qu'un minus faisant un peu de zèle. Comme Ruka. La lutte de la domination, comme dans la jungle, entre une liane et un colosse. Blake n'aimerait pas à devoir se battre pour prouver sa force, trop inutile, trop épuisant, trop... ce travail allait le tuer avec la dépression en gestation depuis des mois.

« Je ne vais pas me répéter, tu coupes ta lampe, sinon, je la confisque. »

Et Blake s'attendait au prétendu abus de pouvoir qu'il faisait en promettant à Ruka de lui confisquer sa lampe. Et le « blablabla, je suis un intellectuel incompris, vous comprenez, ça fait des mois que je n'ai pas pris un café issu du commerce équitable de Starbuck, pauvre de moi, arrêtez de vouloir être contre moi » *

« Deuxième avertissement. »

Au bout du troisième, Blake devait réellement se prendre la tête. Au fond, il s'en foutait que Ruka lise, il préfère ça que de le retrouver pendu dans sa cellule. Toutefois, il y avait des consignes, des principes à deux balles qu'il devait faire respecter, afin de démontrer son autorité. Un des vieux gardiens qu'il connaissait depuis son arrivée, et qui approchait de la retraite disait que si l'on donnait sa main à un prisonnier, c'était le bras entier qu'il boufferait. Et le pire ? C'était que lorsqu'on voyait Wilkerson et Kitaëv, c'était littéralement le cas. Blake avait un peu de mal avec les individus pathologiquement fous de la prison, c'était ingérable. Entre l'un qui se prenait pour un poète du XIXe siècle et qui élaborait des sauces pour bouffer ses cadavres, et l'autre qui pensait être une hyène, il en voyait de toutes les couleurs. Le pire ? Le pire, c'était Galton. Des cheveux trop gras, un esprit fermé, mais un regard qui lui donnait des frissons. Hors de question de baisser sa garde face à Galton, comme face à Ruka.


* Cette histoire est vraie, je l'ai entendu IRL auprès des Sorbonnards.

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Lun 12 Déc 2016 - 21:37
Touché.
Sa politesse mielleuse prenait toujours les grosse brutes à contre-pied, c’était donc devenu sa technique préférée depuis le cas Jack. Ruka avait parfaitement conscience de sa carrure désavantageuse mais également -et c’était ce qui le rendait si sûr de lui- de son intelligence. Le gardien Barlow était un ours, et comme tous les ours il avait dû passer plus de temps à courir dans les bois qu’à travailler son intellect. Être parfaitement, moqueusement d’une absolue correction suffisait donc à l’agacer, ce qui fit sourire le détenu au crâne rasé. Il aimait se sentir plus malin que les autres, son égo surdimensionné se nourrissait donc du léger énervement qu’il provoquait.
Il se redressa pour s’installer en tailleur en levant bien les mains, prouvant ainsi son absence de dangerosité, mais n’éteignit pas sa lampe-torche qui demeura, provocation délicieuse, inutilement allumée près de ses jambes. Est ce qu’il allait avoir le droit au troisième avertissement même s’il n’utilisait pas réellement sa lampe ? Dans la lumière crue projetée sur son visage, on ne pouvait manquer ses airs supérieurs, le pli vexé pris par ses lèvres maintenant pincées. Menacer de lui confisquer sa source de clarté était un mouvement aussi mesquin qu’inefficace : s’il voulait une lampe, il en retrouverait une très vite. Il avait l’argent, les contacts, et la patience très limitée qui rendaient possible ce genre d’exploits.

Vous savez autant que moi que ce serait inutile. J’en aurai une nouvelle facilement si vous me preniez celle-là.

L’intellectuel haussa sèchement les épaules pour accompagner son ton de reproche. Blake ne pouvait pas être stupide au point d’ignorer ce genre de choses, il se rabaissait donc avec cette menace. Qu’il fasse preuve d’un peu plus d’imagination, qu’il trouve quelque chose de plus marquant. L’empêcher d’emprunter des livres à la bibliothèque, le priver de dessert, peu importait, mais franchement, prendre sa lampe…
Pour un homme supposé maintenir l’ordre, surtout aussi rodé que lui à la prison, il faisait preuve de bien peu de force de persuasion. Si ses seules capacités d’intimidation reposaient sur sa taille et celle de ses biceps, le hacker risquait de se lasser rapidement. C’était peut-être la meilleure solution pour le titan en vérité : l’ennuyer au lieu de maintenir sa curiosité signifiait qu’il risquerait bien de refermer son livre, de cesser de se rebeller, et de dormir.
Mais pour le moment, Ruka était distrait par l'immense gardien. Il l’observait donc avec intérêt, les yeux à demi cachés sous ses cils clairs, le visage légèrement tourné comme à son habitude. Il essayait de déterminer à quel point il pouvait jouer avec les nerfs du géant avant de le voir débarquer dans sa cellule pour essayer de le traîner à l’isolement, ce qui serait regrettable. L’envie de se mettre une des autorités à dos ne l’effleurait pas spécialement : le détenu avait peut-être envie de rabaisser certains de ses collègues au niveau qu’il estimait être le leur -surtout Adama, avec sa tendance à ouvrir le bec pour un rien- mais il ne se risquait pas à attaquer quiconque de front. Il ne tenait pas plus que ça à mourir ou à prolonger sa peine.

Le suprémaciste redescendit lentement les mains pour pouvoir effleurer du bout de l’ongle les lignes complexes du labyrinthe tatoué sur son bras, comme pour l’aider à maintenir sa contenance. C’était un tic qui le prenait lorsqu’il commençait à s’ennuyer, qui lui permettait de s’occuper les mains sans devoir jouer avec un objet -il n’allait pas sortir la rune qui l’occupait si bien devant les yeux de monsieur Barlow, il serait capable de la lui prendre. Cette confiscation là passerait bien moins facilement que celle de la lampe.
Depuis l’autre aile de la prison, là d’où provenaient les cri, un beuglement plus fort encore transperça le silence relatif, arrachant un nouveau sourire à Ruka. Il avait l’air tellement aimable que c’en devenait malsain, mais reprocher à quelqu’un d’avoir l’air heureux restait un manque de savoir-vivre flagrant. Difficile de justifier un passage à tabac parce qu’il “souriait stupidement”, non ?

Vous pensez que c’est quelqu’un qui se fait égorger ? Un membre des Pride peut-être ?

Qu’il demanda dans un souffle, totalement détaché de l’horreur de la situation qu’il imaginait. Tout comme lui, la plupart des détenus devaient écouter attentivement les sons, guettant le moindre indice leur permettant de savoir ce qui se passait réellement et de déterminer si les événements de la nuit pourraient avoir des répercussions sur la journée du lendemain. Et Nell-Stigsson, avec sa lampe-torche et son air de je-sais-tout, tenait près de lui une source d’informations qu’il aimerait bien réussir à faire parler. Entre les mur du pénitencier, le pouvoir des informations était presque aussi redoutable que celui d’une arme, le chauve refusait de laisser passer une telle opportunité.
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Blake Barlow
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Blake Barlow
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Ven 16 Déc 2016 - 14:04

「Below the Sun」

Avec Ruka Nell-Stigsson

Et blablabla. Ruka se croyait malin. Sans doute à raison, mais Blake n'appréciait pas ce genre de remarques. Il le fixa, un sourcil haussé, la mine confite, et figée dans une expression blasée. Ruka était le genre de gars dont il se méfiait plus que les autres ; il était taillé comme une aiguille, mais il avait du muscle. Des brutes sans cervelle, cognant tout ce qu'elles pouvaient sur leur passage, Blake en était familier. Démonstration de force, on bande bien les muscles jusqu'à faire craquer la chemise, on plisse les yeux pour montrer qu'on n'a pas peur, et on grogne. Des animaux. La plupart du temps, ça se réglait quand l'autre type comprenait que Blake ne plaisantait pas — il n'était pas assez subtil pour l'humour —, et que ce n'était pas pour rien qu'il intervenait lorsque Raven était furieux. Blake avait la force pour contenir le grand noir, avec le chef des gardiens qui étaient une véritable montagne. Blake peinait à s'habituer à lui, trop grand, trop taciturne. Caleb avait été un sale manipulateur, mais au moins, il ne le dépassait pas de quarante centimètres. Blake fixa le visage blême de Ruka avec sa lampe torche, il avait quelque chose d'un Nosferatu avec sa lumière blanche, son regard enfoncé dans ses orbites, et cette lueur moqueuse dans ses iris. Une aiguille, un serpent, jamais Blake ne prendrait le risque de lui tourner le dos.

« Mais oui. Bien sûr. »

Qu'il ne le prenne pas trop pour un con, d'abord parce que ça déplaisait fortement à Blake, mais aussi parce que c'était une autre forme de remise en doute de son autorité. « Tu me confisques mon truc ? Pas de soucis, je peux m'en procurer un autre », ce qui ridiculisait le géant,  et ce qui sous-entendait « je me fous de ton autorité ». Blake fit clignoter la lampe-torche, déjà fatigué par la conversation. Il haussa les épaules, percevant les cris résonner dans les couloirs. Dans son secteur, seules les lampes de Ruka et la sienne émettaient de la lumière ; le reste était plongé dans les ténèbres, et avec les cris, on aurait dit qu'une banshee se jetait sur sa proie en gonflant la poitrine, la voix déchirant les tympans des pauvres âmes égarées. Blake se demanda qui allait crever ; il pensa à Ahotehonaw. C'était un bon gars, mais malgré ses allures, il ne survivrait pas longtemps. Blake se demanda si l'espèce de folle qui lui servait de codétenu n'avait pas pété un câble, et ne s'était pas jeté sur lui en espérant se servir de sa graisse pour se faire un nouveau rouge à lèvres.


« Tu le sauras demain, quand la rumeur se sera propagée comme la peste. »

Une façon comme une autre de signaler que les bruits de couloir agaçaient Blake. Non seulement parce que plutôt que regarder la télévision, les détenus s'accrochaient au feuilleton de la prison « Amour, gloire et gai(y)té ». Entre les agressions homophobes, ceux qui vendaient leurs corps imberbes aux gardiens et aux détenus en mal de courbes, Blake se sentait mal à l'aise. Le sexe, en prison, c'était une bizarrerie. Gare à ceux qui comme lui faisait partie du mauvais bord, parce qu'ils finissaient violés — « bah quoi, tu aimes déjà ça, non ? » —, ou mis à l'écart s'ils étaient trop forts pour se faire péter la rondelle — « ne me touche pas, j'ai peur de choper ta maladie » —, alors certains se créaient une histoire au-delà des murs. Beaucoup prétendaient avoir une douce compagne les attendant à la sortie de prison — comme Weiss, alors que jamais personne ne lui rendait visite —, le sexe et le mensonge étaient une arme. Beaucoup se branlaient en cachette, on espérait museler l'appétit sexuel... mais c'était en faisant ça qu'on retrouvait des gamins comme Ashton Carter violé dans les douches, pendu dans leurs cellules.

« Je ne vais pas me le répéter, tu as dépassé le couvre-feu. Tu éteins cette lampe tout de suite. »

Blake fixa Ruka. Ce dernier faisait partie des chanteaux pouvant éjaculer directement dans le vagin de leurs femmes ; c'était peut-être grâce à ça qu'il se tenait tranquille. Au moindre écart, on pouvait lui refuser la visite ou le coup de fil de son épouse ; Blake y pensait, bien sûr, mais pour une lampe-torche, ça serait abusé de son pouvoir. Et au fond, ce qu'il voulait, c'était éviter l'altercation, rentrer chez lui, et errer dans ses pensées en se posant devant un feuilleton de merde qui passait à trois heures du matin.

« Troisième avertissement. »

Ce monde, c'était une cour de récréation où il fallait toujours avoir le mauvais rôle.

L'Alaska lui manquait.


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Mer 21 Déc 2016 - 18:42
Le clignotement lui fatigua vite les yeux, le poussant à se reculer pour présenter presque de profil. Le gardien l’agaçait à cause de la lumière fluctuante, de sa carrure de brute, de sa voix de bûcheron virilisée au possible, alors lui le fixait avec tout ce qu’il avait de fraîcheur tout en essayant de préserver ses yeux. Un instant, le détenu songea à braquer sa propre lampe-torche sur la face de l’autre dans une provocation stupide, mais il se ravisa rapidement. Ce serait faire preuve d’un manque total d’intelligence que de chercher des poux dans la tête de la personne du bon côté des barreaux, ce qui n’était pas réellement son genre. Il pouvait se contenir, agacement ou non.

En fait…

En fait, il s’amusait énormément à tester les limites. Pas celles de l’intellect de Blake, bien sûr, il était évident qu’il n’aurait pas besoin d’aller bien loin pour les atteindre et ça le navrait, Ruka, de n’avoir personne à provoquer sur ce plan… Mais il restait les frontières de la patience qu’il pouvait éprouver. Un pas après l’autre, il dansait autour des nerfs de l’immense blond sans cesser de l’observer, narquois, depuis son lit. Derrière les barreaux de sa cellule il était relativement à l’abri de la colère du gardien. Il pouvait jouer au plus malin jusqu’à ce que la porte s’ouvre, jusqu’à ce que le golgoth fasse un pas dans son domaine pour essayer de le mater, ce qui serait une idée aussi brave qu’imbécile.
Le néo-nazi tatoué n’avait aucune idée de ce qu’il ferait alors. Face à un mastodonte tel que le gardien Barlow, dans un milieu aussi réduit que le clapier à lapins où il était enfermé, même son art martial de prédilection pouvait être inefficace. Le Systema avait de nombreux avantages lorsqu’il pouvait circuler librement pour détourner les coups lui étant adressés, il en avait un peu moins dans l’équivalent d’une boite d’allumettes. Et puis voulait-il réellement se battre ? La réponse était non, clairement, malgré ses fanfaronnades

En fait, je suis presque curieux de savoir ce que vous ferez si je n’éteins toujours pas. Est ce que vous allez faire honneur à votre carrure de bloqueur et essayer de m’assomer ?

Tout en parlant très doucement, il déplia ses jambes avant de les ramener sous lui. Il avait l’air d’un serpent pâle qui s’enroulerait pour mieux attaquer, jusque dans son regard froid comme la mort. Chaque geste calibré, chaque muscle tendu, chaque pli de ses lèvres était parfaitement étudié.
Bien sûr.
Ils l’étaient toujours avec Nell-Stigsson, sauf quand il lui prenait des crises de douleur et qu’il laissait échapper des crispations de mâchoire, qu’il serrait les poings tellement fort que ses jointures blanchissaient, qu’il devenait encore plus infect avec ses codétenus. Et il avait de la chance, pourtant. Depuis le début de son enfermement à la California State Prison, il n’avait pas eu de camarade de chambrée : il pouvait toujours prétexter le sommeil, se couler entre ses draps, souffrir en silence en attendant que ses cachets achetés derrière le dos des médecins fassent effet. Si vraiment il voulait garder la face, il lui suffisait de se glisser au milieu de ses frères aux crânes aussi rasés à blanc que le sien pour que personne n’ose redire à ses airs réellement mauvais les jours où il avait le dos mal mis.
Heureusement pour lui -moins pour Blake-, il était en pleine possession de ses moyens pour l’instant et comptait le rester.

Ou est ce que vous allez juste abandonner, me confisquer la lampe histoire de me calmer pour ce soir, souffla-t-il avec du miel dans la voix, en sachant que de tous mes frères je serais probablement le seul qui ne vous plantera pas quand vous ouvrirez la porte pour le faire, mais que demain j’en aurais une autre ?

Il était absolument odieux. Suintant de confiance en lui, hautain au possible, tellement qu’il posait les options qu’il voyait devant le gardien comme il aurait posé des cartes devant un enfant tout en plus rappelant que dans son dos, il portait tout de même le soleil noir tatoué. Mais c’était vrai. Tout était vrai, depuis l’aveu de sa curiosité jusqu’à la promesse de ne pas tellement se défendre si Blake montait à l’assaut.
Pour le prouver, il se saisit même du manche de sa lampe-torche qu’il tint entre deux doigts, devant lui. “Viens le chercher”, provocation aussi mesquine qu’elle était évidente. C’était comme jouer aux échecs, sauf qu’au lieu de pion il avait une source de lumière et que l’adversaire était un ours polaire passablement énervé.
C’était bien mieux qu’une partie d’échecs en vérité.
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Blake Barlow
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Blake Barlow
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Mer 21 Déc 2016 - 19:33

「Below the Sun」

Avec Ruka Nell-Stigsson

Et encore des provocations. Le pire, c'était que Blake agissait exactement comment Ruka s'y attendait ; il prenait ses provocations aux mots, tout en cherchant un moyen de le punir, sans abuser de son pouvoir. De base, Blake devrait lui enlever sa lampe torche, et s'assurer qu'il n'en aurait pas jusqu'à avoir montré rédemption. Enfin, ce n'était pas comme si on pouvait espérer d'un Dark Sun qu'il fasse preuve de bonne foi envers un gardien, ou ce qu'il considérait comme « la plèbe ». Blake plissa les yeux, jouant avec sa lampe pour lui bousiller la rétine. Il se mordit la lèvre inférieure, et il leva les yeux au plafond ; malheureusement, Blake savait être un mur, mais il y avait des limites à sa patience.

« Tu sais très bien que je ne suis pas comme ça. »

Blake était patient, il était même compréhensif avec les détenus. Cependant, il se demandait si Ruka cherchait la bagarre pour passer le temps, ou pour simplement porter un coup plus fort sur l'autorité des gardiens. Blake n'était pas si brillant, il en avait conscience, et jamais il s'était vanté d'être capable de pirater un système informatique tout seul. En réalité, tout ceci n'était qu'un conflit d'orgueil, pareil à tant d'autres. Blake fronça les sourcils, il plissa le front, en visant le visage de rat de Ruka. C'était une forme de menace, un langage corporel. Sa poitrine était gonflée dans sa chemise, ses muscles bandés, et sa pupille fixait Ruka. Il ne dit rien, il savait ce qui était arrivé à Catiel, ou à tous les gardiens qui avaient sous-estimé les gangs. Il mouilla ses lèvres, il finit par baisser sa lampe.


Blake n'était pas assez con pour baisser sa garde. Il se méfiait de Ruka. Après tout, en prison, même une souris pouvait cacher un lion. Il attrapa les clefs dans sa poche, et lentement, il ouvrit la porte de sa cellule. Il avait de quoi passer, mais l'ouverture était assez grande pour qu'il puisse se faufiler sans que Ruka ne puisse s'enfuir. De plus, Blake prit son talkie-walkie, informant les autres gardiens qu'il allait se prendre la tête avec le détenu Nell-Stigsson, en rappelant le couloir, et le numéro de sa cellule. Il fit un pas.

Blake se baissa, c'était toujours un chouïa trop petit pour lui. Il referma la grille, puis il avança vers Ruka, sans montrer de signe d'hostilité.


« Ce que tu risques, c'est de passer deux jours d'isolements. Et si tu fais autre chose, tu seras privé de visite. »

Du chantage, des menaces, comme si Ruka était un enfant, à qui Blake disait « si tu tires les cheveux de ta soeur, tu seras privé de dessert ». Sauf que l'enfant en question était un serpent blanc, venimeux et qu'il pouvait le planter. Blake remua les épaules, dardant sa lampe sur le visage de Ruka, puis sur sa silhouette en général, afin d'éviter de se prendre un coup perdu. Après tout, même une brosse à dents pouvait être mortelle par ici. Il fit un autre pas, il n'aimait pas ce genre d'endroits ; Blake se sentait à l'étroit, écrasé. Sa taille prenait presque toute la pièce, si bien que même pour Ruka, il était impossible de se déplacer convenablement, tant Blake prenait la place d'une armoire dans une pièce de cinq mètres carrés. D'une main, il pouvait attraper la tête de Ruka, et l'écraser dans son matelas. Du genou, Blake risquait de se cogner, et de souffrir. Il était plus ou moins courbé dans la pièce, coincé entre une étagère à vêtements, la porte, et le lit de Ruka. Heureusement pour lui, quelque part, parce que Blake pouvait à peine relever la tête sans craindre de se cogner.


« Tu me donnes cette lampe, et tu me suis. »

Ordonna Blake d'une voix grave, sans faillir. Le regard dur et autoritaire, hors de question de lui montrer la moindre faiblesse. Il gonfla la poitrine, en donnant l'impression que la chemise allait craquer d'une seconde à l'autre, les coutures émettaient un bruit semblable au feu qui crépite. Blake voulait rentrer chez lui. Il tendit sa main de libre vers Ruka, attendant. En réalité, il pouvait toujours d'un geste attraper la lampe-torche, la lui écraser sur sa face de rat de bibliothèque suffisant, de sale nerdz chauve tentant de ressembler à Hitman. Blake refusait de céder à la colère, il refusait de montrer plus que de l'agacement, parce que ça voudrait dire qu'il était déjà en train de perdre face à lui. Ses doigts se refermaient autour de la lampe-torche, crispés. Qu'il fasse pas chier, putain.


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Ven 30 Déc 2016 - 11:22
Triste. Ou décevant, plutôt, de le voir se gonfler ainsi comme un crapaud-buffle bas du front pour espérer l’impressionner. Ce genre de démonstrations de force ne marchaient que modérément avec Ruka pour la simple raison qu’il ne pensait pas que la quantité de muscles fasse la force. Il n’y avait qu’à voir Reed, il n’y avait qu’à le voir lui pour se rendre compte que même des aiguilles pouvaient faire mal lorsqu’on savait les manier. Barlow était une hache de bûcheron en comparaison, plus massif mais bien moins maniable, bien moins retors également, aux airs de matador très surfaits. Il eut donc le droit à un sifflement moqueur pour toute récompense, puis à un sourire en tranche de courge quand le chauve vit les clés sortir de la poche.
Il venait donc le chercher. Très bien. Le prisonnier leva de nouveau les mains pour les mettre bien en vue et les éloigner de tout ce qui pouvait être vu comme une cache d’arme -que ce soit son coussin ou la doublure de sa tenue orange, il pouvait dissimuler de quoi faire réellement mal à Blake à peu près partout. Mais il avait dit qu’il ne tenterait rien de stupide, étant lui-même très intelligent, et il comptait honorer sa promesse.
Sa résolution manqua de voler en éclat lorsque la menace de la perte des visites flotta en l’air. De toutes les choses qu’il craignait à l’approche des fêtes, ne pas voir sa famille était certainement la pire -et “se faire tuer” faisait pourtant partie de ses préoccupations. C’était la pensée de ne pas pouvoir parler à son épouse qui le faisait se tourner cent fois avant de réussir à s’endormir, la réflexion parasite qui jamais ne quittait son esprit quelle que soit son occupation en journée. S’il ne pouvait pas voir Ariel, son fils et ses filles lorsqu’il en avait besoin, il se sentirait devenir fou.

Vous n’aimeriez pas me priver de visite, monsieur, siffla-t-il venimeusement, vous savez que c’est la seule chose qui m’empêche de devenir comme les autres.

Des promesses, des menaces, mais surtout une nouvelle fois la vérité. Il se tenait à carreau -ou en tout cas faisait mine d’être parfait et très obéissant- parce qu’il pouvait voir sa tribu de blonds. Parce qu’il avait encore des choses à perdre, n’étant pas un de ceux qui passeraient leurs vies derrière les barreaux : le priver de son espoir, de son rayon de soleil régulier, reviendrait à le radicaliser un peu plus encore. Donner des raisons de montrer les crocs au plus réservé des Dark Suns serait une idée imbécile, le gardien n’avait vraiment pas envie d’en arriver à de telles extrémités ou alors il était complètement abruti. Par respect pour lui, le hacker espérait sincèrement que ce ne soit pas le cas.
Il ne bougea pas, et c’était déjà un exploit. Il laissa l’ours grisonnant entrer difficilement dans sa cellule, en occuper tout l’espace et Ruka ne broncha pas. Il garda même sagement ses mains levées, sa propre source de lumière bien hors de portée du colosse. Il ne souriait plus, toutefois : il maintenait une expression aussi neutre que glaciale, forçant ses lèvres à ne pas se plisser en signe de dédain. Blake l’avait agacé et pour de bon cette fois, en visant déloyalement -aux yeux du néo-nazi- sa famille.

Je vais vous suivre si vous me laissez descendre sans m’assomer avec les battoirs qui vous font office de mains.

“Donner sa lampe” ? La partie de l’ordre qu’il avait soigneusement ignorée. Le grand échalas prit le temps de marquer la page qu’il lisait avant d’être interrompu, de soupirer en se plaignant qu’il ne finirait donc pas son chapitre, et de placer livre et lumière sous son coussin pour les retrouver lorsqu’il retournerait rejoindre la population générale des détenus. Il ne doutait pas que le gardien irait récupérer la pauvre lampe-torche dès que lui serait descendu de son perchoir, mais il voulait jouer au plus malin jusqu’au bout. Ce ne serait pas lui qui aurait cédé sur ce terrain, ce serait l’autorité pénitentiaire qui l’aurait injustement privé d’un objet qu’il avait acheté avec son propre argent.

Son petit cinéma enfin terminé, il jaugea l’espace libre dont il disposait au sol : entre la grande carcasse de l’homme en chemise et sa propre carrure de tige, ils auraient à peine la place de sortir de la cellule ce qui signifiait que si Blake décidait de lui serrer les doigts autour de la gorge pour lui apprendre la politesse, l’intellectuel n’aurait que très peu de moyens de se dégager. Il soupira de nouveau, fataliste, puis se hissa hors du matelas pour se laisser tomber plus bas.
Souplesse de chat, menton bien levé, réception digne d’un gymnaste qui fut mise en valeur par un bruit de cavalcade dans le couloir lointain mais toujours agité. Il planta ses yeux bleu abysse dans ceux de l’homme qui avait les clés de la cellule. Leurs torses étaient tellement proches qu’il pouvait presque sentir la chaleur corporelle du gardien ou deviner la marque de son after-shave -s’il se rasait, ce qui n’était pas certain. Le pâlot chauve tendit les mains autant qu’il le pouvait, paumes vers le haut, suffisance suintant dans chaque geste.

Je vous en prie. Vous allez devoir me faire traverser ce charmant couloir chaotique pour me mettre en isolement, non ?

Même quand il perdait, il voulait gagner. Même s’il semblait se rendre, avec ses poignets offerts, son obéissance relative, le détenu continuait à vouloir pousser sa chance et il le faisait avec toute la confiance en soi d’un homme persuadé d’être dans son bon droit.
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Blake Barlow
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Blake Barlow
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Jeu 5 Jan 2017 - 12:29

「Below the Sun」

Avec Ruka Nell-Stigsson

« Dans ce cas, tu écoutes, et tu ne fais pas de zèle. »

Trancha Blake en fixant Ruka de ce même regard dur. Il n'allait pas se montrer compréhensif avec un néo-nazis, capable de le planter s'il apprenait par hasard qu'il était de « cette sale race ». Dans la cellule, il essayait de se mouvoir sans tout faire tomber autour de lui, mais il n'était pas simple pour la bête de regarder Ruka, sans briser ce qu'il y avait derrière lui. Son crâne frôlait presque le plafond, mais ses yeux donnaient directement sur la liane albinos, sans effort. Quoique l'effort qu'il était en train de faire, c'était de se retenir de lui fracasser le crâne avec ses énormes mains, il ferma les yeux pour tenter de vider l'agressivité en train de transparaître dans ses muscles ; sa poitrine se gonfla davantage, ses poings se serrèrent, tandis qu'il bloquait sa respiration.

« Si tu ne fais rien, je n'aurais aucune raison de t'assommer. »

Avança le gardien en reculant d'un pas, afin que Ruka puisse descendre du lit, sans se retrouver écraser par sa silhouette. Il croisa les bras, l'observant en retenant un sifflement de serpent. Il détestait ce travail. Plus le temps passait, plus Blake songeait à démissionner, et à retourner se terrer en Alaska. Cependant, il avait conscience que Sa Terre ne pourrait plus l'accueillir. Du sang sur la neige.

Au moins, Ruka arrêta ses excès de zèle, ou du moins, il les calma en acceptant de lui offrir ses mains pour les menottes. Blake s'écarta, il lui fait signe de venir, tout en bloquant la sortie. On ne savait jamais. Il décrocha la paire de menottes pendouillant à sa ceinture, et les passa aux poignets du prisonnier. Une fois fait, il sortit le premier en le tirant hors de sa cellule. Il balaya d'un regard le couloir, en entendant les cris tout au sud, se demandant ce qu'il se passait de nouveau. Qui osait perturber ce moment de calme ? Un peu tout le monde ; ça pouvait être un gardien grossier qui emmerdait les détenus, autant qu'un prisonnier fatigué de devoir se plier à l'autorité. Il y avait l'éventualité d'un bad trip, d'une crise à cause du manque de drogue ; un peu tout pouvait expliquer les cris, les lumières qui flashaient au bout du couloir. Blake soupira, et obligea Ruka à marcher devant lui.


« Dis-toi que ça fera une nouvelle chose à raconter à tes petits copains. »

Assura le gardien devant le sarcasme de Ruka, tout en marchant d'un pas neutre dans le couloir. Malheureusement, oui, il devait lui faire traverser le chaos ambiant du fond de couloir. Plus ils avançaient, plus les cris se rapprochaient, le grondement des gardiens essayant de ramener le calme. L'odeur de la peur et de la colère fit gonfler les narines de Blake, qui au bout d'un moment crut comprendre ce qu'il s'était passé. Il n'était même pas étonné, c'était la mauvaise période. Il retint un soupir, il ferma toutes émotions, et il jeta malgré tout un coup d'oeil vers ses collègues. Blake était trop grand pour ne pas voir ce qu'il s'était passé, il dépassait le gardien d'une tête et demie, si bien qu'il voyait le corps se faire balancer depuis le plafond, tandis qu'on essayait de le décrocher. Et le pauvre gars, qui s'était réveillé brusquement en sentant la mort d'un ami — peut-être — arrivé au-dessus de sa tête, en état de choc qui angoissait. Les gardiens, un peu dépassés, qui braillaient sur le malheureux, en croyant pouvoir le ramener au calme. En réalité, l'essentiel était pour eux de ne pas le rassurer, mais d'éviter d'ébruiter ce qu'il s'était passé. Alors hurler, était la meilleure solution. Blake eut un sourire triste, le pendu était père de famille, et n'avait pas été un mauvais gars. Toutefois, entre la solitude et les gangs, il avait cédé à la pression ; elle avait été plus forte que l'espoir de retrouver les siens un jour.

Blake poussa Ruka, refusant de s'attarder sur le chaos que le pendu avait généré autour de lui, puis il alla ouvrir la porte menant aux quartiers des isolements. Blasé. Ouais, blasé. Il se voyait déjà assister à la venue de la famille, en pleure en apprenant la mort de l'époux et du père. Et sa propre mère lui demandait pourquoi depuis deux ans, il refusait de fêter Noël ? La première année avait été la plus terrible, maintenant, il s'enfonçait dans une sorte d'habitude. Décrocher des pendus de leurs cellules, c'était comme enlever les boules d'un sapin de Noël qui se balançaient sous le vent d'hiver.


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Jeu 12 Jan 2017 - 19:57
Ce n’étaient pas les menottes qui l’ennuyaient. Enfin, pas réellement : l’acier sur ses poignets, la fraîcheur du métal, la morsure désagréable sur ses os, il s’y faisait avec résignation. Quatre ans déjà derrière les barreaux, il avait été enchaîné assez de fois pour que la sensation soit presque familière maintenant. Non, ce qui l’agaçait, c’était l'humiliation que représentait l’entrave. Pour un homme comme Ruka, à qui tout avait insolemment souri dans la vie, l’idée même d’être mené comme un chien en laisse était insupportable. N’avait-il pas fait preuve de bonne volonté ? N’avait-il pas été parfaitement sage, éduqué, calme, lorsqu’il avait parlé au gardien ? Il n’y avait pas besoin de lui bloquer les mains. S’il avait réellement voulu tenter quelque chose de stupide, il aurait sorti le surin dissimulé le long de sa jambe lorsque le mastodonte était entré dans sa cellule et il lui aurait crevé un oeil, proprement.
Ou il aurait au moins tenté.

C’est ridicule, je ne suis pas un danger.

Bien sûr que si, il l’était. Moins visible que d’autres plus massifs, plus directs dans leur violence, mais les serpents n’avaient rien à envier aux lions lorsqu’il s’agissait de faire des victimes. Ses protestations n’étaient là que pour la forme, il avait bien compris que Blake ne lui faisait pas confiance, qu’il savait parfaitement comment les choses fonctionnaient mais savoir les choses n'empêchait pas le néo-nazi à peu près aimable de se sentir obligé de faire de la résistance symbolique.
Symbolique uniquement, toutefois. Il ne tenta pas de s’enfuir en courant, il ne siffla son déplaisir que presque imperceptiblement lorsqu’il fut traîné dehors par les grandes pattes de l’ours qui portait le trousseau de clés, et il se laissa manoeuvrer pour marcher devant lui dès qu’ils furent dans le couloir. Seuls ses yeux presque trop sombres pour être bleus exprimaient la profondeur de son agacement mais il ne risquait pas tant que ça de se faire rabrouer parce qu’il regardait mal Blake. L’autre était bien trop réglo pour agir comme un cow-boy grincheux.

Son sourire légèrement supérieur s’élargit lorsqu’il devient évident qu’ils allaient traverser le couloir dont il voulait tant tout savoir. Même s’il ne sortait d’isolement que dans une poignée de jours, savoir précisément ce qui s’était passé pouvait être utile. Il suffisait que ce soit une attaque d’un homme sur un autre, ou un règlement de compte entre camarades de cellule, et il pourrait peut-être monnayer la dénonciation du coupable auprès des amis de l'agressé. Ce n’était peut-être ni loyal, ni humain, mais s’il avait survécu aussi longtemps entre les murs de deux pénitenciers différents malgré sa carrure de liane et son crime non-violent, ce n’était que grâce à sa déloyauté. Tous les moyens étaient bons pour qu’il reste en vie.
En arrivant près de la cellule, il ralentit perceptiblement le pas pour observer sans ciller la situation. Il n’était pas aussi immense que l’homme dans son dos mais Ruka restait loin d’être petit. Il arrivait parfaitement à voir les pieds qui pendaient dans le vide. Suicide, alors ?
Il se mit à réfléchir. Quels étaient les occupants de cette cellule ? Qui était celui qui n’avait plus supporté la détention, la violence constante, la tension permanente ? Est ce qu’il avait quelque chose en particulier ?

Il avait une famille.

Brusquement, le grand échalas malingre s’arrêta pour se tourner vers la scène tristement banale à l’approche de Noël. Ses sourcils se fronçaient, sa voix se modulait agressivement comme s’il se retenait d’insulter le mort. Il avait une famille mais il avait préféré mettre fin à ses jours, laisser son épouse, ses enfants peut-être affronter le reste de leurs vies sans le soutien d’un père. Il ne comprenait pas. Il se hérissait à cette idée. Peu lui importait que Blake essaie de le faire avancer, il refusait : il voulait voir le pendu descendu de son plafond pour pouvoir lui siffler sa lâcheté au visage, aussi inutile que soit cette action.
Nell-Stigsson se projetait, c’était parfaitement visible. Il refusait de s’imaginer aussi couard que l’autre mais il ne pouvait s’empêcher de songer à ceux qu’il laissait derrière, en bon père de famille lui-même.

Traître.

Le souffle bas qui passa ses lèvres était pire que des cris, qu’une crise de vraie colère : c’était une condamnation. “Traître” alors il ne valait plus rien. Les hommes qui abandonnaient leurs familles n’étaient bons qu’à être mis dans les sacs noirs de la morgue. Et son épouse qui allait devoir venir pour qu’on lui annonce qu’il était mort, qu’elle passerait les fêtes encore plus seule… Il ne pourrait pas la voir, mais il penserait à elle dans ses prières -le chauve était religieux plus par tradition que par réelle conviction, mais si ça pouvait soulager la femme…- cette semaine.
Il aurait pu demander au gardien d’assurer la veuve de ses condoléances, mais il ne le ferait certainement pas. Les bons sentiments d’un détenu, quel qu’il soit, n’étaient pas des choses à transmettre à des inconnus. Il n’avait plus qu’à ranger ses crocs derrière ses lèvres, lever bien haut la tête après un dernier regard méprisant sur le cadavre qu’on arrivait tout juste à descendre du plafond, et céder enfin aux bousculades de Blake.
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Blake Barlow
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Ven 20 Jan 2017 - 20:18

「Below the Sun」

Avec Ruka Nell-Stigsson

« Tu crois quoi ? Que tu ne vas pas subir le même sort que la plèbe ? »

Gronda Blake, en réponse aux répliques de Ruka. Les menottes, c'était pour tout le monde, même les plus inoffensifs en portaient. Mesure de sécurité. Il les serra légèrement plus fort en réponse à l'échalas chauve, histoire qu'il se souvienne de ne pas la ramener. Blake le tira ensuite dans le couloir, et quand ils passèrent devant la cellule du pendu, il soupira. Ruka refusait de bouger, pourtant, Blake lui donna une tape dans le milieu de dos, comme pour le déloger du sol. Impossible, le prisonnier avait les pieds enracinés dans le sol, goudronnés même. Il prit une profonde inspiration, et se demanda comment faire, lorsqu'il entendit Ruka cracher son « traître ». Blake fronça les sourcils, il ne dit rien, étonné. Il aurait aimé répliquer, mais il se ravisa en ayant conscience que ça n'allait pas changer quoi que ce soit. Ruka était borné, il ne pouvait pas avoir d'empathie. C'était ainsi. Certaines personnes en étaient incapables, et c'était cette race-là d'être humain que Blake enviait et méprisait.

Blake le fit de nouveau bouger, et enfin, quand Ruka consentit à se déplacer, il soupira. Il le conduisit en bas, dans une suite de couloirs labyrinthiques. Droit, droite, gauche, droite encore ; des murmures, le courant d'air qui passait dans ses pieds, sa respiration lourde. Songer que Noël arrivait. Songer que sa nuit ne faisait que commencer. Envie de se pendre. Se laisser aller. Blake ferma les yeux une demie-seconde, et les rouvrit presque aussitôt. Ici, une seconde d'inattention pouvait amener la mort. Il avait envie d'assommer Ruka avec tout un tas de remarques, le moquer en disant qu'il se faisait influencer par Reed, mais Blake n'était pas assez stupide et méchant pour ça ; ce n'était pas bon de se mettre un détenu à dos. Surtout quand on était homosexuel, et que le prisonnier en question faisait partie d'un gang néonazi. Autant signer son arrêt de mort, et se vanter comme l'avait fait Silver Ambrose.

Blake ordonna à Ruka de se poster près du mur, il le désigna à un gardien patrouillant dans le couloir des isolements. Ce dernier lui fila les clefs d'une cellule libre. Un trou à rat pour apprendre aux prisonniers de ne pas avoir d'individualité, et de devenir des intestins qui se lèvent, mangent, travaillent, et dorment. Blake soupira, il désigna la cellule à Ruka.


« Allez. Sois-sage et ne refais plus l'idiot. »

C'était un peu insultant, mais Ruka l'avait cherché. Blake l'enferma dans la cellule, dont il remit la clef en avertissant ses collègues que Ruka était en punition pour le reste de la nuit. Il était encore gentil. Certains gardiens profitaient de leur statut pour donner des séjours en isolement injustifiés, pouvant durer des heures, voir des années. Il avait entendu un truc pareil dans une autre prison de Californie. Enfin, il souhaita malgré tout une bonne fin de nuit à Ruka, et lentement il reprit son travail. Comme un croque-mort, il arpenta la prison.


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Lun 20 Fév 2017 - 20:44
Le gardien Barlow était d’une patience rare lorsqu’il s’agissait de tolérer les agissements de longues tiges hargneuses comme celle qu’il menait à travers les couloirs. Ruka avait parfaitement conscience que d’autres, moins éduqués, lui auraient mis un coup à l’arrière des genoux pour lui apprendre à ne pas s’arrêter ainsi au milieu du chemin, à ne pas siffler son fiel comme une vipère déteinte. Mais il savait et là se trouvait toute la subtilité de la chose. Le pouvoir ne se trouvait pas tant dans la capacité à faire peur aux autres -même s’il s’agissait d’un atout certain dans le pénitencier- ni même dans celle de rassembler -là encore, c’était toutefois utile. Non, aux yeux du grand chauve, le pouvoir se trouvait dans les informations.
Parce qu’il savait des choses, parce qu’il était capable de s’adapter aux connaissances qu’il arrivait à obtenir, il restait en vie. Mieux, il restait en vie et dangereux, certes moins que des hommes comme Raven ou Reed, mais loin d’être sous-estimable.

La seconde bousculade de l’ours dans son dos sortit finalement le prisonnier de ses pensées, mélange de compassion pour la veuve et de mépris hautain. Il leva ses yeux sur le visage de l’autre homme, serra la mâchoire pour laisser entendre qu’il n’appréciait pas outre mesure l’intervention, mais il se mit tout de même en route vers sa cellule d’isolement.
Il connaissait le chemin vers le bloc. Pas aussi parfaitement que d’autres, parce qu’il ne se vantait pas des exploits qu’il accomplissait, mais il lui arrivait de s’y retrouver généralement à la suite d’une quelconque altercation à teneur raciale ou homophobe, lorsqu’on bouclait tous les participants sans laisser le temps à quiconque de s’exprimer. Nell-Stigsson se trouvait régulièrement embarqué en même temps que d’autres de ses frères, simplement parce qu’il était parfaitement reconnaissable comme un membre des Dark Suns et qu’il se laissait manipuler sans mot dire. En tout cas, tel était son point de vue. La vérité était probablement moins reluisante, sauf qu’on n’avait malheureusement jamais pu prouver que certains des surins trouvés plantés dans d’autres hommes étaient les siens.
En tout cas, il prouvait une fois de plus son exemplarité relative. Vide de toute émotion, de toute appréhension, il se laissa mener jusqu’aux portes parfaitement alignées des cellules d’isolement. Il se plaça même de long du mur sans un regard pour l’autre gardien, ou même pour Blake, comme s’il se moquait de la situation. C’était, quelque part, le cas. Il ne se sentait pas spécialement menacé : au pire passerait-il quoi, quelques jours en isolement ? On ne l’avait jamais enfermé pour des semaines, des mois, parce qu’il était blanc, propre sur lui, parce qu’il était aussi intouchable qu’il pouvait l’être.

Je suis tout sauf idiot, monsieur Barlow, vous le savez aussi.

Il lui dédia un de ses plus beaux sourires entendus, et il pénétra dans la pièce comme s’il s’agissait d’un simple dortoir. Un dortoir grand comme une boîte à chaussures, avec le strict minimum, une absence totale de confort. Rien qui ne lui retourne l’estomac.
Il tendit sagement les mains pour se faire détacher, pour que le géant du nord puisse récupérer son matériel, puis il battit simplement en retraite sur le lit minable de sa nouvelle chambre. Pour le reste de la nuit seulement ? C’était moins dramatique qu’il l’aurait cru. Il n’avait pas tant perdu dans l’opération -peut-être même pas sa lampe torche, qu’il avait laissée dans son lit avec le livre.

J’espère que votre fin de ronde sera calme.

Plus que le début, mais il ne le dit pas, se contentant d’être parfaitement insultant dans son calme.
Ruka attendit que Blake disparaisse de sa vue pour s’allonger vraiment sur le lit et fixer le plafond. Son visage était parfaitement détendu, ses yeux grands ouverts, ses pensées à peine ralenties par la fatigue. L’isolement ne le perturbait pas. L’autre gardien ne l’angoissait pas spécialement non plus. Il sortit la pierre gravée de sa rune, l’Ingwaz avec lequel il jouait si souvent, et la roula dans ses mains pour se plonger dans le sommeil. Ses longs doigts dessinaient le losange creusé, traçaient le bord du porte-bonheur plus que symbolique, jusqu’à ce qu’il se sente partir enfin.
Il cacha de nouveau son jouet, se retourna, et ferma enfin les yeux.
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