L'important, c'est qu'il y ait de l'amour...

Aussi étrange que cela puisse paraître, les choses les plus abracadabrantes arrivent lorsqu'on s'y attend le moins, quand tout est calme et anodin... Pour exemple, il suffit de se promener dans la rue, calmement, en confiance, pensant tellement à autre chose qu'on ne remarque pas que devant nous, il manque une plaque d'égout... Et paf, dans le trou. Généralement, dans ces cas-là, on se casse la jambe mais c'est assez variable, on peut ne rien avoir du tout, par chance, ou tout le contraire et se briser la nuque, mort sur le coup. Une mort un peu conne tout de même. Au final, ça arrivait souvent à Darness, il était calme, se contentait d'observer les détenus sans faire de vague, en espérant que tout continuerait ainsi, sans bagarre, le calme absolu. Il était le mec qui se baladait dans la rue sans se douter qu'il allait se prendre une plaque d'égout dans la figure en quelques sortes. Le pauvre.

Bien entendu, à le voir ainsi, tout aussi imperturbable et distant que d'habitude, vous vous demandez aussi sans aucun doute ce qu'il pourrait bien lui arriver. De toute évidence, vous manquez d'imagination. Nous ne sommes même pas dans une rue mais dans une prison, tout peut arriver malgré la surveillance des gardiens. Une évasion, une bagarre, une rébellion des détenus... S'ils étaient sage, ils ne seraient pas là, ou au moins ils n'auraient pas besoin de gardiens pour les surveiller. C'est vrai qu'à le voir comme ça, on pouvait avoir des doutes sur les compétences de Darness, il était grand, beau, fin, avec de très longs cheveux... Il ressemblait véritablement plus à un mannequin qu'à un gardien. Pourtant, il s’entraînait très dur chaque jour et il savait sans doute mieux se battre que beaucoup de gardiens ici. C'était quelqu'un d'intelligent, mais jamais il ne se vantait, même s'il lui arrivait de prendre les gens un peu de haut, ce n'était tout de même pas sa faute si les gens étaient tellement stupide.

Il faisait une ronde, histoire de voir si des prisonniers traînaient dans des endroits non autorisé, de fil en aiguille, il arriva dans la bibliothèque où il n'était même pas encore entré depuis son arrivé, et ça faisait déjà un moment. Il n'était même pas venu ni pour la visite qu'il avait fais tout seul comme un grand ni pour faire visiter. Alors, c'était l'occasion, n'est-ce pas ? Il entra alors tout simplement. Il salua rapidement le bibliothécaire qu'il avait déjà croisé dans la salle de pause. Avançant dans les allées, il observait tous ces livres qu'il y avait... Se demandant si les prisonniers lisaient vraiment tout ça, il n'y avait pas foule pourtant.

Il fut rapidement dans le rayon des romans d'amour, son rayon préféré. Avant même de le réalisé, il en avait ouvert un et était en train de lire les premières lignes. Il devrait le reposer dans cinq minutes maximum, mais s'il avait l'air bien, il penserait à l'acheter, ça ne fera qu'un livre de plus dans sa bibliothèque personnelle après tout...

Eliott courait à s'en faire éclater les poumons.
Cette sensation de brûlure, comme si un feu ardent se déployait derrière votre cœur, était une torture peu comparable à celle qui l'attendait si il décidait d'arrêter l'effort.

Lorsqu'il avait appris qu'IL le cherchait et que, non content de fouiller la prison, il s'était renseigné sur ses habitudes pour mieux le trouver, Eliott avait décidé de fuir en grande vitesse de sa cellule. Hélas, en chemin, il était tombé sur deux trois compatriotes assez cinglés de son frère qui n'arrêtaient pas de le harceler.

Paniqué, énervé, Eliott avait donc pris la direction de l'endroit le moins populaire de la prison: La bibliothèque.
Cette antre du savoir était comme un crucifix pour un vampire. Les détenus avaient besoin d'exercices, de sortir, de respirer et de vider leur cervelle déjà mortellement creuse... Alors la perspective de s'enfermer avec un livre était quelque chose de très rebutant... heureusement pour Eliott.

Une fois que les portes en bois roulèrent sur leur gong, le détenus chercha un endroit ou se cacher, ralentissant la cadence.

C'est seulement à ce moment là qu'il se rendit compte à quel point son cœur tapait fort au creux de sa poitrine et qu'un tambour résonnait dans sa tête et sa gorge sèche.
La pièce était presque vide... non vide en faite à bien y regarder. Le bibliothécaire releva à peine la tête de son comptoir pour voir de qui il s'agissait et s’enfouit à nouveau dans son ordinateur. Eliott le salua d'un hochement de tête par reflex cherchant à calmer sa respiration pour ne pas avoir l'air trop suspect.

Tout à coup, des bruits de pas accélérés derrière la porte le fire bondir. Eliott se faufila à toute vitesse derrière les étagère. Allant de plus en plus loin vers le mur en voyant les rayons s'épaissir et de mieux en mieux le cacher jusqu'à ce que...

BAM!

Eliott sentit quelque chose de froid et dure s'écraser contre son torse, provoquant une perte d'équilibre qui le fit s'étaler sans grasse et sans ménagement au sol.
Déboussolé et partiellement endoloris, Eliott leva les yeux vers ce qui avait stoppé sa trajectoire et se retrouva nez à nez avec un gardien tout aussi surpris que lui...

Apparemment il venait de quitter des ennuis pour un autre qui avait des allures de podium.

évidemment que Darness ne s'était pas attendu à percuter quelqu'un justement à cet endroit-là, principalement parce qu'on n'est pas censé courir dans la bibliothèque, elle n'est pas faite pour ça, ce n'est pas la salle de sport non plus. Ça semble évident, mais apparemment ça ne l'est pas pour tout le monde. Ho, il lui arrivait bien souvent de jouer les père la morale quand il voyait quelqu'un faire quelque chose d'interdit, pourtant c'était loin, très loin d'être un saint homme, et lui aussi transgressait le règlement quand ça l'arrangeait.

Le choc fut si violent, surtout face à cet amas de fins muscles, que celui qui courait, se retrouva par terre. Darness haussa un sourcil sur le coup, il ne connaissait pas le jeune homme et se serait bien passé d'une telle collision, peut-être l'avait-il déjà vu quelque part... Bon, vu qu'ils étaient dans la même prison, ils s'étaient déjà certainement croisés sans pour autant faire attention à l'un ou l'autre. À vrai dire, il serait on ne peut plus surpris que le jeune homme devant lui puisse le connaître, il était tellement discret que même les gardiens ne savaient pas qui il était. C'était à la fois amusant et un peu déprimant... Mais ça lui convenait tellement d'être seul que peu importe au final, qui le connait ou non.

Il ramassa d'abord son livre tombé sous la surprise avant de tendre une main secourable à l'homme qui était visiblement un détenu... Ce n'était pas qu'il aimait les prisonniers, ou qu'il veuille particulièrement les aider, sachant que la plupart sont dangereux et loin d'être sans défense comme on aimerait le croire. Darness avait conscience de tout ça. Simplement, il n'était pas là pour juger, il tendrait une main à qui en aura besoin, peu importe le passé de la personne. S'il l'attaquait, là, par contre, ce serait une toute autre histoire, puisqu'il n'est pas le genre d'homme à se laisser faire...

Il remit l'inconnu sur ses pieds une fois qu'il lui donna sa main, sans plus d'explication, en avait-il besoin, après tout ? Ce qu'il y avait à en dire était sûrement tout ce qu'il y avait à voir. Eliott courant dans la bibliothèque, sûrement poursuivit par quelque chose – quelqu'un – qui était rentré dans Darness par mégarde. C'est fou les collisions qu'il peut avoir en ce moment alors que d'habitude, ça ne lui arrive pas trop, évitant ce genre d'incident. Il préférait être plus rapide et avoir le temps de se décaler, mais visiblement, il n'était pas assez sur ses gardes en ce moment.

« Est-ce que ça va ? »

Demanda-t-il simplement. Plus rien ne transparaissait sur son visage, plus de surprise et à part de l'indifférence, il n'y avait rien à y voir... Comme un livre dont les pages seraient blanches.

Spoiler:

Eliott leva les yeux, étourdi et saisit sans réfléchir cette main assez forte pour le soulever mais tout de même petite.

Il se massa tout d'abord les fesses, ayant l'impression qu'elles ne lui appartenaient plus tant elles étaient engourdies par le choc. Ses coudes brûlés par la moquette commençaient à se réveiller, l’alertant d'une douleur lancinante. Mais le pire finalement, c'était sa réaction muette de stupeur lorsqu'il se rendit compte qu'il venait de heurter ni plus ni moins qu'un...Gardien.

Ok Eliott... Soit tu morfles soit ... Tu morfles...

Il fallait dire que jusqu'à présent, le peu de confrontation qu'il avait eu avec le personnel l'avait convaincu qu'il s'agissait de machines de l’ordre qui ne réfléchissaient guère. La balance de la justice pour eux ne pesait ni pour ni contre et même si vous étiez la victime d'une altercation vous tombiez sous les coups de crosses comme vos agresseurs. Ce système était peu juste mais efficace pour maintenir le calme dans une cage aux loups.

"- Merci..." balbutia-t-il un peu avant de se redresser parfaitement.

La tension qu'il venait de ressentir commença néanmoins à s'évaporer peu à peu. Tout d'abord par instinct. Car le gardien était grand mais bien plus fin que lui. Mais aussi parce que son allure de jeune fashionnista le fit un peu sourire. Oh intérieurement bien sur hein, ce n'était pas le moment de se moquer de celui qui venait de se le prendre de plein fouet. Pourtant, contrairement à Eliott qui était surement là depuis moins longtemps que lui, son visage était parfait, sans une once d'égratignure que laissait le dure métier de gardien. Il était plutôt beau donc, précieux presque, guindé mais assez à l'aise dans ce milieu pour ne pas s'affoler et faire même preuve de courtoisie. Ce type était clairement hors norme.

"- Ça va très bien... Je m'excuse pour ça... " dit-il franchement, détenu mais pas malotru. Il avait conservé malgré son internement les mesures de la politesse et du respect.

Redevenant muet après avoir fait son devoir, et ne sachant réellement que faire, si il fallait s'attendre à une réprimande ou à un "vous pouvez circuler", le jeune homme baissa les yeux, les leva, se racla la gorge puis hasarda son regard sur le livre que tenait le gardien.

La couleur rose vivifiante de l'ouvrage lui fit hausser un sourcil. Etait-ce... Un roman d'amour?

Il réalisa alors qu'il se trouvait dans la section "Passion"
Instinctivement, il proposa son aide.

"- Peut-être voulez vous que je m'occupe du livre que vous rangiez?"

Oui ça s'appelait cirer les pompes mais il s'en moquait clairement. C'était les règles de survie, par le podium de la fierté qui vous apportait la paix ici.


(pas de soucis ^^)